Visorandonneur 80.56km +5371m -5355m 5 jours Difficile. Départ à Valmeinier - 73 - Savoie. Ce circuit de 5 jours vous mÚne de refuge en refuge sur le GRP Ÿ du Tour du Thabor avec des paysages et des panoramas fabuleux de haute montagne à une altitude souvent au-dessus des 2500m.
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Un jour le torrent enlĂšvera la terre, et le chasseur voyant ce fer dira Voici l’épĂ©e du vaillant Oscar. » On voit par ces passages que l’usage de dĂ©poser des armes auprĂšs des restes des guerriers Ă©tait Ă©galement gĂ©nĂ©ral ; aussi est-ce dans ces monuments qu’ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes presque toutes les armes celtiques que nous possĂ©dons. Le huitiĂšme volume de l’ ArchƓologia britannica renferme un intĂ©ressant mĂ©moire de M. Molseworth sur la dĂ©couverte faite en 1787 d’une salle sĂ©pulcrale dans un tumulus situĂ© sur le sommet d’une colline prĂšs Saint- Hillary, dans l’üle de Jersey. M. Molseworth et S. H. Seymour Conway, auteur d’un autre mĂ©moire sur le mĂȘme sujet, regardent ce monument comme un temple que les Druides auraient voulu mettre Ă  l’abri de la profanation sous un monceau de terre. Je ne crois pas qu’on puisse y voir autre chose qu’un tombeau. La salle est circulaire fig. 33, composĂ©e de quarante-cinq grosses pierres ayant 2 m , 30 de hauteur. La circonfĂ©rence est de 22 m. Dans le pourtour sont mĂ©nagĂ©es cinq espĂšces de niches ou chapelles; on pĂ©nĂ©trait dans le monument par une galerie couverte faisant face Ă  l’E., longue de 5 m. et large de 0 m ,80. Dans le comtĂ© de Sommerset, Ă  Wellow Stoney Litleton, est un grand tumulus allongĂ© de 34 longueur, 17 m. de largeur, et 4 m ,30 de hauteur, qui a Ă©tĂ© explorĂ© en 1816 par S. R. Hoare *. 11 Ă©tait construit en pierres sĂšches ; son entrĂ©e, tournĂ©e vers l’E., prĂ©sentait une espĂšce de porte formĂ©e de trois grosses pierres, et qui avait l m ,30 de hauteur; une autre pierre en fermait l’entrĂ©e fig. 34. Cette porte donnait accĂšs Ă  une galerie droite, longue de 16 m., large de l m ,80Ă  l",30, et divisĂ©e en trois parties par trois transepts, formant trois espĂšces de chapelles de chaque cĂŽtĂ© de l’allĂ©e. Les murailles Ă©taient formĂ©es de pierres plates posĂ©es les unes sur les autres sans ciment, et de larges pierres brutes posĂ©es sur champ ; la voĂ»te Ă©tait Ă  peu prĂšs conique, et formĂ©e par la projection de pierres plates qui se recouvraient les unes les autres, systĂšme d’encorbellement que l’on a rencontrĂ© dans presque tous les tumulus. Un autre tumulus Ă  galerie souterraine existe prĂšs de Bath, dans le comtĂ© de Sommerset, oĂč il est connu sous le nom d eFairy's toote ; il a 50 m. de l’E. Ă  l’O. et 25 m. du N. au S. Il renferme une galerie dĂ©couverte en 1789, et qui conduisait Ă  un caveau contenant un squelette. Un autre tumulus, ouvert en 1772 dans l’une des Orcades, prĂ©sentait Ă  l’intĂ©rieur cinq sarcophages sans communication l’un avec l’autre, et irrĂ©guliĂšrement disposĂ©s dans le massif du tumulus fig. 37. L’auteur de A tour in Scotland dĂ©crit en ces termes un monument singulier qui se trouve dans la province de Sutherland Non loin de Dunrobin, dit-il, est une antiquitĂ© trĂšs-entiĂšre, de celles connues dans l’Ecosse mĂ©ridionale sous le nom de Pictish-Castles, chĂąteaux des PietĂ©s, et appelĂ©es dans l’Écosse septentrionale Cairn-Lean, tours grises. Elle peut avoir 130 yards de circonfĂ©rence ; elle est ronde et Ă©levĂ©e si haut au- dessus delĂ  plaine, qu’elle forme une montagne considĂ©rable. Au sommet est un creux large, mais peu profond, oĂč sont trois basses galeries concentriques Ă  peu de distance l’une de l’autre, couvertes en dessus avec _ de larges pierres, et dont les parois sont formĂ©es de pierres Ă©paisses de 4 Ă  5 pieds, grossiĂšrement travaillĂ©es. Etait-ce, ajoute l’auteur, une resserre pour les blĂ©s, ou un refuge contre l’hiver, ou un monument religieux? » Quant Ă  nous, nous ne croyons pas qu’on puisse y voir autre chose qu’un tumulus. Arrivons Ă  un monument fort important, le grand tumulus de New-Grange, prĂšs Drogheda, dans le comtĂ© de Meath, en Irlande. Sa hauteur est d’environ 23 m. ; il est entourĂ© Ă  sa base d'un grand nombre de grosses * ArchƓologia britannica. T. XIX. — TUMULUS. pierres brutes. Ce tumulus, dans son Ă©tat actuel, n’est plus qu’une ruine, car longtemps il a servi de carriĂšre. L’intĂ©rieur fig. 35 prĂ©sente une longue galerie dont l’entrĂ©e Ă©tait cachĂ©e Ă  plus de 13 m. dans l’intĂ©rieur de la butte ; cette galerie Ă©tait formĂ©e de pierres brutes de hauteur inĂ©gale fig. 36, variant de 0 m ,66 Ă  2 m ,35 de hauteur. Cette galerie, de 10 m. de long et l m ,60 de large, aboutit Ă  une salle octogone haute de 12m., surmontĂ©e d'une espĂšce de coupole formĂ©e par les pierres des parois se rapprochant par encorbellement. Cette disposition rappelle grossiĂšrement la construction de la chambre sĂ©pulcrale du tombeau de CĂ©cilia Metella dans la campagne de Rome. Aux cĂŽtĂ©s de cette salle sont trois cellules irrĂ©guliĂšres, dont l’une contenait une espĂšce de large coupe en pierre. Depuis peu d'annĂ©es, nous devons Ă M. de Freminville la connaissance d’un monument unique jusqu’à ce jour. Ce savant antiquaire l’a dĂ©crit avec soin *, et rĂ©cemment j’ai pu moi-mĂȘme vĂ©rifier sur place la fidĂ©litĂ© de sa description et de ses dessins. Ce grand galgal est situĂ© dans l’ile de Gavrennez l’üle aux ChĂšvres, dans le golfe du Morbihan, entre Port-Navalo et Locmariaker. L’intĂ©rieur prĂ©sente une seule galerie aboutissant Ă  une chambre un peu plus large fig. 38 et 39. La longueur totale du soutex’rain est de 16 m. ; neuf pierres forment le plafond de la galerie, mais une seule dalle Ă©norme recouvre toute la salle. Ce que ce monument prĂ©sente d’extrĂȘmement remarquable, c’est que toutes les pierres qui composent les parois sont couvertes d'ornements bizarres qu’il serait fort difficile de dĂ©crire; ce sont des lignes concentriques parallĂšles, elliptiques, en demi-cercle; quelques-unes prĂ©sentent des coins rangĂ©s en ordre, d’autres cette disposition connue des Romains sous le nom d’optts spicatum. La pierre que nous publions fig. 40 en donnera une idĂ©e plus juste que tout ce que nous pourrions dire. Une autre pierre fig. 41 prĂ©sente aussi une particularitĂ© singuliĂšre; elle est percĂ©e Ă  peu prĂšs Ă  moitiĂ© de sa hauteur de trois trous ronds placĂ©s Ă  cĂŽtĂ© l’un de l’autre. Ces trous ne pĂ©nĂštrent pas la pierre de part en part, mais communiquent latĂ©ralement l’un avec l’autre, de sorte que leurs sĂ©parations ne font pas cloison , mais forment Ă  peu prĂšs l’anse de panier, et qu’on peut passer le bras au travers. Ces ouvertures semblent avoir Ă©tĂ© destinĂ©es Ă  introduire des liens pour garrotter des captifs ou des victimes, peut-ĂȘtre des malheureux condamnĂ©s Ă  ĂȘtre enterrĂ©s avec leur prince ou leur maĂźtre. Peut- ĂȘtre aussi ce tumulus a-t-il simplement servi de prison , ainsi que le savant antiquaire anglais Pennant croit que cela arrivait quelquefois. Quoi qu’il en soit, le tumulus de Gavrennez nous paraĂźt ĂȘtre le seul exemple bien constatĂ© d’un grand travail de sculpture exĂ©cutĂ© par les Celtes, et, Ă  ce titre, il mĂ©ritait de nous arrĂȘter un instant. Les tumulus sont les plus intĂ©ressants Ă  fouiller de tous les monuments druidiques ; c’est lĂ , plus que partout ailleurs, qu’on rencontre les objets qui viennent enrichir la science et nos musĂ©es. Outre les haches et autres instruments de pierre et les ossements, on y dĂ©couvre une foule d’objets divers ; c’est ainsi que dans des tumulus ouverts dans l’üle Sandwick, l’une des Orcades, on a trouvĂ© des paniers de jonc contenant des ossements et une multitude de scarabĂ©es, insecte qui, par un singulier rapprochement, se trouve souvent dans le coffre contenant l’ibis sacrĂ© des Egyptiens ; ailleurs ce sont des peignes, des grains de verre, des bracelets, des ustensiles divers, des armes offensives et dĂ©fensives , des mĂ©dailles, etc. Avant de terminer ce chapitre, il nous reste Ă  parler de quelques sĂ©pultures gauloises qui, Ă©levĂ©es Ă  moins de frais, durent recevoir les restes de personnages moins importants. Parmi celles-ci, les plus anciennes de toutes sont des pierres brutes, simplement posĂ©es sur le sol, sans aucun ordre, souvent rĂ©unies en grand nombre et indiquant chacune un tombeau. Ces espĂšces de cimetiĂšres sont dĂ©signĂ©s par les antiquaires sous le nom de Carneilloux, du celtique Carn, charnier fig. 42. Ces monuments, si toutefois on peut leur donner ce nom, sont communs dans la Rretagne ; les plus remarquables sont ceux de Perros-Guyrech CĂŽtes-du-Nord, de la Pallue, de Treberon, de TrĂ©gunc et de ClĂ©der FinistĂšre. On en a reconnu aussi dans diverses autres parties de la France, telles que les dĂ©partements d’Eure-et-Loire, de l’Ailier, etc. En Angleterre, dans le comtĂ© de Cornouailles, est un carneillou dont les pierres sont appelĂ©es par le peuple Wring-Cheese , les fromages pressĂ©s. Quelques-unes, disposĂ©es plus rĂ©guliĂšrement dans la plaine voisine, sont appelĂ©es Ilurlers, les lanceurs, parce que, selon la tradition, ce sont des hommes changĂ©s en pierre pour avoir violĂ© le repos du dimanche en s’exerçant Ă  lancer le javelot. Quelques cercueils de forme carrĂ©e, ronde, ou ovale, et grossiĂšrement composĂ©s de pierres plates posĂ©es sur champ et ensevelies sous la terre Ă  une profondeur de 0 m , 60 Ă  1 m , sont regardĂ©s comme des tombeaux gaulois, parce qu’on y trouve des ossements humains dans le mĂȘme Ă©tat et accompagnĂ©s des mĂȘmes objets que * MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© royale des antiquaires de France, tome XIV. 6 — MONUMENTS CELTIQUES. — dans les tumulus. Quelquefois aussi, on dĂ©couvre des ossements simplement dĂ©posĂ©s dans la terre, sans aucun ouvrage accessoire, mais accompagnĂ©s d’objets qui annoncent l’époque celtique. En 1839, Ă  HĂ©rouval, prĂšs Gisors Eure, M. Gau, architecte, auteur du grand ouvrage de Nubie, dĂ©couvrit un tombeau gaulois composĂ© de six pierres brutes appliquĂ©es deux Ă  deux par leur extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure, de maniĂšre Ă  former au-dessus des six squelettes quelles recouvraient, une espĂšce de toit Ă  double rampant fig. 43. Dans le dernier siĂšcle, on trouva Ă  Lonzac Charente-InfĂ©rieure, en coupant un rocher, des souterrains dans lesquels Ă©taient pratiquĂ©es des chambres ou niches sĂ©pulcrales, dont plusieurs contenaient des cendres et des ossements, monuments gaulois d’une antiquitĂ© reculĂ©e, et dont on remarque les analogues chez les Egyptiens et les Étrusques, et mĂȘme chez les anciens PĂ©ruviens et les Chinois. Il y a peu d’annĂ©es qu’entre DĂŽme et Sar- lat Dordogne, on a trouvĂ© un monument semblable contenant aussi des ossements d’hommes et d’animaux, et des couteaux en pierre. Des fouilles faites par M. Thibaut en mars 1820, sur le monticule de Mouchette, territoire de Joigny Yonne, ont amenĂ© la dĂ©couverte de cent trente-sept fosses creusĂ©es dans le tuf, contenant chacune un cadavre et quelques vases. En un mot, le sol de la France est couvert de ces sĂ©pultures-, malheureusement leur dĂ©couverte est presque toujours due Ă  des laboureurs qui les heurtent du soc de la charrue, et qui les recouvrent, trop heureux encore s’ils ne les brisent avec tout ce qu’ils contiennent, dont leur ignorance ne peut apprĂ©cier la valeur. ENCEINTES SACRÉES. — CROMLECHS. On sait que chez les Grecs c’était la coutume de consacrer aux dieux certaines portions de terre, et de les sĂ©parer des lieux profanes par quelques clĂŽtures ; de lĂ  venait le nom qu’on donnait Ă  ces enceintes, celui de TÉaevvi, tĂ©mĂšne, nom que quelques antiquaires se sont efforcĂ©s d’introduire dans notre langue, et qui dĂ©rive du mot TĂ©xvoj, pris dans le sens de sĂ©parer. Les poĂštes parlent souvent de ces enceintes sacrĂ©es, et quelquefois ils y placent des autels ; tĂ©moin ce passage d’HomĂšre La riante VĂ©nus prend le chemin de Cypre et se rend Ă  Paphos oĂč elle a un tĂ©mĂšne, et un autel sur lequel les parfums exhalent une fumĂ©e odorante Ç. » Les Romains avaieut aussi de ces enceintes sacrĂ©es qu’on appelait sacella . Nous lisons dans Festus Sacella dicunlur loca dĂ»s sacrala sine lecto. Nous retrouvons Ă©galement cet usage chez les Celtes. Chez eux, ces enceintes sacrĂ©es Ă©taient en telle vĂ©nĂ©ration, que, suivant Tacite **, personne n’y entrait qu’il ne fĂ»t liĂ©, pour rendre hommage, par cette attitude humiliante, Ă  la majestĂ© du dieu qui l’habitait ; si l’on venait Ă  tomber, il n’était pas permis de se relever, mĂȘme sur les genoux ; il fallait sortir en se roulant. » Il y avait de ces sanctuaires qui jouissaient du droit d’asile. Ces enceintes avaient les formes les plus variĂ©es ; nous allons nous occuper d’abord des plus irrĂ©guliĂšres, rĂ©servant pour la fin de ce chapitre celles que leur forme circulaire a fait nommer cromlechs, pierres courbĂ©es, et qui sont au nombre des plus importants parmi les monuments druidiques. Le plus ordinairement, les enceintes carrĂ©es, ovales, polygonales ou circulaires, sont formĂ©es par des levĂ©es de terre, souvent mĂȘlĂ©e de cailloux, d’une hauteur et d’une Ă©tendue trĂšs-variables, et accompagnĂ©es de fossĂ©s; telles sont, dans le Morbihan, les deux enceintes qui se voient Ă  Neuillac, celles de Sainte-AvĂ©e, du Petit-Conlo, et surtout celle de Kermurier, la plus vaste du dĂ©partement. Celle-ci a la forme d’un fer Ă  cheval, dont la base est fermĂ©e par une ligne droite ; la plus grande hauteur de son parapet est d’environ 4 ra , et il est ceint d’une douve ou fossĂ©; sa longueur est d’environ deux cent quarante pas, et sa largeur de cent quatre-vingts. Comme toutes les enceintes de ce genre, elle n’avait pas d’entrĂ©e ; mais aujourd’hui elle est coupĂ©e par des chemins modernes, et la culture a envahi une partie de sa surface et rasĂ© un de ses flancs. On voit une enceinte du mĂȘme genre aux environs de BĂ©gars, dans le dĂ©partement des CĂŽtes-du-Nord ; elle consiste en une ellipse qui peut avoir 1000 m de longueur du N. au S. A son extrĂ©mitĂ© nord, est une espĂšce d’esplanade demi-circulaire plus Ă©levĂ©e que le reste de l’aire, et sur laquelle sont rangĂ©es en demi-cercle douze gros blocs de pierre simplement posĂ©s sur le sol; sept autres blocs semblables sont disposĂ©s en ligne droite sur le diamĂštre de ce demi-cercle. A l’autre extrĂ©mitĂ© de l’enceinte, s’élĂšve un menhir de 8 m de hauteur. Les mĂȘmes enceintes de terre se retrouvent dans les Iles-Britanniques; on en connaĂźt, entre autres, plusieurs prĂšs de Donegall, en Irlande, dans le comtĂ© de Tyrconnel elles sont voisines les unes des autres, et dĂ©signĂ©es {* OdyssĂ©e, 1. VIII, v. 362. ** De Moribus Germanorum, 39. — ENCEINTES. — CROMLECHS. — dans le pays sous le nom de Lac-derg. Il faut bien se garder de confondre ces sanctuaires avec quelques enceintes fortifiĂ©es, Ă©galement ouvrage des Gaulois, telles que la citĂ© de Limes, prĂšs Dieppe, et peut-ĂȘtre l’enceinte de Gourin, dans le Morbihan. Quelquefois les enceintes sont tracĂ©es par des menhirs, ou pierres debout. M. de FrĂ©minville dĂ©crit une de celles-ci, qu’il dĂ©couvrit sur la pointe de Soch, sur les cĂŽtes du FinistĂšre ; elle forme un parallĂ©logramme rectangle encore tout entier, dont les grands cĂŽtĂ©s avaient 81 m ,66 de longueur, et les petits 41 m , enceinte prĂ©sente une particularitĂ© sans exemple, c’est que les pierres qui la composent, au lieu d’ĂȘtre, comme Ă  l’ordinaire, simplement plantĂ©es dans le sol, Ă©taient fixĂ©es dans une espĂšce d’empierrement en maçonnerie sĂšche de 0 m ,66 de largeur. Un sanctuaire du mĂȘme genre, mais de plus petite dimension, existe dans le mĂȘme dĂ©partement, sur la rive gauche de la riviĂšre de Laber, prĂšs de son embouchure et de l’üle de Rozan. On en voit aussi dans le Morbihan, Ă  Mendon, et aux environs de Quiberon. C’est Ă  une destination analogue que M. de FrĂ©minville croit pouvoir rapporter un monument qui existe non loin de Kelivirit Morbihan, prĂšs d’une mĂ©tairie qui porte le nom de Kerhan ; c’est un cercle de 3 m ,33 de diamĂštre, taillĂ© en saillie sur le rocher, et contenant un second cercle concentrique du mĂȘme genre, et au milieu une espĂšce de mamelon en saillie. Les cromlechs, ou cercles druidiques, que quelques Ă©crivains modernes ont dĂ©corĂ©s des noms fastueux de thĂšmes cĂ©lestes ou cercles astronomiques, sans s’appuyer sur aucune preuve, sont formĂ©s de pierres droites implantĂ©es circulairement. Ces monuments sont bien moins nombreux en France que les dolmens et les menhirs ; nous pouvons cependant citer ceux de Roscoff et de la presque Ăźle de Kermorvan FinistĂšre, ceux de LocunolĂ©, du ManĂ©et de Kerven Morbihan. Dans les Iles-Britanniques, au contraire, les cromlechs sont trĂšs-communs. C’est dans l’une des Orcades, celle de Stennis, que nous avons trouvĂ© l’exemple que nous donnons ici fig. 44 et 45, d’un cromlech simple, dont le diamĂštre n’est pas moindre de 100 m , et qui n’est pas moins remarquable par sa conservation presque complĂšte que par sa position pittoresque. Au centre des cromlechs, ainsi qu’on le voit Ă  celui de Stennis, s’élevait souvent un menhir autour duquel les Celtes venaient accomplir les rites de leur religion, et qui portait le nom de la divinitĂ© dont elle Ă©tait le symbole. Les poĂ©sies d’Ossian font souvent allusion Ă  cette pierre qui dominait les enceintes sacrĂ©es ; c’est ainsi que nous lisons dans le troisiĂšme chant de Fingal Snivan chantait prĂšs du cercle de Lodin. Au son de sa voix, la pierre sacrĂ©e du pouvoir Ă©tait Ă©mue et la fortune des combats Ă©tait changĂ©e. » Quelquefois aussi, les cercles druidiques sont accompagnĂ©s de dolmens, placĂ©s en dehors de leur enceinte. M. de FrĂ©minville pense, et sans doute avec toute raison, pouvoir en conclure que les druides ne voulaient pas que leurs sanctuaires fussent souillĂ©s par le sang des victimes sacrifiĂ©es sur ces autels. Je ne ferai qu’indiquer en passant le cromlech de Stanton-Moor, dans le Derbyshire, appelĂ© The nine ladies, les neuf femmes, du nombre de ses pierres ; celui de Biscawen, dans le comtĂ© de Cornouailles, composĂ© de dix- neuf pierres; celui qui se voit Ă  peu de distance d’Oxford, prĂšs de la Tamise, et qu’on appelle Rolle-rich-stones; celui de Salked dans le Cumberland, prĂšs de Carlisle, formĂ© de soixante-dix pierres, et je m’arrĂȘterai un instant Ă  celui de Fiddes-hill, situĂ© sur une des montagnes des Higlilands, et qui a Ă©tĂ© dĂ©crit par M. Anderson *. Ce cromlech, ainsi qu’on peut le voir par le plan fig. 46, n’est pas complĂštement circulaire ; il prĂ©sente au fond une trĂšs-large pierre, avec laquelle deux rangĂ©es, chacune de trois petites pierres, viennent former un angle obtus, et reprĂ©sentent ainsi une espĂšce de niche dĂ©couverte; cette disposition est, je crois, sans exemple. On connaĂźt aussi quelques cromlechs en Allemagne ; il en est un, entre autres, extrĂȘmement curieux sur le sommet d’une montagne prĂšs de Helmstadt, dans le duchĂ© de Brunswick; il prĂ©sente au milieu une pierre isolĂ©e, entre deux trilithes. Ce monument peut nous fournir deux arguments sĂ©rieux Ă  l’appui des opinions que nous avons Ă©mises dans le cours de cette notice. Nous avons vu que les vĂ©ritables dolmens n’étaient jamais admis dans l’intĂ©rieur des cromlechs, qui ne devaient point ĂȘtre souillĂ©s du sang des victimes immolĂ©es sur ces autels. Ici, au contraire, nous trouvons deux trilithes dans l’intĂ©rieur d’un cromlech ; donc, ainsi que nous l’avons supposĂ©, les trilithes ne sont que des autels d’oblation et n’ont jamais servi Ă  des sacrifices sanglants. En outre, la position de ces deux autels d’oblation aux cĂŽtĂ©s de la pierre centrale du cromlech, ne doit-elle pas faire penser que cette pierre Ă©tait rĂ©ellement considĂ©rĂ©e comme le symbole de la divinitĂ© Ă  laquelle s’adressaient les offrandes ? * ArchĂŠologia Britannica, tome V. — MONUMENTS CELTIQUES. — Dans la Suisse, oĂč l’on ne connaĂźt presque pas de monuments druidiques, M. Cambry dit cependant avoir vu un cromlech au milieu de l’un des sites les plus majestueux du Hasli. L’Angleterre renferme deux monuments de premier ordre qui paraissent pouvoir ĂȘtre rangĂ©s dans la catĂ©gorie des cromlechs, quoiqu’ils soient bien plus compliquĂ©s, et l’un d’eux surtout, de bien plus grande dimension ; je veux parler du Stone-Henge et du sanctuaire d’Abury. Le Stone-Henge, que quelques auteurs anciens appellent Chorea Gigantum, et Camden, insana substruclio , et dont le nom moderne signifie pierre suspendue, est situĂ© dans le comtĂ© de Wilts, Ă  six milles au nord de Salisbury ; il est composĂ© d’une double enceinte de pierres droites de 9 ra de haut sur environ 2 m ,30 de large, grossiĂšrement façonnĂ©es en piliers et portant des pierres de mĂȘme forme, taillĂ©es avec un peu plus de soin, posĂ©es en façon d’architraves, et fixĂ©es par des tenons rĂ©servĂ©s dans le sommet du pilier et s’emboĂźtant dans des mortaises fig. 48 et 49. Le cercle extĂ©rieur a environ 60 m de diamĂštre. Au centre de ces enceintes s’en trouvaient deux autres de forme elliptique, ouvertes d’un cĂŽtĂ© et renfermant un grand menhir isolĂ©. Il est bien Ă  regretter que ce monument si curieux soit aujourd’hui dans le plus triste Ă©tat de dĂ©gradation. Le Stone-Henge a Ă©tĂ© le sujet de plusieurs savants mĂ©moires, dus Ă  Inigo Jones, au docteur Stukely, Ă  sir Hyggins, etc. C’est Ă©galement dans le Wiltshire que se trouvent le grand cromlech d’Abury et ses vastes dĂ©pendances. Le centre du monument est dans une plaine ; mais comme les avenues et autres travaux qui s’y rattachent s’étendent Ă  environ un mille de chaque cĂŽtĂ©, on a quelque peine Ă  en saisir l’ensemble. Le monument, ainsi qu’on peut le voir par le plan gĂ©nĂ©ral restaurĂ© que nous empruntons Ă  sir Hyggins fig. 53, sedivise en quatre parties, le grand cercle d’Abury, les deux avenues de Kennet et de Berkampton l et k, dont l’une se termine par le double cromlech u. Le grand cercle, partie principale et centrale du monument, est formĂ© par un rempart circulaire ayant un fossĂ© Ă  l’intĂ©rieur, ce qui est contraire Ă  la disposition de tout ouvrage de dĂ©fense, et prouve Ă©videmment la destination religieuse de cet immense ensemble. L’aire comprise dans cette circonvallation a prĂšs de 500 ra de diamĂštre, et la circonfĂ©rence du fossĂ© est, suivant le cĂ©lĂšbre antiquaire Boger Gale, de 1200 m . Sur le bord du fossĂ© Ă©tait une rangĂ©e de pierres brutes fig. 52, et dans l’intĂ©rieur, se trouvaient deux sanctuaires formĂ©s de deux doubles enceintes Ă©galement circulaires. Le cercle extĂ©rieur de chacune de celles-ci consistait en trente pierres, et le cercle intĂ©rieur en douze. Les centres des deux sanctuaires Ă©taient Ă©loignĂ©s de 173 m . La seule diffĂ©rence que le docteur Stukely, qui visita Abury en 1722, ait pu dĂ©couvrir entre ces deux parties du monument, est que le sanctuaire du midi avait un obĂ©lisque central, tandis que le milieu de celui du nord Ă©tait occupĂ© par trois menhirs, dont l’un avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© renversĂ© en 1713. On comptait encore au monument soixante-seize pierres debout en 1722; sur un plan dressĂ© par ordre de sir Hyggins, en 1812, on trouve encore dix pierres debout et cinq renversĂ©es de la circonvallation extĂ©rieure ; du sanctuaire septentrional, il reste deux des pierres centrales, trois debout et une tombĂ©e du cercle extĂ©rieur, et une seule du cercle intĂ©rieur. Du cercle extĂ©rieur du sanctuaire mĂ©ridional, deux pierres sont debout et trois renversĂ©es. Tel est le triste Ă©tat de ce gigantesque monument, qui bientĂŽt disparaĂźtra entiĂšrement. Nous avons dĂ©jĂ  dit, et nous devons rappeler ici, que dans le voisinage du vaste sanctuaire d’Abury, s’élĂšve une foule de tumulus, partagĂ©s en trois groupes, F, i et kg, et que l’un de ces tumulus est celui de Silbury, dont nous avons donnĂ© le dessin figure 26. ALIGNEMENTS. De tous les monuments druidiques, les plus inexplicables, ceux dont il est le plus difficile, pour ne pas dire impossible, d’expliquer la destination, ce sont ceux qui se rencontrent frĂ©quemment en Bretagne et qu’on dĂ©signe sous le nom Ă .’Alignements. Nous aurons occasion de revenir, en parlant du plus important de ces monuments, celui de Carnac, sur les diverses conjectures auxquelles ils ont donnĂ© lieu, et nous verrons si, dans l’état actuel de la science, il peut nous ĂȘtre permis d’en adopter une de prĂ©fĂ©rence aux autres. Ces alignements sont ordinairement composĂ©s de pierres implantĂ©es dans le sol ; cependant on en a trouvĂ© en Angleterre quelques-uns, indiquĂ©s seulement par des fossĂ©s *. Les alignements forment le plus ordinairement des lignes droites, soit parallĂšles entre elles, soit se coupant Ă  angle droit. Cette disposition n’est cependant pas gĂ©nĂ©rale, et souvent certains alignements prĂ©sentent les ;* H. Rooke, Archseologia Brit., tomeX. — ALIGNEMENTS. — formes les plus bizarres. Tel est celui que M. de FrĂ©minville de'signe sous le nom de sanctuaire de Landaoudec en Crozon, dans le dĂ©partement du FinistĂšre. Ce grand monument, dont nous donnons le plan d aprĂšs le savant antiquaire breton fig. 49, est situĂ© dans une lande voisine d’un chemin conduisant de Lanveoch au manoir de Quelques gros blocs de pierre et trois menhirs dispersĂ©s autour du moulin d en annoncent l’approche. Deux rangs parallĂšles de pierres, les unes plantĂ©es, les autres posĂ©es simplement snr le sol, forment une espĂšce d’allĂ©e ou d’avenue longue de 154 m , et qui conduit Ă  l’angle oriental de la premiĂšre enceinte. Cette enceinte, de figure triangulaire, est formĂ©e de mĂȘme par des blocs de pierre posĂ©s ou plantĂ©s debout sur le sol. Deux des cĂŽtĂ©s du triangle sont droits ; le troisiĂšme est un segment de cercle c’est celui du nord. Celui du sud a 128 m de longueur, et celui de l’ouest, qui forme avec lui un angle droit, en a 26. A cette enceinte triangulaire, est adjacente, du cĂŽtĂ© de l’occident, une seconde enceinte de figure carrĂ©e, ayant avec la premiĂšre un cĂŽtĂ© commun. Ce rectangle a 68 m de l’est Ă  l’ouest, et 52 m du nord au sud. De l’extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale du cĂŽtĂ© qui lui est commun avec l’enceinte triangulaire, part une rangĂ©e de pierres formant le demi-cercle, et au bout de laquelle s’élĂšve un dolmen a, trĂšs-mutilĂ©, dont la prĂ©sence semble en effet venir Ă  l’appui de la supposition qui fait, des pierres de Landaoudec, un monument religieux. Non loin de lĂ , Ă  l’orient, on voit un autre alignement, composĂ© de pierres peu Ă©levĂ©es, et assez rapprochĂ©es les unes des autres; il se dirige d’abord en ligne droite du sud au nord ; mais il prend Ă  son extrĂ©mitĂ© une lĂ©gĂšre courbure. Cet alignement semble avoir fait partie d’une enceinte particuliĂšre qui entourait un terrain tout couvert de grosses pierres posĂ©es sur le sol, et qui fut sans doute un carneillou ou cimetiĂšre. Un autre sanctuaire du mĂȘme genre existe Ă©galement dans le FinistĂšre, prĂšs du hameau de Kercolleoc’h. Le principal des alignements a 370 m d’étendue; il forme un angle obtus , et aboutit Ă  une enceinte trapĂ©zoĂŻde, accompagnĂ©e d’une avenue. A cĂŽtĂ© est une autre enceinte carrĂ©e formĂ©e d’un double rang de pierres plantĂ©es trĂšs-prĂšs les unes des autres, et assez Ă©levĂ©es. Cette enceinte, la seule que nous connaissions Ă  double rang porte dans le pays le nom vulgaire de Maison du curĂ©. Dans le mĂȘme dĂ©partement,, entre la pointe de Toulinguet et celle de Pen-liir, se trouve un monument extrĂȘmement remarquable ; c’est un alignement de quarante et une pierres se dirigeant en ligne droite du nord au sud. Deux autres alignements parallĂšles entre eux viennent le rencontrer Ă  angle droit vers le milieu. PrĂšs de ces alignements se trouvent un menhir isolĂ© et un dolmen. M. de FrĂ©minville a remarquĂ© que presque toujours ce menhir isolĂ© se trouve dans le voisinage des sanctuaires druidiques ; il croit qu’il Ă©tait destinĂ© Ă  prĂ©venir de leur approche, et il l’appelle en consĂ©quence la pierre d’avertissement. C’est dans le Morbihan que se rencontrent les plus importants de tous les alignements druidiques, ceux d’Ardeven et de Carnac ; mais avant d’arriver Ă  leur description, je dois dire quelques mots de ceux de Plouhinec, qui, quoique moins Ă©tendus, mĂ©ritent cependant d’attirer un moment notre attention. Les alignements de Plouhinec consistent en deux files parallĂšles de pierres brutes, dont les unes sont plantĂ©es debout, et les autres simplement posĂ©es sur la surface du sol. Ces deux files, trĂšs-bien alignĂ©es, sont sĂ©parĂ©es l’une de l’autre par un intervalle de 7 m , et se dirigent du nord au sud sur une longueur de 90 m environ. La plaine d’Ardeven est une lande inculte et couverte de bruyĂšres, au milieu desquelles s’étendent d’immenses alignements disposĂ©s rĂ©guliĂšrement sur neuf files parallĂšles se dirigeant du nord au sud, sur une longueur de prĂšs de 2 kil. Ces rangĂ©es de pierres prĂ©sentent quelquefois des lacunes, parce que beaucoup ont Ă©tĂ© dĂ©truites ; quelquefois aussi elles se trouvent interrompues par une baie, un fossĂ© ou un sentier, mais elles reparaissent toujours au delĂ , et se continuent ainsi jusqu’auprĂšs du village de Kercouno. Il est Ă  remarquer qu’en cet endroit, c’est-Ă -dire vers leur extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale, les alignements dĂ©vient un peu de la ligne droite, et prennent une courbure sensible vers l’ouest. Arrivons enfin au plus gigantesque, au plus prodigieux de tous les monuments Ă©rigĂ©s par nos ancĂȘtres, aux alignements de Carnac. Le bourg de Carnac, dont le nom dĂ©rive, selon toute apparence, du celtique carn, pierre , est situĂ© dans le dĂ©partement du Morbihan , Ă  12 kil. environ de la petite ville d’Auray. C’est prĂšs de ce bourg , non loin de la mer, et dans la direction de l’ouest Ă  l’est, que sont disposĂ©es les pierres dont le calcul le plus modĂ©rĂ© porte encore le nombre Ă  environ douze cents, quoiqu’une grande quantitĂ© de ces blocs ait Ă©tĂ© dĂ©truite, et que tous les jours, malgrĂ© les ordres les plus sĂ©vĂšres, on porte encore atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© de ces enceintes monumentales. La majeure partie , ou , si l’on veut, les trois quarts environ des pierres de Carnac sont de 7 — MONUMENTS CELTIQUES. — vĂ©ritables menhirs , ou pierres plantĂ©es verticalement en terre , et dont les hauteurs varient autant que les formes. Les plus Ă©levĂ©es ont 6 Ă  7 m de haut, beaucoup ont 3 Ă  4 m , quelques-unes seulement 1 ou 2 m ; d’autres enfin sont de gros blocs simplement posĂ©s sur le sol, mais dont la masse est si Ă©norme qu’on Ă©value le poids de quelques-unes Ă  40,000 kil. Ces monuments, qui excitent toujours la curiositĂ© sans pouvoir la satisfaire , ont donnĂ© lieu Ă  une multitude de conjectures. Il Ă©tait naturel que ce grand ouvrage, si grossier quant Ă  l’exĂ©cution, mais si original et si imposant dans sa masse, occasionnĂąt beaucoup de recherches, et fit naĂźtre des opinions trĂšs-diverses sur la fin qu’on s’était proposĂ©e. La plus singuliĂšre de ces suppositions est sans doute celle de la SauvagĂšre *} , qui pense y voir les traces d’un ancien camp qu'il attribue Ă  CĂ©sar dans sa guerre contre les YĂ©nĂštes. Les monuments d’Ardeven, selon cet antiquaire, eussent indiquĂ© l’emplacement de la garde avancĂ©e. Quant Ă  cette quantitĂ© de pierres plantĂ©es et posĂ©es debout, il suppose que les Romains n’ont eu d’autre objet en les Ă©levant, que de mettre leurs tentes ou leurs baraques Ă  l’abri des coups de vent. Caylus **, qui cependant avait prĂ©cĂ©dĂ© la SauvagĂšre > est loin de partager ces idĂ©es de romanomanie ; il reconnaĂźt dans la disposition constante de ces pierres l’Ɠuvre d’un peuple, et le produit d’une superstition. Seulement il tente une explication qui n’est guĂšre plus heureuse que celle de la SauvagĂšre. Selon lui, les cĂŽtes de la France, sur l’une et l’autre mer, offrent des quantitĂ©s immenses de ces monuments de pierres brutes, et de lĂ  il conclut quoiqu’il en existe un grand nombre dans l’intĂ©rieur des terres, et que lui-mĂȘme en cite quelques-uns qu’ils sont dus Ă  un peuple Ă©tranger qui serait venu par mer s’établir dans nos contrĂ©es maritimes. 11 est impossible de s’arrĂȘter Ă  cette supposition gratuite de je ne sais quel peuple inconnu dans l’histoire, qui serait venu, dans un but Ă©galement inconnu, Ă©riger sur notre sol des monuments gigantesques qu’il aurait dĂ» ensuite y abandonner. D’autres auteurs ont pensĂ© trouver Ă  Carnac un champ funĂšbre , oĂč des braves, des hĂ©ros furent honorĂ©s ; mais supposera-t-on que tant d’efforts aient Ă©tĂ© prodiguĂ©s pour la sĂ©pulture de simples soldats , mĂȘme aprĂšs la bataille la plus mĂ©morable? Cette conjecture pourrait, il est vrai, s’appuyer sur un passage d’Ossian qui semble prouver que cette Ă©rection d’une immense quantitĂ© de pierres sĂ©pulcrales sur un champ de bataille n’est pas sans exemple ÉlĂšve des tombeaux Ă  tous ceux qui ont pĂ©ri; si tous n’étaient pas comptĂ©s parmi les chefs, tous Ă©taient Ă©galement braves ***. » Si l’on admettait cette hypothĂšse, nous pourrions demander Ă  ce sol funĂ©raire les restes qui lui avaient Ă©tĂ© confiĂ©s ; mais les fouilles qui ont Ă©tĂ© faites Ă  plusieurs Ă©poques, n’ont rien produit qui puisse fortifier cette opinion. Aucune inscription, dit M. Cambry, n’explique ce monument, aucune analogie ne porte Ă  le connaĂźtre. Les hommes que vous appelez, le voyageur que vous interrogez , le regardent et tournent la tĂȘte, ou vous racontent des vieux matelot cependant me rĂ©pondit deux choses assez frappantes 1° Qu’une de ces pierres couvre encore un immense trĂ©sor ; que pour le mieux cacher on a dressĂ© des milliers de pierres, et qu’un calcul dont on ne trouverait la clef que dans la tour de Londres, pourrait seul indiquer la place du trĂ©sor ; 2° qu’au mois de juin , chaque annĂ©e, les anciens ajoutaient une pierre aux pierres dĂ©jĂ  dressĂ©es , et qu’on les illuminait Ă  grands frais la nuit qui prĂ©cĂ©dait cette cĂ©rĂ©monie. » La premiĂšre de ces croyances, celle d’un trĂ©sor cachĂ© sous les pierres de Carnac, est malheureusement trĂšs- rĂ©pandue ; elle a Ă©tĂ© cause de la destruction d’une grande partie de ces monolithes, et plus d'un chercheur de trĂ©sor a payĂ© de sa vie sa fatale tentative, et a Ă©tĂ© Ă©crasĂ© par la pierre qu il dĂ©racinait. Quelques observateurs ont cru voir dans les pierres de Carnac des colonnes d Hercule, un serpent, des emblĂšmes du culte du soleil, ou un zodiaque; selon d’autres, ce sont des thĂšmes cĂ©lestes, ou mĂȘme l'effet d’un bouleversement naturel arrivĂ© sur cette cĂŽte. Croirait-on que cette derniĂšre opinion si Ă©trange, qui prouve aussi peu de connaissance de la cosmogonie que des antiquitĂ©s, a Ă©tĂ© Ă©mise par M. Deslandes, commissaire de la marine, dans un recueil de physique? Quant Ă  nous, nous ne prĂ©tendons pas dĂ©cider quelle a pu ĂȘtre positivement la destination des champs de Carnac ; nous nous attacherons Ă  les faire connaĂźtre par une description exacte, et mieux encore par des dessins fidĂšles. RĂ©duits, comme nos prĂ©dĂ©cesseurs, Ă  de simples conjectures, sur le motif qui fit Ă©riger ces monu- * Recueil d’antiquitĂ©s dans les Gaules. ** Recueil d'antiquitĂ©s Ă©gyptiennes , romaines et gauloises. z& &Ɠ*g*%L iaEg ‱?%ÂŁ* ^‱fc. > .^v ĂŻ 3S23SÏ SsjSt^ ÎS>/ ^ĂœÂ»Stt4ÜW P&*{g wHi! i [ j ' i- g . -r-ggSesSSj^ ssSMSl MiifflS-it irĂšs de Tours 13-14. Grotte aux FĂ©es, d’ EssĂ© 15-16. Grotte ;X V' Les Pierres Plattes Ă  1 >c?v ÂŁggS&ĂŠ- =5s?ÂŁS&fiL’ JBĂ ej 16 . Plan ancien. Ernest Breton del ‱ » 19, Etat actuel LemaĂźtre scalp. irorrimiETĂŻTS GieĂŻltĂŻ^'ĂŒâ€™ĂŠSo France. r-TEIUT1C M©FTTUM JË T S > $/>// ,vv//r ‱*//// y h'rankrcirh. i 1 ’j a ri'- . . l' I Ăź i ' - i j . Monnme/zÂŁr Anciens et Modesties Momimonto* rltieos . / Jrtuuia!' for Jules Ă»oiisuiĂŽiuu/ & % ĂŒ J—] ÇJ ? Go gtsrfc'*-! [i. Ü ÎW *' A r ÜIP* rmh S'.-' - ' * life$SĂŻÂŁ3& ' Tombelles de Tirlemont. S r* » a i ag^ 26. Tumulus de Bartlow m 26 Tumulus de Silbury. 29 Tumulus de Pormc, f r X Cr -*=o C— / ' 1 -O O- ‱——j -O c=- \* y v y f?* 37* Coupe d'un Tuinulus des Orcades . 38. Coupe du Galgal de Gavrennez H . Galgal de Gavrennez Plan 42. Galgal de Gravenncz Details 4 2 . CameiĂźlou 4o . Galgal de Gavrennez Details t 4^ Cromlech de Stennis 46 Cromlech, de Fiddess-hill 43. Tombeau Ă  Rerouval. 44 Cromlech de Stennis Q o 9 a ? a a o 11 9 HJ. 9 a _ o G» o a 000 OaOod... . 0 . ... ». 0 990 9 c 0 * a a „ ??- ; „. A . A uJ D Q 9 a d 49. Sanctuaire de Laridaoudec en Crozon. Rrnest Breton del. Knnle Lejeune, iculps Iran* reich 0 ' 1 d M'>?iufnenLi Ann-rrr^' rt Moderntc. Francia Irtjhiherra . Pnr .fu/ej O'siUhajw u/ÂŁ. 48 Stone Henge ». V * i J t sfaSts \X CĂŽtĂ© Sud-Est. ✓ . 1 r I l il \\ Y l w \ \ * V. W I U // ; * 4 5o. Etat actuel. 5i. Plan restaurĂ©. 49 Stone " Henge , cĂŽte Nord-ouest. Ernest lumcsUs Anciens- et Modernes EnÇian d . 2ïï©nUĂŻĂŒ^ITTS GELTignĂŒES, Angleterre CK LT IC MONl'MKirrS. Kn gland Monument Ort YltlCOfl /'l,>q/o/?rr. !Kf» KP mr'i"lH' Jlc/teĂŒs du plan, / y / Mines Gaucherel del I^inaitre sculp 1 gifflBWwnffllffii' Ç/V^ -rtXtr' TlËTTl'iLÆ 3DAÏT3 ]ÂŁi 9 1I1L1E M XXĂ» . Ɠsis 1 > a-V ’‱ ‱" -4> i ^'sĂżw j s'K-v' .SvSSf ‱m** & TRÉSORS OU TRÉSORERIES Ainsi que l’indique leur nom, les TrĂ©sors ou TrĂ©soreries Ă©taient des Ă©difices destinĂ©s Ă  renfermer soit les deniers publics, soit les richesses d’un prince, soit les vases sacrĂ©s, les ex-voto, les ornements prĂ©cieux d’un temple. Les premiers TrĂ©sors furent ordinairement les tombeaux, plus inviolables encore par le respect qu’on leur portait que par la soliditĂ© de leurs constructions et de leurs clĂŽtures. Plus tard, les temples mĂŽme reçurent souvent ces dĂ©pĂŽts prĂ©cieux. Chez les Grecs , ce fut gĂ©nĂ©ralement dans la partie postĂ©rieure des temples que fut mĂ©nagĂ©e une salle Ă  cet usage, nommĂ©e opisthodĂŽme. Telle Ă©tait la disposition des temples d’Apollon Ă  Delphes et de Jupiter Ă  Olympie ; et c’est ainsi qu’à AthĂšnes, dans l’opisthodĂŽme du ParlliĂ©non, outre l’argent provenant des revenus publics et des contributions des villes de la GrĂšce, ou conservait toujours mille talents pour les dĂ©penses imprĂ©vues de l'État -, lĂ  aussi, les particuliers mettaient en dĂ©pĂŽt les sommes d’argent qu’ils n’osaient pas garder chez eux ; lĂ  enfin, on conservait les offrandes faites Ă  la dĂ©esse, les ex-voto, ’AvaĂ»r'fiotTa, les dĂ©pouilles prĂ©cieuses enlevĂ©es aux Perses, et entre autres le trĂŽne Ă  pieds d’argent sur lequel XercĂšs s’était placĂ© pour ĂȘtre tĂ©moin du combat de Salamine. C’est chez les Grecs que nous trouvons les plus anciens exemples de bĂątiments construits pour servir de TrĂ©sors. AgamĂšde et Trophonius avaient Ă©levĂ© pour Hyrieus, Ă  OrcliomĂšne en BĂ©otie, un TrĂ©sor, dans la construction duquel ils avaient pratiquĂ© un secret dont eux seuls avaient connaissance *. Hyrieus, s’apercevant que son argent disparaissait, y tendit un piĂšge oĂč Trophonius fut pris. Un autre Ă©difice du mĂȘme genre, beaucoup plus cĂ©lĂšbre, fut, dans la mĂȘme ville d’OrchomĂšne, le TrĂ©sor de Mynias dont nous parlerons bientĂŽt Ă  l’occasion de celui d’AtrĂ©e, le mieux conservĂ© que nous ait transmis l’antiquitĂ©. Pausanias donne le nom de 0r,aaupo\, TrĂ©sors, Ă  de petits Ă©difices compris dans l’enceinte sacrĂ©e de l’Altis Ă  Olympie, et oĂč chaque ville tenait en dĂ©pĂŽt les offrandes, statues et objets votifs de tout genre quelle consacrait au dieu. Chez les Bomains, le TrĂ©sor s’appelait Ærarium , parce que la premiĂšre monnaie avait Ă©tĂ© de cuivre. Il y eut diffĂ©rentes sortes de TrĂ©sors, selon la diversitĂ© ou des monnaies, ou des services auxquels les revenus publics Ă©taient affectĂ©s. Pendant longtemps Ă  Borne, ce fut le temple de Saturne, situĂ© sur la pente du Capitole, qui fut le dĂ©pĂŽt gĂ©nĂ©ral des fonds publics. Chez les modernes , il n’y a plus d’édifices qu’on puisse proprement appeler des TrĂ©sors ; ce nom n’est plus employĂ© que pour dĂ©signer la salle oĂč l’on renferme les objets prĂ©cieux dĂ©pendant d’une Ă©glise, d’une chapelle ou d’un monastĂšre. TRÉSORERIE D’ATRÉE A MYCÈNES. On montre encore Ă  MycĂšnes, dit Pausanias **, la fontaine de PersĂ©e, et des chambres souterraines, oĂč l’on dit qu’AtrĂ©e et ses enfants cachaient leurs trĂ©sors. PrĂšs de lĂ  est le tombeau d’AtrĂ©e et de tous ceux qu’Agamemnon ramena avec lui aprĂšs la prise de Troie, et qu’Égisthe fit pĂ©rir dans le festin qu’il leur donna. » Pausanias ne donne pas la description du TrĂ©sor d’AtrĂ©e; mais ce qu’il dit du TrĂ©sor de Mynias, Ă  Orcho- mĂšne, s’applique si parfaitement Ă  l’édifice de MycĂšnes, qu’il est impossible de mĂ©connaĂźtre 1 identitĂ© de leur destination. 11 y a donc tout lieu de croire que le monument auquel est consacrĂ©e cette notice, est bien celui qu’il a voulu dĂ©signer. A peu de distance de l’Acropole de MycĂšnes, et sur le penchant de la montagne qui la porte, sont de vastes constructions en pierre, bĂąties sur un plan circulaire, et dont les voĂ»tes prĂ©sentent une forme parabolique ; le moins endommagĂ© de ces Ă©difices est celui dĂ©signĂ© par les voyageurs sous le nom de Tombeau d’Agamemnon, ou de TrĂ©sorerie d’AtrĂ©e. Il serait difficile, dit M. Blouet, de contester cette opinion ; cependant on est disposĂ© Ă  croire que le tombeau d’Agamemnon devait ĂȘtre ou plus riche, ou plus grand que ceux qui l’entouraient. Sans adopter entiĂšrement cette maniĂšre de voir, nous dirons que la voĂ»te de la ruine placĂ©e prĂšs de la Porte des Lions parait ĂȘtre de la mĂȘme grandeur que celle dont nous nous occupons ; ce qui ferait plutĂŽt prĂ©sumer, d’aprĂšs * Paus., L. IX, c. 3. *' Corinth., L. II, eh. 16. — MONUMENTS PÉLASGIQUES. — cette ressemblance, que ces deux monuments devaient ĂȘtre, ou ces chambres souterraines dans lesquelles AtrĂ©e et ses enfants cachaient, dit-on, leurs trĂ©sors, ou les tombeaux des compagnons qu’Agamemnon ramena, ou le tombeau d’EurymĂ©don, son Ă©cuyer, ou celui de TĂ©lĂ©damus et de PĂ©lops, enfants de Cassandre, ou enfin le tombeau d’Électre. 11 n’est donc pas supposable que cette curieuse et simple construction ait Ă©tĂ© le tombeau du grand roi, ou mĂȘme celui d’AtrĂ©e, chef de sa race, puisque dans cette ruine rien n’indique la distinction de leur rang. » Ce qui est certain , c’est que si on ne peut affirmer que ce monument soit le tombeau d’Agamemnon ou le TrĂ©sor d’AtrĂ©e plutĂŽt qu’un de ceux dont les dĂ©bris l’environnent, nous verrons par sa disposition qu’il est plus que probable que c’était un sĂ©pulcre en mĂȘme temps qu’un TrĂ©sor. Un exemple nous autorise Ă  le croire Plutarque nous apprend que PhilopƓmen fut enterrĂ© dans le TrĂ©sor de MessĂšne ; mais il ne donne aucun dĂ©tail sur la forme de cet Ă©difice. Toutes ces chambres souterraines de GrĂšce, de Sicile, de Sardaigne, Ă©taient sans aucun doute les premiers sĂ©pulcres des grands personnages, dans les temps les plus reculĂ©s de l’antiquitĂ©; elles sont construites dans le mĂȘme principe que les pyramides d’Égypte, avec lesquelles elles ont une grande affinitĂ©. HouĂ«l mentionne des constructions semblables prĂšs de Macara en Sicile, et il y en a plusieurs en Sardaigne, oĂč elles sont connues sous le nom de Noragis. Ce nom Ă©tait peut-ĂȘtre venu de Norax, fils de Mercure et d’ÉrytĂ©e, qui, Ă  la tĂšte d’une colonie ibĂ©rienne , vint fonder en Sardaigne la ville de Nora. Arrivons maintenant Ă  la description du monument qui nous occupe. A l’exception de sa façade, il est entiĂšrement souterrain, et son aspect Ă©tait celui d’un tumulus. Un corridor ou passage Ă  ciel ouvert, de fi mĂštres 25 centimĂštres de largeur et de 19 mĂštres 50 centimĂštres de longueur, formĂ© par deux murailles de construction cyclopĂ©enne, Ă  assises rĂ©guliĂšres DĂ©tails , fig. 1 et 2, conduit Ă  la façade , qui est tournĂ©e vers l’Acropole, dont elle n’est Ă©loignĂ©e que de quelques centaines de pas. Ce passage est maintenant entiĂšrement encombrĂ© de terre et de dĂ©bris, et il n’a Ă©tĂ© dĂ©blayĂ© que devant la porte. Celle-ci {voy. la vue est large de 3 mĂštres 17 centimĂštres Ă  la base, et de 2 mĂštres 32 centimĂštres au sommet. Sa hauteur est de 6 mĂštres 30 centimĂštres; mais il faut remarquer que le sol Ă©tant exhaussĂ©, la hauteur de la porte et sa largeur Ă  la base durent ĂȘtre plus considĂ©rables. La construction de cette façade est un appareil rĂ©gulier et composĂ©, comme tout le reste de l’édifice, de blocs parfaitement Ă©quarris d’une brĂšche trĂšs-belle, dont sont formĂ©s les rochers voisins. Cette brĂšche est la plus dure et la plus compacte de la GrĂšce, et elle ressemble Ă  ce marbre noir appelĂ© Breccia Tracagnina antica, que l’on trouve quelquefois dans les ruines de Borne. Les grains en sont gros, larges, et gĂ©nĂ©ralement anguleux ; leur couleur la plus ordinaire est le noir ; la matiĂšre qui les rĂ©unit, le pouding, prĂ©sente diffĂ©rentes nuances de jaune. La partie la plus remarquable de cette porte est le linteau qui la surmonte, et qui est formĂ© de deux Ă©normes pierres superposĂ©es. La plus grande forme pĂ©nĂ©tration dans la voĂ»te ; elle a 8 mĂštres 15 centimĂštres de long sur 6 mĂštres 50 centimĂštres de profondeur, compris l’équarrissage , et 1 mĂštre 22 centimĂštres d’épaisseur, ce qui donne un cube de 64 mĂštres 63 centimĂštres, dont on peut Ă©valuer le poids Ă  168,684 kilogrammes 30 centiĂšmes. ExceptĂ© en Égypte ou Ă  Balbec, nulle part peut-ĂȘtre on ne trouve un bloc comparable Ă  cette masse gigantesque. Le second linteau est de la mĂȘme hauteur et probablement de la mĂȘme largeur que l’autre, mais ses extrĂ©mitĂ©s sont cachĂ©es par la terre qui recouvre tout l’édifice. La face du linteau est ornĂ©e de deux moulures parallĂšles, qui se continuent sur les jambages de la porte. Notre planche de dĂ©tails fig. 6 et 7 en donne le plan, le profil et l’élĂ©vation. Certaines traces de trous qui se retrouvent dans les pierres qui composent la façade, ont fait supposer Ă  quelques antiquaires qu’elle dut ĂȘtre dĂ©corĂ©e d’ornements maintenus par des crampons; rien ne nous paraĂźt moins certain que cette conjecture, et surtout que la restauration tout Ă  fait hypothĂ©tique qu’a cru pouvoir proposer M. Donadson, dans son supplĂ©ment aux AntiquitĂ©s d’AthĂšnes de Stuart. Il est difficile de savoir comment Ă©tait fermĂ©e cette entrĂ©e, car on n’y trouve aucune trace de gonds; c’est ce qui a fait supposer Ă  Dodwell que la principale salle peut avoir Ă©tĂ© toujours ouverte, et n’avoir Ă©tĂ© dĂ©fendue que par le respect religieux. A l’appui de cette supposition, il cite ce que dit Pausanias du vieux temple de MantinĂ©e, qui fut construit par Trophonius et AgamĂšde, et qui n’était fermĂ© que par une simple corde tendue en travers. Æpytus, fils d’HippothoĂŒs , ayant osĂ© la franchir, fut frappĂ© de cĂ©citĂ© , et bientĂŽt mourut misĂ©rablement. Au-dessus du linteau de la porte est une niche ou ouverture triangulaire, que l’on peut supposer avoir contenu dans l’origine quelque bas-relief dans le genre de celui de la Porte des Lions, et appropriĂ©e Ă  la destination de l’édifice ; mais il est plus probable encore que ce ne fut qu’une sorte de soupirail destinĂ© Ă  donner de l’air et Ă  servir en mĂȘme temps de dĂ©charge aux pierres qui forment les linteaux ; sa hauteur est de 4 mĂštres, — TRÉSORS OU TRÉSORERIES. — et sa largeur de 2 mĂštres 70 centimĂštres. Le sommet de cette ouverture est beaucoup plus Ă©levĂ© Ă  l’extĂ©rieur qu'Ă  la surface intĂ©rieure du monument. L’entrĂ©e des pyramides d’Égypte offre la mĂȘme disposition. Lorsqu’on a franchi la porte, on est Ă©tonnĂ© de l’énorme Ă©paisseur des murailles , qui ont prĂšs de 6 mĂštres, et qui forment un corridor par lequel on pĂ©nĂštre dans l'intĂ©rieur de l’édifice. On se trouve dans une grande salle circulaire, surmontĂ©e d’une voĂ»te de forme parabolique roi/, la vue intĂ©rieure et la planche de dĂ©tails, fig. 2 et 3, dont la construction dĂ©note la haute antiquitĂ©. Les voussoirs qui la composent, ainsi qu’on peut le voir sur nos deux coupes DĂȘt ., fig. 2 et 3, sont simplement des assises taillĂ©es circulairement Ă  l’intĂ©rieur et posĂ©es en encorbellement l’une sur l’autre, de maniĂšre Ă  observer la coupe qu’on a voulu obtenir; aprĂšs quoi les arĂȘtes infĂ©rieures de chaque assise ont Ă©tĂ© abattues pour les affleurer aux arĂȘtes supĂ©rieures des assises qui se trouvent au-dessous. Les lits de ces assises sont horizontaux, et les joints latĂ©raux n’étant concentriques que dans une trĂšs-courte longueur, les intervalles qui sĂ©parent chaque voussoir ont Ă©tĂ© remplis par de petites pierres. DĂ©tails , fig. 4. Les blocs sont tous de forme parrallĂ©logrammatique. Leur largeur n’est pas constamment la mĂȘme; mais la hauteur des assises, dont trente-six sont visibles aujourd’hui, est partout d’environ 66 centimĂštres, quoiqu’elles paraissent diminuer vers le haut, ce qui doit ĂȘtre l’effet de la perspective. Ces assises sont unies sans ciment et avec la plus grande prĂ©cision. La dĂ©couverte de ce monument, si intĂ©ressant sous le rapport de l’histoire et de l’art de bĂątir, a jetĂ© d’abord bien de l’indĂ©cision dans l’opinion qu’on s’était formĂ©e sur l’époque oĂč la voĂ»te a Ă©tĂ© introduite en GrĂšce ; mais l’examen qu’une fouille, opĂ©rĂ©e sur la partie extĂ©rieure, a permis de faire de la construction, ayant dĂ©montrĂ© que, malgrĂ© sa forme apparente, la TrĂ©sorerie d’AtrĂ©e n’a point une voĂ»te composĂ©e de claveaux rayonnant vers un centre commun, mais bien d’assises horizontales placĂ©es en encorbellement, on a pu en revenir Ă  l’ancienne conviction , que la vĂ©ritable voĂ»te Ă©tait inconnue en GrĂšce dans ces temps reculĂ©s. Dans les plus anciens monuments de l’Italie, on retrouve cette mĂȘme disposition par assises horizontales; il me suffira de citer le cachot infĂ©rieur de la prison Mamertine Ă  Rome, et les deux salles hĂ©misphĂ©riques du fameux tombeau Ă©trusque dĂ©couvert en 1836 Ă  Cere. Ce mode de construction a deux graves inconvĂ©nients le premier, de rendre trop aiguĂ«, et par consĂ©quent facile Ă  Ă©clater, l’arĂȘte supĂ©rieure des assises ; le second , de prĂ©senter peu de soliditĂ©, en permettant Ă  ces assises de glisser l’une sur l’autre, ainsi que cela est arrivĂ© dans la partie de la TrĂ©sorerie d’AtrĂ©e qui fait face Ă  la porte. Le sol actuel Ă©tant Ă  environ 1 mĂštre 50 centimĂštres au-dessus du sol antique, la hauteur comme le diamĂštre de la salle s’est trouvĂ©e diminuĂ©e. Aujourd’hui, le diamĂštre, pris Ă  la hauteur des lits des troisiĂšme et quatriĂšme assises voy . le plan et les coupes , est de 14 mĂštres. En enlevant une des pierres de l’espĂšce d’anneau qui forme l’assise supĂ©rieure de la voĂ»te DĂȘt ., fig. 3 et 5, on a pu passer un fil Ă  plomb et s’assurer de la hauteur de la chambre, qui est aujourd’hui de 12 mĂštres 50 centimĂštres. Il paraĂźtrait que cette chambre dĂ»t ĂȘtre ornĂ©e de quelques dĂ©corations intĂ©rieures ; car un grand nombre de clous de bronze sont encore fixĂ©s dans les joints des pierres mĂȘme aux assises les plus Ă©levĂ©es. Ils sont enfoncĂ©s d’environ un tiers de leur longueur; leurs tĂȘtes sont larges voy. pl. de DĂ©tails, fig. 8, et sans doute ils durent soutenir des lames de marbre, ou plutĂŽt de bronze. C’est ce que nous sommes autorisĂ©s Ă  conjecturer, d’aprĂšs ce que nous savons sur le monument souterrain garni de bronze que l’histoire place Ă  Argos, et dans lequel on rapporte que la fille d’Acrisius fut renfermĂ©e. A droite, dans la grande chambre circulaire , est une seconde salle plus petite, qui sans doute fut spĂ©cialement destinĂ©e Ă  servir de sĂ©pulture. Voy. le plan. La hauteur de la porte, sous laquelle aujourd’hui on passe difficilement voy. coupe 2, Ă©tait de 2 mĂštres 90 centimĂštres, et sa largeur, Ă  la base, de l mĂštre 50 centimĂštres, au sommet de 1 mĂštre 30 centimĂštres. Au-dessus du linteau est une cavitĂ© triangulaire semblable Ă  celle qui surmonte l’entrĂ©e de la grande porte. L’arriĂšre-salle est de forme rectangulaire; sa longueur est de 8 mĂštres 60 centimĂštres, sa largeur de 6 mĂštres 25 centimĂštres , et sa hauteur actuelle de 4 mĂštres 50 centimĂštres avant l’exhaussement du sol, elle dut ĂȘtre de 6 mĂštres. Cette chambre ayant Ă©tĂ© entiĂšrement taillĂ©e dans le roc, ses parois n’ont pas Ă©tĂ© recouvertes de maçonnerie. On ne remarque aucun reste du monument funĂ©raire qui sans doute dut s’y trouver. Peut-ĂȘtre qu’un jour le dĂ©blayement de ce caveau nous apprendra qu’en cet endroit, comme dans presque tous les tombeaux souterrains , il existe un sarcophage taillĂ© dans la masse. Divers fragments ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans les ruines qui encombrent le passage qui conduit Ă  l’entrĂ©e du mo- — MONUMENTS PÉLASGÏQUES. — miment. C’est Ă  tort, je crois, qu’on a cru pouvoir les y rattacher. La richesse et le style des ornements qui ies couvrent nous paraissent Ă©trangers Ă  l’austĂšre simplicitĂ© d’un monument contemporain de la guerre de Troie. Quoi qu’il en soit, nous donnons ici le dessin de quelques-uns de ces fragments, qui ont Ă©tĂ© employĂ©s par Donaldson, dans son essai de restauration. Les fig. 4, 5, 6 et 7 Vue extĂ©rieure sont des fragments de rouge antique qui ont Ă©tĂ© transportĂ©s Ă  Londres. La fig. 3 est un fragment de marbre, provenant Ă©galement des ruines de MycĂšnes. La fig. 2 est la base d’un pilier qui existait encore en 1829 Ă  l’extrĂ©mitĂ© du passage, et duquel W. Gell a essayĂ© une restauration que nous reproduisons, ici, fig. 1. Avant de terminer cette notice , nous devons dire quelques mots d’un autre Ă©difice du mĂȘme genre, que j’ai dĂ©jĂ  mentionnĂ© en passant, et qui dut ĂȘtre plus important encore que celui de MycĂšnes, et par sa grandeur, et par la richesse de la matiĂšre il s’agit du TrĂ©sor de Mynias, Ă  OrchomĂšne. Pausanias * nous apprend que ce TrĂ©sor Ă©tait de forme circulaire , et que sa voĂ»te se terminait en pointe ; il le dĂ©signe comme une des merveilles de la GrĂšce. Sa forme Ă©tait Ă©videmment la mĂȘme que celle du TrĂ©sor d’AtrĂ©e Ă  MycĂšnes, que Pausanias ne fait que citer; mais il paraĂźt qu’il avait des dimensions plus grandes que ce dernier. La voĂ»te du TrĂ©sor de 3[ynias est aujourd’hui entiĂšrement Ă©croulĂ©e, mais la porte reste encore entiĂšre. Elle est encombrĂ©e, dans la plus grande partie de sa hauteur, par l’élĂ©vation successive du terrain, de maniĂšre qu’on ne dĂ©couvre plus au- dessus du sol que six assises d’une construction rĂ©guliĂšre. Cette porte, dans sa partie encore visible, a 2 mĂštres 33 centimĂštres de hauteur, et 2 mĂštres 50 centimĂštres de largeur au sommet; elle va en s’élargissant vers sa base. On peut croire que sa hauteur totale Ă©tait au moins de 6 mĂštres. Le linteau est d’un seul bloc, qui a prĂšs de 5 mĂštres de longueur, et 1 mĂštre,d’épaisseur, ce qui reprĂ©sente un poids d’au moins 24,000 kilogr. Ce linteau , formant Ă  l’intĂ©rieur un segment de cercle, a fourni le moyen de dĂ©terminer approximativement le diamĂštre de l’édifice, qui, Ă  cette hauteur, dut ĂȘtre d’environ 20 mĂštres 30 centimĂštres, dimension bien supĂ©rieure Ă  celle du TrĂ©sor d’AtrĂ©e. Le TrĂ©sor d’OrchomĂšne est tout entier construit en marbre blanc, qui doit avoir Ă©tĂ© apportĂ© d’assez loin , car il ne s’en trouve pas dans le voisinage. * Liv. IX, ch. 38. BIBLIOGRAPHIE. 1° QuatremĂšre deQuincy, Dictionnaire d’Architecture,article TrĂ©sor; Paris, 1832,2 vol. in-4°. 2° Poucqueville, Voyage en MorĂ©e, Ă  Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres parties de l’empire ottoman, de 1798 Ă  1801 ; Paris, 1805, 6 vol. in-8°, pl. 3° Gell{W.,Argolis. — Theitinerary of Greece with acommentary on Pausanias andStrabo, and an accountofthe monuments of antiquity at prĂ©sent existing in that country compiled in the years 1801, 02, 05 an 06; London, 1810, in-4°, pl. 4° Stobhouse, A Journey in Greece; London, 1813, in-4°. 5° Clarke {Edw. Dan., Travels in varions countries of Europa, Asia and Africa; Cambridge, 1810-1819,5 vol. in-4°, pl. G" Dodwell {Edw., a Classical and topographical tour through Greece, during the years 1801, 1805 and 1806 ; London, 1819, 2 vol. in-4°, pl. 7° Dodwell { Edw., Views in Greece, a sĂ©riĂ©s of 69 engravings, pu- blished to ĂŻllustrate his travels in Greece; London, 1819, in-P, pl. coloriĂ©es 8° Stackelberg baron O. M. D., La GrĂšce; Vues pittoresques et topographiques; Paris, 1830-34, in-P, pl. 9° Leake {Col., Travels in the Morea; London, 1830, 3 vol. in-8° avec 30 plans, cartes et inscriptions. 10° Gell TV., Probestucke von Stadte Mauern des allen Griechen- lands; Munich, 1831, in-4°, pl. 11° Blouet, Ravoisier, etc., ExpĂ©dition scientifique de MorĂ©e ; Architecture et Sculpture; Paris, 1831, 3 vol. in-P, pl. 12° Dodwell {Edw ., Views and descriptions of Cyclopian, or Pelas- gic Remains in Greece and Jtaly, with constructions of a later period; London, 1834, in-P, lithog. Vues et descriptions de constructions cyclopĂ©ennes ou pĂ©lasgiques trouvĂ©es en GrĂšce et en Italie, et de constructions antiques d’une Ă©poque moins reculĂ©e, d’aprĂšs les dessins de feu M. Ed. Dodwell; ouvrage destinĂ© Ă  servir de supplĂ©ment Ă  son voyage classique et topographique en GrĂšce, pendant les annĂ©es 1801, 1805 et 1806 ; Paris, 1834 , in-f°, lithog. 13° Pouqueville, La GrĂšce, publiĂ©e dans V .; Paris, 1835,in-8°. ĂŻ If 'fi. M- % JMMjgĂŻHH ïÆnx, &1M. si&\4 >- - /; i-t rilrn!' ‱ 1 ”' “ i v'r PM .'VJ liil mes Mimh !PSr fzÆ mm ^UrGiSffi mm mm ii'iRÜi ' ÊÊ£% mm mm Flj. 6. zçï& MZW&Ă« Jmmmm mĂȘm mm&i lU-fX SOT $>>VS>Y>i\ ‱^\V-3f V K S3S»?&ÂŁtaS'&v ÂŁm '^sSSMsm fc'lii Ă sS&5 ĂŻ, l ,! ! ?n?i!v. R "ĂŻ'&Ăą A ’ H-&- fĂč? . 4 . ^msmsms CCfrrx L - J-'!Ăż. S tJ^prĂšs RavoisiĂ© ~ne, pl. Vovages dans l’Asie Mineure et en GrĂšce, en 1764,65 et 66 , par Richard Cliandler, traduits de l’anglais; Paris, 1806, 3 vol. in-8° et atlas in-4°. 4° Pouqueville, Voyage en MorĂ©e, Ă  Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres parties de l’empire othoman, de 1798 Ă  1801 ; Paris, 1805, 6 vol. in-8°, pl. 5° Gell W., Argolis. — The itinerary of Greece with a commentai'y on Pausanias and Strabo, and an account ofthe monuments of antiquily at prĂ©sent existing in thaĂŻ counlry compiled in the years 1801, 02,05 an 06; London, 1810, in-4", pl. 6° Clarke Edw. Dan., Travels in varions countries of Europa , Asia and Africa; Cambridge, 1810-1819, 5 vol. in-4°, pl. 7° Dodwell Edw., a Classical and topographical tour through Greece, during the years 1801, 1805 and 1806; London, 1819, 2 vol. in-4°, pl. 8° Dodwell Edw., Views in Greece, a SĂ©riĂ©s of 69 engravings, pu - blished to illustrale his travels in Greece; London, 1819, in-f°, pl. coloriĂ©es. 9° E. L., Vues de la GrĂšce moderne; Paris, 1824, in-4°, obi. lithog. 10° Stackelberg baron O. M. de, La GrĂšce; Vues pittoresques et topographiques; Paris, 1830-34, in-f°, pl. 11° Leake col., Travels in the Morea; London, 1830, 3 vol. in-8° avec 30 plans, cartes et inscriptions. 12° Gell W., Probestucke von Stadte mauern des allen Griechen- lands; Munich , 1831, in-4°, pl. , 13° Blooet, Ravoisier, etc., ExpĂ©dition scientifique de MorĂ©e ; Architecture et Sculpture; Paris, 1831,3 vol. in-f°, pl. 14° Dodwell Edw., Views and descriptions of Cyclopian, or Pelas- gic remains in Greece and Italy, with constructions of a laler period; London, 1834, in-f°, lithog. Vues et descriptions de constructions cyclopĂ©ennes ou pĂ©lasgiques trouvĂ©es en GrĂšce et en Italie, et de constructions antiques d’une Ă©poque moins reculĂ©e, d’aprĂšs les dessins de feu M. Éd. Dodwell ; ouvrage destinĂ© Ă  servir de supplĂ©ment Ă  son voyage classique et topographique en GrĂšce, pendant les annĂ©es 180t, 1805 et 1800 ; Paris, 1834, in-f°, lithog. 15° Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopĂ©ens et description de la collection des modĂšles en relief composant la galerie pĂ©lasgi- que de la BibliothĂšque Mazarine; Paris, 1841, 1 vol. in-8°, pl. W ' II. Il i * m © S 3 1=3 t =3 © JFV ° .Si mm Wi'M fmk WW mm. v- sĂ©PĂŻ ^r.> .*%l-.'Â'S mm ACUOPOLE DE MYCENES MycĂšne 9 , aujourd’hui Carvati en MorĂ©e, passe pour avoir Ă©tĂ© fondĂ©e par MycĂ©nĂ©e dix-sept cents ans environ avant J. C., puis plus tard considĂ©rablement augmentĂ©e, et en quelque sorte fondĂ©e de nouveau par PersĂ©e, frĂšre de PrĂŠtus, vers l'an 1390 de la mĂȘme Ăšre. Le nom pluriel de MycĂšnes, Minorai, serait lui-mĂȘme une preuve de cette double fondation, quand Apollodore * ne la confirmerait pas encore plus positivement en disant que PersĂ©e Ă©leva des fortifications en avant de MycĂšnes et de MidĂ©e. Plusieurs passages de Thucydide pourraient encore venir Ă  l'appui de cette assertion. On fait dĂ©river le nom de MycĂšnes soit de celui de son premier fondateur, soit du mot Muxric, qui signifie en mĂȘme temps garde d’épĂ©e et champignon. Selon plusieurs auteurs, ce serait Ă  cette derniĂšre signification qu’il faudrait s’arrĂȘter, une source qui dĂ©saltĂ©ra PersĂ©e ayant Ă©tĂ© dĂ©couverte sous un champignon. Dodvvell propose une Ă©tymologie moins admissible, selon nous, quand il croit en avoir trouvĂ© l’origine dans l’aspect de l’Acropole, qui rappellerait un peu, selon lui, la forme d’un champignon. Je prĂ©fĂ©rerais sans doute, et comme plus vraisemblable et comme plus poĂ©tique, la pensĂ©e de Nonnus lib. XLI, qui la compare Ă  une couronne murale. MycĂšnes Ă©tait une des plus belles villes du PĂ©loponĂšse HomĂšre parle de la largeur de ses rues, et lui donne l'Ă©pithĂšte de bien bĂątie, EĂčxtÎjievov 7croXi's0pov. L’histoire nous apprend que MycĂšnes commença Ă  perdre sa cĂ©lĂ©britĂ©, sa puissance et sa population dĂšs l’époque de la destruction de la famille d’Agamemnon, et le retour des HĂ©raclides dans le PĂ©loponĂšse, environ quatre-vingts ans aprĂšs la destruction de Troie **. Les Ar- giens , jaloux d’avoir vu quatre-vingts de ses habitants partager la gloire des Spartiates au combat des Thermo- pyles , mirent fin Ă  l’existence de cette malheureuse ville peu de temps aprĂšs l’invasion des Perses, c'est-Ă -dire, dans la 78 e olympiade, quatre cent soixante-huit ans avant J. C. La place ayant Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truite, une partie de ses habitants se rĂ©fugia Ă  ClĂ©onĂ©e ; d’autres, en plus grand nombre, se retirĂšrent en MacĂ©doine auprĂšs d’Alexandre, et le reste vint s’établir Ă  CerynĂ©e, dans l’AchaĂŻe ***. Cette ville avait existĂ© neuf cent vingt-deux ans depuis sa seconde fondation par PersĂ©e. MycĂšnes abandonnĂ©e ne fut jamais repeuplĂ©e, et il paraĂźt que ses vestiges mĂȘmes restĂšrent presque ignorĂ©s. Il est singulier cependant que Strabon, qui Ă©tait Ă  Corinthe et Ă  trĂšs-peu de distance de MycĂšnes, ait osĂ© avancer qu’il n’en restait plus aucune trace. Du reste, ce n’est pas la seule fois que ce gĂ©ographe ait ainsi comme effacĂ© de la carte des villes qui, aujourd’hui encore, offrent des ruines considĂ©rables. Pausanias, qui Ă©crivit cent cinquante ans aprĂšs Strabon, indique plusieurs des Ă©difices que l’on voit encore aujourd’hui Ă  MycĂšnes. Il est fĂącheux toutefois que ce voyageur, qui dĂ©crit avec tant de soin la royale Argos, ne soit pas entrĂ© dans quelques dĂ©tails sur les monuments de sa malheureuse rivale, qui, Ă©tant une ville toute militaire , nous eĂ»t prĂ©sentĂ© des notions du plus haut intĂ©rĂȘt. Les constructions nombreuses qui existent encore sur le sol de cette antique citĂ© mĂ©ritaient plus qu’une simple mention. L’Acropole de MycĂšnes s’élevait sur une colline situĂ©e entre deux hautes montagnes coniques qui la commandaient entiĂšrement. Selon Plutarque, le premier nom de cette colline Ă©tait Argion. MM. W. Gell et Dodwell s’accordent Ă  reconnaĂźtre qu’au bas, dans la plaine et non loin de l’Acropole, on voit les vestiges d’une ligne d’enceinte et d’une porte, ce qui prouve que la ville basse s’étendait jusque-lĂ . Ce mur fut sans doute, comme tout le reste, renversĂ© par les Argiens Ă  l’époque de la destruction de MycĂšnes. La colline qui porte l’Acropole est sĂ©parĂ©e, du cĂŽtĂ© du Nord de la montagne voisine, par un vallon profond et rocailleux; sur tous les autres cĂŽtĂ©s, ses flancs sont plus ou moins escarpĂ©s; Ă  l’Est, cependant, elle est attachĂ©e Ă  la montagne par une Ă©troite langue de terre oĂč se trouve une ancienne fontaine. Outre la colline d’Argion, les murs de MycĂšnes en renfermaient encore une moins haute qui Ă©tait en avant de celle-ci. L’Acropole de MycĂšnes est un long triangle irrĂ©gulier, s’étendant Ă  peu prĂšs de l’Est Ă  l’Ouest. La muraille qui l’entoure suit les sinuositĂ©s du roc ; elle n’est point flanquĂ©e de tours, quoi qu’en ait dit M. de Stackelberg, qui prĂ©tend que, de distance en distance, il en a vu quelques-unes qui, Ă  la vĂ©ritĂ©, dĂ©passent de fort peu le sommet du mur. M. Blouet fait remarquer avee raison qu’à cette Ă©poque on ignorait ce systĂšme de dĂ©fense. W. Gell signale toutefois aussi une espĂšce de tour ou bastion, mais il en reste trop peu de chose pour pouvoir apprĂ©cier complĂštement sa forme et sa destination premiĂšres. Les murailles prĂ©sentent plusieurs modes de construction paraissant se rapporter Ă  diverses Ă©poques certaines parties prĂ©sentent de grands blocs de pierre rectangulaires placĂ©s l’un au-dessus de l’autre, de maniĂšre * Biblioth., liv. II, ch. 4, § 4. ** Strabon, liv. VIII. *** Ilerod., liv. IX. Diod., liv. II. Paus., liv. Vil. MONUMENTS PÉLASGÎQUES. — que les joints de trois ou quatre assises soient prĂ©cisĂ©ment dans une ligne verticale, ce qui donne Ă  l’ensemble un aspect Ă©trange et inusitĂ© voijez fig. 1; d’autres parties, et ce sont les plus nombreuses, sont composĂ©es de blocs polygonaux irrĂ©guliers fig. 2 ; d’autres enfin, dans le voisinage des portes, sont formĂ©es d’assises rĂ©guliĂšres presque toujours superposĂ©es plein sur joint, suivant la mĂ©thode ordinaire fig. 3. L’habile architecte auquel nous devons la plus grande partie des travaux publiĂ©s dans l’ExpĂ©dition de MorĂše, et auquel nous avons empruntĂ© plusieurs des dessins qui accompagnent cette notice, M. Blouet, fait observer une circonstance singuliĂšre c’est qu’à cette Ă©poque reculĂ©e, on a employĂ© le systĂšme d’appareil par assises horizontales et joints verticaux, et qu’on est ensuite revenu Ă  un autre mode de construction moins rĂ©gulier, lequel pourtant a souvent passĂ© pour avoir prĂ©cĂ©dĂ© le premier. Trois portes donnaient accĂšs Ă  la citadelle la principale, situĂ©e Ă  l'Ouest voyez le Plan, D, est la cĂ©lĂšbre Porte des Lions, Ă  laquelle une notice spĂ©ciale sera consacrĂ©e; la seconde, plus petite, situĂ©e au Nord voyez le Plan, C, est formĂ©e de deux gros blocs de pierre carrĂ©s, et posĂ©s verticalement, avec un troisiĂšme placĂ© en travers et servant de linteau. On voit encore, dans les jambages, les trous qui servirent Ă  sceller les gonds. Enfin , M. Dodwell signale une porte plus petite encore, de forme aiguĂ«, comme les plus anciennes portes cyclopĂ©ennes d’Italie; celle-ci est presque ensevelie sous les broussailles et les dĂ©combres, et elle a Ă©chappĂ© aux investigations de plusieurs voyageurs. Elle rappelle ces petites portes secrĂštes donnant sur les fossĂ©s des chĂąteaux du moyen Ăąge, et la similitude de leur forme ogivale rend le rapprochement encore plus frappant. De la seconde porte dont j’ai parlĂ© part encore l’ancien chemin qui descendait rapidement dans la ville. D’un cĂŽtĂ©, un parapet de pierres taillĂ©es et unies en dedans garantit du prĂ©cipice, de l’autre s’élĂšvent les murs de l’Acropole. Dodwell remarque comme une exception qu’en entrant, on avait Ă  gauche les murailles, et il en conclut, avec raison, que le bouclier attachĂ© au bras gauche pouvait protĂ©ger l’assiĂ©geant, mais que d’un autre cĂŽtĂ© les assiĂ©gĂ©s, dans leurs sorties, trouvaient le mĂȘme avantage pour se dĂ©fendre des attaques de l’ennemi. Dans l’intĂ©rieur de la citadelle se trouvent plusieurs citernes de diffĂ©rentes formes telle a paru Ă  Dodwell avoir dĂ» ĂȘtre la destination d’une chambre circulaire creusĂ©e dans le roc, et d’une forme analogue Ă  celle de la TrĂ©sorerie ’d’AtrĂ©e. Une autre citerne, taillĂ©e dans un rocher de brĂšche , est revĂȘtue de stuc. Les Bomains ne paraissent pas avoir eu d’établissement Ă  MycĂšnes, et cependant, tel est l’état de conservation de ce revĂȘtement, qu’on ne sait comment l’expliquer aprĂšs tant de siĂšcles. Une semblable excavation, dit Clarke, s’observe Ă  l’Acropole d’Argos ; la nature poreuse de la brĂšche rendait l’emploi du stuc indispensable ainsi se trouve expliquĂ©e la fable des DanaĂŻdcs, forcĂ©es sans doute de remplir la citerne d’Argos. » Dans l’Acropole de MycĂšnes , on reconnaĂźt en quelques endroits des fondements d’habitations. A l’extrĂ©mitĂ© orientale Voyez le Plan, B sont des murs qui ont dĂ» former l’enceinte d’un Ă©difice irrĂ©gulier ce sont sans doute les restes du palais des Atrides. Au point le plus Ă©levĂ© de la colline Plan, A sont quelques fondations qui paraissent appartenir Ă  un Ăąge moins reculĂ©; on y a trouvĂ© des monnaies romaines. Tite-Live nous apprend lib. XXXII que le gĂ©nĂ©ral Quintius eut une entrevue avec Nabis sur le site de MycĂšnes, avant la rĂ©duction d’Argos. Peu d’objets d’art sont sortis des ruines de MycĂšnes AV. Gell a remarquĂ© cependant, dans l’angle mĂ©ridional de l’Acropole, une grande quantitĂ© de poteries brisĂ©es couvertes d’un vernis noir ou blanc, avec des lignes en spirale de couleur brune. Enfin, le seul fragment d’architecture oĂč Dodwell ait pu reconnaĂźtre Ă  MycĂšnes quelque analogie avec les ordres grecs est une moitiĂ© de triglyphe, qu’il a trouvĂ©e dans une petite Ă©glise voisine delĂ  TrĂ©sorerie d’AtrĂ©e. BIBLIOGRAPHIE. 1" Chandler [Richard, Travels in Greece and in Asia Minor, or an account of a tour madeat the expense of theSociety ofthe Di- lettanti; London and Oxford, 1776, 2 vol. in-4°, pl. Voyage dans l’Asie Mineure et en GrĂšce en 1764,65 et 66, par Richard Chandler, traduit de l’anglais; Paris, 1806, 3 vol. in-8” et atlas in-4°. 2° Gell TF., Argolis; London, 1810, in-4°, pl. 3° Clarke Edw. Dan., Travels in varions coiintries ofEuropa, Asia and Africa ; Cambridge, 1810-1819, 5 vol. in-4°, pl. 4° Dodvell Edw., A classical and topographical tour irough Greece ’during tlie years 1801 , 1805 and 1806; London, 1819, 2 pl. 5” Stackelberg baron O. M. de, la GrĂšce ; vues pittoresques et topographiques; Paris, 1830-34 , in-fol. pl. 6° Leake col., Travels in the Morea; London, 1830, 3vol. in-8° avec 30 plans, cartes et inscriptions. T Gell TF., Probestucke von stadte Mauern des Alten Griechen- lands; Munich, 1831, in-4°, pl. 8° Blouet, Ravoisier, etc., ExpĂ©dition scientifique de MorĂ©e ; Architecture et Sculpture; paris, 1831, 3 vol. in-fol. pl. 9° Dodwell Edw., Views and descriptions of cyclopian or pelas- gic remains in Greece and llaly, with constructions of a later period; London, 1834, in-fol., lith. Vues et descriptions de constructions cyclopĂ©ennes ou pĂ©lasgiques trouvĂ©es en GrĂšce et en Italie, etc. ; Paris, 1834, in-fol., lith. 10° Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopĂ©ens, et description de la collection des modĂšles en relief comprenant la galerie pĂ©lasgique delĂ  BibliothĂšqueMazarine; Paris, 1841, 1 vol. in-8°,pl. »U»ICW . - _ _. i'HĂŠf / ; l-, i^ESĂŒlĂźl 'lÊtWd'fĂȘWÊ &$*?/ ‱' ‱'‱‱ 200 Met ismsm t_ , 1 - SwI ,.‱ il. . . Xk d'aprĂšs Dodwell et Blouet liurĂż- sculp AG340F01L1E 1DIE 1ITGÈHE GrĂšce A OUI F ©MS ©F MTCFWAF Greece Acropolis de Mieenas. j/rs/t,. 'fÆ//sC// Gneclien] and Monumentr Ana&ii eÂŁ Modernes f-/f///?//y //f - >.///s s~ Grecia. rnr Judos PORTE DES LIONS A MYCENES La fameuse Porte des Lions formant l'entrĂ©e principale de l’Acropole de MycĂšnes, paraĂźt dater de l’époque de la seconde fondation de cette ville par PersĂ©e, quatorze cents ans environ avant J. C. On y arrivait par un passage long de 17“ sur une largeur de 10 m fig. 1, qui la mettait en communication avec la ville, disposition analogue Ă  celle qu’on retrouve au mĂȘme lieu Ă  la TrĂ©sorerie d’AtrĂ©e. Les murs qui forment ce passage sont composĂ©s de grands blocs de pierre rectangulaires, posĂ©s par assises horizontales, joints sur joints fig. 2, singuliĂšre disposition signalĂ©e dans la notice sur l’Acropole, dont la Porte des Lions fait partie. Cette porte est probablement encore dans le mĂȘme Ă©tat oĂč elle se trouvait au deuxiĂšme siĂšcle de l’ùre chrĂ©tienne, lorsque Pau- sanias parcourait la GrĂšce. Un amoncellement de dĂ©combres jusqu’à la hauteur du linteau en obstrue l’ouverture et empĂȘche le voyageur de saisir ses proportions et son ensemble; cependant, selon Dodvvell, sa hauteur totale doit ĂȘtre de 5 m ,35 environ, et la largeur dans la partie supĂ©rieure est de 3 m . L’architrave consiste en une seule pierre de 4 m ,80 de longueur, 2 m de hauteur, et 1"’,20 d’épaisseur. \V. Gell ne lui donne qu’une hauteur de 1 m ,35. Les portes pliantes et qu’on assujettissait par des barres, jouaient sur des pivots dont les tourillons, d’environ 0 m ,08 de profondeur, sont encore visibles sur la surface infĂ©rieure de l’architrave. A gauche de la porte est dans la muraille une ouverture carrĂ©e, une sorte de fenĂȘtre, mais elle provient seulement de la chute d’une pierre qui gĂźt prĂšs de lĂ  sur le sol. Cette porte doit surtout sa cĂ©lĂ©britĂ© au bas-relief qui la surmonte fig. 3, et qui lui a donnĂ© son nom. Ce bas-relief, sans doute le plus ancien exemple que nous possĂ©dions de l’art des Ăąges hĂ©roĂŻques qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la guerre de Troie, est sculptĂ© dans une pierre triangulaire encastrĂ©e au-dessus de l'architrave, large de 3 m ,20 Ă  la base, haute de2 m ,90, et Ă©paisse de 1”,70. Ce bloc a Ă©tĂ© pris tour Ă  tour pour un marbre ou pour un basalte vert c’est une erreur, dit M. Blouet, aussi bien dans un cas que dans l’autre; c’est un calcaire gris fort dur, d’un grain trĂšs-fin, et semblable Ă  ceux qu’on trouve encore en MessĂ©nie et en Arcadie. Au centre du bas-relief s’élĂšve une sorte de pilier semi-circulaire qui offrirait quelque analogie avec l’ordre dorique, n’était qu’à l’inverse de l’usage, il diminue sensiblement de haut en bas. Le chapiteau est composĂ© de trois annelets Ă  quelque distance les uns des autres ; l’abaque est celui de l’ordre dorique ; il supporte quatre corps ronds qui sont Ă  leur tour surmontĂ©s d’un second abaque semblable au premier. La base consiste en un simple tore reposant sur un soubassement composĂ© de deux plinthes sĂ©parĂ©es par une scotie. Aux cĂŽtĂ©s de ce pilier se dressent deux animaux qui semblent servir de supports, et qu’en terme de blason on dĂ©signerait par l’épithĂšte de rampants. Les pattes de devant s’appuient sur le soubassement du pilier, tandis que les pattes de derriĂšre reposent sur l’architrave de la porte. Les queues, Ă  la vĂ©ritĂ©, ressemblent peu Ă  celles des lions; les tĂštes manquent et ont sans doute Ă©tĂ© brisĂ©es Ă  l’époque de la destruction de MycĂšnes par les Argiens, de sorte qu’on ne peut connaĂźtre si elles Ă©taient tournĂ©es d’un cĂŽtĂ© ou de l’autre, ou si elles Ă©taient de face. Cependant, il serait impossible d’adopter l’opinion de Clarke, qui croit y voir des tigres ou des panthĂšres. Quand mĂȘme les preuves tirĂ©es du symbolisme que nous donnerons plus loin ne sembleraient pas satisfaisantes, les restes de criniĂšre que l’on reconnaĂźt encore Ă  l’animal de gauche, les pattes qui sont parfaitement accusĂ©es, suffiraient pour dĂ©truire toute espĂšce de doute. D’ailleurs, Pausanias dit en ternies prĂ©cis, et c’est Clarke lui-mĂȘme qui le cite Il reste encore une partie de l’enceinte et une porte sur laquelle sont placĂ©s des lions Corinlh., c. 16. Quoique cet antique bas-relief ait Ă©tĂ© fait au marteau, et paraisse un peu roide et lourd de forme, il n’en a pas moins un caractĂšre sĂ©vĂšre qui produit une vive impression. Il paraĂźt difficile d’indiquer d’une maniĂšre certaine la pensĂ©e qui a prĂ©sidĂ© Ă  cette singuliĂšre composition ; mais en examinant les restes de sculptures mi- thriaques de la Perse, tels que nous les connaissons par les ouvrages de Tavernier, Chardin, le Bruyn, ThĂ©venot, Ker Porter, etc., on trouve dans quelques-uns de leurs symboles tant de ressemblance avec ceux reprĂ©sentĂ©s Ă  MycĂšnes, qu’il est impossible de ne pas reconnaĂźtre une donnĂ©e unique , une origine commune. Partout on retrouve ce mĂȘme pilier qui, Ă©videmment, n’est autre chose que l’autel du feu, le Prjralheion , Vatschdan, qu’on peut voir Ă©galement sur les mĂ©dailles des rois perses de la dynastie des Sassanides, mĂ©dailles dont nous publions deux exemples fig. 5 et 6, et qui sont si connues maintenant par l’excellent ouvrage de M. Adrien de LongpĂ©rier. La figure 4 offre une image de YalscMan ou vase sacrĂ© du feu, dessinĂ©e d’aprĂšs un camĂ©e de calcĂ©doine saphirine. On sait que c’était sous une l'orme analogue que les Perses reprĂ©sentaient souvent le soleil comme emblĂšme du principe gĂ©nĂ©rateur. A AmyclĂ©e, un pilier Ă©tait de mĂȘme l’image symbolique d’Apollon. Le lion est bien connu pour ĂȘtre l’emblĂšme de Mithra, et il est sans cesse rĂ©pĂ©tĂ© dans les sculptures persanes. Les prĂȘtres de ce dieu, selon Porphyre, portaient mĂȘme le nom de lions. Ces divers symboles, selon Diodore l. II , avaient Ă©tĂ© empruntĂ©s Ă  l’Égypte. — MONUMENTS PÉLASGIQUES. — Des relations intimes existĂšrent longtemps entre les Spartiates et les Argiens, et il est avĂ©rĂ© que les rites religieux des premiers, en ce qui touchait le culte du soleil, Ă©taient les mĂȘmes que ceux des Perses ; car les Spartiates sacrifiaient des chevaux sur le TaygĂšte, comme c’était aussi la coutume des Perses *. Ce culte fut probablement introduit dans la GrĂšce lors des premiers rapports qui existĂšrent entre les deux pays, selon HĂ©rodote et XĂ©nophon, ou par les premiĂšres colonies Ă©gyptiennes. Dodwell suppose mĂȘme que le bas-relief qui nous occupe pourrait avoir Ă©tĂ© apportĂ© par elles des bords du Nil, comme une sorte de palladium. Cette conjecture nous paraĂźt dĂ©mentie par le style mĂȘme de la sculpture , qui offre des diffĂ©rences notables avec l’ancien style Ă©gyptien. Resterait Ă  expliquer les quatre boules, ou plutĂŽt les quatre disques qui surmontent le pilier ; car, ainsi que le fait remarquer Dodwell, ces objets prĂ©sentent une surface plane, et non sphĂ©rique. On a voulu y voir le symbole des rĂ©volutions de la lune, des quatre saisons, des quatre yeux qui, suivant Meursius, se voyaient au simulacre d’Apollon Ă  AmyclĂ©e. Peut-ĂȘtre ces quatre disques ne sont-ils simplement que l’extrĂ©mitĂ© des bĂ»ches placĂ©es sur l’autel, et ce qu’on a pris pour un second abaque n’est-il que le profil d’autres piĂšces de bois placĂ©es en travers. Cette hypothĂšse, toute prosaĂŻque qu’elle est, ne me paraĂźt pas dĂ©nuĂ©e de vraisemblance, d’autant plus que le tout Ă©tait surmontĂ© d’une flamme, ainsi que l’indique la forme mĂȘme du bas-relief qui se terminait en pointe, et comme ne permettent pas d’en douter les divers exemples que nous avons citĂ©s. * Pausanias, Laconica. BIBLIOGRAPHIE. 1° Chandler Richard, Travels in Greece and in Asia Minor, or an account ofa tour mode at the expense of the Society of the Di- lettanti; London and Oxford, 1776, 2 vol. in-4°, pl. Voyages dans l’Asie Mineure et en GrĂšce en 1764, 65 et 66, par Ri- chand Chandler, traduits de l’anglais ; Paris, 1806, 3 vol. in-8° et atlas in-4°. 2° Pouqueville, Voyage en MorĂ©e, Ă  Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres parties de l’empire othoman, de 1798 Ă  1801; Paris, 1805, 6 vol. in-8°, pl. 3° GeĂŻl W., Argolis. — The itinerary of Greece with a commen- tary on Pausanias and Strabo, and an account of the monuments of antiguity at prĂ©sent existing in that country compi- led'in the years 1801, 02, 05 and 06; London, 1810, in-4», pl. 4° Clarke Edw. Dan., Travels in varions countries of Europa, Asia and Africa-, Cambridge, 1810-1819, 5 vol. in-4°, pl. 5° Dodwell Edw., Aclassical and topographical tour through Greece during the years 1801, 1805 and 1806 ; London, 1819, 2 vol. in-4°, pl. 6° Dodwell Edw ., Viewsin Greece, a sĂ©riĂ©s of 69 engravings, pu- blished to illustrate his trawels in Greece; London, 1819, infol. , pl. coloriĂ©es. 7° StackĂ©lberg baron O. M. de, la GrĂšce ; vues pittoresques et topographiques; Paris, 1830-34, inf., pl. 8° Leakecol., Travels in the Morea; London, 1830, 3 vol. in-8°avec 30 plans, cartes et inscriptions. 9° Gell W.', Probestucke von stadle Mauem des alten Griechen- lands; Munich, 1831, in-4°, pl. 10° Blouet, Ravoisier, etc., ExpĂ©dition scientifique de MorĂ©e; Architecture et Sculpture ; Paris, 1831, 3 vol. in-fo!., pl. 11° Dodwell Edw., Viewsand descriptions of cyclopian, or pelas- gic remains in Greece and Italy, with constructions ofa later period; London, 1834, in-fol., lith. Vues et descriptions de constructions cyclopĂ©ennes ou pĂ©lasgiques trouvĂ©es en GrĂšce et en Italie, et de constructions antiques d’une Ă©poque moins reculĂ©e, d’aprĂšs les dessins de feu M. Ed. Dodwell; ouvrage destinĂ© Ă  servir de supplĂ©ment Ă  son Voyage classique et topographique en GrĂšce, pendant les annĂ©es 1801, 1805 et 1806 ; Paris, 1834, in-fol., lith. 12° Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopĂ©ens, et description de la collection des modĂšles en relief composant la galerie pĂ©- lasgique de la BibliothĂšque Mazarine ; Paris, 1841, 1 vol. in-8”. pl "arS- rt** H lasiiÂîiiv^ ifc5** -A;.. .ĂŻ Ă feiÉfÉ; ^IWV ÎMsfF v»-S f Iv-r iÂŁĂŻĂŻtĂŽfc tf W-ĂŒl» Hiw-'/'i Put . 3 J-BuiĂż dirJ ! - _. _J Bculp, in- ahcnland F©M']ÂŁJ 10 3E S 1LJI©H§ A MTƒÈFÎlgSo GrĂšce , THE M©If 3 9 GATE , AT MTCIHAK c hiei'ta se **;. *> \i t a ! » &ĂŻĂż&xpib oiH} ; ’' / '. .z'Ăż&lU Ijattat MSI . .‱ .',Jf8sbipa4Ăż'..K;ĂŻgi>- ‱ - . \ i. .,.tLĂŻ& ‱.‱; - f ; i -“r ‱ ‱‱..' .’ . ’ ’ ; . . ' -. idnÀit . 'I*‹»* ‱' -.' ' . ^ttf-'t'^Ă Ă sĂ Sùùl .. >. -i .’., i ! . > .- . i Ăź >. . i ; i , ' Ăź » ’ / . .' t . ; >‱ * ...., \.* , t ; ‱ ‱ .’. 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Ces quatre statues, toutes d’un admirable travail, reprĂ©sentent RamsĂšs le Grand , assis, presque nu , vĂȘtu d’uue simple schentei , le cou ornĂ© d’un collier et d'un pectoral, les bras ceints de bracelets, les mains Ă©tendues sur les genoux, la tĂšte ornĂ©e de sa coiffure civile surmontĂ©e du pschent, symbole delĂ  souverainetĂ© sur la haute et la basse Égypte. Ces figures, qui sont empreintes d’un calme et d’une majestĂ© indicibles **, sont de vĂ©ritables portraits, et leurs profils surtout ressemblent parfaitement Ă  la forme donnĂ©e au visage de ce pharaon sur les monuments de ThĂšbes et de Memphis. Sur les montants des trĂŽnes sont sculptĂ©es les images de la mĂšre de RamsĂšs, de la reine et de plusieurs de ses enfants. La porte du temple est percĂ©e entre les deux fauteuils des colosses mĂ©diaux ***; au-dessus de la porte, il y a une statue colossale de 6 mĂštres de hauteur, reprĂ©sentant de face et en haut-relief PhrĂ©, le dieu-soleil, ayant Ă  ses cĂŽtĂ©s un sceptre Ă  tĂšte de chacal et une petite statue de la VĂ©ritĂ©, le tout groupĂ© de maniĂšre Ă  prĂ©senter anaglyphi- quement le pronom mystique du roi, soleil, seigneur de justice ou de vĂ©ritĂ©. A droite et Ă  gauche de cette grande figure de PhrĂ©, on a sculptĂ© en bas-relief RamsĂšs faisant offrande au dieu d’une image de la VĂ©ritĂ© ou de la Justice. Cette façade est terminĂ©e par une frise hiĂ©roglyphique, qui indique que ce spĂ©os fut dĂ©diĂ© Ă  Ammon et Ă  PhrĂ© par RamsĂšs le Grand. Elle est surmontĂ©e d’un cordon qui l’encadre et supporte un cavĂ© ornĂ© de cartouches flanquĂ©s d’urĂŠus et alternĂ©s avec les noms des dieux adorĂ©s dans le temple. Enfin, cette façade est couronnĂ©e par une rangĂ©e de vingt et une statues de cynocĂ©phales, qui ressemblent pour la pose et la figure Ă  ceux qui dĂ©coraient les piĂ©destaux de l’obĂ©lisque de Louqsor. Ces singes, qui n’ont pas moins de 2 m ,50 d’élĂ©vation, sont reprĂ©sentĂ©s assis, les deux pattes antĂ©rieures posĂ©es sur les genoux ils sont sculptĂ©s en ronde- bosse et ne tiennent Ă  la montagne que par leur partie postĂ©rieure. Ces cynocĂ©phales, emblĂšmes de Thoth,ont Ă©tĂ© choisis plutĂŽt que des urĂŠus, couronnement habituel des Ă©difices Ă©gyptiens, sans doute parce qu’HermĂšs, sous ses deux formes, Ă©tait le dieu protecteur de tout le pays situĂ© entre la premiĂšre et la seconde cataracte. Cette façade, qui offre le type le plus saillant du style Ă©gyptien, rivalise avec celles des plus beaux monuments de l’Égypte ; c’est encore la plus remarquable et la plus imposante de Nubie. Vue de prĂšs, surtout enfouie comme elle l’est dans les sables, elle perd tout son effet grandiose ; il fallait l’admirer du milieu du Nil, ou bien du pied de l’escalier qui conduisait au spĂ©os sans doute; il fallait juger de son effet quand elle n’était pas encombrĂ©e sous le sable qui l’obstrue de prĂšs, elle est Ă©crasĂ©e par les masses et les Ă©normes saillies des colosses qui, placĂ©s lĂ  pour la dĂ©corer, empĂȘchent cependant de la bien comprendre et d’en bien saisir la beautĂ©. En Italie, les cendres du VĂ©suve recouvrent et prĂ©servent les plus intĂ©ressants monuments ; en Égypte, ce sont les sables mouvants du dĂ©sert ou le dĂ©tritus des montagnes. Les sables qui ensevelissaient le magnifique spĂ©os d’Abou-Sembil ont fait bien des progrĂšs depuis la dĂ©couverte de Burckhardt et les dĂ©blayements de Bel- zoni ; ils bouchent souvent l’entrĂ©e du temple, et l’on est obligĂ© de se frayer Ă  grand’peine un passage pour se glisser en rampant sous la soffite de la porte. Lors de notre sĂ©jour, les sables laissaient encore pĂ©nĂ©trer assez d’air et de lumiĂšre pour que les visiteurs pussent respirer Ă  l’aise et examiner sans flambeaux les immenses et curieuses sculptures qui ornent l’intĂ©rieur. Le bandeau de l’unique porte qui donne entrĂ©e dans ce spĂ©os est occupĂ© par un double tableau reprĂ©sentant RamsĂšs marchant Ă  grands pas ; il tient d’une main une double coudĂ©e, et de l’autre un niveau ou compas, insignes caractĂ©ristiques de la construction de l’édifice c’est Ă  ce titre de fondateur qu’il se prĂ©sente d’un cĂŽtĂ© devant Ammon-Ra, roi des dieux, suivi de Mauth, rĂ©gente du monde, et de l’autre devant PhrĂ© et la dĂ©esse Ouerek, sa compagne. * La figure de ces colosses a 2 m ,27 de hauteur, et les oreilles ont plus d’un mĂštre. Depuis les Ă©paules jusqu’aux coudes, ils ont 4 m ,86, et la distance entre les Ă©paules est de plus de 8 mĂštres. — La statue brisĂ©e du Memnonium ne devait avoir que 17 Ă  18 mĂštres de hauteur. Les colosses de Memnon ont environ 15 m ,50 de hauteur sans leur piĂ©destal. — L’androsphinx des pyramides de Gizeh a une tete bien plus colossale, mais ne peut entrer en parallĂšle avec les statues qui nous occupent. ** Voy. Champollion le Jeune, Monuments de l'Égypte et de la Nubie, tome I, planche X. *** Celui de gauche, qui est brisĂ©, porte gravĂ©es sur ses jambes plusieurs inscriptions grecques. L’une d’elles pourrait bien ĂȘtre celle des soldats de PsammĂ©tik , la plus ancienne qui existe en langue grecque. — STYLE ÉGYPTIEN. - L'intĂ©rieur du temple, qui a quelque analogie avec le spĂ©os de Gerf-Husseyn, rĂ©pond parfaitement au style de la façade; c’est le mĂȘme artiste ou plutĂŽt la mĂȘme pensĂ©e qui a prĂ©sidĂ© Ă  leur exĂ©cution. Je fus frappĂ© d’admiration en promenant mes regards dans cette enceinte mystĂ©rieuse qui ne recevait de jour que par la porte. Je m’arrĂȘtai Ă  contempler ces huit statues colossales de 7 mĂštres de haut, taillĂ©es dans le roc comme les piliers contre lesquels elles sont adossĂ©es. Ces statues sont debout, compernes, et tiennent dans leurs mains croisĂ©es sur la poitrine la crosse et le flĂ©au. Elles sont nues jusqu’à la ceinture, qui est fermĂ©e par une agrafe- cartouche, d’oĂč pend une frange ornĂ©e d’urĂŠus. Cette ceinture soutient la schentei , pagne Ă©troite, plissĂ©e et peinte en jaune, qui descend jusqu’aux genoux. La tĂȘte est un peu grosse et couverte d’un lourd et long bonnet, symbole de la domination sur la rĂ©gion supĂ©rieure ; les yeux sont grands, bien fendus, les sourcils arquĂ©s ; les prunelles et les sourcils qu’on a prolongĂ©s jusqu’auprĂšs de l’oreille , sont peints avec du kohl stibium; le nez est lĂ©gĂšrement aquilin, et la lĂšvre infĂ©rieure un peu saillante; la bouche relevĂ©e et souriante, le menton lĂ©gĂšrement arrondi; au total, cette ligure est douce et bienveillante. Ces Ă©normes Âtlanli- des, gardiens silencieux des mystĂšres de leur religion et des Ă©vĂ©nements de leur temps, impriment au monument un caractĂšre de grandeur et de solennitĂ©, et commandent au visiteur le recueillement et le respect. Ces portraits colossaux de RamsĂšs le Grand semblent soutenir le plafond d’une vaste salle ornĂ©e de figures coloriĂ©es, reprĂ©sentant des scĂšnes guerriĂšres relatives aux conquĂȘtes de ce pharaon en Afrique et en Asie. Toutes ces statues, tous ces bas-reliefs avaient Ă©tĂ© enduits d’une couche de stuc, sur laquelle l’artiste avait achevĂ© son travail de sculpture et qu’on avait ensuite peintes de couleurs riches et variĂ©es. Le plafond, encadrĂ© d’une bordure tricolore, est ornĂ© sur un fond bleu de vautours coiffĂ©s de la mitre du psclient, ayant les ailes dĂ©ployĂ©es, et tenant dans chacune de leurs serres une longue palme. Ces symboles de Neith, la Minerve Ă©gyptienne, sont sĂ©parĂ©s par les cartouches noms et prĂ©noms de RamsĂšs. AprĂšs avoir bien rassasiĂ© ses yeux de cette architecture animĂ©e, grave et imposante, on porte son attention sur les bas-reliefs qui vous entourent de tous cĂŽtĂ©s; ils sont bien moins intĂ©ressants sous le rapport de l’art que sous le rapport historique c’est un tome entier de la vie et des conquĂȘtes de RamsĂšs-SĂ©sostris. On remarque d’abord, des deux cĂŽtĂ©s de l’entrĂ©e, RamsĂšs tenant par la chevelure un groupe de captifs africains et asiatiques, qu’il semble vouloir immoler aux deux divinitĂ©s Ammon-Ra elPhrĂš. Sous ces deux immenses tableaux, on a reprĂ©sentĂ© par ordre de naissance, Ă  droite, les enfants mĂąles portant tous Ă  la main l’emblĂšme de la victoire, insigne des princes; Ă  gauche, les filles du pharaon, portant chacune Ă  la main une espĂšce de sistre ornĂ© d’une tĂšte d’HĂ thor. Le premier tableau de la paroi gauche reprĂ©sente le siĂšge d’une place. RamsĂšs sur son char, l’arc tendu , les chevaux lancĂ©s au galop, et suivi de ses trois fils aĂźnĂ©s, montĂ©s aussi sur des chars de guerre, met en fuite une armĂ©e assyrienne et assiĂšge la citadelle oĂč se retirent les fugitifs. Le hĂ©ros, toujours de taille gigantesque, est casquĂ© et parĂ© de tous ses ornements royaux, colliers, brassiĂšres et bracelets ; il porte pour tout vĂȘtement une espĂšce de pagne dĂ©corĂ©e avec magnificence ; les rĂȘnes des chevaux, qui sont richement empanachĂ©s et couverts de harnais prĂ©cieux, sont nouĂ©es autour de son corps. Son carquois pend au char, dont les roues Ă©lĂ©gantes et lĂ©gĂšres semblent de bronze. Trois guerriers gardent les chars de ses fils, qui, jeunes et pourtant dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ©s dans les batailles, portent tous un bouclier couvert d’une peau de lĂ©opard. Du haut du fort, qui est situĂ© sur une montagne et composĂ© de deux Ă©tages, on voit tomber les malheureux Assyriens percĂ©s de flĂšches ; l’un s’arrache un trait de la tĂȘte, l’autre a Ă©tĂ© atteint au- dessous de l’Ɠil. Deux hommes, le corps penchĂ© en avant, tiennent une espĂšce d’encensoir qui semble ici un symbole de paix, tandis que d’autres hommes, les bras Ă©tendus, demandent merci. DerriĂšre eux, des femmes ayant un bras levĂ©, et portant de l’autre leurs enfants, paraissent implorer la pitiĂ© du vainqueur, dont les lĂšches redoutables les ont dĂ©jĂ  percĂ©es. Au pied du fort sont d’autres femmes suppliantes ; puis, sous les murs au bas de la montagne, un laboureur fuit, prĂ©cĂ©dĂ© de ses bƓufs, qui paraissent partager la frayeur gĂ©nĂ©rale. Dans le deuxiĂšme tableau, le roi Ă  pied Ă©crase un chef ennemi qu’il a terrassĂ©, et en perce un autre d’un coup de lance ; ce groupe est d’une grande beautĂ©. Le troisiĂšme tableau reprĂ©sente le triomphe de RamsĂšs et sa rentrĂ©e solennelle Ă  ThĂšbes , sans doute. 11 est debout, calme et fier, sur un char superbe traĂźnĂ© par des chevaux richement caparaçonnĂ©s et marchant au pas. Compagnon de ses pĂ©rils, son lion vient aussi prendre part aux honneurs du triomphe et marche Ă  ses cĂŽtĂ©s. Devant le char, un officier conduit deux rangĂ©es de prisonniers africains, les uns de race nĂšgre peints en noir et vĂȘtus de peaux de panthĂšres, les autres de race Barabra peints en brun rouge foncĂ©, et portant des anneaux aux oreilles, comme font quelques Nubiens d’aujourd’hui. MalgrĂ© l’incorrection du dessin et le dĂ©faut de proportions, on ne peut nier que cette composition ne respire un certain air de noblesse. Sur les deux cĂŽtĂ©s — SPÉOS D’ABOU-SEMBIL. — de la porte du fond, le roi fait hommage de captifs de diverses nations aux dieux de ThĂšbes et Ă  ceux d’Ib- samboul. La paroi droite est presque entiĂšrement occupĂ©e par un immense tableau reprĂ©sentant une bataille, un camp retranchĂ©, avec la tente du roi, ses gardes, ses chevaux, les chars, les bagages et tout l’attirail d’une armĂ©e. On y remarque les jeux, les punitions des soldats, des chevaux rangĂ©s par escadrons et mangeant du fourrage aux rĂąteliers ; ceux des chefs sont parquĂ©s isolĂ©ment; les outres d’eau sont plantĂ©es sur des piquets, et des soldats sont occupĂ©s prĂšs du feu Ă  la prĂ©paration des aliments ; enfin le lion de SĂ©sostris est couchĂ© au milieu du camp. L’humiditĂ© a fait disparaĂźtre les couleurs de cet immense tableau, plein d’effet et de mouvement. Le petit nombre de tĂȘtes qui conservent encore des couleurs sont reprĂ©sentĂ©es avec une coiffure tombante et partagĂ©e en tresses, comme celle des Ababdehs et dejs Bychariehs. Ces usages se conservent dans les pays de montagnes et de dĂ©sert, oĂč l’homme libre et isolĂ© ne connaĂźt que les lois de l’habitude. Dans le septiĂšme tableau, le roi est reprĂ©sentĂ© assis au milieu de quelques-uns des chefs de l’armĂ©e Ă©gyptienne; d’autres viennent lui annoncer en s’inclinant que les ennemis attaquent son camp. On prĂ©pax’e son char de guerre, et ses serviteurs attendent ses ordres, et modĂšrent l’ardeur des chevaux, qui sont ici mieux dessinĂ©s que dans les autres bas-reliefs ; malheureusement toutes les tĂȘtes manquent. Dans le registre infĂ©rieur, des soldats Ă©gyptiens bĂątonnent deux espions pris, sans doute, aux environs du camp. Plus loin, dans le huitiĂšme tableau qui fait suite Ă  celui-ci, on voit l’attaque des ennemis, montĂ©s aussi sur des chars et combattant sans ordre une ligne de chars Ă©gyptiens parfaitement alignĂ©s; l’armĂ©e ennemie est dĂ©jĂ  en dĂ©route, plusieurs chars sont culbutĂ©s, brisĂ©s ; chevaux et guerriers gisent pĂȘle-mĂȘle. Ce tableau est plein de mouvement et d’action. Aspirant Ă  tous les genres de gloire, mais surtout ambitieux d’illustration militaire, c’était, sans doute, pour fanatiser ses chefs, ses soldats, et graver plus profondĂ©ment dans leur esprit l’amour de la patrie et les inclinations belliqueuses, que RamsĂšs voulut associer les faits Ă©clatants de son rĂšgne au culte qu’on rendait aux dieux, aux idĂ©es religieuses, qui sont toujours les plus puissantes sur l’ En ce temps, c’étaient les dieux qui ordonnaient la guerre par la bouche de leurs prĂȘtres, et des milliers d’hommes marchaient au meurtre, au pillage et Ă  la mort, sur la promesse d’Ammon, roi des dieux, qui livrait Ă  son fils bien-aimĂ© RamsĂšs toutes les nations barbares. Plusieurs bas-reliefs reprĂ©sentent Ammon, PhrĂ©, Pthah, Athom, qui remettent la harpĂ© Ă  RamsĂšs, en lui disant Frappe et mets en piĂšces les mĂ©chants de la terre entiĂšre, par la puissance de ton pĂšre,“qui t'a accordĂ© de soumettre et de vaincre Ă  toujours. » La seconde salle, dont quatre piliers carrĂ©s soutiennent le plafond, a ses parois et cellesde ses piliers Ă©galement dĂ©corĂ©s de sculptures; mais ici tous les sujets sont religieux. Dans les diverses salles, pronaos, naos, chambres attenantes et latĂ©rales, RamsĂšs est reprĂ©sentĂ© faisant des offrandes aux plus grandes divinitĂ©s de l’Égypte, et Ă  son patron le Dieu-Soleil, RamsĂšs, fils de Pthah et d’HĂ thor, qualifiĂ© de dieu grand, dieu bienfaiteur, le mĂȘme qu’on adore Ă  Gerf-IIusseyn. La premiĂšre salle Ă©tait sans doute ouverte Ă  tout le monde; celle-ci, qui servait probablement de pronaos, Ă©tait rĂ©servĂ©e exclusivement aux initiĂ©s. Au bout de cette salle, on entre par trois portes dans un vestibule plus large que long, qui communique au sanctuaire, et Ă  deux petites salles latĂ©rales qui n’ont pas Ă©tĂ© terminĂ©es. Le mur du fond du sanctuaire, au milieu duquel s’élĂšve un autel, est dĂ©corĂ© de quatre statues un peu plus fortes que nature. Quoiqu’elles soient plus dĂ©gradĂ©es que les colosses, on reconnaĂźt pourtant encore Pthah, Ammon, RamsĂšs le Grand et PhrĂ©, assis tous quatre sur le mĂȘme banc. VoilĂ  donc RamsĂšs au rang des divinitĂ©s adorĂ©es dans le sanctuaire. Ces statues ont Ă©tĂ© mutilĂ©es, elles ont les bras brisĂ©s, et le dieu Pthah n’a plus de tĂȘte. Tel Ă©tait le plan primitif du temple; c’est la partie dont l’exĂ©cution est la plus soignĂ©e et le plan le plus rĂ©gulier. Les salles ajoutĂ©es par la suite sont grossiĂšrement taillĂ©es, et les murs n’ont jamais Ă©tĂ© alignĂ©s. D’abord, sur la droite de la grande salle, on a percĂ© deux portes peu Ă©loignĂ©es l’une de l’autre, qui conduisent Ă  deux salles sĂ©parĂ©es ; dans la premiĂšre, on voit des hiĂ©roglyphes qui n'ont pas Ă©tĂ© achevĂ©s ; quelques-uns sont Ă©bauchĂ©s, d’autres sont esquissĂ©s en noir. Un lĂ©ger trait qu’un attouchement du doigt suffit pour effacer, survit de plusieurs siĂšcles Ă  la main qui l’a tracĂ© ! Au fond de cette grande salle, il y a aussi de part et d’autre une porte d’entrĂ©e qui conduit Ă  deux salles, communiquant chacune Ă  deux longues piĂšces garnies de bancs ou gradins. A en juger par les sculptures, celles-ci ont dĂ» servir Ă  dĂ©poser les ustensiles et les offrandes du temple. Outre les statues et les bas-reliefs sculptĂ©s dans la montagne mĂȘme, il y avait encore plusieurs petites statues coloriĂ©es et taillĂ©es en pierres de diffĂ©rentes espĂšces, qui dĂ©coraient ce merveilleux spĂ©os. On en retrouve encore quelques fragments Ă©pars dans les diverses salles. Lorsque Belzoni dĂ©blaya ce monument, il trouva dans la grande salle deux sphinx Ă  tĂȘte d’épervier, symboles de PhrĂ©, le dieu Soleil. Ces sphinx furent transportĂ©s — STYLE ÉGYPTIEN. — en Angleterre; mais il y a quelque temps qu’un voyageur, en fouillant pour prendre des mesures, en trouva un autre petit que j’ai dessinĂ©, et qui a Ă©tĂ© publiĂ© dans ce recueil voy. Sphinx. Je voudrais conduire dans ce grand temple, qui vaut Ă  lui seul le voyage de Nubie, dit Champollion le Jeune *, tous ceux qui refusent de croire Ă  l’élĂ©gante richesse que la sculpture peinte ajoute Ă  l’architecture. Depuis le voyage de notre cĂ©lĂšbre hiĂ©rogrammate, ce beau spĂ©os a beaucoup souffert la chaleur, l’humiditĂ©, le temps aussi, tout a contribuĂ© Ă  dĂ©truire ces peintures dont les couleurs Ă©taient appliquĂ©es sur un enduit. La plupart ont disparu ; le peu qui en reste s’écaille, tombe incessamment ; il suffit qu’on y touche du doigt, qu’une aile de chauve-souris les effleure, pour qu’il s’en dĂ©tache de lĂ©gĂšres parcelles qui se rĂ©duisent en poussiĂšre. Ne tardez pas davantage, vous qui voulez admirer cette merveille, hĂątez-vous ; dĂ©jĂ  les piliers se fendillent et tombent, dĂ©jĂ  les statues sont mutilĂ©es, leurs bras se dĂ©tachent, leurs barbes sont rases, leurs mains laissent Ă©chapper l’aspersoir et la crosse. Sur la façade, une statue entiĂšre s’est dĂ©jĂ  sĂ©parĂ©e de la masse, une autre menace ruine, et, plus haut, les cynocĂ©phales disparaissent avec la corniche qu’ils couronnent. AprĂšs trente siĂšcles de conservation, il semblerait que le temps commence seulement son Ɠuvre, si des inscriptions hiĂ©roglyphiques ne relataient que des rĂ©parations ont Ă©tĂ© faites Ă  l’époque pharaonique, et si une inscription phĂ©nicienne ne nous apprenait que le colosse brisĂ© a Ă©tĂ© frappĂ© par la foudre. Quelques Ă©crivains, et en particulier M. Gau, considĂšrent les spĂ©os de Nubie comme des monuments de l’art au berceau, des monuments qui remontent Ă  une Ă©poque bien antĂ©rieure aux Ă©difices isolĂ©s et construits en pierre, enfin comme les modĂšles primitifs de toute l’architecture Ă©gyptienne. Soutenir une opinion diffĂ©rente semble Ă  M. Gau vouloir maintenir un systĂšme absurde et contre toutes les probabilitĂ©s. N’en dĂ©plaise Ă  cet auteur, quiconque examinera les façades des spĂ©os d’Abou-Sembil, qui figurent des pylĂŽnes, c’est-Ă -dire des Ă©difices construits en talus, ainsi que l’avoue lui-mĂȘme M. Gau, sera d’avis que l’imitation d’un monument construit en pierres cimentĂ©es ne peut ĂȘtre antĂ©rieure Ă  l’art de bĂątir, et soutenir l’inverse est absurde. Les hypogĂ©es creusĂ©s dans le roc ont leurs colonnes coloriĂ©es et mouchetĂ©es comme du granit, et leurs plafonds simulent souvent des poutres de bois peintes avec leurs veines et leurs nƓuds. Enfin les lĂ©gendes hiĂ©roglyphiques des temples souterrains viennent encore infirmer son opinion en montrant que ces spĂ©os appartiennent tous Ă  des pharaons de la dix-huitiĂšme et de la dix-neuviĂšme dynastie. Quelque talent qu’on ait, il est au moins bien prĂ©somptueux de prĂ©tendre, sans connaĂźtre un mot des inscriptions qui couvrent les monuments, faire l’histoire de l’architecture Ă©gyptienne, prĂ©ciser les phases de l’art, les Ă©poques des divers modes de construction et en particulier celle de l’emploi du granit, laquelle, dit M. Gau page 16, si l’on en excepte peut- ĂȘtre quelques statues et quelques obĂ©lisques, ne paraĂźt pas antĂ©rieure Ă  la domination des Romains. Les constructions de granit ont prĂ©cĂ©dĂ© les monuments primitifs de M. Gau, et, sans compter les revĂȘtements des pyramides, on voit encore Ă  Karnac les restes d’un sanctuaire Ă©levĂ© par Osortasen P r , et Ă  Tanis les ruines d’un Ă©difice immense construit par RamsĂšs avec les mĂȘmes pierres que les obĂ©lisques. Le type primitif de l’architecture Ă©gyptienne comme de toutes les autres est la bĂątisse en bois, dont il ne reste malheureusement plus aujourd’hui sur les rives du Nil que des indices Ă©chappĂ©s Ă  l’édacitĂ© du temps, aux ravages de l'homme, Ă  travers quarante siĂšcles. * Lettres Ă©crites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, pag. 119, 131 et suiv. - BIBLIOGRAPHIE. — 1° Travels in Nubia, and in the interior of north-eastern Africa, by J. L. Burckhardt. 1 vol. in-4°. Portrait et cartes. London, 1819-1821. 2° Narrative of the operation and recent discoveries within the pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia, etc,, by Belsoni. London, 1821, in-4° avec atlas in-folio, planches coloriĂ©es. s° AntiquitĂ©s de la Nubie, ou monuments inĂ©dits des bords du Nil, entre la premiĂšre et la seconde cataracte, dessinĂ©s en 1819 par M. Gau. Paris, 1 823. 1 vol. in-folio avec 63 planches. 4° Esquisse de la basse Nubie, par M. Ch. Lenormant, publiĂ©e dans la lievue française novembre 1829. ΰ Lettres Ă©crites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, par Champollion jeune. Paris, 1833. 1 vol. in-8°, fig. 6° La Nubie, par M. S. ChĂ©rubini. Paris, 1840. t vol. in-8° avec planches. 7° MusĂ©e des antiquitĂ©s Ă©gyptiennes, par Ch. Lenormant. 1 vol. in-fol. Paris, Leleux, 1841. 8° Vietvs of the Nile from Cairo to the 2 d cataract, drawn on slone front the sketches of Owen Jones and Jules Goury, with histo- rical notices of the monuments. 1 vol. in-folio. London, 1843. 9° Topography of Thebes, by Wilkinson. London, l vol. in-8" et plan in-folio. 10° 1 Monumenti dell’ Egillo e dĂ©lia Nubia illustrali dal Ipp. Rosel- Uni. Florence, texte in-8° et atlas grand in-folio. 11° Monuments de l’Égypte et de la Nubie, par Champollion jeune. Paris, Didot, grand in-folio, planches coloriĂ©es. Le texte des notices descriptives n’est pas encore achevĂ©. w % /.'si Ăźifa » isi44 TfĂŻĂ 'M; % 2 X 0 i 0m ./ter jtfLrv , m&em Sil wmm-4 Sri© mm. o pO pi A $ Ă©mm Si \mm %SsË$$S& mm ĂšftsPSjĂŻf!$ Æs-ls ,. -A- mm* MiSh ~^4 ipisi mm fe* '*S*~ iĂčGfi ♩Î- . 'f, '* V^-VĂŻ . A* '* I» k ‱ * V iV >ÂŁ /> ktV /. I » m MltKOilvS R Prisa* del nuiSr »>u]pĂŻ SÎF1S OS lĂŒis ^IBn&ÏM, A AaMCKDF** SlÊJaÂŁ Niibi T^si/ut S?SOS QF MIRÉ» AT ABOUJ-S1EMB11L » S/*m./,/ - Nubia Ks]m»o» de 1*11 rĂ© en Abu Sembil. f'Nubi/tJ JWWMWIHIJÇ ta » 1 IWfcN&te*- *** ' * V ’S*&?V ** ’^-'v' V‱‱ ?-\ ^ ’‱ Ăźfinn Æm PiĂčar del skiiids lois ^isnidiĂȘ a jv, AĂźu'w*'3^sansinL, DĂ©tail k . SPKOS Olf PH1RÉ S AT ,'i!BOU SlEMBUlt, Details Ic-l’hr,. Al,U S,-ml,il 'm&I . > ffĂąfa ’/ Itoderneer vSJhfry - f&i PETIT TEMPLE D’EBSAMBOUL, SPÉOS CONSACRÉ A ATHÔR. A soixante lieues au S. 0. delĂ  premiĂšre cataracte du Nil, et douze lieues au N. E. de la seconde, le voyageur qui remonte le cours du fleuve, et qui est attristĂ© par l’aspect le plus aride, est tout d’un coup frappĂ© Ă  la vue de deux temples souterrains qu’il dĂ©couvre Ă  sa droite, taillĂ©s dans le roc avec un art admirable, et qui s’annoncent au dehors par des figures gigantesques, rappelant les plus beaux et les plus grands ouvrages de la ThĂ©baĂŻde. Ce lieu est Ebsamboul ou lbsamboul, et non Abou-Samboul ou Simbel, comme l’écrivent plusieurs voyageurs. Ce pays, par ses antiquitĂ©s, est le plus intĂ©ressant du pays des Kennous, dans la Nubie infĂ©rieure. DĂ©jĂ  cĂ©lĂšbre par les relations d'une douzaine de voyageurs, le site d’Ebsamboul n’a cessĂ©, depuis, d’étre le principal objet des excursions des EuropĂ©ens, et le sujet de leur admiration cette unanimitĂ© d’impressions ne peut s’expliquer que par le double mĂ©rite d’une conception hardie et d’une exĂ©cution parfaite. C’est surtout dans le grand temple d’Ebsamboul qu’éclatent la grandeur architecturale et les richesses de la sculpture et de la peinture. Mais on trouvera dans une autre notice ce que nous avons Ă  dire de ce magnifique monument; il ne s’agit ici que du premier temple, lequel Ă©tait consacrĂ© Ă  AthĂŽr *. Il sert depuis longtemps de refuge aux habitants de Ileyllagy, village situĂ© Ă  une demi-lieue au sud, et Ă  ceux des villages voisins, inquiĂ©tĂ©s par les BĂ©douins du Gharb ou de la Libye, qui viennent piller tout le pays, depuis Argo jusqu’à Dakkch, les mĂŽmes qui infestent les dĂ©serts situĂ©s entre ThĂšbes, Syout et l’oasis d’Ammon. Les Kennous font entrer dans le temple leurs troupeaux avec eux; si les Arabes errants viennent les y attaquer, ils s’y dĂ©fendent avec avantage de lĂ , l’état des sculptures qui sont en partie noircies et dĂ©gradĂ©es par la fumĂ©e des feux qu’on y allume. Le pays environnant est sablonneux et presque stĂ©rile, et les sables arrivent jusqu’au fleuve; le sol est de grĂšs ferrugineux; mais, Ă  quelque distance de lĂ , le sĂ©nĂ© abonde c’est presque sa seule richesse; le dĂ©sert voisin est plein d’onyx, de cornalines et d’agates; la chaleur y est intolĂ©rable. L’on s’étonne que dans des lieux aussi pauvres, les hommes aient exĂ©cutĂ© des monuments d’une telle magnificence. Les temples sont pratiquĂ©s dans une montagne appelĂ©e Djebel Ebsamboul ** ; le plus petit des deux touche presque Ă  la rive du fleuve, l’autre est plus Ă©loignĂ©. Le premier voyageur qui ait vu Ebsamboul est le chevalier Drovetti, consul gĂ©nĂ©ral de France en Égypte, cet homme distinguĂ©, Ă  qui les sciences archĂ©ologiques et la civilisation sont Ă©galement redevables ; il Ă©tait accompagnĂ© de M. F. Cailliaud, connu depuis par ses voyages en Égypte et en Nubie. Rien ne put faire consentir les superstitieux habitants, malgrĂ© l’appĂ t du gain et les engagements qu’ils avaient pris, Ă  ouvrir Ă  nos compatriotes l’issue du grand temple ; les plus grandes calamitĂ©s devaient fondre sur ces bonnes gens, si le temple Ă©tait une fois ouvert aux chrĂ©tiens. C’était au mois de mars 1816. Un an plus tard, Belzoni rĂ©ussit dans le mĂȘme projet par ordre de M. Sait, il fit dĂ©blayer l’entrĂ©e, et pĂ©nĂ©tra jusqu’au sanctuaire. Le premier, il a donnĂ©, dans un dessin en grand, l’aspect extĂ©rieur d’Ebsamboul. Quoique trĂšs-imparfait, ce dessin en fait concevoir la plus haute idĂ©e. D’autres artistes ou voyageurs français l’ont suivi de prĂšs, MM. Huyot et Gau, architectes, Rifaud, Cailliaud, Linant, continuant ainsi, en Nubie, l’Ɠuvre française exĂ©cutĂ©e en Egypte Ă  la fin du siĂšcle dernier. Parmi les voyageurs anglais qui ont visitĂ© Ebsamboul, il faut citer surtout lord Prudhoe, le major FĂ©lix, et M. Wilkinson mais aucun d’eux n’a explorĂ© les lieux avec autant de soin et de succĂšs que MM. Champollion jeune et Rosellini, ainsi que leurs zĂ©lĂ©s compagnons de voyage, MM. Bibent, N. Lhote, S. Cherubini, etc., envoyĂ©s par la France et par la Toscane, en 1828, pour complĂ©ter les dĂ©couvertes de la commission scientifique d’Égypte. Sans prĂ©tendre donner une liste complĂšte des voyageurs qui ont explorĂ© Ebsamboul, nous nommerons encore le baron Ruppell, et MM. Ca- dalvĂšne et Breuvery, dont la publication est la plus rĂ©cente; enfin M. Horeau, architecte. On regrette que M. Huyot n’ait pas mis au jour les beaux dessins qu’il a faits Ă  Ebsamboul. M. Gau est celui de tous qui a donnĂ©, avec le plus de dĂ©veloppements, la partie architecturale et les vues extĂ©rieures. Nous offrons ici au lecteur d’autres dessins pris sur les lieux par un artiste non moins habile Ă  saisir le caractĂšre de l’architecture et de la dĂ©coration Ă©gyptiennes, M. Horeau. Quoique rĂ©duits Ă  une Ă©chelle moindre , ils renferment les dĂ©tails nĂ©cessaires pour bien juger des monuments. * Champollion jeune, dans les Lettres d Égypte et de Nubie, dit que ce temple a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă  la VĂ©nus Ă©gyptienne Athdr par NofrĂ©-Ari, femme de RhamsĂšs le Grand. ** Djebel veut dire montagne. — STYLE ÉGYPTIEN. — Maintenant, que le lecteur jette un coup d’Ɠil sur la premiĂšre planche ; il a sous les yeux la façade du petit temple nous disons petit, relativement au second monument, qui est au midi, et dont on aperçoit une partie Ă  la marge du dessin. Le rocher a Ă©tĂ© taillĂ© sous un plan inclinĂ©, dans une longueur de 27 mĂštres 83 pieds passĂ©s, et une hauteur de 12 mĂštres 37 pieds, Ă  peu prĂšs sous la pente ordinaire des pylĂŽnes Ă©gyptiens; puis, on y a creusĂ© six niches hautes et profondes, en rĂ©servant les blocs de six statues colossales * ** , sculptĂ©es plus tard avec le dernier fini, figures d’un style grave, mais noble et imposant ; aprĂšs quoi a commence un ouvrage non moins gigantesque les artistes nubiens ou Ă©gyptiens ont creusĂ© dans le roc vif, dans une profondeur de plus de 23 mĂštres 71 pieds, un pronaos e voyez plan et coupe, fig. i et a, une cella ou naos f , un sanctuaire g , enfin , deux autres petites piĂšces au bout de la cella h. Les supports du pronaos, au lieu d'ĂȘtre des colonnes, sont de larges piliers carrĂ©s un peu massifs , posant sur un large socle, et couronnĂ©s par une tĂšte de femme, sculptĂ©e en relief comme Ă  Denderah et Ă  ThĂšbes temple de la rive gauche. La longueur de la cella ou la largeur du monument est de 16 mĂštres 50 pieds environ. La vue de la façade peut donner au lecteur une juste idĂ©e de l’extĂ©rieur du monument et de son imposante dĂ©coration l’intĂ©rieur est couvert de bas-reliefs peints, d’un bon style et d’un excellent travail, qui paraissent tous consister en sujets religieux ou en offrandes , soit Ă  la divinitĂ© principale, AthĂŽr, soit aux dieux adorĂ©s dans le mĂȘme temple. Le sanctuaire est sculptĂ© et ornĂ© d’hiĂ©roglyphes comme toutes les parties du monument. Les sujets historiques , civils et militaires, s’il en existe, n’ont pas Ă©tĂ© dessinĂ©s ; c’est dans le grand temple qu’ils ont Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©s avec profusion. Tous les ornements sont bien conservĂ©s, mais seulement un peu enfumĂ©s, comme on l'a dit plus haut; le plafond est peint en bleu, et encadrĂ© d’une bordure en trois couleurs. L’habile artiste qui a donnĂ© le plus de dĂ©veloppements sur le temple qui nous occupe, M. Gau, compare sa façade Ă  celle des pylĂŽnes, et il la regarde comme le type de cette espĂšce de construction tout ce qu’on peut accorder, c’est que cette façade est taillĂ©e en pente comme celle d’un pylĂŽne, et que les niches profondes, oĂč sont les six colosses, correspondent jusqu’à un certain point Ă  chacun de ces enfoncements des pylĂŽnes, oĂč se dressait quelquefois un mĂ t triomphal. Les six colosses dont ou vient de parler, rĂ©pĂ©tĂ©s symĂ©triquement Ă  droite et Ă  gauche de la porte , consistent en une figure de femme placĂ©e entre deux figures d’homme , toutes hautes de 10 Ă  11 mĂštres 33 ou 36 pieds, compris les coiffures ; le travail est excellent, dans la physionomie surtout, les formes du corps sont loin de manquer d’élĂ©gance. Deux petites figures doubles cependant de la stature humaine accompagnent les jambes de chaque colosse ; plusieurs voyageurs les considĂšrent comme reprĂ©sentant les fils et les filles de ces personnages gigantesques il faudrait des observations plus prĂ©cises pour admettre cette opinion. On ne peut guĂšre douter de la consĂ©cration du temple Ă  la dĂ©esse AthĂŽr, en considĂ©rant les sujets reprĂ©sentĂ©s dans le sanctuaire. Entre deux pilastres couronnĂ©s de la tĂȘte fĂ©minine, comme Ă  Tentyris, Ă  ThĂšbes, etc., est un relief saillant „„ , qui reprĂ©sente la gĂ©nisse sacrĂ©e, dont la dĂ©pouille descend jusqu a terre c’est l’emblĂšme d’AthĂŽr, la Venus Ă©gyptienne. La figure de femme, sculptĂ©e en avant de ce simulacre, semble couverte et comme habillĂ©e par cette dĂ©pouille ; mais l’état fruste de la sculpture ne permet pas de distinguer d’une maniĂšre parfaite les dĂ©tails de l’agencement la sculpture Ă©tait d’ailleurs trĂšs-lĂ©gĂšre et dĂ©licate. Nous passons sous silence les divinitĂ©s adorĂ©es dans le mĂȘme temple, attendu que l’étude difficile de la mythologie Ă©gyptienne est continuellement modifiĂ©e, Ă  mesure que se succĂšdent les dĂ©couvertes. Quant Ă  l’anciennetĂ© du monument, si les lĂ©gendes ont Ă©tĂ© bien lues, et si l’on se borne Ă  consulter les cartouches ou mĂ©daillons du grand et du petit temple d’Ebsamboul, on ne peut regarder celui-ci comme antĂ©rieur Ă  KhamsĂšs le Grand, ou Ă  SĂ©sostris, puisque son nom peut se lire dans les mĂ©daillons ; d’ailleurs, une suite immense de sculptures peintes reprĂ©sentent les actions militaires qui appartiennent Ă  l’histoire de ce conquĂ©rant il en sera question dans une autre notice. Mais le monument qui nous occupe paraĂźt de la mĂȘme Ă©poque, et il nous semble avoir Ă©tĂ© plus particuliĂšrement destinĂ© au culte, les sujets consistant tous en offrandes aux dieux, prĂ©sentĂ©es par le roi Ă©gyptien et par une figure richement habillĂ©e qu’on regarde comme l’image de la reine. Voir l’ouvrage de M. Gau, et ailleurs. 11 est possible que le plafond coloriĂ© renferme des sujets plus variĂ©s et plus intĂ©ressants ; malheureusement les voyageurs ne les ont point copiĂ©s ou publiĂ©s, et il paraĂźt mĂȘme qu’ils ne les ont point observĂ©s. On peut remarquer ici que le voisinage du grand temple a fait tort Ă  l’autre, en absorbant l’admiration et toute l’attention des * Selon l’opinion de Champollion jeune, les six colosses reprĂ©senteraient le Pharaon RhamsĂšs le Grand et sa femme, ayant Ă  leurs pieds, l’un ses fils, et l’autre ses filles, avec leurs noms et titres. ** Voyez la niche du sanctuaire reproduite sur la planche coupe et plan, n° 3. — SPEOS D’ATHÔR A EBSAMBOUL. — explorateurs, Ă  cause de ses prodigieux colosses, et surtout des richesses de ses peintures historiques et ethnographiques, presque comparables aux merveilles de ThĂšbes. Cependant la beautĂ© de la façade du petit temple prouve assez l’importance que ses auteurs ont attachĂ©e au monument, et doit engager les voyageurs futurs Ă  en Ă©tudier toutes les parties *. Il nous reste Ă  apprĂ©cier le mĂ©rite artistique du petit temple d'Ebsamboul, examinĂ© sous le rapport de la conception architecturale, et sous celui de l’exĂ©cution et de la dĂ©coration. Pour rendre cet examen utile et complet , il faudrait poser ici les principes gĂ©nĂ©raux de l’art Ă©gyptien, rapporter des exemples puisĂ©s dans les chefs-d’Ɠuvre de cette architecture, ensuite comparer, Ă  cĂ©s divers types, le monument d’Ebsamboul; ce travail sortirait du cadre que nous nous sommes prescrit ; il trouvera sa place dans un tableau spĂ©cial de l’étude de l’arl en Égypte, envisagĂ© dans ses diverses branches, et oĂč l’architecture des bords du Nil sera considĂ©rĂ©e dans ses deux grandes divisions les constructions Ă©levĂ©es sur le sol, et celles qui, exĂ©cutĂ©es dans le sein des montagnes, ne le cĂšdent peut-ĂȘtre aux premiĂšres que sous le rapport de la mĂ©canique; c’est dans ce tableau gĂ©nĂ©ral que nous exposerons les caractĂšres distinctifs de l’architecture souterraine et son origine probable, enfin la place qui lui appartient dans l’histoire de l’art; lĂ  aussi on Ă©claircira ces dĂ©nominations de spios et de hĂšmi-spĂȘos, donnĂ©es aux monuments taillĂ©s dans le roc en tout ou en partie, et cachĂ©s Ă  la lumiĂšre du jour. Nous nous bornerons seulement Ă  comparer le plan du petit temple avec quelques autres analogues. Ainsi que dans la plupart des hypogĂ©es de ThĂšbes, les supports sont taillĂ©s non en colonnes, mais en piliers carrĂ©s. Le besoin de la soliditĂ© suffirait pour expliquer cette prĂ©fĂ©rence ; mais ici, la figure cubique du dĂ© surmontant le masque fĂ©minin de la dĂ©esse AthĂŽr, appelait la forme du pilier carrĂ© ; il est vrai qu’à Denderah et ailleurs, ce motif n’a pas empĂȘchĂ© de tailler en colonne la partie infĂ©rieure du support. La mĂȘme raison de soliditĂ© explique la faible hauteur des piliers, comparĂ©e Ă  leur base ; la proportion est de trois Ă  un, compris le socle. La simplicitĂ© et la rĂ©gularitĂ© du plan ne donnent lieu Ă  aucune autre remarque quant Ă  l’exĂ©cution des lignes, Ă  celle des figures et des caractĂšres hiĂ©roglyphiques Ă©gyptiens, nous avons dĂ©jĂ  eu l’occasion de dire que le travail Ă©tait d’un bon fini, semblable Ă  celui du monument principal. Plusieurs voyageurs, SIM. Gau et Wilkinson, ont donnĂ© le nom d ’Abousamboul et Ă 'Aboo-simbel au site d’Ebsamboul ; l'orthographe arabe du nom ne permet pas d’admettre cette dĂ©nomination, ni deux mots sĂ©parĂ©s ; l’un a Ă©tĂ© trompĂ© par l’analogie de la premiĂšre syllabe avec celle de Abou, mot qui commence un grand nombre * Aux renseignements que l’on vient de lire, nous ajouterons l’extrait suivant, empruntĂ© Ă  l 'Esquisse de la basse Nubie, publiĂ©e par SI. Ch. Lenormant Au delĂ  d’Ibrim, l’ancienne Premmis, les noms des souverains grecs et romains disparaissent. Les Pharaons seuls ont portĂ© plus loin les limites de leur empire ; leur double capitale n’a jamais peut-ĂȘtre renfermĂ© d’aussi gigantesque conception que celle du grand spĂ©os d’Ibsambou. — A peu prĂšs Ă  une journĂ©e au-dessus d’Ibrim, les montagnes se rapprochent tellement de la rive gauche qu’il reste Ă  peine un passage le long des rochers de grĂšs qui s’élĂšvent perpendiculairement au-dessus du fleuve. Le vent semble pousser avec plus de force, dans cette direction, les sables qu’il prĂ©cipite du sommet de ces rochers, et qui, s’ouvrant un Ă©troit ‱ grands terrassements de briques crues isolaient encore cette place, et l’empĂȘchaient Ă  l’ouest d’ĂȘtre encombrĂ©e par les sables. On distingue au-dessus de leur niveau les pointes Ă©boulĂ©es de ce contre-fort Ă©norme, qui, cessant d’ĂȘtre entretenu, n’a pu suflire au poids qu’il supportait depuis des siĂšcles. AprĂšs cette place, en suivant la ligne du courant, le rocher est presque vertical, et court dans une direction parallĂšle au fleuve. Sur cette masse compacte, et Ă  plus de vingt-cinq pieds au-dessus des eaux, se dĂ©- veloppe une façade entiĂšrement taillĂ©e dans le roc, et dĂ©corĂ©e de six colosses qui se dĂ©tachent en haut relief sur le fond qui les " supporte. Au lieu d’aplanir partout la face du rocher, on a laissĂ© subsister entre les colosses de grands Ă©perons, qui suivent i’in- clinaison gĂ©nĂ©rale du talus peu sensible de la montagne, et donnent ainsi Ă  cette façade un aspect inexplicable au premier abord. Ces colosses, qui reprĂ©sentent SĂ©sostris et la reine NoufrĂ©-Arri, sa femme, se distinguent par un travail souple et vrai ; les corps ’ de femme surtout ont toute la rondeur et le moelleux de la nature. Cette intervention d’un nouveau personnage dans l’un des monuments si nombreux de ce rĂšgne, le classe Ă  part de tous les autres; l’intĂ©rĂȘt s’accroĂźt quand l’examen y fait reconnaĂźtre un “ monument Ă©levĂ© par l’amour conjugal, en l’honneur d’un roi dont l’antiquitĂ© a cĂ©lĂ©brĂ© l’affection constante et dĂ©vouĂ©e pour sa femme; ce n est pas ici le lieu d entrer dans les dĂ©tails quelquefois touchants, et toujours ingĂ©nieux, de cette espĂšce d’apothĂ©ose anticipĂ©e, dont le temps a respectĂ© les moindres vestiges. A part le plaisir de possĂ©der un portrait exact et gracieux d’une prin- cesse dont la beautĂ© faisait du bruit il y a quelque trois mille trois cents ans, c’est un trĂ©sor inapprĂ©ciable qu’un monument oĂč 1 tout parait avoir Ă©tĂ© soigneusement adaptĂ© Ă  la destination qu’on lui donnait, oĂč les couleurs les plus douces, la sculpture la plus soignĂ©e, s appliquent aux sujets les mieux choisis, les plus propres Ă  rendre l’idĂ©e unique et fĂ©conde qui domine tout. Ce joli spĂ©os, auprĂšs de l’immense hypogĂ©e d’Ibsamboul, conserve son intĂ©rĂȘt Ă  part, et je ne saurais dire si je n’ai pas Ă©prouvĂ© plus de plaisir Ă  venir m’y reposer des impressions tumultueuses que fait naĂźtre le monument voisin, qu’à le parcourir d’abord avec la distraction que me causait un seul coup d’Ɠil jetĂ© sur ces tĂȘtes qui s’élĂšvent au-dessus des sables, comme autant de rĂ©pĂ©titions du PolyphĂšme du Poussin. » Revue française, novembre 1829. — STYLE ÉGYPTIEN, — de noms de lieux ; le nom n’a que trois syllabes, et s’écrit en un seul mot. Le savant explorateur, M. Wilkinson, semble avoir Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© par une certaine analogie Ă©loignĂ©e d’Abou-simbel avec Abuncis ou Aboccis , nom de lieu ancien sur la rive gauche du Nil ; mais il faut faire attention que PtolĂ©mĂ©e, qui rapporte ce nom d 'Abuncis, place le lieu Ă  2 degrĂ©s sud de la grande cataracte c’est-Ă -dire de Ouadi-Halfa, Ă  3 degrĂ©s de PhilĂŠ, Ă  3° 50’ de SyĂšne; tandis qu’Ebsamboul est Ă  degrĂ© seulement, 2° 36’, 2° 45’ de ces trois lieux respectivement, nous ne parlons pas de la position absolue, les divergences Ă©tant bien plus grandes ; d’ailleurs Ebsamboul est au nord de la seconde cataracte, et non pas au midi comme Abuncis. M. Champollion le jeune a remarquĂ© un tableau isolĂ© sculptĂ© sur le roc extĂ©rieur il est figurĂ© dans notre gravure Ă  la droite du temple ; Ă©tant parvenu Ă  dĂ©chiffrer l’inscription hiĂ©roglyphique, il y a lu exprimĂ© le vƓu suivant Qu’Ammon accorde de longs jours au prince. pour contenir les incursions des Libyens. » C’esl lĂ  une coĂŻncidence remarquable avec l’état actuel des choses, puisque les tribus du Gharb infestent les environs, et que les habitants sont obligĂ©s de se retirer dans leurs temples, avec leurs familles, leurs biens et leurs bestiaux, pour se soustraire aux spoliations des BĂ©douins africains. La population faible et superstitieuse du lieu est bien caractĂ©risĂ©e par Belzoni et par M. E. Cailliaud; nous engageons le lecteur Ă  recourir Ă  leurs descriptions d’Ebsamboul. BIBLIOGRAPHIE. 1° Narrative of the operation and recent discoveries with the pyramides, temples, tombs and excavations in Egyptand Nubia, etc., by Belzoni; London, 1821, in-8° avec atlas in-P, planches coloriĂ©es. Voyage en Égypte et en Nubie, par Belzoni, traduit de l’anglais, avec des notes par Depping ; Paris, 1821, 2 vol. in-8° et atlas. 2° AntiquitĂ©s de la Nubie ou monuments inĂ©dits des bords du Nil, entre la premiĂšre et la seconde cataracte, dessinĂ©s en 1819 par M. Gau; Paris, 1823, 1 vol. in-f 0 avec 63 planches. 3" Voyage Ă  MĂ©roĂ« en 1818, 1819 et 1820, par FrĂ©d. Cailliaud; Paris, 1823, 1 vol. in-f°, planches lithographiĂ©es. 4° Voyage en Égypte, en Nubie et lieux circonvoisins, depuis 1805 jusqu’en 1827, par Rifaut; 5 vol. in-8° et atlas de 300 plane, lithogr. 5’’ Topography of Thebes, by Wilkinson; London, 1 vol. in-8° et plan in-f°. 6° Manners and cusloms of the ancient Egyplians, by Wilkinson; London, 1837,3 vol. in-8° avec nombreuses vignettes dans le texte. 7° Lettres Ă©crites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, par Champollion jeune; Paris, 1833, 1 vol. in-8°, fig. 8° I monumenti dell’ Egitto e dĂ©lia Nubia illustrati dal tpp. Rosel- lini; Florence, texte in-8° et atlas grand in-folio. 9° Monuments de l’Égypte et de la Nubie, par Champollion jeune ; Paris, Didot, grand in-folio, planches coloriĂ©es. Le texte ne parait pas encore. 10° L’Égypte et la Turquie de 1829 Ă  1836, par MM. Éd. de CadalvĂšne et J. de Breuverv; Paris, 1836, 2 vol. in-8° avec cartes et plane. 11° La Nubie, parM. S. Cherubini; Paris, 1840, 1 volume in-8° avec planches. 12° Esquisse de la basse Nubie, parM. Ch. Lenormant, publiĂ©e dans la Revue française. Novembre 1829. ifÙSSĂ«l M lK A ilKLlligi^ igS Si ^ vÿÇ^ * . **4» JW!ÏÏKffife! S&i?fT? BIsNS VĂ VçS' ‱â–ș ?cĂ©$nmĂŻ si-ASl; M ^Æea^SÎFĂą ĂŒ?Ésys*& ËfiSS ^M;llli !; ; l '!l 'mit 'il iiÉÉfiPĂŻE i- ..; BSl ^as^;, !Ăąj& ire ÜW? S tmmmiÊàÊàHimti mm mm &mmmĂ  en» Liwsfiwia’i 9g9R MSA » jbĂąflfljgI. 'Iv2-ig- taiiwsair vt?^= >f >, w 0ÊM ÂŁ?& 5aLw- MW sggaii !S 31 Ïi !‱ %'* mkĂź mm mm mm?. rsm XÙsVXVvĂży.' k. ‱$»& i^>\ \1 HÉMI-SPÉOS DE GIKCHÉ, EN NEIÎIE GirchĂ© ou Gerf-Hussein, comme l’appellent quelques voyageurs, est un petit village situĂ© sur la rive gauche du Nil, dans cette partie de la Basse-Nubie appelĂ©e DodecaschƓnum par les gĂ©ographes anciens. Cette localitĂ© portait jadis chez les Égyptiens le mĂȘme nom que Memphis ; elle s’appelait PthaheĂŻ ou Typthah , la demeure de Pthah, divinitĂ© rĂ©vĂ©rĂ©e dans ce lieu et qui paraĂźt reprĂ©senter la Tutzis des Grecs. Il ne reste plus de cette ancienne ville qu’un des vieux temples primitifs, creusĂ© dans le roc probablement avant que les hommes eussent appris l’art de bĂątir, avec des matĂ©riaux rapportĂ©s et reliĂ©s entre eux , une demeure digne de l’idĂ©e qu’ils se faisaient dĂ©jĂ  de la divinitĂ©. Le temple de GirchĂ© est un hĂ©mi-spĂ©os * dont la partie la plus ancienne , la plus nĂ©cessaire au culte , est taillĂ©e dans la roche calcaire qui s’élĂšve Ă  pic Ă  trois cents pas du rivage, et la partie la plus rĂ©cente, l’area et les propylĂ©es, est bĂątie en grĂšs. Au pied de la montagne, sĂ©parĂ©e du Nil par une plaine sablonneuse, on remarque des statues mutilĂ©es et des dĂ©bris de sphinx, portant encore entre leurs pattes des statuettes semblables aux colosses du temple ils paraissent avoir dĂ©corĂ© un escalier ou dromos , qui conduisait du pied de la montagne jusqu’au temple situĂ© Ă  mi-cĂŽte. Le spĂ©os proprement dit Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ© d’un propylon qui se rattachait aux parois du rocher par une colonnade et deux galeries latĂ©rales. Le pylĂŽne est aujourd’hui dĂ©truit jusqu’à la base ; le portique avait pour façade quatre colonnes trapues qui subsistent encore les deux mĂ©diales portent des chapiteaux en fleurs de lotus Ă©panouies, et les deux extrĂȘmes en boutons de lotus tronquĂ©. Les quatre piliers qui joignaient de chaque cĂŽtĂ© cette colonnade au spĂ©os sont ornĂ©s de statues colossales, coiffĂ©es de la mitre appelĂ©e pschent , vĂȘtues d’un simple giron, et portant dans leurs mains croisĂ©es sur la poitrine l’aspersoir et la crosse, emblĂšmes ordinaires d’Osiris , qui est reprĂ©sentĂ© sous les traits de RamsĂšs le Grand. Toute cette partie, Ă  demi dĂ©truite, Ă©tait bĂątie en grĂšs, et prĂ©cĂ©dait le temple proprement dit qui est taillĂ© dans le rocher. On ne distingue plus que quelques traces des bas-reliefs historiques qui dĂ©coraient la façade. C’est peut-ĂȘtre une page importante de l’histoire de RamsĂšs II perdue Ă  jamais; mais la nature de la pierre y a autant contribuĂ© que la main des hommes. Le pronaos, le naos, le sekos ou sanctuaire, et les piĂšces latĂ©rales, sont creusĂ©s dans le rocher. Le prouaos est soutenu de chaque cĂŽtĂ© par trois Ă©normes piliers carrĂ©s , devant chacun desquels se tient debout, sur une base Ă©levĂ©e d’un mĂštre, un colosse d’environ six mĂštres de hauteur, lourdement sculptĂ© comme les Ă©bauches grossiĂšres d’un art qui commence. DerriĂšre et dans l’intervalle de ces piliers, on a pratiquĂ© de chaque cĂŽtĂ©, dans les parois latĂ©rales, quatre niches ou chapelles , contenant chacune trois personnages debout, grossiĂšrement sculptĂ©s en plein relief, et reprĂ©sentant les trois grandes divinitĂ©s de ce temple, Pthah, HĂ thor sa compagne, et, au milieu d’eux, RamsĂšs, un des mille noms de PhrĂ© {**. Le naos, soutenu par deux piliers carres, donne entrĂ©e dans ses cĂŽtĂ©s latĂ©raux Ă  deux petites salles dĂ©nuĂ©es de sculptures ; il en existe encore deux semblables de chaque cĂŽtĂ© du sanctuaire, au fond duquel on a sculptĂ© quatre statues assises, plus grandes que nature, et ayant devant elles un autel isolĂ© dĂ©nuĂ© d’ornements et de lĂ©gendes qui ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© effaces, comme on a mutilĂ© avec barbarie , avec fanatisme, tous les bas-reliefs qui dĂ©corent les murailles. Cet autel, taillĂ© dans le roc, Ă©tait probablement destinĂ© Ă  poser la bari sacrĂ©e du dieu Pthah. Les quatre statues, dont la sculpture est assez belle, reprĂ©sentent PhrĂ©, RamsĂšs, Pthah et HĂ thor. Çe spĂ©os , si remarquable par la sĂ©vĂ©ritĂ© de son style et l’aspect imposant de son architecture , Ă©tait jadis rehaussĂ© de couleurs qui ont toutes disparu sous une couche Ă©paisse de suie et de poussiĂšre. II ne reçoit d’autre jour que celui de la porte d entrĂ©e, ce qui ajoute encore Ă  l’impression qu’il produit ***. La faible clartĂ© qui rĂšgne dans les salles intĂ©rieures * HĂ©mi-spĂ©os Ă©difice Ă  moitiĂ© construit en pierres taillĂ©es et Ă  moitiĂ© creusĂ© dans la montagne. ** RamsĂšs est placĂ© alternativement entre deux diffĂ©rentes divinitĂ©s, mĂąle et femelle. *** On ne sait rien de positif sur la maniĂšre dont les Égyptiens Ă©clairaient leurs temples dans les solennitĂ©s religieuses ; mais il est probable que c’était avec des cassolettes oĂč il* brĂ»laient de l’huile et de la cire, qui font toujours partie des nombreuses offrandes rappelĂ©es dans tous les bas-reliefs. — STYLE ÉGYPTIEN. — suffit Ă  peine pour distinguer les sculptures, mais l’Ɠil aime Ă  s’y reposer , quand on a essuyĂ© dans la plaine l’ardeur excessive des rayons du soleil. L’aspect de ce temple a quelque chose de primitif qui rappelle la sombre majestĂ© du passĂ©, quelque chose qui attriste le cƓur en Ă©levant la pensĂ©e. On est saisi d’étonnement en entrant dans ce mystĂ©rieux spĂ©os , et en contemplant ces lourdes figures colossales, architecture vivante telle qu’on l’a comprise et rĂȘvĂ©e Ă  la lecture des historiens de l’Égypte et de l’Inde. Ce spĂ©os de GirchĂ© porte partout l’empreinte de la vieille architecture pharaonique. Ce n’est, en effet, que dans les monuments de cette Ă©poque que l’on remarque des colonnes dont l’apopliyge est arrondie , le chapiteau en lotus tronquĂ©, et des statues colossales adossĂ©es aux piliers. Tout ici dĂ©cĂšle l’enfance de l’architecture les parois des salles ne sont pas dressĂ©es, les piliers sont mal Ă©quarris ; la sculpture est lourde et grossiĂšre ; en un mot, ce spĂ©os ne prĂ©sente point dans son ensemble cette rĂ©gularitĂ© qu’on admire dans les Ă©difices de la XVIII e et de la XIX e dynastie. Aussi est-on Ă©tonnĂ© de lire sur les colosses les cartouches de RamsĂšs II. Les bas-reliefs qui dĂ©corent le spĂ©os sont assez beaux pour remonter Ă  son Ă©poque, quoiqu’ils se ressentent du voisinage de ces monstrueuses et ignobles statues, masses colossales et trapues oĂč l’on reconnaĂźt Ă  peine les proportions humaines , dont les cuisses et surtout le bas de la jambe semblent des piliers informes. ÉmerveillĂ© de leur taille, on ne songe pas tout d’abord Ă  critiquer leurs proportions, mais lorsqu’on les regarde, on les prendrait plutĂŽt pour des reprĂ©sentations du dieu Êlephanliasis que pour le portrait du dieu-soleil RamsĂšs. Ces statues compernes sont coiffĂ©es de la mitre du pschent, et portent, dans leurs mains croisĂ©es sur la poitrine, l’aspersoir et la crosse elles sont vĂȘtues d’un simple giron, appelĂ© schantei, attachĂ© par une ceinture portant le cartouche du pharaon. Cette ceinture est agrafĂ©e par une tĂȘte de lion, de laquelle pendent de nombreux rubans et l’extrĂ©mitĂ© de la ceinture, terminĂ©e par une rangĂ©e de sept urĂŠus accolĂ©s *. Quand ces Ă©normes colosses, adossĂ©s aux piliers, sont Ă©loignĂ©s l’un de l’autre, comme dans le portique, quand l’Ɠil peut les mesurer tout entiers, ils sont d’un grand effet, quoiqu’on ne goĂ»te pas cette sculpture, grossiĂšre, barbare encore prĂšs de leur architecture qui ailleurs est finie, parfaite; mais quand ils sont rapprochĂ©s, comme dans ce pronaos, ils perdent toute leur imposante grandeur, et ne paraissent plus que des masses informes que l’Ɠil ne peut embrasser. Vus de l’entrĂ©e, ils se dessinent mieux, ils frappent l’imagination, et c’est peut-ĂȘtre ce que les artistes-prĂȘtres de cette Ă©poque avaient principalement en vue. En comparant ce monument aux Ă©difices construits sous RamsĂšs II, on est portĂ© Ă  croire que les bas-reliefs et les lĂ©gendes hiĂ©roglyphiques n’étaient souvent tracĂ©es que longtemps aprĂšs l’achĂšvement des monuments. C’est un fait mis d’ailleurs en Ă©vidence par l’examen attentif de plusieurs temples ; et l’on peut voir sur le grand pylĂŽne du temple de PhilĂŠ une inscription grecque tracĂ©e par un voyageur, qui y Ă©tait sans doute venu faire ses dĂ©votions avant qu’on eĂ»t arrĂȘtĂ© la dĂ©coration de cette partie de l’édifice, ce qui fait qu’ensuite son inscription fut entaillĂ©e par les bas-reliefs qu’on y a sculptĂ©s. Le travail du spĂ©os de PthaheĂŻ doit ĂȘtre rapportĂ© Ă  diffĂ©rentes Ă©poques. Il paraĂźt ĂȘtre trĂšs-ancien, et il est probable que RamsĂšs, voulant rĂ©parer ce monument, fit couvrir les murailles de bas-reliefs, mettre son cartouche sur les colosses, replĂątrer les Ă©chancrures du temps **, donner un air de jeunesse, restaurer enfin ce spĂ©os, qui de son vivant Ă©tait peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  dĂ©crĂ©pit et ruinĂ©; ce qu’il y a de certain, c’est qu’on ne retrouve aucun monument de ce genre, creusĂ© par ordre des prĂ©dĂ©cesseurs de RamsĂšs, ni par aucun de ses successeurs. Le spĂ©os de Derri, qui porte aussi les lĂ©gendes de ce pharaon, paraĂźt dater de la mĂȘme Ă©poque que celui de GirchĂ©. Quant aux deux spĂ©os d’Abou-Sembil, merveilles de la Nubie, ils sont incontestablement en entier du rĂšgne de RamsĂšs le Grand, et tĂ©moignent de l’imposante grandeur de l’architecture et de la sculpture Ă©gyptienne sous son rĂšgne, l’un des plus florissants de la XIX e dynastie. DĂšs l’époque de ce pharaon, l’architecture Ă©tait fixĂ©e. On ne voit, en effet, sous ses successeurs, rien qui marque un progrĂšs de l’art, Ă  l’ex- * Ornement que Belzoni a pris pour une espĂšce de sac Ă  tabac, ressemblant Ă  celui des montagnards Ă©cossais. Voy. tome I, page 114. Cette naĂŻve mĂ©prise ne mĂ©riterait pas d’ĂȘtre remarquĂ©e, si elle ne donnait une idĂ©e des connaissances et du gĂ©nie de l’auteur, qu’on cite trop souvent en fait d’archĂ©ologie et de sculpture Ă©gyptienne. ** On remarque que, sur le premier colosse gauche, les parties fragmentĂ©es ont Ă©tĂ© anciennement retenues par des agrafes de pierre taillĂ©es en queue d’aronde, comme celles qui servent Ă  lier les pierres des murs. — HÉMI-SPÉOS DE GIRCHÉ, EN NUBIE. — ception des charmants chapiteaux du petit hypĂštre de PhilĂŠ, Ă©levĂ© par Nectanebo. Examinez, l'un aprĂšs l’autre, tous ces RamesseĂŻon Ă©levĂ©s ou creusĂ©s par ordre du conquĂ©rant, vous y trouverez l’architecture Ă©gyptienne tout entiĂšre. Les RamesseĂŻon de ThĂšbes, les spĂ©os d’Abou-Sembil, les premiers d’un style Ă©lĂ©gant et pur, les seconds d’un style sĂ©vĂšre et grandiose, sont les chefs-d’Ɠuvre de l’architecture Ă©gyptienne, et si l’époque de RamsĂšs ne fut pas la plus pure pour l’architecture, cette mĂšre des arts, ce fut du moins la plus brillante , la plus fĂ©conde et la plus originale. Les formes des quatre spĂ©os qui se voient en Nubie rappellent les spĂ©os indiens qui ont, Ă  plusieurs Ă©gards, une certaine ressemblance avec ceux-ci. Burckhardt et plusieurs Ă©crivains anglais en ont conclu que ces monuments tiraient leur origine d’une mĂȘme source; ils ont voulu voir Ă  GirchĂ© un anneau de la chaĂźne immense qui liait la civilisation du Nil Ă  la civilisation de l’Indus et du Gange. Ils ont cru dĂ©couvrir que les traditions d’une autre civilisation avaient inspirĂ© les architectes Ă©gyptiens, et que RamsĂšs avait rapportĂ© le goĂ»t de ces monuments de son aventureuse expĂ©dition dans l’Inde. Mais cette analogie n’est fondĂ©e que sur des conjectures toutes spĂ©culatives, cette prĂ©tendue similitude n’est qu’apparente et n’existe rĂ©ellement pas. Ce sont, de part et d’autre, de vastes temples creusĂ©s dans le roc, des spĂ©os d’un travail prodigieux, d’une patience pour ainsi dire surhumaine, qui tĂ©moignent du respect de ces deux peuples pour leur religion, principe fondamental de leur organisation sociale; mais voilĂ  tous leurs rapports. Les spĂ©os de Salsette, d’ElĂ©phanta, d’Amboli, d’Adjunta, de Carli, et surtout les immenses et magnifiques spĂ©os d’Ellora qui les surpassent tous, ne prĂ©sentent aucune ressemblance dans leur plan et leur Ă©lĂ©vation avec les spĂ©os de Nubie. Ceux d’Ellora, monuments boudhistes et brahmistes , de style trĂšs-diffĂ©rent, n’offrent aucune similitude rĂ©elle mĂȘme en quelques points. Les spĂ©os boudhistes , imposantes reliques d’une religion Ă©teinte dans l’Inde, et relĂ©guĂ©e aujourd’hui Ă  Ceylan et Ă  Siam, ont presque tous des plafonds taillĂ©s en berceau ogival, forme qu’on ne rencontre jamais en Egypte les colonnes ont des piĂ©destaux qui ont mĂȘme hauteur que le fĂ»t ; toutes les figures sont reprĂ©sentĂ©es d’une façon bizarre, hideuse, satanique. Voy. le groupe des squelettes d’Ellora, etc. Les colonnes Ă©gyptiennes n’ont jamais de piĂ©destaux, les statues sont toujours d’uue pose tranquille et monumentale, d’une figure noble et gracieuse ; enfin les excavations Ă©gyptiennes sont plus profondes et plus richement ornĂ©es. Les prĂ©tendus rapports entre les mythologies des deux peuples ne sont pas plus complets. Il y a certaines analogies dans la cosmogonie, les arts, l’industrie des Indous et des Égyptiens, parce que, habitant des pays dont le climat est Ă  peu prĂšs semblable, ils se sont trouvĂ©s dans les mĂȘmes circonstances physiques et ont dĂ» procĂ©der d’une maniĂšre identique , mais il n’y en a pas assez pour Ă©tablir des rapports, et Ă  plus forte raison une origine commune. Enfin on peut aujourd’hui Ă©tablir l’àge relatif des monuments des deux peuples d’une maniĂšre incontestable. Les excavations d’Eliora, d’ElĂ©phanta, qu’on avait fait remonter aux Ă©poques les plus reculĂ©es de l’histoire, et qui sont indubitablement les monuments indous les plus anciens, ne sont guĂšre antĂ©rieurs au christianisme, et Manners prĂ©tend mĂȘme qu’ils ne datent que des premiers siĂšcles de l’ùre chrĂ©tienne. A dĂ©faut de date prĂ©cise, la forme la plus ancienne des caractĂšres indiens ou devanagaries ne remonte pas Ă  plus de cinq ou six cents ans avant J. C. ; ils peuvent ĂȘtre beaucoup plus rĂ©cents et descendre mĂȘme jusqu’à quatre cents ans aprĂšs l’ùre chrĂ©tienne, ce qui dĂ©montre assez la primogĂ©- niture et l’originalitĂ© des monuments Ă©gyptiens. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Burckhardt. — Travels in Nubia and in lhe interior ofnorlh- eastem Africa. Londres, 1819-1821. In-4°. Portrait et cartes. 2° Belzoni — Narrative of the operations and recent discoveries viithin tKe pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia. London, 1821. 2 vol. in-8°, et atlas in-folio de planches coloriĂ©es. 3° Gau. — AntiquitĂ©s de la Nubie, ou monuments inĂ©dits des bords du Nil, entre la premiĂšre et la deuxiĂšme cataracte. Paris, 1823. 1 vol. in-folio, 63 planches. 4 Rifaut-Voyage enTJgvpte, en Nubie et lieux circonvoisins, depuis 1805 jusqu’en 1827. 5 vol. in-8°, et atlas de 300 pl. 5” ch. Lenormant. — Esquisse de la Basse-Nubie. Revue française. Novembre 1829. 6° J. Rosellini. — l monumenli dell' Egillo et delta Nubia. Florence, 1833 et annĂ©es suivantes. Texte in-8°, et atlas grand in- folio. 7° Champollion le jeune. — Lettres Ă©crites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829. Paris, 1833. 1 vol. in- v, fig. 8° Wilkinson. — Topography of Thebes. London, 1835 1 vol. in-8% plan in-folio. 9° CadalvĂšne et de Breuvery. — L’Egypte et la Turquie de 1829 Ă  1836. Paris, 1836. 2 vol. in-8°, avec cartes et planches. — STYLE ÉGYPTIEN 10° S. Clieritbini..— La Nubie. Paris, 1840. 1 vol. in-8° avec planches. Collection de l’Univers pittoresque. Il» Lenormant. — MusĂ©e des antiquitĂ©sĂ©gyptionnes. Paris, vol. in-folio. 12“ O. Jones et J. Goury. — Views of the Nile frorn Cairo to the id cataract, drawn on stone, with historical notices of the monuments. London, vol. in-folio. 13“ Sir G. Wilkinson. — Modem Egypt and Thebes, being a description o/Egypt. London, 1843. 2 vol. in-8°, with woodcuts and a map. 14° Champollion le jeune. — Monuments de l’Égypte et de la Nubie, d’aprĂšs les dessins exĂ©cutĂ©s sur les lieux sous la direction de Champollion le jeune. Paris, 1845. 4 vol. in-folio de 400 pl. mm, ^ÂŁvgÂŁr- ĂżxĂ«i 5 lilS t^Ăźi,'i'?ffi ^‱vm WWM Ă©&sĂ &i ÆSm fepli STrtii'- J G> ?=ƓSÀ. Ci Ăąs=J= iUÜStSĂź- wĂąttn["&it'&Ăźl>8 9 À * Tito. ‱ ! ^WTy W .-.* ? ÂŁ ' ' itfW’ ' '. V '? - j; *'* 4 r. V v , ÎWi A» 'V..- 3 Ù RJJ' .‱>>/ > s&bKßïS-ÏS 4 ^ ‱ SS» ?ÂŁ&.r&* £»‹' ’;,' *f- !$&? rh,^ ^ ' ?- V, &». >’ A sĂŠĂŠ mm ?Æ ÂŁtĂšm. §*A*& v^y^- && ÂŁ*.& v* .ĂżTViĂżirt', ^ 5 * i*S* SfĂąfĂ«. fĂŻft- &ÂŁÂŁ ffiSS; fe^raSi?.? §!§ fsrjpgs TEMPLE DE KHONS, A KARIVAC Avant d’entreprendre la description de cet Ă©difice et des autres monuments qui attestent la magnificence de ThĂšbes et marquent comme des jalons son ancienne Ă©tendue, prenons une idĂ©e de cette grande ville, vaste mĂ©tropole du monde civilisĂ© de l’antiquitĂ©. ThĂšbes, dont le nom est dĂ©rivĂ© de l’ancien Ă©gyptien Tbaki, la citĂ©, la ville par excellence, ou de TopĂ©, TapĂ© , qu’on retrouve encore dans les lĂ©gendes hiĂ©roglyphiques pour dĂ©signer un trĂŽne, le lieu du trĂŽne, ThĂšbes, dis-je, fut, Ă  diverses Ă©poques, le siĂšge du gouvernement des Pharaons, qui se plurent Ă  l'embellir de toutes les merveilleuses crĂ©ations des arts contemporains. Sa splendeur ne cessa de s’accroĂźtre que lorsque Memphis devint la rĂ©sidence des rois d’Égypte, et surtout des PtolĂ©mĂ©es, qui en firent la capitale du pays. DĂ©pouillĂ©e tour Ă  tour pour orner Alexandrie et le Caire, Memphis ne prĂ©sente plus aucun vestige de ses richesses architecturales ; elle s’est ensevelie tout entiĂšre sous les dĂ©bris qui la recouvrent comme un funĂšbre linceul. Plus heureuse que sa rivale, ThĂšbes, au contraire, a conservĂ©, jusqu’à nos jours, une notable partie des temples et des palais auxquels elle dut jadis sa renommĂ©e. Diodore de Sicile, Ă©crivain grec du siĂšcle d’Auguste, donne les dĂ©tails suivants sur la mĂ©tropole de l’empire Ă©gyptien La grande Diospolis, que les Grecs ont nommĂ©e ThĂšbes, avait six lieues de circuit. Busiris, son fondateur, y Ă©leva des Ă©difices superbes, qu’il enrichit de magnifiques prĂ©sents. Le bruit de sa puissance et de ses richesses, cĂ©lĂ©brĂ©es par HomĂšre, a rempli l’univers. Les nombreux propylĂ©es de ses temples engagĂšrent ce poĂšte Ă  lui donner le nom d 'HĂšcatompyle, ou de ville aux cent portes. Jamais citĂ© ne reçut autant d’offrandes, en or, en argent, en ivoire, en statues colossales et en obĂ©lisques d’une seule pierre. On y admirait surtout quatre principaux temples. Le plus ancien Ă©tait d’une dimension et d’une somptuositĂ© surprenantes il avait une demi-lieue de tour ; des murailles de 24 pieds d’épaisseur tt de 70 d’élĂ©vation en formaient l’enceinte ; la richesse et le fini de ses ornements rĂ©pondaient Ă  sa majestĂ© ; plusieurs rois contribuĂšrent Ă  l'cm- Lellir. Celui-lĂ  subsiste encore ; mais l’or, l’argent, l’ivoire et les pierres prĂ©cieuses en furent arrachĂ©s lorsque Cambyse mit le feu aux temples de l’Égypte *. Les richesses de ce pays Ă©taient si grandes Ă  cette Ă©poque, qu’aprĂšs le pillage et l’incendie, on retira des dĂ©combres plus de 300 talents d’or et 2,300 talents d’argent **. ThĂšbes, suivant Strabon, s’étendait sur un espace de 80 stades olympiques de longueur, ce qui peut s’accorder avec la circonfĂ©rence de 400 ou 420 stades Ă©gyptiens que d’autres Ă©crivains donnent Ă  cette ville. Quant Ă  sa population, on dit que, dans sa plus haute prospĂ©ritĂ©, elle pouvait faire sortir deux cents chariots armĂ©s en guerre et dix mille combattants par chacune de ses cent portes. Cette assertion et l’expression Ăč'hĂ©- catompyle employĂ©e par HomĂšre sont de ces hyperboles dont l’antiquitĂ© abonde ; il aurait fallu au moins cinq ou six millions d’habitants dans cette ville pour fournir ce nombre de soldats. Le passage citĂ© par Étienne de Byzance et par les scoliastes d’HomĂšre ne s’applique pas Ă  la seule ville de ThĂšbes, mais probablement Ă  l’Égypte entiĂšre. La critique moderne est maintenant d’accord qu’en gĂ©nĂ©ral il faut se tenir en garde contre les exagĂ©rations de quelques historiens qui donnent Ă  ThĂšbes des dimensions immenses et une population extraordinaire. Quoi qu’il en soit, cette vaste citĂ© a dĂ» contenir au moins deux ou trois cent mille habitants, nombre immense dans l’antiquitĂ© ; aussi la Bible la dĂ©signe souvent sous le nom de la populeuse No. ThĂšbes, dont la fondation est aussi ancienne que la nation mĂŽme, fut saccagĂ©e Ă  diverses reprises ; d’abord par les Hyksos, puis par les Carthaginois ***, par les Perses, par les Romains, enfin par les Égyptiens mĂŽmes. AprĂšs le dĂ©part de Cambyse et de ses successeurs, dont le joug pesa cent treize ans sur la malheureuse vallĂ©e du Nil, ThĂšbes conserva encore assez de richesses pour que, suivant Pausanias, PtolĂ©mĂ©e PhilomĂ©tor s occupĂąt de l’en dĂ©pouiller, afin de la punir d’avoir suivi un parti contraire au sien dans les dĂ©mĂȘlĂ©s qu’il avait eus avec * A en juger par la description que ClĂ©ment d’Alexandrie fait des temples Ă©gyptiens de son temps, ils possĂ©daient encore ces trĂ©sors de pierreries, d’or et d’argent PĂŠdag ., cap. II, pag. 216. ** Diodore ajoute que les Perses transportĂšrent tous ces trĂ©sors en Asie, et, emmenant avec eux des ouvriers Ă©gyptiens, firent bĂątir les fameux palais de PersĂ©polis, de Suse et de quelques autres villes de la MĂ©die. Ce passage prouve assez le goĂ»t de Cambyse pour les arts. On sait qu’il emporta en Perse des sculptures que recommandaient la matiĂšre et le travail. Le grand nombre d’artistes Ă©gyptiens qu’il emmena pour bĂątir le palais de PersĂ©polis, oĂč les voyageurs voy. Corneille Le Bruyn, Chardin, etc. ont reconnu avec certitude l'empreinte d’une origine Ă©gyptienne, l’emploi manifeste qu il fit de ces fruits de la conquĂȘte, tout se rĂ©unit pour disculper Cambyse des barbares dĂ©vastations que les prĂȘtres Ă©gyptiens lui ont attribuĂ©es. *** Voy. Ammien Marcellin, XVIII, 4 . — STYLE ÉGYPTIEN. — sa mĂšre. Il assiĂ©gea ThĂšbes pendant trois ans *, s’en rendit maĂźtre, et la chĂątia si rudement de sa rĂ©bellion, que la plus grande et la plus riche citĂ© de l’Égypte ne put jamais se relever de ses dĂ©sastres, malgrĂ© les travaux de quelques-uns de ses successeurs. ThĂšbes fut pillĂ©e aussi par les Romains ces ravisseurs des biens les nations, » suivant la belle expression de Racine, n’épargnĂšrent pas l’Égypte, bien qu’elle fĂ»t le grenier de Rome. Sous le rĂšgne d’Auguste, Gallus sĂ©vit contre la capitale pour cause de rĂ©bellion. AprĂšs toutes ces disgrĂąces vint un violent tremblement de terre, qui, suivant EusĂšbe, eut lieu l’an 16 du rĂšgne d’Auguste, et dĂ©truisit une partie de ThĂšbes. Le christianisme surgit, et, Ă  son tour, renversa les statues, mutila les bas-reliefs, transforma les portiques en Ă©glises, et, pour introniser le culte de la divine trinitĂ© chrĂ©tienne, dĂ©trĂŽna la grande triade thĂ©baine et les neuf autres divinitĂ©s adorĂ©es dans la ville capitale des Pharaons. Les temples et les palais de ThĂšbes, dissĂ©minĂ©s sur l’une et l’autre rive du Nil, occupent une Ă©tendue assez considĂ©rable pour convaincre le voyageur que la renommĂ©e n’avait pas exagĂ©rĂ© la vastitĂ© et la magnificence de cette grandiose capitale. Le fleuve partageait la ville en deux grandes divisions, l’oph orientale et .l’oph occidentale ; mais c’était sur la rive droite que se trouvait la ville proprement dite du temps de Strabon, elle occupait, sur cette rive, toute l’étendue circonscrite par les Ă©difices qu’on y voit encore aujourd’hui. Les habitations particuliĂšres, bĂąties en briques crues, ont disparu, et n’ont laissĂ© que des monticules de dĂ©combres dans l’espace compris entre les ruines. Les temples et les palais construits en pierre subsistent seuls au milieu des maisons deLouqsor et de Karnac, villages arabes qui ont succĂ©dĂ© Ă  cette antique capitale des Pharaons, et tirent des deux grands Ă©difices qu’ils renferment le nom de Aqsordin , les deux chĂąteaux. Il est souvent question, dans les papyrus grecs de ThĂšbes, de la portion Iibyque appelĂ©e par les Grecs Memnonia, nom qui semble avoir Ă©tĂ© employĂ©, en opposition avec celui de Diospolis, pour dĂ©signer spĂ©cialement la partie de ThĂšbes situĂ©e sur l’autre rive. C’était le quartier oĂč se trouvaient les sĂ©pultures, oĂč habitaient les embaumeurs, les artisans de divers genres, et les prĂȘtres qui officiaient dans les cĂ©rĂ©monies funĂšbres. A l'Ă©poque de la XVIII e dynastie, toute cette partie se couvrit de temples imposants, de luxueux palais, d’un vaste hippodrome, et probablement d’autres monuments qui ont disparu maintenant. Une chose digne de remarque, c’est que, dans tout ce quartier, on ne trouve point d’obĂ©lisques dĂ©peuplĂ©, dĂ©laissĂ© avant l’autre partie de la capitale, les Romains l’en ont probablement dĂ©pouillĂ© de prĂ©fĂ©rence pour orner la mĂšre du monde, qui Ă©talait avec une orgueilleuse pompe toutes ces dĂ©pouilles opimes. Sur un bas-relief du palais de Karnac, qui semble reprĂ©senter ces deux quartiers de ThĂšbes, on a figurĂ© un pont jetĂ© sur le Nil il ne reste aucune trace de cette construction, et je doute qu’elle ait jamais existĂ© d’une façon permanente. Les Égyptiens n’entreprenaient pas de semblables travaux, et le quai mĂȘme qui borde le palais de Louqsor est de l’époque romaine. Les villes et surtout les capitales ne parviennent Ă  leur apogĂ©e de dĂ©veloppement que par l’effort indispensable du temps ; c’est lui qui en trace le plan et qui en est l’architecte. Dans l’antiquitĂ©, comme de nos jours, les villes ne prĂ©sentaient que l’accumulation successive et assez confuse des ouvrages de plusieurs siĂšcles que les besoins faisaient Ă©riger successivement les uns Ă  cĂŽtĂ© des autres sans beaucoup de symĂ©trie. Rien que ThĂšbes ait vĂ©cu plus que toutes nos villes d’Europe, elle ne prĂ©sente pas de disparate dans ses monuments ; les Ă©difices les plus anciens et les plus rĂ©cents sont du mĂȘme style, et il n’y a dans l’ensemble aucune dĂ©sharmonie choquante. Cependant tous les monuments Ă©gyptiens n’ont pu ĂȘtre achevĂ©s qu’aprĂšs de longues annĂ©es ; un roi Ă©levait un sanctuaire ou une chapelle ; on y ajoutait un naos, puis un pronaos, des chambres latĂ©rales pour les besoins du culte, un propylon, des colonnades, des pylĂŽnes, des dromos, Ă  mesure qu’un collĂšge obtenait des dons delĂ  munificence et de la piĂ©tĂ© des souverains. Mais ces divers travaux, accomplis sous la direction de la caste sacerdotale, ont conservĂ© un caractĂšre d’unitĂ© et d’uniformitĂ© archaĂŻque qui est inhĂ©rent aux Ɠuvres de toute thĂ©ocratie. Quand le culte dont elle Ă©tait l’organe pĂ©rit, celui qui lui succĂ©da s’empara des autels ; transforma, tant bien que mal, les temples pour son usage ; mais ne fut jamais assez puissant, assez vivace, pour asseoir sur ce sol des monuments qui soient parvenus jusqu a nous. La montagne Iibyque, qui borne Ă  l'occident letendue de ThĂšbes, est criblĂ©e de tombeaux. Au nord-ouest deux vallĂ©es ont Ă©tĂ© spĂ©cialement consacrĂ©es Ă  la sĂ©pulture des rois et des reines de race Ă©gyptienne. L’architecture, tant des hypogĂ©es royaux que particuliers, est extrĂȘmement simple mais toutes les parois sont cou- » c’est peut-ĂȘtre au souvenir de cette longue rĂ©sistance que cette partie de ThĂšbes doit son nom de Karnac, oXJ J, qui, en arabe, signifie embuscade, forteresse. — TEMPLE DE KHONS, A THÈBES. — vertes de bas-reliefs ou de peintures qui reprĂ©sentent des scĂšnes religieuses ou domestiques, et donnent beaucoup d’intĂ©rĂȘt aux monuments souterrains de la ThĂ©baĂŻde. En sortant de Louqsor pour se diriger vers Ivarnac, la ville des monuments, comme l’appelle avec justesse Champollion, on cherche vainement, au milieu des champs incultes qui sĂ©parent ces deux villages, les dĂ©bris de cette immense allĂ©e de plus de mille sphinx qui unissait jadis ces deux quartiers de ThĂšbes. Dans tout cet espace, on ne rencontre que des dĂ©bris informes et quelques pierres couvertes des signes et des symboles de la religion Ă©gyptienne. Mais, arrivĂ© prĂšs du village de Karnac, aprĂšs avoir traversĂ© quelques touffes de dattiers, on se trouve tout Ă  coup dans une grande avenue de bĂ©liers en grĂšs, dont l’ensemble est conservĂ©, mais dont les dĂ©tails ont gĂ©nĂ©ralement beaucoup souffert. Accroupis les jambes repliĂ©es sous le corps, ces bĂ©liers, dont le sculpteur a lĂ©gĂšrement figurĂ© la laine, sont exĂ©cutĂ©s avec toute la rondeur et le coulant de forme de ces animaux voyez notre planche de Sphinx . Au-dessous de leurs tĂštes mutilĂ©es, ou voit encore, appuyĂ©es contre leurs poitrails, des statuettes de ronde bosse, le corps en gaine, et tenant entre leurs mains croisĂ©es sur la poitrine le tau sacrĂ© *. Ces petites figurines barbues portent dans leurs lĂ©gendes les cartouches d’un pharaon de la XVIII e dynastie, AmounĂŽph III, qui, sans doute, les fit tailler. Cette avenue de bĂ©liers, images vivantes du dieu Arnmon, seigneur de ThĂšbes, s’étend jusqu’au propylon ** du grand temple du Sud. Au milieu de ces deux rangĂ©es d’animaux symboliques, on s’avance vers cette porte si remarquable par l’élĂ©gance de ses proportions, la richesse et la variĂ©tĂ© de ses sculptures, et que tous les voyageurs ont appelĂ©e triomphale. Jamais conquĂ©rant, jamais triomphateur, en effet, ne passa sous une porte plus Ă©levĂ©e, plus colossale, ni d’une majestĂ© plus imposante ; jamais les Romains n’en Ă©levĂšrent d'aussi belle ***. Sur la portion de sa hardie et Ă©lĂ©gante corniche, Ă©pargnĂ©e par le temps, se trouve un globe couleur de feu que soutiennent deux longues ailes azurĂ©es. Ce propylon est tout couvert de bas-reliefs qui reprĂ©sentent PtolĂ©mĂ©e ÉvergĂšte et sa sƓur BĂ©rĂ©nice faisant des offrandes Ă  la grande triade de ThĂšbes, Ă  plusieurs autres divinitĂ©s et Ă  leurs prĂ©dĂ©cesseurs, PtolĂ©mĂ©e Philadelphe et ArsiuoĂ© divinisĂ©s. A droite, dans le premier montant de la base divisĂ©e en trois parties par une retraite pour recevoir les battants de la porte, on remarque PtolĂ©mĂ©e EvergĂšte sacrifiant un prisonnier asiatique Ă  Osiriset Isis ; et Ă  gauche, sur le dernier montant, EvergĂšte, faisant une offrande Ă  PhrĂš, est reprĂ©sentĂ© vĂȘtu d’un lourd costume grec, particularitĂ© que l’on rencontre dans quelques autres Ă©difices des Lagides. Aujourd’hui, ce propylon est isolĂ©, les murs qui l’enclavaient ont disparu ; mais cet isolement ajoute Ă  l’effet de ce dernier vestige ce qu’il ĂŽte Ă  la vĂ©ritĂ© de l’ensemble. Le haut mur d’enceinte, qui renfermait tous les Ă©difices de Karnac et leurs temenos **** particuliers, devait venir s’arrĂȘter Ă  cette porte, dont la profondeur est Ă©gale Ă  la largeur du mur. La disparition de ces immenses murailles de briques crues rend ces ruines beaucoup plus imposantes que ne l’étaient ces Ă©difices au temps de leur intĂ©gritĂ©; alors toute la majestĂ© du temple Ă©tait Ă  l’intĂ©rieur, oĂč peu de gens entraient, et seulement, peut-ĂȘtre, les jours de solennitĂ© religieuse. Les Grecs plaçaient leurs Ă©difices sur des promontoires, sur des piĂ©destaux naturels qui les faisaient apercevoir de loin et donnaient quelque chose de grandiose Ă  leur Ă©lĂ©gante architecture les prĂȘtres Ă©gyptiens, au contraire, les bĂątissaient dans la plaine, les ensevelissaient au milieu d’une clĂŽture mystĂ©rieuse qui masquait l’aspect noble et somptueux de leur architecture. A quelques pas de ce magnifique propylon, auquel il se rattache par une avenue de bĂ©liers d’une largeur double de la prĂ©cĂ©dente, s’élĂšve le temple de Khons le grand temple du Sud, dont les pylĂŽnes *****, couverts de H La croix ansĂ©e, symbole de la vie divine. ** Propylon, npĂŽ7tvXov, est le mot employĂ© dans les inscriptions grĂ©co-Ă©gyptiennes pour dĂ©signer la porte antĂ©rieure, les grandes portes qui prĂ©cĂšdent l’entrĂ©e proprement dite de l’édifice. Strabon emploie Ă©videmment ce mot en ce sens, dans sa description des temples Ă©gyptiens. Les Grecs appelaient nprmi'ima les constructions avancĂ©es qui prĂ©cĂ©daient les temples et les palais. Elles se composaient en Égypte de pylĂŽnes et de cours Ă  portiques intĂ©rieurs qui prĂ©cĂ©daient le temple proprement dit, qui est toujours trĂšs-distinct de ses accessoires. Le temple se composait d’un portique, itpovaoç, d’un vew; et d’un sanctuaire, orixo;. Ce dernier mot signifie Ă©table ou bercail, et fut adoptĂ©, sans doute, parce que les Égyptiens plaçaient dans leurs sanctuaires un animal vivant ou son simulacre. *** Ce superbe propylon a plus de 21 m de hauteur totale, sur I2 m 50 de largeur; la hauteur de la porte sous la plate-bande est de 15 m , sa largeur de 5ℱ 50. L’arc de triomphe d’Orange, un des plus colossaux que les Romains aient Ă©levĂ©s, a 22 mĂštres de haut Il est plus riche, mais d’un aspect bien moins imposant que le propylon de Karnac. *** Enceinte sacrĂ©e qui renfermait toutes les dĂ©pendances du temple ; elle Ă©tait toujours plantĂ©e d’arbres. {***** Du mot grec m>xd>v, grande porte, qu’a employĂ© Diodore de Sicile dans la description du palais d’Osymandias. Les archĂ©ologues ont adoptĂ© ce mot et l’ont appliquĂ© Ă  deux tours pyramidales qui flanquent la porte d’entrĂ©e des grands Ă©difices Ă©gyptiens. Ces pylĂŽnes Ă©taient terminĂ©s en terrasse on y montait par des escaliers intĂ©rieurs qui communiquaient aussi, dans les temples de 1 Ă©poque ptolĂ©maĂŻque, Ă  plusieurs petites chambres mĂ©nagĂ©es dans les deux tours. — STYLE ÉGYPTIEN. — sculptures, portent quatre enclaves prismatiques sur lesquelles on a fait jadis tant de suppositions. Les Égyptiens eux-mĂȘmes nous ont donnĂ© une explication de ces longues rainures si bizarres en apparence, et nous trouvons dans ce temple mĂȘme la solution de ce problĂšme si intĂ©ressant, et rĂ©cemment encore si difficile Ă  rĂ©soudre. Sur la paroi droite de l’arĂ©a, un bas-relief sculptĂ© et peint reprĂ©sente l'entrĂ©e d’un Ă©difice dont les deux pylĂŽnes sont ornĂ©s de grands mĂąts semblables Ă  des pins dĂ©pouillĂ©s de leurs branches, et surmontĂ©s d’une longue pique et de banderoles tricolores, bleues, rouges et vertes *. Les ouvertures carrĂ©es, qu’on voit sur les pylĂŽnes au-dessus des rainures, Ă©taient remplies par des piĂšces de bois ** mobiles dans leur partie supĂ©rieure, de maniĂšre Ă  lĂącher ou retenir les mĂąts, qui, Ă  en juger par les hiĂ©roglyphes qui dĂ©corent les rainures, n’étaient dressĂ©s qu’à certains jours de fĂȘte. Il est probable que ces ouvertures carrĂ©es, taillĂ©es Ă  travers des bas-reliefs qu’elles interrompaient, Ă©taient garnies de portes dĂ©corĂ©es et sculptĂ©es de maniĂšre Ă  faire suite aux parties voisines. Le fond des enclaves est vertical, et leur face prolongĂ©e passe prĂ©cisĂ©ment prĂšs du listel de la corniche oĂč les mĂąts venaient s’appliquer. Lorsqu’on restitue Ă  ces pylĂŽnes leurs flĂšches colossales ornĂ©es de banderoles vertes, rouges et bleues, on admire l’effet grandiose de ces simples portails, composĂ©s avec si peu de lignes. Les Égyptiens variaient le nombre de ces mĂąts en raison de l’importance des Ă©difices les uns, et probablement les moins importants, en Ă©taient privĂ©s, tandis que les autres en avaient deux, comme Ă  PhilĂŠ, quatre, comme Ă  Edfou, huit, comme au grand palais de Karnac, et c’est sans doute ce dernier, le seul dont la façade ait jamais Ă©tĂ© surmontĂ©e d’autant de frĂȘles aiguilles, qu’on a voulu figurer dans ce bas-relief. On suppose que les pennons bleus , rouges et verts, qui pavoisaient ces mĂąts, reprĂ©sentaient les trois divisions principales du pays, la haute, la moyenne et la basse Égypte ; cependant les hiĂ©roglyphes ne parlent jamais que de deux portions du territoire, la supĂ©rieure et l’infĂ©rieure. Le temple de Khons, appelĂ© le grand temple du Sud par les savants de la commission d’Égypte, est un des Ă©difices dont le plan prĂ©sente le plus d’unitĂ©. 11 fut, en effet, Ă©levĂ© d’un seul jet par ordre de EhamsĂšs III, ou MeĂŻamoĂ»n ***, pharaon de la XIX e dynastie, avec des matĂ©riaux plus anciens qui paraissent provenir d’un temple primitif dont celui-ci ne serait qu’une réédification. Toutes ces vieilles pierres, qu’on a trouvĂ© plus commode et plus expĂ©ditif d’employer telles quelles, sont encore couvertes, pour la plupart, de fragments de sculptures religieuses, civiles et militaires, qui portent les lĂ©gendes d’AmounĂŽph III et d’Horus, et sont en tout dignes de cette belle Ă©poque. Il n’était pas indiffĂ©rent pour l’histoire de l’art Ă©gyptien de s’assurer que ce temple fĂ»t bĂąti d’un seul jet, et que les mutles de lions qui le dĂ©corent Ă  l’extĂ©rieur datent de llhamsĂšs III, qui paraĂźt avoir introduit cet ornement, dont on ne trouve jamais la trace sur les corniches des Ă©difices antĂ©rieurs Ă  son rĂšgne. La partie la plus reculĂ©e de ce temple Ă©tait encore, il y a quelques annĂ©es, entiĂšrement obstruĂ©e par les dĂ©combres que les gĂ©nĂ©rations successives avaient amoncelĂ©s Ă  l’intĂ©rieur de l’édifice. Le plan donnĂ© dans le grand ouvrage de l’expĂ©dition française **** et celui de Wilkinson ***** n’indiquent autour du naos qu’une vaste circonvallation ; mais la situation des travĂ©es de pierre qui forment la terrasse rend inadmissible l’existence de cette circonvallation; d’ailleurs une pareille disposition n’aurait pu se concilier avec les besoins du culte. En effet, quelques dĂ©blayements m’ont donnĂ© entrĂ©e dans douze chambres omises sur tous les plans publiĂ©s jusqu’à ce jour, m’ont fait dĂ©couvrir des conduits secrets pratiquĂ©s derriĂšre le naos, et m’ont fourni des reprĂ©sentations religieuses fort intĂ©ressantes. Cela posĂ©, revenons Ă  l’entrĂ©e du temple. DerriĂšre les deux mĂŽles s’ouvre un portique Ă  jour dont les vingt- huit colonnes, portant un bouton de lotus tronquĂ©, sont rĂ©parties de chaque cĂŽtĂ© par l’entre-colonnement du milieu. Cet entre-colonnement a une largeur qui est double des autres, convenance que les architectes Ă©gyptiens O La grande Ă©lĂ©vation de ces arbres a donnĂ© lien de croire qu’ils Ă©taient formĂ©s de plusieurs piĂšces superposĂ©es ; les espĂšces de nƓuds qui les hĂ©rissent ont Ă©tĂ© pris par quelques voyageurs pour les saillies des cordes qui s’enroulent du pied jusqu’au sommet; mais un examen attentif fait dĂ©couvrir encore dans leur partie supĂ©rieure la trace de quelques hiĂ©roglyphes peints sur les mĂąts, ce. qui rend inadmissible cette supposition. ** Dans le bas-relief qui nous occupe, ces charniĂšres sont peintes en vert, et cependant, vu leurs Ă©normes dimensions, on ne peut les supposer de bronze. *** Rhamses-MeĂŻamoĂ»n est le RhamsĂšs IVde Champollion. J’adopte ici un numĂ©ro d’ordre diffĂ©rent, parce qu’il me paraĂźt impossible de soutenir dĂ©sormais la distinction Ă©tablie par Champollion et Roseliini, qui rĂ©partissent sur deux personnages les diverses variantes des cartouches de RhamsĂšs II. L’identitĂ© de ces diffĂ©rents noms me semble incontestable, aprĂšs toutes les preuves rapportĂ©es par Wilkinson, O. FĂ©lix , Ch. Lenormant et autres. **** Description de l’Égypte. AntiquitĂ©s , Tome II, pl. 54. *'**** Topocjraphical survey of Thebes. London, 1835. In-folio, planches. — TEMPLE DE KHONS, A THÈBES. — ont observĂ©e dans tous leurs Ă©difices *. Quoique les dĂ©combres qui obstruent ce portique alourdissent les colonnes et leur ĂŽtent toute leur Ă©lĂ©gance, la vue perspective que nous donnons de cet aria prĂ©sente un caractĂšre imposant, dont l’austĂ©ritĂ© est augmentĂ©e par l’exhaussement du sol et le ton sombre de la pierre. Les colonnes ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©es Ă  la hĂąte avec de vieux matĂ©riaux qu’on s’est dispensĂ© de façonner de nouveau, afin de s’épargner une dĂ©pense inutile de temps et de peine ; on s’est contentĂ© de les plĂątrer d’un enduit, pour cacher les nombreuses imperfections de l’appareil. Toute cette partie de l’édifice a Ă©tĂ© construite avec peu de soin, comme si AmoĂ»n-sĂ©-PĂ©hor, ce prĂštre-roi dont on voit partout les lĂ©gendes, eĂ»t Ă©tĂ© pressĂ© de faire quelque chose qui tĂ©moignĂąt de sa domination. Au fond de ce premier portique, une large porte en laisse voir un second encore plus encombrĂ© et ornĂ© de huit colonnes sculptĂ©es sous IihamsĂšs VIII. Plus Ă©levĂ©es que les autres, les quatre qui forment l’avenue mĂ©diane portent des chapiteaux formĂ©s de campanes Ă©crasĂ©es et trĂšs-saillantes sur le fĂ»t. Les quatre autres colonnes, plus petites que celles du premier portique, mais semblables du reste, portent une architrave ornĂ©e d’une corniche qui supporte des claires-voies en pierre, par oĂč jadis l’air et la lumiĂšre pĂ©nĂ©traient dans ce sombre pronaos, dont les traves de pierre sont maintenant Ă  demi renversĂ©es et laissent de toutes parts arriver le jour. La grande porte du fond, qui portait sur sa corniche un globe de mĂ©tal dorĂ©, Ă  en juger par les trous de crampons, fut rĂ©parĂ©e par PtolĂ©mĂ©e EvergĂšte II et ClĂ©opĂątre, qui, sur le bas-relief de la soffite, marchent tous deux Ă  la suite d’une longue sĂ©rie de dieux et de dĂ©esses adorant le disque et le croissant, symboles du dieu Khons, auquel ce temple Ă©tait principalement consacrĂ©. Ce PtolĂ©mĂ©e restaura aussi la porte qui, derriĂšre le sanctuaire, conduisait Ă  une petite salle ornĂ©e de quatre colonnos, et qui, depuis l’expĂ©dition française, s’est affaissĂ©e sous le poids des Ă©normes traves qu’elle portait. On lit encore sur les parties visibles des murs le cartouche de RhamsĂšs IV et ceux de CĂ©sar-Auguste, qui y fit quelques lĂ©gĂšres rĂ©parations. Dans le mur du fond de cette salle s’ouvraient trois portes qui conduisaient chacune Ă  une petite piĂšce maintenant Ă  demi comblĂ©e. Celle de droite paraĂźt ĂȘtre dĂ©diĂ©e Ă  Ammon , celle de gauche Ă  Mauth, et celle du milieu Ă  lvhons, leur fils et la divinitĂ© principale du temple. Le mur qui sĂ©pare cette salle de la circonvallation du sanctuaire recĂšle un conduit mĂ©nagĂ© dans l’épaisseur du mur; c’est le plus ancien que j’aie remarquĂ©, et rien ne peut laisser croire qu’il date de PtolĂ©mĂ©e ÉvergĂšte II, qui fit rĂ©parer la porte voisine. Serait-ce que dĂ©jĂ , sous RhamsĂšs-MĂ©iamoĂ»n, le culte avait besoin d’impostures ? Si je n’ai rien dit du sanctuaire, c’est qu’il n’en reste que les arases des murs et les fragments d’un piĂ©destal de granit, oĂč l’on posait sans doute la Bari ** contenant l’image sacrĂ©e de Khons, qui, cachĂ©e Ă  tous les regards par de longues tentures, ne sortait de ce sanclum sanclorum qu’au jour des grandes solennitĂ©s religieuses. Ce sanctuaire Ă©tait isolĂ© au milieu de cette longue salle qui suit le naos , dont les autres portes communiquaient Ă  de petites chambres qui entouraient la circonvallation du sanctuaire et Ă  un escalier qui montait sur la terrasse. Comme tous les monuments Ă©gyptiens, le temple de Khons Ă©tait coloriĂ© ; mais les couleurs, si Ă©clatantes encore dans quelques Ă©difices de ThĂšbes, n’ont laissĂ©, dans celui qui nous occupe, que de faibles traces ; le * Les colonnes de ce portique, comme toutes les colonnes Ă©gyptiennes, se composent de quatre parties le dĂ©, le chapiteau, le fĂ»t et la base. Le dĂ© ou abaque est toujours carrĂ© et de la largeur mĂȘme de l’architrave qu’il supporte. Ce dĂ© est d’un excellent effet il dĂ©gage le chapiteau, et l’empĂȘche de paraĂźtre Ă©crasĂ© par l’architiave, qui offre toujours sans cela une apparence de pesanteur. Le chapiteau, qui affecte diffĂ©rentes formes, joint toujours Ă  la puretĂ© des contours une richesse d’un choix d’ornements remarquables. Les architectes Ă©gyptiens prirent le lotus, le papyrus et le dattier pour modĂšles de la forme et des ornements de leurs colonnes. A l’époque pharaonique, le bouton ou le calice de la leur de lotus, placĂ© au-dessus du faisceau de sa tige, Ă©tait la forme gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e pour les colonnes. A l’époque ptolĂ©maĂŻque et romaine, le palmier avec sa campane naturelle, formĂ©e de feuilles et de fruits, la campane ornĂ©e de joncs, de pampres de vigne ou de volutes, de caulicoles et de gouttes, furent les chapiteaux les plus en vogue. Le fĂ»t des colonnes diminue tantĂŽt de la base au chapiteau d’une maniĂšre uniforme; tantĂŽt il est renflĂ©, et la partie infĂ©rieure est un peu rentrĂ©e comme la tige de lotus qui a servi de modĂšle. Les architectes ont encore imitĂ© la maniĂšre de croĂźtre de cette, plante, en ornant cette partie du fĂ»t de plusieurs chevrons qui s’appliquent les uns sur les autres, et reprĂ©sentent les Ă©cailles ou feuilles avortĂ©es qui garnissent Ă  leurs insertions radicales les tiges de lotus et de papyrus. — Les colonnes sont toujours sculptĂ©es en relief dans le creux, de façon Ă  leur conserver toute la puretĂ© de leur forme, ce qui n’arriverait pas si la sculpture Ă©tait en bas-relief ordinaire. La base est toujours cylindrique et gĂ©nĂ©ralement un peu courbĂ©e, comme si elle Ă©tait coupĂ©e dans une sphĂšre par deux plans parallĂšles. * Bari, espĂšce d’arche ou de barque sacrĂ©e ornĂ©e de tĂȘtes symboliques et d’un petit Ă©dicule renfermant l’image d’un dieu ou une dĂ©esse. Cette arche affectait diffĂ©rentes formes suivant la divinitĂ© Ă  laquelle elle Ă©tait consacrĂ©e. — STYLE ÉGYPTIEN. — peu qui en reste suffit pour juger de la richesse, de l’effet suave et harmonieux que la peinture ajoute Ă  l’architecture sans lui ĂŽter l’ensemble et l’unitĂ© qui en forme le caractĂšre. A en juger par les nombreuses inscriptions, les unes hiĂ©roglyphiques, les autres hiĂ©ratiques ou dĂ©motiques, qui couvrent la terrasse, et au-dessous desquelles les pĂšlerins et les voyageurs ont gravĂ© l’empreinte de leurs pieds ou de leurs sandales, ce temple Ă©tait jadis en grande vĂ©nĂ©ration. Il Ă©tait consacrĂ© Ă  Khons, le fils de la triade thĂ©baine, qui est souvent reprĂ©sentĂ© tenant les attributs des trois pouvoirs, incitateur, modĂ©rateur et stabiliteur. Il fut fondĂ© par RhamsĂšs III ou MĂ©iamoĂ»n, dont on lit les cartouches dans quelques petites salles du fond et du cĂŽtĂ© droit de l’enceinte du sanctuaire, puis continuĂ© par son fils RhamsĂšs IY, qui complĂ©ta le sanctuaire, l’enceinte qui l’isole et la salle Ă©croulĂ©e ; RhamsĂšs Y1II dĂ©cora les murs et les colonnes du pronaos ou deuxiĂšme portique; enfin, un autre pharaon, AmoĂčn-sĂ©-PĂ©hor *, y ajouta le portique et les pylĂŽnes. Ces derniers sont couverts de sculptures exĂ©cutĂ©es par ordre d’un autre grand prĂȘtre d’Ammon, Pischam ou PihmĂ© **. Diverses rĂ©parations ont Ă©tĂ© faites Ă  cet Ă©difice ; les plus anciennes datent d’Aomahorte AmyrtƓus , qui rĂ©para la porte de communication avec l’arĂ©a ou pronaos ; les plus rĂ©centes sont de NectanĂšhe, de PtolĂ©mĂ©e et de CĂ©sar-Auguste ; la dĂ©coration extĂ©rieure ne fut jamais terminĂ©e. Tous les murs extĂ©rieurs sont couverts de bas- reliefs prĂ©cieux pour l’intelligence du mythe. Malheureusement, les plus intĂ©ressants sont tellement effacĂ©s et fuligineux qu’il serait impossible d’en obtenir une copie exacte, sans ĂȘtre aidĂ© de la connaissance du langage et du gĂ©nie intuitif d’un Champollion. * A en juger par son prĂ©nom , sa tĂȘte rase et les insignes de prĂȘtre qui le distinguent dans les bas-reliefs et les inscriptions de ce pĂ©ristyle, ce personnage, que Wilkinson croit ĂȘtre Bakhor, le Bocchoris des Grecs, paraĂźt avoir d’abord rempli les premiĂšres fonctions sacerdotales de l’État, puis, Ă  dĂ©faut d’hĂ©ritier de RhamsĂšs VIII, il lui succĂ©da sur le trĂŽne. ** Cet autre prĂȘtre d’Ammon, qui paraĂźt avoir succĂ©dĂ© Ă  AmoĂ»n-sĂ©-PĂ©hor et avoir occupĂ© le trĂŽne Ă  l’époque oĂč l’extinction de la dynastie thĂ©baine laissa tomber le pouvoir royal dans les mains des prĂȘtres, n’osa pas prendre dĂšs le commencement de son rĂšgne le cartouche et les insignes des pharaons. Sa lĂ©gende, qui se traduit Le grand prĂȘtre d’Ammon-ra , roi , des dieux , Pischam ou PihmĂ©, fils de Pionkh, » est Ă©crite comme les noms des simples particuliers, exceptĂ© dans les parties les plus Ă©levĂ©es oĂč il entoure sa lĂ©gende du globe et de deux urĂŠus coiffĂ©s des symboles de la haute et de la basse Égypte; enfin sur la partie occidentale du temple qu’il avait commencĂ© Ă  dĂ©corer d’une large frise ou bandeau, il prit les insignes royaux complets, et renferma dans le premier cartouche un prĂ©nom trĂšs-significatif — Soleil dominateur du monde, approuvĂ© d’Ammon. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Denon. voyage dans la haute et basse Égypte. Paris, 1802 , infol., planches. 2“ Description de l’Égypte, publiĂ©e par ordre du gouvernement. Paris, 1809-1810. Texte in-4", atlas in-folio.' 3° Wilkinson. Topographical survey'af Thebes. London, 1833. 4 feuilles in-folio. 4° Wilkinson. Topography of Thebes and .general view of Egypt. 1835. 1 vol. in-8°, pl. 5° N. L’HĂŽte. Lettres Ă©crites d’Égypte en 1838 et 1839. Paris, 1840. 1 vol. in-8° avec vignettes. 6° Sir Gardner Wilkinson. Modem Egypt and Thebes, being a description of Egypt, etc. London, 1843. 2 vol. in-8”, with woodcuts and a map. 7° J. Henri. L’Égypte pharaonique, ou histoire des institutions qui rĂ©girent les Égyptiens sous leurs rois nationaux. Paris, Didot, 1846. 2 vol. in-8° avec planches. 8° Prisse d’Avennes. Monuments Ă©gyptiens, bas-reliefs, peintures, inscriptions, etc., d’aprĂšs les dessins exĂ©cutĂ©s sur les lieux. Paris, Didot, 1847. 1 vol. grand in-fol. siSS y,, . Mil» J Ă  ' .; tr ? i is; lll'i g §l^§G^Ă  ' " J i/.f g ĂŻMgisiĂŒp ĂŻSĂą &Ăą ^ K sa a 9 © 1SL, fsesC* te** ÂŁ yasiWÉr ii Mf' 4 * is»Ë& f? 53 Ă« S**gë£ IKtey* ĂŻS%ĂŻ!r -VSq&Ă  &yK^ ‱H- ÂŁ k mm .'S'v, ‱“4^ ,v& m m U CÆ 4J Tissasse? z'-v “ï$À j/ ilĂŻnl.>ii^j5Sl 1 = i Klnÿûa ‱v* ** TEMPLE D’AROERIS A EDFOU Sur la rive gauche du Nil, Ă  un quart d’heure des eaux basses de ce fleuve, qui paraĂźt avoir rejetĂ© son lit loin du monument vers la chaĂźne arabique, se trouve le temple d’Edfou ; il est situĂ© dans la haute Égypte, Ă  vingt lieues environ au-dessus de ThĂšbes, vers le 25° latitude nord. Ce temple, qui s’appelait temple d’Hatfouh au temps des Égyptiens, puis temple d 'Apollinopolis Magna * au temps des Grecs, Ă©tait principalement dĂ©diĂ© Ă  AroĂ«ris, l’Apollon des mytliologies grecque et romaine; cet AroĂ«ris Ă©tait fils et faisait partie de la triade du temple **, complĂ©tĂ©e par le dieu Ilar-IIot , science et lumiĂšre cĂ©lestes personnifiĂ©es, et dont le soleil est l’image dans le monde matĂ©riel, et par la dĂ©esse Alhor , la VĂ©nus Ă©gyptienne. Ce grand et magnifique temple est un des plus intĂ©ressants et des plus complets de toute la vallĂ©e du Nil ; il est malheureusement enterrĂ© par des cahutes de fellahs qui ont Ă©tĂ© successivement groupĂ©es et superposĂ©es Ă  l’intĂ©rieur , autour et sur la terrasse de ce monument. Si ce temple et le mammisi qui le prĂ©cĂšde Ă©taient dĂ©gagĂ©s de la terre dans laquelle ils sont Ă  moitiĂ© ensevelis, on pourrait complĂ©ter la description forcĂ©ment tronquĂ©e que j’essaye d’en donner. En commençant l’examen par le grand temple Voir la planche de DĂ©tails , fi g. 1 , qui n’a pas moins de 138 mĂštres de longueur sur 65 environ de largeur, on voit deux colossaux pylĂŽnes AA, tournĂ©s vers le Sud, qui, de loin, annoncent majestueusement l’entrĂ©e du temple. De gigantesques sculptures Voyez l’élĂ©vation gĂ©omĂ©trale des pylĂŽnes , Ă©vidĂ©es dans la masse, ornent ces pylĂŽnes; au sommet, sur la grande face extĂ©rieure et sur un double rang, on voit les divinitĂ©s du temple et celles des temples du nĂŽme ou province, assises sur leurs trĂŽnes, recevant les offrandes des PtolĂ©mĂ©es Soter II et de son frĂšre Alexandre, qui se firent reprĂ©senter dans ces sculptures, et qui firent graver leurs noms et prĂ©noms ***. A la partie infĂ©rieure du pylĂŽne, cĂŽtĂ© Ouest, on voit, Ă  moitiĂ© enseveli dans les dĂ©combres, un PtolĂ©mĂ©e reprĂ©sentĂ© d'une maniĂšre colossale, qui, avec la liarpĂ© divine, chĂątie les populations rebelles, qu’il tient d’une seule main groupĂ©es par les chevelures. Vers le bas du massif de droite , on trouve un mauvais petit bas-relief, ajoutĂ© aprĂšs coup, qui reprĂ©sente l'empereur Claude adorant les divinitĂ©s du temple et celles des temples du nĂŽme ; enfin, sur la face interne du mĂȘme massif, on remarque, au milieu des autres sculptures d’offrandes et de dĂ©votion, un PtolĂ©mĂ©e qui Ă©lĂšve figurativement, sans doute, un obĂ©lisque avec une chaĂźne ****. Ces pylĂŽnes, couverts de sculptures sur leurs diffĂ©rentes faces , Ă  l’exception toutefois des facettes internes, contiennent les Ă©videments infĂ©rieurs et les trous qui servaient Ă  Ă©riger et Ă  retenir les immenses mĂąts pavoisĂ©s qui s’élevaient par-dessus les pylĂŽnes *****. Voir la planche reprĂ©sentant l’élĂ©vation gĂ©omĂ©trale des pylĂŽnes. Us contiennent intĂ©rieurement des escaliers conduisant des terrasses des galeries de la cour aux terrasses des PylĂŽnes et aux quatre Ă©tages de chambres, Ă©clairĂ©es par des jours Ă  travers les sculptures des pylĂŽnes, ce qui prouve que les sculptures sont postĂ©rieures ; une petite terrasse , au-dessus de la grande porte du temple ; sert de communication entre les deux pylĂŽnes. On remarque que la corniche manque sur presque toutes les faces des pylĂŽnes ; on pense, avec quelque * Au nord Ă !Apollinopolis Magna Ă©tait Apollinopolis Pana, qu’il ne faut pas confondre avec Apollinopolis Minor, sur la rive gauche, en face d ’AntĂ©opolis. ** Tous les grands temples d’Égypte Ă©taient dĂ©diĂ©s Ă  une divinitĂ© principale faisant partie d’une triade rĂ©unie en principe d’unitĂ© divine, composĂ©e d’un principe masculin, d’un principe fĂ©minin, et d’un fils, produit de ces deux principes. *** La lecture de ces noms et prĂ©noms, gravĂ©s dans des cartouches ovales contenant les noms, n’est plus aujourd’hui rĂ©voquĂ©e en doute; on commence enfin Ă  rendre justice aux merveilleuses dĂ©couvertes de notre illustre Champollion jeune. Chain- pollion est mort en 1831 . **** Cette reprĂ©sentation d’érection d’obĂ©lisque estla seule que l’on connaisse en Égypte. Il est assez extraordinaire de penser que les Egyptiens, qui nous ont transmis , par leurs nombreux bas-reliefs de monuments , toutes les phases de leur existence, qui ont reprĂ©sentĂ© leurs Ă©tonnants transports de monolithes, tous leurs travaux des constructions et de tous leurs corps d’état, n aient pas une seule fois reprĂ©sentĂ© les moyens qu’ils ont employĂ©s pour l’érection de leurs obĂ©lisques. On n’a encore rien trouvĂ© a ce sujet depuis qu’on explore l’Égypte. On pense gĂ©nĂ©ralement qu’ils faisaient des plans inclinĂ©s enterrasses, et que la difficultĂ© de reprĂ©senter ces plans, pour eux qui ne savaient pas la perspective, a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© la cause de cette absence de reprĂ©sentation. ***“ Dans les spĂ©os, monuments creusĂ©s dans le roc, d ’El-Tell, et dans le temple de Chons, Ă  ThĂšbes , on trouve des bas- reliefs reprĂ©sentant les pylĂŽnes et leurs mĂąts pavoisĂ©s. On compte quelquefois jusqu’à dix mĂąts pour annoncer l’entrĂ©e d’un temple. On suppose que les rubans dont les couleurs bleue, jaune et rouge, se distinguent encore, reprĂ©sentaient la haute, la moyenne et la basse Égypte. — STYLE ÉGYPTIEN. - raison, que les assises composant cette corniche ont Ă©tĂ© jetĂ©es Ă  terre pour servir Ă  des constructions modernes, Ă  moins qu’elles n’aient Ă©tĂ© renversĂ©es par le seul esprit de destruction, et qu’on ne les retrouve dans les dĂ©combres avec les obĂ©lisques BB, qui ont dĂ» exister Ă  droite et Ă  gauche de l’entrĂ©e du temple *. ta porte par laquelle on entre dans le grand temple C est encore trĂšs-haute, quoiqu’elle soit Ă  moitiĂ© enterrĂ©e Ă  sa base ; son chambranle est recouvert de sculptures d’offrandes et couronnĂ© d’une corniche Ă  profil Ă©gyptien, ornĂ©e du globe Ă  serpents ailĂ©s **. Cette porte est remarquable Ă  cause des deux consoles ou pierres d’attente qui sont Ă  droite et Ă  gauche de la traverse supĂ©rieure. De semblables pierres ne se trouvent dans aucune porte des monuments connus d’Égypte ; on peut croire qu’elles supportaient un grand rideau ou qu’elles se reliaient Ă  un lĂ©ger porche en bois supportant une vĂȘla , ainsi qu’on le voit frĂ©quemment dans les bas-reliefs des monuments. Cette grande porte donne entrĂ©e Ă  la cour D du temple qui est entourĂ©e de portiques E de trois cĂŽtĂ©s et qui prĂ©cĂšde un beau pronaos de dix-huit colonnes F, qui existe au fond de la cour ; ce pronaos, la cour et les portiques sont malheureusement trĂšs-enterrĂ©s. Cette enceinte sert aujourd’hui de magasins Ă  denrĂ©es et dĂźmes du gouvernement de MĂ©hĂ©met-Ali ; toute la journĂ©e, des petits fellahs, montĂ©s sur les terrasses et sur de petits murs en terre, font du bruit pour empĂȘcher les oiseaux de venir se nourrir aux frais de l’État. On voit surgir des dĂ©combres les montants et corniches de l’entrĂ©e du pronaos fig. 3 ; les corniches, comme on peut le voir Planche de DĂ©tails , fig. 2, sont plus Ă©levĂ©es que celles qui couronnent les petits murs reliant les autres entre-colonnements. On remarque dans le pronaos deux chapiteaux palmiers qui contribuent puissamment Ă  l’élĂ©gance de sa façade ***. Foyez l’élĂ©vation gĂ©omĂ©trale de la façade du pronaos . Toutes les colonnes, toutes les frises, toutes les corniches, toutes les faces des murailles intĂ©rieures et extĂ©rieures de cette cour et du pronaos, sont recouvertes de sculptures symboliques, d’inscriptions hiĂ©roglyphiques , de tableaux d’offrandes et de dĂ©votion, et de cartouches des PtolĂ©mĂ©es, parmi lesquels on reconnaĂźt ceux de Philopator, de son fds Philomator, d’ÉvergĂšte II et de Soter II. Dans le pronaos, Champollion jeune a remarquĂ©, parmi les s captures qui le dĂ©corent, le dieu du lever, Har-Hot, identifiĂ© avec le soleil, son coucher et ses diverses formes symboliques Ă  chacune des douze heures du jour, avec les noms de ces heures. Les dĂ©combres empĂȘchent Ă  prĂ©sent de pĂ©nĂ©trer plus avant dans le temple du cĂŽtĂ© du pronaos ; ce n’est qu’en passant par un trou sur la terrasse, et en rampant par un Ă©troit et obscur couloir, que l’on arrive au naos G, Ă  la suite du pronaos dont il est parlĂ© ci-dessus. Ce naos , sans jour ni air, est aujourd’hui rempli de chauves- souris qui, rĂ©veillĂ©es de leur sommeil lĂ©thargique par le bruit et les lumiĂšres, menacent sans cesse, dans leur ronde funĂšbre, d’éteindre l’indispensable flambeau du visiteur. L’élĂ©vation des dĂ©combres contenus dans cet infect sĂ©jour est telle que c’est Ă  peine si l’on peut reconnaĂźtre le dessus de quelques chapiteaux des douze colonnes contenues dans ce naos et que la porte conduisant au sanctuaire II est complĂštement obstruĂ©e. Ce n’est qu’extĂ©rieurement qu’on retrouve les traces des escaliers qui conduisaient de l’intĂ©rieur Ă  la terrasse du monument, et que l’on peut reconnaĂźtre les proportions du sanctuaire I et des salles adjacentes ****. Des bas- reliefs d’offrandes et des demi-lions, en ronde-bosse, sont sculptĂ©s Ă  la surface et au sommet du mur postĂ©rieur du sanctuaire K. Ces lions, contenant des gargouilles, servaient Ă  rejeter l’eau et les ordures de la terrasse *****. Plus loin sont les enceintes qui protĂ©geaient le sanctuaire contre les profanations extĂ©rieures. Observons qu’en sus des enceintes indiquĂ©es au plan L, il devait y avoir une enceinte gĂ©nĂ©rale, qui, aujourd’hui, est complĂštement enterrĂ©e. Le mammisi, ou lieu d’accouchement, qui est en avant et plantĂ© obliquement par rapport au grand temple voir la PL de DĂ©tails, fig. 4,5,6, est un petit monument contenant les traces d’un vestibule, d’une petite piĂšce et d’un escalier pour monter Ă  la terrasse. Dans le fond est la salle d’accouchement avec des colonnes au * Une rupture qui existe Ă  la corniche de la porte ne peut avoir Ă©tĂ© faite que par la chute des assises de la corniche supĂ©rieure; on remarque, d’ailleurs, qu’un morceau d’angle de corniche, figurĂ©e au grand ouvrage delĂ  commission française, n’existe plus aujourd’hui. ** Ce globe, qui se retrouve sur tous les monuments Ă©gyptiens, reprĂ©sente le soleil avec les symboles de l’immortalitĂ© et du mouvement. Voir Planche de dĂ©tails, fig. 3. *** Ces chapiteaux palmiers n’ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s en Égypte qu’à l’époque grecque. **** Ce ne fut qu’au temps des Grecs que les portes furent ouvertes sans traverses, parce que ce ne fut qu’à cette Ă©poque que les reprĂ©sentations des divinitĂ©s sortaient des sanctuaires et Ă©taient processionnellement portĂ©es d’un temple Ă  l’autre. *'*** On se rappelle qu’il pleut fort rarement en Égypte, surtout dans la haute Égypte; ces animaux qui entourent quelque- iois les sanctuaires Ă©taient-ils donc lĂ  comme Ă©pouvantails ? — TEMPLE D’AROERIS A EDFOU. — milieu; au pourtour est une galerie, encore existante sur trois cĂŽte's seulement. Les chapiteaux de ce monument sont Ă  fleurs de lotus surmontĂ©es de dĂ©s, dont les quatre faces sont dĂ©corĂ©es d’une figure de Typhon fig. 6, auquel le mammisi est dĂ©diĂ©. Cette divinitĂ©, ou mieux ce gĂ©nie du mal, a donnĂ© naissance au mot de typhonium , par lequel on dĂ©signe aussi le mammisi *. Les bas-reliefs qui dĂ©corent l’intĂ©rieur de la salle d’accouchement reprĂ©sentent l’allaitement, l’enfance et l’éducation du jeune Har-Sont-Tho, fils et divinitĂ© de la triade du grand temple, sous les traits d’ÉvergĂšte II. Cette figure, accompagnĂ©e de son cartouche, y est reprĂ©sentĂ©e au milieu de divinitĂ©s de tous ordres qui prennent soin du jeune PtolĂ©mĂ©e. Le mammisi d’Edfou est un des plus grands mammisis connus. Ce petit temple, que l’on retrouve toujours lĂ  oĂč une triade est adorĂ©e, Ă©tait l’image de la demeure cĂ©leste dans laquelle la dĂ©esse de la triade Ă©tait censĂ©e avoir enfantĂ© le troisiĂšme personnage de la triade. Les reines venaient y donner le jour aux Pharaons, que l’on considĂ©rait comme des demi-dieux. Bien que le temple d’Edfou et son mammisi soient des monuments Ă  moitiĂ© ensevelis dans les dĂ©combres et les cahutes de fellahs ; bien qu’ils soient dĂ©truits et mutilĂ©s en partie ; bien que l’ornementation, dans sa recherche et dans sa profusion maladroite, dĂ©note une sensible dĂ©cadence de la noble et majestueuse gravitĂ© des monuments de la belle Ă©poque pharaonique, le temple d’Edfou, tel qu’il est aujourd’hui, peut encore donner une trĂšs-haute idĂ©e de la magnificence et du grandiose de l’architecture chez les anciens Égyptiens. On sait, en effet, que les Grecs, sous lesquels ce monument fut Ă©levĂ©, n’ont pas tout dĂ©truit, comme le firent avant eux les Perses, mais qu’ils ont au contraire restaurĂ©, construit et laissĂ© construire par les Égyptiens mĂȘmes les temples de la religion Ă©gyptienne. L’observateur qui visitera le monument d’Edfou y remarquera une grande simplicitĂ© dans les masses, une gravitĂ©, une sĂ©vĂ©ritĂ© de lignes qui sont bien le cachet de ce sentiment de durĂ©e Ă©ternelle que les Égyptiens se sont toujours efforcĂ©s de donner Ă  leurs monuments, si dĂ©jĂ  cet observateur n’est frappĂ© des soins extraordinaires apportĂ©s dans la construction proprement dite de ces blocs immenses si bien dressĂ©s, si bien Ă©quarris et rĂ©unis entre eux, que les joints apparaissent Ă  peine. Dans la disposition du plan si admirable et si simple de lignes, il reconnaĂźtra qu’en sus de la grande enceinte, aujourd’hui enterrĂ©e, et qui contenait le mammisi et un bassin d’eau lustrale, si le Nil n’était prĂšs le temple, il reconnaĂźtra , dis-je, que ce n’était que de la grande cour que l’on pouvait pĂ©nĂ©trer dans la premiĂšre enceinte du temple proprement dite , et que ce n’était que par des salles de plus en plus rapprochĂ©es du sanctuaire que l’on pouvait pĂ©nĂ©trer dans les salles et enceintes les plus rapprochĂ©es de ce sanctuaire, qu’enfin ces salles et enceintes sont de plus en plus petites, ce qui indique que peu de prĂȘtres initiĂ©s pouvaient pĂ©nĂ©trer dans le sanctuaire „„ . Dans l’ornementation, qui n’est pas futile comme celle de tant d’autres architectures, l’observateur reconnaĂźtra tous les vĂ©gĂ©taux, tous les animaux et symboles consacrĂ©s de l’Égypte „„„ ; dans les reprĂ©sentations des personnages roides, il verra des formes et positions consacrĂ©es, calquĂ©es, uniques pour toute l’Égypte, et peut-ĂȘtre cette sagesse du lĂ©gislateur, qui ne voulut pas laisser donner Ă  la copie un culte qui n’était dĂ» qu’à l’original „„„„ ; dans les petits jours qui traversent les plafonds des terrasses, et qui suffisent pour Ă©clairer de grandes salles, il reconnaĂźtra le voisinage des tropiques et de la ligne ; enfin, par cet ensemble de remarques, l’observateur reconnaĂźtra que l’architecture Ă©gyptienne n’est pas une architecture d’emprunt, mais bien le rĂ©sultat de la constitution du sol, du climat, des productions, et la juste expression des besoins religieux et politiques de l’époque, et que * Le Typhon, que l’on retrouve toujours dans les mammisis, Ă©tait reprĂ©sentĂ© sous les formes les plus laides ; le plus souvent comme un jeune imberbe, court, trapu, difforme. On voit que chez les Égyptiens, comme chez beaucoup de peuples, l’homme, dans sa faiblesse, a presque toujours honorĂ© par crainte le gĂ©nie du mal autant que les dieux dont il sollicite les bienfaits. Voir la restauration de ce mammisi dans le grand ouvrage de la commission d’Égypte. ** C’est Ă  tort qu’on a cru que les Égyptiens avaient adorĂ© les animaux; ce n’est que comme oeuvre de la divinitĂ© insaisissable, invisible, que ces animaux furent soignĂ©s, alimentĂ©s dans les sanctuaires. C’est aussi Ă  tort que l’on a cru que les cĂ©rĂ©monies religieuses n’étaient que basĂ©es sur la superstition. Elles consistaient surtout en offrandes aux divinitĂ©s des meilleures productions animales et vĂ©gĂ©tales de la terre les solennitĂ©s religieuses, entourĂ©es d’une grande pompe , Ă©taient imposantes aux yeux de tous. Les prĂȘtres Ă©taient lĂ©gislateurs; les lois, qui venaient d’un sanctuaire divin, impĂ©nĂ©trable, Ă©taient sacrĂ©es et religieusement exĂ©cutĂ©es; toutes Ă©taient faites pour le plus grand bonheur du peuple. Les prĂȘtres, habiles lĂ©gislateurs, savaient ce que d’autres ont oubliĂ©, c’est que l’art de se cacher aux hommes est nĂ©cessaire pour bien les gouverner. ** L’usage d’écrire avec des figures fit que les anciens parlĂšrent aussi par figures ; on parla comme on Ă©crivit, allĂ©goriquement de lĂ  les fables, discours Ă©nigmatiques plus anciens que l’histoire. * Cette restriction, qui empĂȘchait l’artiste de s’approcher de la nature, consistait Ă  faire toutes les sculptures au carreau elle n existait pas pour les animaux, qui sont tous reprĂ©sentĂ©s et posĂ©s trĂšs-naturellement sur des formes dĂ©terminĂ©es. — STYLE ÉGYPTIEN. - celle architecture, par son grandiose et sa magnificence , donne une trĂšs-haute idĂ©e de la pompe religieuse, et place la civilisation de ce peuple plutĂŽt au-dessus qu’au-dessous de son incroyable rĂ©putation. 11 ne nous reste plus qu'Ă  faire des vƓux pour que le temple d’Edfou, si complet et si important, soit entiĂšrement dĂ©gagĂ© des immondices dans lesquelles il est Ă  moitiĂ© enseveli, pour que l’on puisse voir en rĂ©alitĂ© ce que nous ne pouvons que supposer, et pour que de dignes Ă©lĂšves de Champollion jeune rĂ©coltent tous les prĂ©cieux documents contenus dans ce magnifique monument sur la thĂ©ogonie si Ă©tendue et si peu connue des anciens *. * Dans les innombrables sculptures peintes qui recouvrent toutes les parois des monuments d’Égypte, on trouve des processions religieuses, des batailles de terre et de mer, des victoires, des fĂȘtes, des danses, des chasses, toutes les phases de la vie religieuse , politique et privĂ©e des Égyptiens, tout cela si bien exĂ©cutĂ©, si bien peint jusque dans les moindres dĂ©tails, et si bien conservĂ© , lorsque des mains vandales ne sont pas venues les mutiler, qu’aprĂšs quelque temps d’étude et d’observation, ou est parfaitement bien identifiĂ©, reportĂ© Ă  ce que pouvaient ĂȘtre ies anciens Égyptiens ; exceptĂ© les entendre parler, les voir agir, on les aura visitĂ©s comme on peut visiter un peuple de notre siĂšcle. 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L! - SPHINX, LIONS ET BÉLIERS Les sphinx, les colosses et les obĂ©lisques forment les annexes habituelles des Ă©difices Ă©gyptiens, qu’ils caractĂ©risent d’une façon toute particuliĂšre. Le goĂ»t des Égyptiens les portait Ă  amonceler sur un point des objets que les civilisations modernes s’appliquent au contraire Ă  dissĂ©miner, pour en faire ressortir les beautĂ©s en les temples, comme les palais, sont presque tous ornĂ©s de sphinx, tantĂŽt affrontĂ©s Ă  la porte des Ă©difices, tantĂŽt rangĂ©s sur deux longues lignes parallĂšles en forme d’avenue, disposition appelĂ©e dromos dans la description de Strabon. Quelquefois mĂȘme ils formaient Ă  eux seuls un monument, comme le grand sphinx des pyramides de Gizeh, qui renferme entre ses pattes un temple Ă  ciel ouvert, ornĂ© lui-mĂŽme d’autres sphinx. A ces divers titres, qui touchent plus ou moins directement Ă  l’architecture et Ă  ses monuments, ils mĂ©ritent une notice spĂ©ciale. Quant Ă  l’explication allĂ©gorique, nous n’eu dirons qu’un mot pour faire comprendre les idĂ©es qui prĂ©sidaient au choix de ce genre de dĂ©coration. Le terme gĂ©nĂ©rique de sphinx, dont je n’expliquerai pas ici l’origine Ă©videmment Ă©gyptienne, a Ă©tĂ© appliquĂ© par les Grecs Ă  des reprĂ©sentations d’ĂȘtres imaginaires, composĂ©s simplement d’un corps de lion avec une tĂȘte de femme. Nous donnons ordinairement ici le nom de sphinx Ă  diverses figures composĂ©es du corps d’un animal, le plus souvent d’un lion , portant une tĂšte humaine ou bien une tĂšte et des ailes d’oiseau comme les griffons. Par extension, on a aussi dĂ©signĂ© par cette appellation, devenue gĂ©nĂ©rale, des images d’animaux sans aucune association d’espĂšces diffĂ©rentes. Nous ne traiterons ici que des sphinx Ă©gyptiens, qui sont l’origine de toutes les reprĂ©sentations monstrueuses que les G recs, les Perses, les Hindous et quelques autres peuples ont inventĂ©es. On a cru longtemps que le sphinx Ă©gyptien, c’est-Ă -dire l’alliance d’une tĂȘte humaine avec un corps de lion, indiquait symboliquement le dĂ©bordement du Nil sous les constellations du Lion et de la Vierge, car on regardait autrefois toutes les tĂȘtes humaines de sphinx comme des tĂštes de femme, quoiqu’elles soient barbues pour la plupart *. Mais l’antiquitĂ© classique nous a mieux renseignĂ©s Ă  cet Ă©gard un passage des Stromates de ClĂ©ment d’Alexandrie nous apprend que cet ĂȘtre fantastique fut l’emblĂšme de Y intelligence ou de la sagesse unie Ă  la force. Il rĂ©sulte aussi de ce document prĂ©cieux que le sphinx n’était point le symbole spĂ©cial d’une divinitĂ©, puisque la force et la sagesse devaient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des qualitĂ©s communes Ă  tous ces personnages mythiques auxquels l’Égypte rendait un culte habituel. Les monuments Ă©gyptiens confirment cette induction du judicieux auteur, et offrent ce symbole appliquĂ© Ă  une foule de divinitĂ©s du PanthĂ©on. Il n’y a, comme on le voit, aucun rapport d’allĂ©gorie entre les sphinx Ă©gyptiens et celui de la mythologie grecque. En Égypte, toutes les divinitĂ©s mĂąles ou femelles furent reprĂ©sentĂ©es sous la forme symbolique du sphinx. Les pharaons, ces dieux mortels de l’Égypte, furent aussi figurĂ©s d’une maniĂšre symbolique par le sphinx , comme participant tous Ă  la plĂ©nitude de la force et de la sagesse des dieux, au nombre desquels on les inscrivait de leur vivant mĂȘme, conformĂ©ment au protocole antique de la monarchie. Les sphinx qui ressemblent Ă  la notion rĂ©pandue par les Grecs, c’est-Ă -dire qui unissent un corps de lion avec une tĂȘte de femme, sont assez rares, et je n’en connais point de ce genre qui soient SculptĂ©s en ronde bosse. La plupart des dĂ©esses ont Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©es sous cette forme emblĂ©matique dans les bas-reliefs et les peintures ** ; plusieurs reines, probablement celles qui avaient gouvernĂ© elles-mĂȘmes , ont reçu cet insigne honneur. La fig. 5 de la planche annexĂ©e Ă  cette notice reprĂ©sente la reine Tmauhmot d’aprĂšs un bas-relief sculptĂ© sur le trĂŽne de la statue du pharaon Ilorus au MusĂ©e de Turin ***. J’ai vu la reine Batianti, une des filles ou des Ă©pouses de RamsĂšs le Grand, figurĂ©e de la sorte dans un hypogĂ©e de ThĂšbes. Les sphinx androcĂȘphales, les androsphinx sont beaucoup plus frĂ©quents dans la plupart des Ă©difices Ă©levĂ©s par les pharaons, tant en Éthiopie qu’en Égypte. La tĂȘte de ces sphinx est ordinairement un portrait du roi qui les fit tailler ainsi le sphinx colossal des pyramides est un portrait de ThoutmĂšs IV ; celui que reproduit * On prenait alors la barbe pour une tige de PersĂ©a. ** Une caisse de momie du MusĂ©e royal du Louvre, contenant le corps d’un hiĂ©rogrammate de ThĂšbes appelĂ© SotimĂšs,porte l’image de dix-huit divinitĂ©s peintes sous forme de sphinx Ă  tĂȘte humaine, et ne diffĂ©rant entre elles que par la coiffure ou l’insigne particulier dont la prĂ©sence Ă©tait indispensable pour les caractĂ©riser individuellement. Le sexe des sphinx peints sur ce cercueil n’est pas signalĂ© autrement que par la prĂ©sence ou l’absence de la barbe. *** Voy. ClĂźampollion le Jeune, PremiĂšre lettre au duc de Blacas relative au MusĂ©e royal Ă©gyptien de Turin, pag. 58 et suivantes. — STYLE ÉGYPTIEN. — notre planche n° 1 est un portrait d’AmounĂŽph III, etc. *. Ce superbe sphinx de granit rose, du plus beau travail, a Ă©tĂ© trouvĂ©, en 1825, avec un autre tout Ă  fait semblable, derriĂšre les colosses de Memnon, et faisait sans doute partie du mĂȘme Ă©difice, c’est-Ă -dire de 1 ’AmĂ©nopheium- occidental de ThĂšbes. Ils furent achetĂ©s pour le compte de l’empereur de Russie, et dĂ©corent aujourd’hui l’escalier du palais des Beaux-Arts Ă  Saint-PĂ©tersbourg. Les androsphinx portaient ordinairement le claft, coiffure civile, striĂ©e et ornĂ© d’un urƓus, symbole de la royautĂ©, au-dessus duquel on mettait encore le pschent entier, symbole de la domination sur la haute et la basse Égypte. Le dromos du temple de Wady-Esseboua, en Nubie, Ă©tait dĂ©corĂ© d’androsphinx de ce genre **. Un large collier appelĂ© ousch et les appendices de la coiffure, qui retombait sur les Ă©paules, sauvaient les difficultĂ©s de l’assemblage fantastique de deux natures si diverses. Le dos de l’animal Ă©tait souvent couvert d’une housse plus ou moins riche. Entre les pattes antĂ©rieures du sphinx, on plaçait quelquefois la statuette du pharaon lui-mĂȘme sous forme osiriaque, c’est-Ă -dire le corps enfermĂ© dans un vĂȘtement en gaine, d’oĂč sortaient, croisĂ©s sur la poitrine, les bras portant la crosse et le goupillon ou bien le tau sacrĂ©, symbole de la vie divine. Le grand sphinx, taillĂ© dans un mamelon du rocher calcaire qui sert de base aux pyramides de Gizeh, est le sphinx de ce genre le plus colossal qu’aient jamais sculptĂ© les Égyptiens. La tĂȘte, qui est coiffĂ©e du claft striĂ©, a de proportion 2 mĂštres 55 centimĂštres du bas du menton au sommet de la coiffure. La longueur du corps, dont la croupe est en partie enfoncĂ©e sous les sables , est de 39 mĂštres ; et sa hauteur totale , depuis la base sur laquelle sont Ă©tendues ses pattes jusqu’à l’extrĂ©mitĂ© de la tĂȘte, a environ 17 mĂštres. Les fouilles opĂ©rĂ©es, il y a une vingtaine d’annĂ©es, Ă  la base de ce colosse, ont fait "Voir qu’il contenait entre ses pattes un long dromos, conduisant Ă  un petit hypĂštre ornĂ© de trois grandes stĂšles couvertes de bas-reliefs et d’inscriptions ***. Ce monument est sans doute postĂ©rieur de plusieurs siĂšcles au sphinx lui-mĂȘme, qui est dĂ©pourvu de hiĂ©roglyphes et parait dater de l’époque des pyramides. Le dromos Ă©tait ornĂ© d’un autel Ă  cornes et de plusieurs lions de petites dimensions. Les stĂšles portent le nom de ThoutmĂšs IV, et reprĂ©sentent Atliom, forme de PhrĂ© dans l’hĂ©misphĂšre infĂ©rieur du ciel ou le soleil Ă  son coucher. On suppose qu’il existait une communication entre ce monument et l’intĂ©rieur de la grande pyramide du reste, une enceinte du genre des temenos isolait ce sphinx colossal des pyramides et des autres tombeaux. Les androsphinx sculptĂ©s en bas-reliefs ont souvent toute la partie antĂ©rieure de forme humaine, c’est-Ă - dire qu’ils ont, au lieu de pattes, deux bras qui soutiennent un vase d’offrandes ou l’image de quelque divinitĂ© voyez la fig. 4 de notre planche, ou enfin les bras Ă©levĂ©s dans une attitude de priĂšre ou d’adoration. C’est sous la forme d’un sphinx Ă  tĂšte et Ă  bras humains que le roi Psammetik I er est reprĂ©sentĂ©, faisant offrande au dieu PhrĂ©, sur les quatre faces du pyramidion de l’obĂ©lisque de Monte-Citorio , Ă  Rome. La lĂ©gende royale de ce pharaon, placĂ©e Ă  cĂŽtĂ© de l’animal emblĂ©matique, ne laisse aucun doute Ă  cet Ă©gard. On voit quelquefois aux sphinx sculptĂ©s en bas-reliefs, et surtout aux reines reprĂ©sentĂ©es de la sorte , deux longues ailes essorantes qui sortent des Ă©paules de l’animal symbolique, et complĂštent l’idĂ©e que nous attachons Ă  ces sortes de figures d’aprĂšs la notion classique. Le sphinx femelle, que nous avons reproduit sous le n° 5, est parfaitement caractĂ©risĂ© par cinq mamelles figurĂ©es sur la longueur du ventre, et le cartouche renfermant le nom propre de la reine Tmauhmot est une autoritĂ© irrĂ©cusable. La tĂȘte est couverte d’un modius , sorte de mitre particuliĂšre aux reines et Ă  certaines dĂ©esses. Cette coiffure porte ici un bouquet de fleurs agrĂ©ablement disposĂ©es. Les sphinx , qui sont toujours reprĂ©sentĂ©s accroupis et dans une pose calme et majestueuse par la sculpture en l’onde bosse , sont souvent figurĂ©s debout et en mouvement sur les bas-reliefs et les petits monuments. Celui que reprĂ©sente la figure 7 de notre planche est sculptĂ© sur le montant d’un trĂŽne dans un hypogĂ©e de la nĂ©cropole de ThĂšbes ****. C’est l’image symbolique d’AmounĂŽph III foulant sous ses pattes des chefs asiatiques et africains. * Ou peut voir au MusĂ©e royal du Louvre plusieurs sphinx de ce genre. Celui qu’on a placĂ© dans la petite cour est un beau spĂ©cimen de sculpture Ă©gyptienne. Il reprĂ©sente MĂ©nephthah II, quatriĂšme roi de la XIX e dynastie. Les deux sphinx de basalte qui se voient dans la salle de MelpomĂšne, prĂšs de la superbe mosaĂŻque exĂ©cutĂ©e par Belloni, sont de la derniĂšre Ă©poque de l’art Ă©gyptien. Ils datent des pharaons NĂ©freous et Acoris, de la XXIX e dynastie; les lĂ©gendes hiĂ©roglyphiques ont Ă©tĂ© maladroitement restaurĂ©es, et forment des contre-sens pitoyables que notre orgueil national devrait faire disparaĂźtre. ** Voy. Gau, AntiquitĂ©s de la Nubie, planche XLVII. *** Voy. Lenormant, MusĂ©e des AntiquitĂ©s Ă©gyptiennes, pag. 44 **** Voy. Prisse d’Avenues, Monuments Ă©gyptiens, etc., pl. XXXIX. — SPHINX, LIONS ET BÉLIERS. — AprĂšs les sphinx Ă  tĂšte humaine, les androcĂ©phales, viennent ceux Ă  tĂšte d’animaux , les sphinx criocĂȘphales , c’est-Ă -dire Ă  tĂšte de bĂ©lier, animal consacrĂ© au dieu Ammon, et les sphinx hiĂ©racocfphales , c’est-Ă -dire Ă  tĂšte d’épervier, emblĂšme de PhrĂ© ou le soleil. La figure 6 de la planche jointe Ă  cette notice reprĂ©sente un des criosphinx de l’avenue du grand palais de Karnac. Sa longueur totale est d’environ dix-sept pieds, et la longueur de la tĂšte de trois pieds onze pouces. Le MusĂ©e de la BibliothĂšque royale contient une tĂȘte de bĂ©lier trouvĂ©e dans ces ruines de ThĂšbes , et rapportĂ©e par les savants de l’expĂ©dition. A en juger parle trou qui se trouve sur le sommet de la tĂȘte de ces criosphinx, taillĂ©s dans un seul bloc de grĂšs rougeĂątre, ils devaient tous porter une coiffure , probablement le pschent, qui, ayant Ă©tĂ© fait d’un autre morceau, a disparu avec le temps *. Le sphinx hiĂ©racocĂ©phaĂźe de notre planche a Ă©tĂ© dessinĂ© d’aprĂšs un petit sphinx en calcaire, trouvĂ© dans le grand spĂ©os d’Abousembil, en Nubie. On rencontre encore en Égypte , mais sur les bas-reliefs seulement, divers mĂ©langes d’espĂšces autres que celles dont on se forme ordinairement l’idĂ©e sous le nom de sphinx. Ainsi on en voit dont le corps de lion porte une tĂȘte qui ressemble un peu Ă  celle du tapir, et dont la queue se termine quelquefois comme une fleur de lotus ; ce sont des symboles de Set ou Noubi. Les Egyptiens ont encore reprĂ©sentĂ© des bĂ©liers Ă  quatre tĂȘtes, emblĂšmes d’Amon-Ba, lame des quatre Ă©lĂ©ments ; des crocodiles Ă  tĂȘte d’épervicr, symboles du dieu Horus ; des truies Ă  tĂȘte humaine, symboles de Opt ; des griffons composĂ©s d’un corps de lion avec la tĂšte et les ailes de lepervier, symboles du dieu Mandou , etc. Comme ces diverses reprĂ©sentations sont toutes hiĂ©roglyphiques et n’ont jamais Ă©tĂ© employĂ©es d’une façon monumentale , nous ne nous y arrĂȘterons pas. AprĂšs les sphinx viennent les animaux proprement dits, que les sculpteurs Ă©gyptiens ont su reproduire avec autant de vĂ©ritĂ© que de grandeur, et dont ils ont aussi dĂ©corĂ© les dromos de leurs temples. Mais ces belles imitations de la statuaire sont presque exclusivement des images de lions et de bĂ©liers. La figure 8 de notre planche reprĂ©sente un des lions transportĂ©s de Gebel-Barkal, l’ancienne Napata, au MusĂ©e Britannique, dont il est un des plus beaux ornements. Ces deux lions de granit rose sont d’un admirable travail, et probablement le chef-d’Ɠuvre de la plus belle Ă©poque de la sculpture Ă©gyptienne. Ils reposent, l’un sur le flanc gauche, l’autre sur le flanc droit, la tĂȘte tournĂ©e vers le spectateur, les pattes de devant croisĂ©es, et l une des pattes de derriĂšre retournĂ©e. Il y a un naturel parfait dans ce repos et une mollesse Ă©tonnante dans les chairs de ces lions de syĂ©nite ils semblent pĂ©trifiĂ©s. L’un d’eux Ă©tait brisĂ© ; mais les fragments ont Ă©tĂ© rĂ©unis avec soin, et, ainsi restaurĂ©s, ils nous offrent ce que l’art Ă©gyptien a laissĂ© de plus beau et de plus noble en ce genre. Ces morceaux portent diverses inscriptions la plus ancienne est d’AmounĂŽph 111, qui la fit sculpter pour orner probablement le temple de Soleb , d’oĂč ils ont Ă©tĂ© transportĂ©s Ă  Napata par un roi Ă©thiopien nommĂ© Amou- nasro, qui fit graver son nom sur les pattes de l’un et sur le cou de l’autre. Le n° 2 de notre planche reprĂ©sente un des bĂ©liers de l’avenue du temple de Khons , Ă  Karnac , oĂč cet animal Ă©tait rĂ©vĂ©rĂ© comme un emblĂšme d’Ammon, divinitĂ© Ă©ponyme de ThĂšbes. La plupart des bĂ©liers ont Ă©tĂ© mutilĂ©s, leurs tĂštes sont brisĂ©es, et le globe ornĂ© d’urƓus qui les couronnait gĂźt enfoui sous les sables ou les dĂ©bris. La figurine en gaine qui soutient leur barbe et s’appuie contre leur poitrail est une image d’AmounĂŽph 111, qui les fit tailler dans les belles carriĂšres de grĂšs de Silsilis, oĂč l’on en retrouve encore quelques-uns qui ne sont qu’ébauchĂ©s, et qui devaient ĂȘtre terminĂ©s sur place **. Cet animal sacrĂ© Ă©tait principalement adorĂ© dans les villes de ThĂšbes, Hypselis, Sais , et dans la partie libyque de l’Égypte. Le nombre de sphinx placĂ©s sur les dromos qui liaient les diffĂ©rents Ă©difices de ThĂšbes l’Oph oriental est incroyable, et confirme ce que les anciens historiens nous avaient appris de l’emploi des sphinx pour former les avenues des Ă©difices sacrĂ©s. La direction de ces avenues est clairement tracĂ©e *** par les nombreux restes de ces figures colossales, dont la plupart sont encore entiĂšres, et par d’autres sans doute enfouies sous les monticules de dĂ©combres qui couvrent l’emplacement de cette ville monumentale. Ces avenues forment souvent de lĂ©gers coudes ou se brisent Ă  angles droits pour relier entre eux des Ă©difices Ă©levĂ©s Ă  diffĂ©rentes Ă©poques, et sans plan bien arrĂȘtĂ© Ă  l’avance , comme cela se voit partout. L’une d’elles est entiĂšrement bordĂ©e de bĂ©liers, une autre de criosphinx , une troisiĂšme de sphinx ; quant aux lions, animal consacrĂ© Ă  Phtha, ils ne se voient guere qu’aux portes des temples dĂ©diĂ©s Ă  ce dieu, ou Ă  la porte des palais dont les fondateurs portaient son nom. Li ^ ans * a Description de l’Égypte, AntiquitĂ©s,t. III, diverses reprĂ©sentations de ces criosphinx. v 1 v °y- Belzoni, Narrative ofihe operations and recent discoveries in Egypt and Nubia, pag. 552. ** Voy. Description de l’Égypte, AntiauitĂ©s t. III, pl. XVI, plan de Karnac. —Wilkinson, Topographical survey vJ Thebes, — STYLE ÉGYPTIEN. — Tous ces sphinx sont monolithes et Ă  peu prĂšs de mĂȘme dimension ; ils sont placĂ©s sur deux lignes parallĂšles, les uns en face des autres , et chacun sur un piĂ©destal dĂ©corĂ© de lĂ©gendes hiĂ©roglyphiques qui rappellent le nom et les titres des rois qui les firent Ă©riger. En rĂ©sumĂ©, voici Ă  peu prĂšs l’échelle ascendante des diverses formes de sphinx qui dĂ©corent les monuments et appartiennent Ă  l’ornementation architecturale des Égyptiens 1° Le lion, animal consacrĂ© Ă  Phtha, instituteur des gouvernements. 2° Le bĂ©lier, animal consacrĂ© Ă  Ammon, le roi des dieux , et Ă  Chnouphis. 3° Le lion avec une tĂȘte de bĂ©lier, sphinx criocĂ©phale ou le criosphinx. 4° Le lion avec une tĂȘte d'Ă©pervier, symbole de PhrĂ©, sphinx hiĂ©racocĂ©phale ou hiĂšracosphinx. 5° Le lion avec une tĂȘte d’homme, sphinx androcĂšphale ou androsphinx. 6° Le lion avec une tĂȘte de femme, le sphinx des mythes grecs. 7° Le corps du lion avec une tĂȘte et des mains humaines, comme sur la plupart des bas-reliefs. Au reste, toutes ces monstrueuses sculptures ont en Égypte un cachet artistique dont le bon goĂ»t n’est pas blessĂ© ; dans les monuments indiens, au contraire , elles sont si extravagantes qu’elles rĂ©pugnent. Chez tous les peuples qui ont employĂ© ces symboles, ils donnent Ă  leur architecture un caractĂšre primitif dont la physionomie porte manifestement l’empreinte du gĂ©nie et des notions mythiques qui ont prĂ©sidĂ© Ă  la construction des Ă©difices. En Égypte, l’art Ă©tait, avant tout, un moyen puissant, indestructible, de peindre la pensĂ©e ; il ne tendait qu’à l’expression d’un certain ordre d’idĂ©es, et devait seulement perpĂ©tuer, non le souvenir des formes, mais avant tout celui des ĂȘtres et des choses ; aussi l’écriture, le dessin, la sculpture et l’architecture marchĂšrent constamment de front vers le mĂȘme but. Cette union intime des beaux-arts avec le mode de reprĂ©sentation hiĂ©roglyphique explique naturellement les causes de l’état de simplicitĂ© naĂŻve dans lequel la peinture et la sculpture persistĂšrent toujours dans cette contrĂ©e, et l’association des formes hybrides constamment usitĂ©es dans la caste sacerdotale, comme propre Ă  exprimer le mieux les combinaisons qu’enfantait la thĂ©ogonie Ă  laquelle elle servait d’organe. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Description de l’Égypte, publiĂ©e du gouvernement. Paris, 1809-1810. Texte in-4° et atlas in-folio. 2” Grobert. — Description du Caire et des pyramides de Gyzeh. In-4° avec planches. 3° Belzoni. — Narrative of the operations and recent discoveries within the pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia. London, 1821. In-8° et atlas in-folio. 4° Gau. — AntiquitĂ©s de la Nubie, ou monuments inĂ©dits des bords du Nil, entre la premiĂšre et la seconde cataracte. Paris, 1823. 1 vol. in-fol. 5° Champollion le jeune. — Lettres au duc de Blacas, relatives au MusĂ©e royal Ă©gyptien de Turin. Paris, 1824. In-8°. 6° Wilkinson. — Topographical survey of Thebes. London, 1835. 4 feuilles in-fol» 7“ N. L’HĂŽte. — Lettres Ă©critesde l’Égypte en 1838 et 1839. Paris, 1840. 1 vol in-8° avec vignettes. 8° Lenormant. — MusĂ©e des antiquitĂ©s Ă©gyptiennes. Paris, Leleux, 1841. 1 vol. in-folio. 9° Sir Gardner Wilkinson. — Modem Egypt and Thebes, being a description of Egypt. London, 1843. 2 vol. in-8° with woodcuts and a map. 10° Owen Jones et Jules Goury. — Views of the Nile from Cairo to the id cataract, drawn on stone, with historical notices of the monuments. London, vol. in-folio. ' 11° Champollion le jeune. — Monuments de l’Égypte et de la Nubie. Paris, 1845. 4 vol. grand in-folio. 12° Champollion le jeune. — Notices descriptives conformes aux no- tices autographes rĂ©digĂ©es sur les lieux. 1 vol. petit in-folio. 13° Prisse d’Avenues_Monuments Ă©gyptiens, etc., pour faire suite aux monuments de l’Égypte et de la Nubie de Champollion le jeune. Paris, 1847. 1 vol. grand in-folio. W \f~ ] SS‹»>» >*. WI$M .*.1 */.; ^'-ĂźS-'saaĂż MÜÊ' si &&ÂŁ%& r$Ml$0S$ĂŻ itf’L'sL ^aĂąs Ɠrsrars m^m 4U&i *V-I2Ăź Ăširi i\V-*>*; ^ vi isivat .UMSÏA.;-'Æ? , .;*> - e 7 iĂŠ^KT. ^5 'ÜjÂŁZ 'StĂąstejdH&ËfĂ© >S*Ă tÂŁfrjÂŁ i..*. i 3 S w ^ © ^ Ç0 J s>0 ^ Ăš C y j roui 111111 ! SiĂźfefe K2SS lis» ~'.*-/> -7 t. PYRAMIDES DE GIZEH, DE DASCHOUR, D’ABOUÇIR, ETC. Depuis l’antiquitĂ© jusqu’à nos jours, on a propagĂ© les opinions les plus Ă©tranges et les plus contradictoires sur la destination des pyramides. L’opinion la plus gĂ©nĂ©ralement reçue est que ces monuments furent des tombeaux cependant il y a encore beaucoup de gens, des acadĂ©miciens mĂȘme, qui ne peuvent se persuader que les Égyptiens , dont la sagesse Ă©tait proverbiale, aient dĂ©pensĂ© autant de temps et d’argent pour prĂ©server simplement un cadavre; que ces constructions colossales aient une destination si vulgaire; enfin, que cette Ă©nigmatique Égypte n’ait pas cachĂ© de grands secrets sous cette forme Ă©minemment symbolique. Nous ne nous arrĂȘterons pas Ă  citer et encore moins Ă  rĂ©futer toutes les hypothĂšses Ă©mises sur la destination mystĂ©rieuse ou utilitaire de ces monuments leur description suffira pour montrer le peu de crĂ©ance qu’on doit accorder Ă  toutes les thĂ©ories qui prĂ©tendent y trouver autre chose que des sĂ©pulcres. Chez tous les peuples, tant de l’ancien que du nouveau monde, les premiers monuments funĂ©raires ont Ă©tĂ© des buttes factices, des accumulations de pierres, des tombelles ou lumuhts, qui prirent, avec le dĂ©veloppement de la civilisation, des formes diffĂ©rant plus ou moins de leur origine commune. Il est trĂšs- vraisemblable que les pyramides sont l imitation des tumulus primitifs, et que la manie monumentale des Égyptiens arrivaassez vite, et dĂšs les temps les plus reculĂ©s, des simples buttes aux vastes proportions de ces masses cyclopĂ©ennes rĂ©guliĂšrement conformĂ©es en talus sur quatre faces, solidement bĂąties en pierres parfaitement orientĂ©es, et qui sont devenues, Ă  ces divers titres, des merveilles du monde. Les pyramides Ă©taient, pour la moyenne Égypte, ce que les syringes royales Ă©taient pour la ThĂ©baĂŻde. Les hypogĂ©es les plus vastes appartiennent, comme on le sait, aux rois thĂ©bains dont le rĂšgne a Ă©tĂ© le plus long; de mĂȘme, les plus grandes pyramides sont dues aux pharaons memphites, qui passĂšrent de nombreuses annĂ©es sur le trĂŽne. DĂšs qu’un roi Ă©tait solennellement investi du pouvoir, on s’occupait de son tombeau, cette derniĂšre habitation, que les anciens Égyptiens considĂ©raient comme la plus importante, et appelaient la demeure Ă©ternelle. On creusait un couloir dans le roc, et en mĂȘme temps l’on Ă©levait au-dessus un massif carrĂ© en grosse maçonnerie , dans laquelle on englobait souvent une Ă©lĂ©vation du sol, pour Ă©pargner la besogne. La syringe et le noyau pyramidal se dĂ©veloppaient, et s’étendaient peu Ă  peu et simultanĂ©ment durant l’existence du pharaon auquel le monument Ă©tait destinĂ©. En quelques annĂ©es, cette masse formait une petite pyramide Ă  gradins qu’on pouvait revĂȘtir immĂ©diatement ou augmenter encore progressivement, en Ă©largissant la base et en superposant de nouvelles assises, de façon Ă  avoir toujours une forme pyramidale dont les degrĂ©s servaient Ă  la pose et Ă  l’élĂ©vation des matĂ©riaux. Les fig. 5 et 6 de la pl. II peuvent donner une idĂ©e de ce travail, que le dĂ©faut d’espace nous empĂȘche d’exposer ici plus longuement. Quand le roi venait Ă  mourir, l’architecte s’empressait d’arrĂȘter les travaux d’agrandissement et deprocĂ©der Ă  l’achĂšvement du sĂ©pulcre. Pendant que les taricheules , les cholchtjles et autres membres de la caste sacerdotale vaquaient aux cĂ©rĂ©monies de l’embaumement, les ouvriers s’occupaient de couvrir les degrĂ©s d’un revĂȘtement dont les pierres, de bon appareil, Ă©taient disposĂ©es Ă©galement en gradins, et superposĂ©es Ă  partir de la base au sommet. On y mettait la derniĂšre main en abattant, de proche en proche, 1 excĂ©dant de matiĂšre formĂ© par la saillie de chaque degrĂ©, aplanissant graduellement la surface jusqu Ă  la base, de façon Ă  obtenir sur les quatre faces des talus rĂ©guliers. Plus la pyramide Ă©tait colossale, plus Ion pouvait aussi y employer d’ouvriers ; et, peu de temps aprĂšs le dĂ©pĂŽt de la momie royale dans son sarcophage de granit, les couloirs des chambres funĂ©raires Ă©taient comblĂ©s, les talus Ă©taient parĂ©s ; et le tombeau achevĂ© ne prĂ©sentait plus que quatre immenses surfaces planes, sans aucune ouverture apparente, et dĂ©corĂ©es seulement de quelques lĂ©gendes hiĂ©roglyphiques. Ce mode de construction par dĂ©veloppement progressif, annuel, aussi simple que le travail des formations gĂ©ologiques dont les Égyptiens semblent avoir pris modĂšle, est aujourd hui bien connu, grĂące aux fouilles faites dans les pyramides par les soins du colonel Yyse. Les plans et le mode d Ă©dification de ces divers monuments ont subi quelques modifications, suivant le gĂ©nie de 1 architecte; ainsi, au lieu de couches horizontales, on voit Ă  Sakkara des plans inclinĂ©s; mais le mode de dĂ©veloppement revient toujours au mĂȘme. Il a dispensĂ© d’employer de gigantesques Ă©chafaudages, des chaussĂ©es de terre et de nitre, ou de coĂ»teuses machines pour effectuer le levage et la pose de la quantitĂ© de pierres Ă©normes dont les pyramides sont composĂ©es. Les Égyptiens ne connaissaient que le plan inclinĂ©, le levier, le rouleau ou le chariot ; et c’est avec ces simples Ă©lĂ©ments qu’ils ont accompli ces prodigieuses entreprises. Les pyramides qu’on voit aujourd’hui en face du Kaire, sur le plateau qui domine la plaine de Gizeh, sont les plus cĂ©lĂšbres monuments de ce genre, les plus anciennes constructions qu’il y ait en Égypte, et probablement Ă  la surface du globe, oĂč, depuis plus de quarante siĂšcles, elles excitent 1 Ă©tonnement et 1 admiration des — STYLE ÉGYPTIEN. — hommes. Le plan topographique annexĂ© Ă  cet article donnera une idĂ©e de la disposition des pyramides de Gizeh, dont les trois principales portent les noms de ChĂ©ops , ChĂ©phren et MycĂ©rinus. La plus grande et la plus cĂ©lĂšbre, celle du roi ChĂ©ops, le Schoufou des lĂ©gendes hiĂ©roglyphiques, fut dĂ©pouillĂ©e tout Ă  fait de son revĂȘtement en 1395, sous le soultan Berqouq. Elle prĂ©sente aujourd’hui une vĂ©ritable pyramide Ă  degrĂ©s, dont les Ă©normes assises sont formĂ©es de pierres calcaires inĂ©gales, maçonnĂ©es avec un mortier composĂ© de chaux, de terre et d’argile. La premiĂšre assise est encastrĂ©e dans le rocher mĂȘme, qui a Ă©tĂ© aplani et taillĂ© rĂ©guliĂšrement en forme de socle. La plate-forme qu’on voit maintenant au sommet a environ 10 mĂštres de cĂŽtĂ©, et s’accroĂźt constamment par les dĂ©vastations de l’homme, bien plus que par l’effet du temps. Quoique les savants ne soient point d’accord sur la maniĂšre dont cette pyramide et celles qui l’avoisinent se terminaient au sommet, nous n’hĂ©sitons pas, d’aprĂšs la pyramide de Daschour et les reprĂ©sentations figurĂ©es , Ă  affirmer qu’elles Ă©taient toutes couronnĂ©es par un pyramidion monolithe. On a publiĂ© des mesures fort diffĂ©rentes de cette pyramide. Pour obtenir la largeur exacte de la base, il a fallu la dĂ©blayer des amas de sable et de dĂ©combres qui avaient Ă©levĂ© autour d’elle le terrain de plusieurs mĂštres. La mesure prise alors, d’angle en angle, par le gĂ©nĂ©ral Grobert, a donnĂ© 728 pieds ou 236“ 48 e de largeur Ă  sa base. Pour avoir la hauteur perpendiculaire, il a eu recours au procĂ©dĂ© le plus pĂ©nible, mais le plus simple et le plus infaillible il a mesurĂ© la hauteur partielle de chaque assise ou de chacun des degrĂ©s par lesquels on peut arriver aujourd’hui au sommet ; il en a formĂ© une table qui indique la diffĂ©rence de hauteur des 205 assises qui composent ce monument; assises dont la hauteur varie depuis un pied jusqu’à quatre, sans ordre Ă©tabli dans l’emploi de ces diffĂ©rentes dimensions, que le hasard a contribuĂ© seul Ă  entremĂȘler. L’addition de toutes ces cotes partielles donne pour hauteur verticale, dans l’état oĂč il se trouve actuellement, 447 pieds ou 145ℱ 20 e . Les mesures que nous donnons ci-aprĂšs sont traduites des mesures anglaises publiĂ©es par les ingĂ©nieurs Andrews et Perring. L’ensemble des degrĂ©s, ou la hauteur verticale de la pyramide de ChĂ©ops, atteint aujourd’hui 137 m 30 c , et sa largeur Ă  la base, 227 n, 37°. Lorsque la pyramide Ă©tait intacte et revĂȘtue de calcaire blanc compacte , dont on retrouve encore quelques pierres en place, sa base n’avait pas moins de 232 mĂštres, et sa hauteur verticale devait atteindre 146 mĂštres. Sur la face nord-est, Ă  la hauteur de la quinziĂšme assise, c’est-Ă -dire Ă  15 mĂštres environ au-dessus de la hase, on remarque une espĂšce de portail auquel on parvient par un monticule de sable et de dĂ©bris. Au-dessous de ce portail, formĂ© de grandes pierres posĂ©es en chevron pour servir de dĂ©charge Ă  la masse supĂ©rieure, se trouve une ouverture carrĂ©e par laquelle on descend dans l’intĂ©rieur de la pyramide. Ce couloir de l m 82 c de large sur autant de hauteur, et long de 36 m , conduit, suivant une pente d’environ 26°, Ă  un petit repos, oĂč l’on rencontre deux blocs de granit qui fermaient ce conduit mystĂ©rieux. Les fouilleurs, arrĂȘtĂ©s par cet obstacle, ont tournĂ© autour des blocs, et forcĂ© un passage dans le massif de la construction. Les parements du canal que nous venons de descendre, ainsi que ceux dont nous allons parler, sont formĂ©s par des pierres calcaires soigneusement appareillĂ©es. Au point oĂč nous sommes parvenus , le couloir se bifurque dans la hauteur le premier continue Ă  se diriger, suivant sa pente primitive, au centre du monument, vers une salle inachevĂ©e et taillĂ©e dans le roc; le second prend une direction ascendante, dont la pente, en sens contraire, est aussi roide que celle du premier il a les mĂȘmes dimensions, sur une longueur d’environ 24 mĂštres. En descendant, on parvient Ă  un palier d’environ trois mĂštres, oĂčse trouventdeux autres conduits un horizontal qui mĂšne Ă  la chambre dite de la Reine; un autre, beaucoup plus grand, faisant suite Ă  celui qu’on vient de quitter; et un peu Ă  droite, un conduit vertical, irrĂ©gulier, taillĂ© comme un puits. Son ouverture, de forme ovale, a dans sa plus grande largeur un peu plus d’un mĂštre on y descend au moyen d’entailles pratiquĂ©es aux cĂŽtĂ©s opposĂ©s pour placer alternativement les pieds et les mains. On parvient ainsi, tantĂŽt perpendiculairement, tantĂŽt en suivant plusieurs coudes, Ă  l’entrĂ©e de la chambre souterraine, dont les travaux ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s, probablement pour construire une salle sĂ©pulcrale plus digne du monument, qui prenait avec les annĂ©es des dimensions colossales. En revenant au palier, si l’on suit le couloir horizontal de .SS 1 " de longueur, on arrive Ă  la premiĂšre salle, dite de la Reine. Les murs sont en granit le plafond, en forme de toit Ă  double pente, est bĂąti avec de grandes travĂ©es degranitqui se rĂ©unissent, s’arc-boutent au milieu de l’angle. Cette disposition, qui tient lieu de voĂ»te, lui a Ă©tĂ© donnĂ©e pour mieux soutenir le massif. Du reste, cette chambre, qui a environ 6 m de longueur sur 5 m ,20 de large, n’est dĂ©corĂ©e d’aucun membre d’architecture, et l’on n’y remarque aucun vestige de sarcophage. Si cette piĂšce Ă©tait destinĂ©e Ă  contenir une autre momie que celle du roi, il y a eu probablement intervalle entre les deux dĂ©cĂšs , et des blocs de granit ont dĂ» clore immĂ©diatement toute communication. Revenons sur nos pas Ă  l’entrĂ©e du couloir horizontal oĂč commence le grand corridor par lequel on monte Ă  la chambre principale, appelĂ©e salle du Roi. Le bas de ce passage, auquel on parvient en se hissant de quelques pieds, est divisĂ© en trois parties deux forment banquettes le long des murs ; la troisiĂšme, celle du milieu, — PYRAMIDES DE GISEH, DE DASCHOUR, D’ABOUÇIR , ETC. — prĂ©sente un couloir dont la largeur est de l'",047 sur 0 m ,758 de haut. La largeur de ces trois parties au-dessus des banquettes est de 2 m ,093, et la longueur totale de la galerie est de 58 m ,50. Ce couloir, de 20ℱ de hauteur, est formĂ© de neuf assises qui suivent la pente, et dont les sept rangs supĂ©rieurs posĂ©s en encorbellement ont une lĂ©gĂšre saillie, de façon que l’espace diminue insensiblement, et se trouve rĂ©duit au sommet Ă  la largeur des couloirs. ArrivĂ© Ă  la fin de cette majestueuse galerie tout en granit, on trouve un palier qui prĂ©cĂšde l’entrĂ©e d’un conduit horizontal, bas et Ă©troit comme le premier couloir. Au delĂ  s’élĂšve une espĂšce de vestibule dont la hauteur est divisĂ©e par des rainures verticales, espĂšces de coulisses oĂč devaient s’engager des dalles de granit, afin de masquer et de clore Ă  jamais le passage de la chambre sĂ©pulcrale. *9 Cette salle, la principale du monument, est bĂątie tout en granit elle a 10 m ,295 de long sur 5 m ,147 de large, et 6 m , 117 e de hauteur. Les murs sontjormĂ©s de six assises Ă©gales qui rĂ©gnent tout autour, et le plafond est composĂ© de neuf grandes piĂšces de granit qui portent sur les deux murs opposĂ©s dans le sens de la largeur. Tous ces blocs sont d’un appareil si soignĂ©, qu’on distingue Ă  peine les jointures. Yers l’extrĂ©mitĂ© occidentale de la chambre, Ă  droite en entrant, se trouve un sarcophage de granit dĂ©nuĂ© de sculptures, espĂšce de cuve de 2"',273 de long sur prĂšs d’un mĂštre de large 0,974, dont le couvercle a Ă©tĂ© brisĂ© et dispersĂ©. On remarque dans cette piĂšce, sur les parois nord et sud, deux petits canaux ascendants qui onL Ă©tĂ© mĂ©nagĂ©s pour servir probablement de ventilateurs, et procurer un peu d’air aux ouvriers employĂ©s dans ces vastes constructions. Au-dessus de la salle royale, on a trouvĂ© , en 1763 , une autre piĂšce trĂšs-basse qui servait seulement de dĂ©charge au plafond de la chambre sĂ©pulcrale ; et les rĂ©centes recherches des explorateurs anglais ont fait dĂ©couvrir quatre autres piĂšces, superposĂ©es dans le mĂȘme but, et dont la derniĂšre est couverte par des blocs arc- boutĂ©s l’un contre l’autre en chevron, de maniĂšre Ă  offrir plus de rĂ©sistance Ă  la masse qu’elle devait porter. Le peu d’élĂ©vation de ces piĂšces, l’état brut de la bĂątisse, et la disposition du dernier plafond, tĂ©moignent qu’elles n’étaient destinĂ©es qu’à soulager les travĂ©es de la chambre royale, en mĂ©nageant au-dessus des vides propres Ă  diminuer l’énorme pression de la masse supĂ©rieure. Les salles de la pyramide n’offrent aucune inscription, et celles qui devaient ĂȘtre gravĂ©es sur le revĂȘtement ont disparu avec lui. Mais on a trouvĂ©, sur les faces dĂ©grossies des pierres employĂ©es aux cavitĂ©s de dĂ©charge, des inscriptions tracĂ©es en rouge, et ayant servi de marque dans les carriĂšres. On y voit Ă  plusieurs reprises le cartouche du deuxiĂšme pharaon de la quatriĂšme dynastie, Schoufou, le ChĂ©ops d’HĂ©rodote, le Souphis 1 er d’ÉratosthĂšne et de ManĂ©thon. Ces lignes grossiĂšres ne laissent aucun doute sur le personnage enseveli dans la grande pyramide 5121 ans avant JĂ©sus-Christ, et, tout en confirmant la donnĂ©e historique, viennent aussi attester la vĂ©ritĂ© de l’immortelle dĂ©couverte de Champollion le jeune. Les figures 5 et 6 donnent la coupe, et le plan Ă  vol d’oiseau, d’une des petites pyramides Ă  degrĂ©s situĂ©es au sud de la tombe de MycĂ©rinus. Elles reprĂ©sentent la pyramide mĂ©diale, dont l’entrĂ©e, percĂ©e dans le roc, se trouve en dehors du monument, Ă  4 mĂštres au nord de la base, qui a 31 mĂštres de longueur. Un petit couloir inclinĂ©, taillĂ© dans le roc, conduit Ă  un vestibule d’oĂč l’on pĂ©nĂštre par un couloir horizontal, fermĂ© jadis Ă  son extrĂ©mitĂ© par une porte-coulisse de granit, dans une petite chambre rectangulaire. Cette salle sĂ©pulcrale contenait un sarcophage scellĂ© dans le pavĂ© le couvercle en a Ă©tĂ© brisĂ© avec violence, et les ossements dispersĂ©s. Les dimensions intĂ©rieures de ce petit sarcophage de granit, qui a l m ,77 sur 0,79, semblent indiquer qu’il a dĂ» contenir la momie d’une reine ou d’une princesse. Cette pyramide est construite en quatre parties le premier degrĂ© a de hauteur 5 m ,26; le second, 5 m ,94 ; le troisiĂšme, mĂȘme Ă©lĂ©vation ; et le quatriĂšme, 4 m ,04. La hauteur primitive Ă©tait d’environ 21 mĂštres. PrĂšs du village de Daschour, l’ancienne Acanlhus, on voit encore deux pyramides construites en briques crues, et deux autres bĂąties en pierres. Les figures 7 et 8 donnent la coupe et le plan de la pyramide mĂ©ridionale. Ce monument, construit en pierre, est caractĂ©risĂ© par une diffĂ©rence d’inclinaison entre la partie infĂ©rieure et la partie supĂ©rieure, de façon que la base reprĂ©sente une pyramide tronquĂ©e, couronnĂ©e par un pyramidiou. Cette forme bĂątarde est due probablement Ă  la nĂ©cessitĂ© de complĂ©ter le tombeau plus rapidement qu’on ne l’avait d’abord projetĂ© en effet, la partie supĂ©rieure est bien moins soignĂ©e que la base, et construite avec des matĂ©riaux de moindres dimensions. Le corps de la pyramide est bĂąti en pierre de la montagne mĂȘme sur laquelle elle s’élĂšve ; mais les blocs de revĂȘtement, ceux des passages et de la chambre, viennent des carriĂšres du Mokatlam, situĂ©es en face, sur l’autre rive. Les assises, de 60 Ă  120 centimĂštres de hauteur, qui forment le talus, au lieu d’ĂȘtre horizontales, sont inclinĂ©es au centre de l’édifice, pour obtenir probablement une plus grande soliditĂ©. La base de cette pyramide est de I87 ra ,50; la hauteur perpendiculaire de la pyramide tronquĂ©e, de 44 m ,78; celle de la partie supĂ©rieure, de 52 m ,39; enfin la hauteur totale primitive Ă©tait d’environ 102ℱ,35. — STYLE ÉGYPTIEN. — Cette pyramide a deux entre'es, l’une au nord, l’autre Ă  l’ouest toutes deux conduisent Ă  une chambre mĂ©nagĂ©e, la premiĂšre au-dessous du niveau de la pyramide, la seconde au-dessus ; et chacune d’elles se trouve un peu en dehors de l’axe. La figure 7 donne la coupe de ce monument sur la ligne mĂ©diale de l’entrĂ©e septentrionale un conduit de l m ,65 de hauteur sur 47 m ,82 de longueur mĂšne Ă  un passage construit comme la galerie ascendante de la grande pyramide de Gizeh, et prĂ©cĂšde un appartement d’environ 6 m ,10 de large sur 24 m 40 de haut, dont la partie supĂ©rieure des murs se compose de quinze assises posĂ©es en encorbellement, de façon, Ă  couvrir l’édifice comme une pyramide creuse. La figure \'de la planche annexĂ©e Ă  cet article donne la coupe de la pyramide centrale d’Abouçir. Sa base actuelle, qui a 64 m ,88, devait avoir originairement 83 m ,45 sa hauteur perpendiculaire, aujourd’hui de 32ℱ,50 , devait ĂȘtre autrefois d’environ 52 mĂštres. On voit que l’entrĂ©e a Ă©tĂ© forcĂ©e dans la partie supĂ©rieure, car le couloir inclinĂ© Ă©tait encore rempli de blocs de granit lorsque les explorateurs anglais le firent dĂ©blayer. Une porte-coulisse fermait le passage horizontal, qui a 150 c. de haut sur autant de large, et environ 19ℱ de longueur. La largeur delĂ  chambre est de 4 m ,30 ; sa longueur est difficile Ă  dĂ©terminer, parce que tout l’intĂ©rieur est encombrĂ© des pierres du plafond, dont la plupart ont Ă©tĂ© brisĂ©es, et recouvrent probablement le sarcophage. Les pyramides d’Éthiopie ne sont pas exactement orientĂ©es comme les monuments du mĂȘme genre qu’on admire en Égypte elles sont dissĂ©minĂ©es, sans ordre et sans symĂ©trie, tant dans la nĂ©cropole de Djebel Barkal que dans celles de Nouri, Assour et Naga. Ces pyramides, Ă©levĂ©es sur un soubassement formĂ© d’une ou plusieurs assises, sont toujours prĂ©cĂ©dĂ©es de petits temples dont les parois sont couvertes de sculptures. PrĂšs du sommet, on voit gĂ©nĂ©ralement une petite niche, espĂšce de fausse lucarne qui ne sert qu a l’ornementation, et quelquefois Ă  dĂ©signer l’emplacement d’une chambre funĂ©raire. Les arĂȘtes des pyramides sont renforcĂ©es par une bordure qui court de la base au sommet ces bordures sont arrondies en tores, quand l’édifice Ă©tait entiĂšrement terminĂ©. On ne remarque, dans aucune des pyramides ouvertes jusqu’à ce jour, tout ce mystĂ©rieux systĂšme de couloirs usitĂ© dans les monuments funĂ©raires d’Égypte ceux d’Ethiopie ne contiennent que des cellules isolĂ©es, et une chambre sĂ©pulcrale Ă  laquelle on descend par un escalier. Les fouilles n’ont pas fait dĂ©couvrir de sarcophages ou de cercueils les cadavres y Ă©taient dĂ©posĂ©s sur une simple civiĂšre couverte d’un drap blanc, tissu de coton ou de byssus. Les figures 10, 11, 12 et 13 de notre planche reprĂ©sentent, d’aprĂšs une restauration de Cailliaud, la façade, l’élĂ©vation latĂ©rale, la coupe et le plan d’une des plus grandes pyramides d’Assour. Le groupe dont elle fait partie occupe le plateau d’une colline de grĂšs de la nĂ©cropole de MĂ©roĂ©, qui comptait environ 80 pyramides distribuĂ©es irrĂ©guliĂšrement, mais dont les entrĂ©es sont tournĂ©es vers l’est. Cette pyramide, construite en grĂšs, prĂ©sente une façade ornĂ©e d’un petit temple composĂ© d’un sanctuaire, prĂ©cĂ©dĂ© d’un naos ou portique, et d’une cour avec pylĂŽne. Les murs du portique, plus bas que ceux du sanctuaire, sont couronnĂ©s par des corniches, tant Ă  l’extĂ©rieur qu’à l’intĂ©rieur. Trois petites colonnes Ă  chapiteau lotiforme s’élĂšvent sur ces murailles, et soutenaient jadis des emblĂšmes ou les soffites de ce portique, qui Ă©tait probablement couvert dans toute sa longueur. Cette pyramide, une des plus belles de MĂ©roĂ©, peut donner une idĂ©e assez prĂ©cise du plan que les anciens avaient adoptĂ© pour la construction de ces monuments funĂ©raires. La plupart de ces sĂ©pultures ont Ă©tĂ© violĂ©es l’idĂ©e d’y trouver des trĂ©sors a Ă©tĂ©, dans le haut comme dans le bas Nil, la premiĂšre cause de la ruine de tous ces monuments. Un Italien au service du pacha, le docteur Eerlini, obtint en 1834 la permission de faire des fouilles dans les pyramides de MĂ©roĂ©. Il trouva dans l’une des plus grandes, qu’il dĂ©molit presque entiĂšrement, une riche collection d’objets en or, argent et pierres fines. Un beau vase en bronze avec deux tĂštes de Bacchus entourĂ©es de feuilles de vigne, un camĂ©e reprĂ©sentant une tĂȘte de Minerve, une sardonyx avec la truie, prouvent que ces monuments datent du dernier temps de l’époque grecque ou du commencement de l’ere romaine. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Greaves. Pyramidographia. London, 1646, in-fol. 2 ° Meister. De pyramidum fabricĂą et fine. Gott., 1774. 3" Grobert. Description des pyramides de GhizĂ©, de la ville du Kaire et de ses environs. Paris, an IX 1801, 1 vol. in-4°, pl. 4° Belzoni. Narrative of the operations and recent discoveries within the pyramids, temples, tombs and excavations in Egypt and Nubia. London, 1821, in-8», et atlas in-fol. 5° F. Caillaud. Voyage Ă  MĂ©roĂ©, etc. Paris, 1826-27, 4 vol. in-8°, 2 vol. in-fol. de planches. 6° J. Ferlini. 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Des avenues inclinĂ©es suivant la dĂ©clivitĂ© de la montagne, et bordĂ©es de grosses pierres, conduisaient Ă  ces tombeaux , qui Ă©taient prĂ©cĂ©dĂ©s d’un portique taillĂ© dans le roc, et de constructions en pierres qui n’ont laissĂ© que des traces informes , mais qu’il serait facile de restituer d’aprĂšs des monuments analogues. Quelques-uns de ces hypogĂ©es sont couverts de peintures variĂ©es, aussi intĂ©ressantes sous le rapport de l’histoire naturelle du pays, des mƓurs et usages, des arts et mĂ©tiers des Égyptiens, que sous le rapport du style, des proportions et du coloris des figures. L’architecture simple et sĂ©vĂšre de ces hypogĂ©es partage aussi l’admiration de tous les visiteurs, et va nous fournir de prĂ©cieuses donnĂ©es sur l’histoire de l’art. Les deux premiĂšres excavations, celles du nord, sont les plus intĂ©ressantes sous tous les points de vue. La plus septentrionale renfermait la momie d’un haut fonctionnaire nommĂ© AmĂ©nemhĂ©, qui vivait sous le pharaon SĂ©sortasen 1", environ vingt-huit Ă  trente siĂšcles avant notre Ăšre. Le plan est parfaitement symĂ©trique. La porte d’entrĂ©e est prĂ©cĂ©dĂ©e d’un portique de deux colonnes octogonales surmontĂ©es d’un tailloir, et Ă©levĂ©es sur des bases trĂšs-larges. La fig. 9 de la planche jointe Ă  cette notice donne la vue perspective de cette entrĂ©e; les fig. 10, 11, 12 et 13, les plan, coupes et dĂ©tails. Au-dessus de l’architrave on voit une frise fort dĂ©tĂ©riorĂ©e, mais dont la partie infĂ©rieure prĂ©sente encore une suite de denticules arrondies par le bas. Le plafond, taillĂ© en berceau surbaissĂ©, repose d’un cĂŽtĂ© sur l’architrave du portique, et de l’autre sur le mur de fond. La salle, qui a plus de 12 mĂštres de large, et dont le sol est un peu plus Ă©levĂ© que le portique *, est soutenue par quatre colonnes Ă  cannelures creuses, dont la forme Ă©lĂ©gante semble avoir donnĂ© aux Grecs l’idĂ©e de leur ordre dorique. Ces colonnes, posĂ©es ou plutĂŽt taillĂ©es sur de larges bases, ont cinq diamĂštres de hauteur, et le fĂ»t diminue d’environ 1/10 jusque sous l’abaque qui le couronne, et saillit un peu sur lui. Ce fĂ»t porte quinze cannelures; la largeur de la seiziĂšme, celle parallĂšle Ă  l’axe du monument, est occupĂ©e par une surface plane, destinĂ©e sans doute Ă  recevoir une inscription hiĂ©roglyĂŒhique qui n’a jamais Ă©tĂ© gravĂ©e. Ces colonnes Ă©taient peintes d’une couleur rougeĂątre, de façon Ă  imiter le granit, et Ă  leur donner peut- ĂȘtre l’apparence d’une plus grande soliditĂ© que le calcaire numismal de la montagne. Elles soutiennent deux architraves qui divisent le tombeau en une nef et deux ailes latĂ©rales ; les trois plafonds sont taillĂ©s en berceaux surbaissĂ©s, et peints de carreaux componĂ©s. Le plan de ce tombeau se termine par un petit sanctuaire oĂč s’élĂšve la statue colossale du dĂ©funt, assis entre deux femmes. Le second hypogĂ©e creusĂ© pour un administrateur des terres orientales de l’Heptanomide, appelĂ© AoubĂŽtp, ressemble Ă  celui que nous venons de dĂ©crire, exceptĂ© que la niche ne contient point de statues, et qu’il est prĂ©cĂ©dĂ© d’un portique Ă  colonnes entiĂšrement cannelĂ©es, sans base, comme Ă  Pestum et dans tous les beaux temples grecs. Les colonnes intĂ©rieures ont Ă©tĂ© dĂ©truites. Les peintures qui dĂ©corent ce tombeau sont d’un fini prĂ©cieux ; les animaux surtout y sont traitĂ©s avec un soin et un fini remarquables. On est Ă©tonnĂ© de trouver dans ces petits monuments, les plus anciens de l’Égypte, des colonnes presque semblables Ă  celles des plus vieux temples grecs d’AthĂšnes, de Pestum , de CorĂ© et d’Agrigente. A l’exception de quelques minimes dĂ©tails, les Grecs n’ont rien ajoutĂ© Ă  cet ordre Ă©gyptien, qui remonte Ă  prĂšs de 3,000 ans avant notre Ăšre. On pourrait retrouver sur d’autres monuments l’origine des triglyphes dont ils l’ont dĂ©corĂ© ; 1 Ă©chine des colonnes doriques correspond Ă  la partie infĂ©rieure du chapiteau de lotus voy. fig. 15 ; les listeaux ou annuli , au nombre de trois ou cinq, placĂ©s au-dessous de l’échine, se retrouvent aussi sur des colonnes de BĂ©ni-Hassen. Ces analogies, frappantes dans les dĂ©tails les plus caractĂ©ristiques des ordres Ă©gyptien et grec, paraissent indiquer une origine commune ; aussi tous les voyageurs se sont accordĂ©s Ă  voir dans les colonnes de SĂ©sortasen le type du dorique, empruntĂ© par les Grecs Ă  l’architecture de la vallĂ©e du IN il. Convaincu par ces preuves archiauthentiques , notre cĂ©lĂšbre hiĂ©rogrammate, Champollion , s’est dĂ©cidĂ© Ă  nommer protodoriques les vieilles colonnes de BĂ©ni-Hassen. La haute antiquitĂ©, l’invention Ă©gyptienne de ce type primitif, est un fait capital, incontestable et prĂ©cieux * Quelques erreurs de dĂ©tail se sont glissĂ©es dans cette planche, oĂč le graveur a omis 1° de surhausser d’une marche le sol du portique sur la cour, et celui de la salle sur le portique; 2° de dessiner les bases des colonnes; 3° d’arrondir les denticules du portique; 4° enfin d’indiquer le mĂ©plat qui occupe la place de la seiziĂšme cannelure. Ces erreurs existent dans la planche du grand ouvrage d’Égypte, qui a servi de modĂšle. — STYLE ÉGYPTIEN. — pour l’histoire de l’art ; mais la question de savoir si l’architecture grecque naquit et se dĂ©veloppa sous l'influence Ă©gyptienne, ou si elle dut ses premiers essais Ă  ses seules inspirations, me semble fort difficile Ă  rĂ©soudre, quand nous ne connaissons pas l’époque et la nature des premiĂšres relations de ces deux peuples. Pour trancher la question avec quelque certitude, il faudrait des documents historiques qui nous manquent, et qui ne se produiront peut-ĂȘtre jamais. L’apparente identitĂ© des ordres Ă©gyptien et grec ne prouve autre chose qu’une idĂ©e commune, qu’un rapport fortuit, et tel qu’il s’en prĂ©sente partout oĂč il y a des constructions formĂ©es d’un toit ou d’une terrasse Ă©levĂ©e sur des supports. C’est prĂ©cisĂ©ment dans l’enfance de l’art, quand les peuples jettent leurs premiĂšres conceptions, qu’ils se rencontrent le plus souvent, parce qu’ils suivent l’analogie des idĂ©es que la nature leur suggĂšre. Le caractĂšre des constructions primitives, du premier type, c’est-Ă -dire de l’architecture en bois, est tellement marquĂ© dans le dorique, qu’on ne saurait le regarder comme le rĂ©sultat d’un emprunt, mais bien plutĂŽt comme l’imitation des premiers essais de l’art de bĂątir. La colonne grecque se lie trop bien avec-l’architrave, la frise et la corniche, les triglyphes et les mutules, pour ne pas voir que tout est sorti d’un seul jet de la tĂȘte d’un artiste de gĂ©nie; c’est la copie d’un assemblage de parties liĂ©es les unes aux autres, et parfaitement logiques. Il faut donc regarder le dorique, quelque analogie qu’il prĂ©sente avec l’ordre Ă©gyptien, comme le principe mĂȘme de l’art grec, et le type le plus original qu’il ait produit. Au reste, si l’on persiste Ă  croire que la forme des colonnes de BĂ©ni-Hassen a Ă©tĂ© importĂ©e en GrĂšce, Ă  une Ă©poque reculĂ©e, par des colonies Ă©gyptiennes, l’art grec s’est dĂ©veloppĂ© de façon Ă  prouver qu’il pouvait se passer de cette assistance Ă©trangĂšre. Les hypogĂ©es de BĂ©ni-Hassen prĂ©sentent encore d’autres documents fort remarquables pour l’histoire de l’art sous les pharaons. On voit dans plusieurs tombeaux situĂ©s au sud de ceux que nous venons de dĂ©crire, et qui datent Ă©videmment du mĂȘme siĂšcle, le prototype de l’ordre Ă©gyptien qui a Ă©tĂ© le plus en usage Ă  toutes les Ă©poques. Ces colonnes consistent en quatre tiges de lotus, dont les boutons forment un chapiteau naturel, sĂ©parĂ© du fĂ»t par des viroles ou plutĂŽt des liens qui, aprĂšs avoir fait plusieurs tours, laissent pendre entre les tiges leurs deux extrĂ©mitĂ©s. Voy. fig. 14 et 15. Ces colonnes, qui ont une diminution trĂšs-sensible, reposent sur des bases extrĂȘmement larges et peu Ă©levĂ©es. Le plafond est taillĂ© en forme de toit plat, ou, s’il se peut dire, en fronton creusĂ© ; particularitĂ© qu’on remarque dans divers hypogĂ©es du voisinage. Cet ordre de colonnes annonce un certain progrĂšs sur les piliers et les colonnes cannelĂ©es; et cependant, quoique leur forme soit des plus heureuses, elles sont trop grĂȘles pour l’énorme poids qu elles doivent porter. Les proportions varient un peu dans les autres hypogĂ©es, oĂč ce beau type de l’art Ă©gyptien sous les rois de la douziĂšme dynastie, dĂ©ploie dĂ©jĂ  tout ce qu’il a de naturel, de simplicitĂ© et d’élĂ©gance. Comme presque tous les hypogĂ©es, ceux de cette localitĂ© contiennent des puits dans lesquels les momies Ă©taient dĂ©posĂ©es la situation de ces caveaux funĂ©raires est presque toujours indiquĂ©e par une tablette hiĂ©roglyphique placĂ©e sur la muraille la plus voisine. Ils sont tous ornĂ©s d’inscriptions et de tableaux peints sur stuc. Le dĂ©tail de ces peintures n’entre point dans le plan de ce livre, et nous regrettons que les bornes de cet article ne nous permettent pas de nous Ă©tendre sur la nature des ornements, qui prĂ©sentent une variĂ©tĂ© de mĂ©andres, de fleurons disposĂ©s en carreaux, de rosaces diverses componĂ©es en damier, d’enroulements et d'entrelacs peints de couleurs variĂ©es ils rappellent les ornements de fantaisie nommĂ©s grecs ou bien Ă©trusques, et dont l’invention paraĂźt encore appartenir aux artistes Ă©gyptiens. Plusieurs hypogĂ©es de Psinaula et de ThĂšbes contiennent aussi de curieux documents sur l’histoire de l’art, et notamment sur l’invention de la voĂ»te ; mais nous devons nous borner ici Ă  l’étude des tombeaux hypogĂ©ens qui forment l’objet de cette notice. Il nous reste donc Ă  parler des syringes de ThĂšbes, particuliĂšrement destinĂ©es Ă  l’inhumation des rois, des reines, ou des fonctionnaires qui ont gouvernĂ© le pays. Les anciens pharaons des dynasties thĂ©baines avaient choisi pour lieu de sĂ©pulture une vallĂ©e situĂ©e Ă  l’ouest de leur capitale et de la nĂ©cropole qui la domine. Cette vallĂ©e Ă©troite, aride, encaissĂ©e de montagnes et de hauts rochers coupĂ©s Ă  pic, se ramifie en diverses directions, et prĂ©sente partout l’aspect le plus triste, le plus sauvage et le plus dĂ©solĂ©. Au pied ou sur les pentes de ces montagnes, auxquelles l’art n’a rien enlevĂ© de leur rugositĂ© primitive, on aperçoit des ouvertures carrĂ©es, percĂ©es dans tous les sens, et encombrĂ©es pour la plupart de roches et de dĂ©tritus amoncelĂ©s par le temps. Ces simples ouvertures servent de façade et d’entrĂ©e aux hypogĂ©es des rois. Voy. fig. 8 ; elle reprĂ©sente l’entrĂ©e du tombeau de BamsĂšs VI, que Champollion habita pendant son sĂ©jour dans la vallĂ©e de BibĂąn-el-Molouk. C’est une scĂšne magique, que cette subite transition d’une solitude Ăąpre, d’un dĂ©sert affreux, Ă  ces longues suites de brillantes et fraĂźches peintures, Ă  tout le luxe de ces longues et incomprĂ©hensibles galeries. On est — TOMBEAUX HYPOGÉENS A THÈBES ET A BÉNI-HASSEN. — Ă©tonnĂ© de la simplicitĂ© et du peu de dĂ©veloppement de ces entrĂ©es, comparĂ©es Ă  la magnificence intĂ©rieure de ces hypogĂ©es ; et cet Ă©tonnement ne cesse qu’en se rappelant que ces portes Ă©taient bouchĂ©es par de grosses pierres, pour les confondre avec la rusticitĂ© empreinte par la nature sur les flancs de la montagne. Les entrĂ©es mĂȘme des galeries Ă©taient aussi soigneusement masquĂ©es que les conduits des pyramides; et l’on sait, par les dĂ©couvertes de Belzoni, de quels mystĂšres les Égyptiens enveloppaient cette demeure des morts *. Ces entrĂ©es sont percĂ©es dans toutes les directions, mais toujours de maniĂšre Ă  ce que l’axe longitudinal de l’hypogĂ©e aboutisse au point culminant de la montagne, qui s’élevait ainsi en cĂŽne au-dessus du tombeau. La pensĂ©e qui avait prĂ©sidĂ© Ă  la construction des pyramides se retrouvait lĂ  tout entiĂšre, et plusieurs montagnes qui s’élĂšvent comme de gigantesques tumulus semblent avoir donnĂ© l’idĂ©e des constructions pyramidales. Lorsque Strabon voyageait en Égypte, on comptait une quarantaine de ces tombes royales ; Diodore, je crois, n’en compte que dix sept, qui subsistaient encore sous PtolĂ©mĂ©e-Lagus ; aujourd’hui, malgrĂ© des dĂ©couvertes rĂ©centes, on n'en connaĂźt que vingt-cinq, les unes achevĂ©es, les autres Ă©bauchĂ©es ou entiĂšrement nues ces derniĂšres, ouvertes depuis des siĂšcles, paraissent avoir Ă©tĂ© revĂȘtues de stuc, qui est tombĂ© sous l’édacitĂ© du temps. Les hypogĂ©es de BibĂąn-el-Molouk, oĂč les pharaons ont dĂ©ployĂ© une magnificence vraiment royale, en faisant concourir les trois grands arts Ă  l’embellissement de leur derniĂšre demeure, sont creusĂ©s Ă  des niveaux diffĂ©rents et sans aucune symĂ©trie relative, mais sur un plan Ă  peu prĂšs uniforme. Une porte assez Ă©troite sert d’entrĂ©e Ă  une longue galerie ou couloir qui se dirige vers le centre de la montagne, suivant un angle plus ou moins inclinĂ© Ă  l’horizon comme dans le tombeau de BamsĂšs-Meiamoun, fig. 1 **; celui de BamsĂšs V, ig. 5; RamsĂšs VI, fig. 6; et celui de MĂ©nephtah-Siphtah, fig. 7, ou par de longs paliers sĂ©parĂ©s par des escaliers comme dans le tombeau d’AmounĂŽph-Memnon, fig. 2 ; et celui de MĂ©nçphtab I er , fig. 3 et 4. Ces couloirs sont divisĂ©s tantĂŽt par des chambranles , tantĂŽt par de petites piĂšces carrĂ©es ou rectangulaires, ou enfin par des escaliers et de nouveaux passages qui prĂ©cĂšdent une grande salle oblongue, Ă  plafond cintrĂ©, soutenue par des piliers Ă©levĂ©s sur un stylobate qui rĂšgne dans tout le pourtour. C’est dans cette vaste piĂšce, nommĂ©e dans les inscriptions la salle dorĂ©e , et ordinairement creusĂ©e Ă  la plus grande profondeur, que reposait dans un Ă©norme sarcophage de granit la momie royale, ceinte d’une triple enveloppe de bandelettes, de cartonnage et de bois. Les momies trouvĂ©es dans les deux petits rĂ©duits, derriĂšre la grande salle du tombeau de BamsĂšs VI, prouvent que ces hypogĂ©es renfermaient souvent les cercueils de plusieurs individus, et que la majestĂ© royale daignait partager sa splendide sĂ©pulture avec des serviteurs ou des familiers, qui se disputaient sans doute ce dernier honneur. Le tombeau de RamsĂšs-Meiamoun se distingue de tous les autres par son entrĂ©e, ornĂ©e de deux pilastres Ă  tĂšte de vache, symbole d’Hathor, dĂ©esse rectrice de l’Amenti ou enfer Ă©gyptien. Il est aussi remarquable par dix petites salles percĂ©es latĂ©ralement dans le corridor d’entrĂ©e. Chacune d’elles conserve encore de fraĂźches peintures reprĂ©sentant des meubles, des armes, et des scĂšnes de la vie privĂ©e des Égyptiens. Dans la premiĂšre on a peint l’intĂ©rieur d’une cuisine, et tous les apprĂȘts du repas d’un pharaon. Dans la salle opposĂ©e sont reprĂ©sentĂ©es diverses barques richement ornĂ©es. Une autre piĂšce offre l’image des armes offensives et dĂ©fensives des Égyptiens. Le mobilier royal occupe toute une salle. Dans la suivante on voit des scĂšnes de jardinage et d’agriculture ; plus loin sont deux chapelles consacrĂ©es aux principales divinitĂ©s, et une troisiĂšme en particulier au dieu Nil et aux douze mois de l’annĂ©e Ă©gyptienne, personnifiĂ©s par douze divinitĂ©s portant les productions des diverses saisons. Enfin la derniĂšre salle, rĂ©servĂ©e au mĂ©nestrel du roi, contient la reprĂ©sentation des deux cĂ©lĂšbres harpistes reproduits dans tous les ouvrages sur l’Égypte. Quelques-uns de ces tombeaux sont d’une Ă©tendue immense, et leur longueur varie depuis 16 jusqu’à 120 mĂštres. Les rois les faisaient creuser de leur vivant, et en poursuivaient les travaux jusqu’au moment fatal oĂč la mort les forçait Ă  venir habiter cette funĂšbre demeure, dont ils prenaient possession dans l’état * D’aprĂšs cela, que penser du texte de Strabon, qui rapporte que jadis des obĂ©lisques couverts d’inscriptions Ă©taient placĂ©s prĂšs de ces tombeaux ? On n’en trouve pas la moindre trace , pas le moindre dĂ©bris ; et l’on ne saurait allier cette ostentation avec la simplicitĂ© des façades de ces hypogĂ©es, et le soin que les Égyptiens mettaient Ă  en dĂ©rober l’emplacement aux vivants, dĂšs que le culte de famille avait cessĂ©. ** Champollion a retrouvĂ© sur un papyrus du MusĂ©e de Turin un plan de ce tombeau. Chaque couloir, chaque chambre porte une inscription hiĂ©ratique, suivie de chiffres qui indiquent les dimensions de l’hypogĂ©e royal. La grande salle prĂ©sente le dessin, Ă  vol d’oiseau, du sarcophage peint en granit rose. — Voy. Lepsius, Auswahl der IVichtigsten Urkunden des Ægyp- tischen Alterthums. 1 vol. in-fol. ; Leipzig, 1842, pl. XXII. — STYLE ÉGYPTIEN. — oĂč elle se trouvait aprĂšs les soixante-dix jours consacrĂ©s Ă  l’embaumement. Aussi, c’est aux plus longs rĂšgnes qu’appartiennent les tombes les plus complĂštes, comme celles de MĂ©nephtah I er fig. 3 et 4, de RamsĂšs- Meiamoun fig. 1, et de MĂ©nephtah-Siphtah, souverain en sous-ordre qui semble avoir rĂ©gnĂ© au nom de sa femme, la reine Taosiri fig. 7. Ces hypogĂ©es sont creusĂ©s dans une pierre calcaire d’une pĂąte fine et blanche, qui se travaille et se polit facilement. Cette pierre est parsemĂ©e çà et lĂ  de silex et de coquilles fossiles, que les sculpteurs ont enlevĂ©s, et remplacĂ©s par des morceaux de calcaire adroitement encastrĂ©s sur les parements du mur. Il paraĂźt qu’on n’avait Ă©gard qu’à la capacitĂ© du rocher, Ă  son homogĂ©nĂ©itĂ©, pour creuser un tombeau, puisque leurs axes respectifs ne conservent aucun parallĂ©lisme, et paraissent tous se diriger de l’endroit choisi au point culminant de la montagne. Ces syringes Ă©taient toujours percĂ©s en ligne droite ; et l’irrĂ©gularitĂ© qu’on remarque dans quelques tombeaux, tels que ceux d’AmounĂŽph-Memnon fig. 2, de MĂ©nephtah I er fig. 3, et de RamsĂšs-Meiamoun fig. 1, est due au voisinage d’autres sĂ©pultures qui ont forcĂ© de faire un coude pour les Ă©viter. On voit dans la fig. 1 que l’hypogĂ©e de Meiamoun, arrivĂ© au tiers de sa longueur, pĂ©nĂ©tra dans un tombeau voisin, et que cette rencontre inattendue obligea l’architecte Ă  rejeter son excavation sur la droite, afin de trouver un espace libre pour continuer l’hypogĂ©e au grĂ© du pharaon auquel il Ă©tait destinĂ©. C’est Ă  une cause semblable qu’il faut attribuer la double dĂ©viation du tombeau d’AmounĂŽph III. L’architecture des hypogĂ©es royaux est extrĂȘmement simple point de moulures, de corniches, ni d’architraves; des murailles sans profil, des pilastres carrĂ©s et des plafonds plats ou taillĂ©s en berceau, voilĂ  tout. La statuaire en Ă©tait aussi bannie. En revanche, la sculpture en bas-relief et la peinture ont Ă©talĂ© tout leur savoir et toutes leurs ressources *. Dans ceux qui sont coloriĂ©s seulement, la peinture repose sur un frĂȘle enduit de plĂątre qui, n’étant point exposĂ© aux vicissitudes des saisons et Ă  la lumiĂšre solaire, a conservĂ© toute la fraĂźcheur de la palette du peintre. La richesse des dĂ©corations va croissant jusqu’à la salle dorĂ©e, oĂč reposait la momie royale. Tous les sarcophages ont Ă©tĂ© violĂ©s. Les barbares qui ont pillĂ© ces tombeaux en ont brisĂ©, dispersĂ© les cadavres que la piĂ©tĂ© et l’orgueil prĂ©tendaient y faire reposer en paix pendant trois mille ans. Ces sarcophages, ordinairement en granit, sont travaillĂ©s avec un art et une patience admirables. Dans le tombeau de MĂ©nephtah I er , dĂ©couvert en 1817 par Belzoni, le sarcophage Ă©tait en albĂątre oriental, couvert de fines sculptures; quoique aussi colossal que les autres, les parois en sont si minces, qu’elles deviennent transparentes quand on place une lumiĂšre Ă  l’intĂ©rieur. Le sarcophage de basalte vert qui orne le MusĂ©e du Louvre est un des plus beaux que l’on connaisse ; et si les officiers du Luxor n’avaient point vendu Ă  l'Angleterre le superbe sarcophage de la reine Onkhnas, nous aurions les deux plus prĂ©cieux monolithes de ce genre. C’est dans ces tombeaux que le gĂ©nie mystĂ©rieux des Égyptiens se montre dans toute sa plĂ©nitude ; c'est lĂ  que sont le plus fortement empreintes les traces des croyances sous le joug desquelles ce peuple Ă©tonnant a vĂ©cu. Lorsque, Ă  la faible lueur d’une torche, on parcourt ces longues enfilades de piĂšces toutes couvertes de bas-reliefs et de peintures symboliques; lorsqu’on examine ces salles magnifiques et spacieuses exĂ©cutĂ©es avec tant de difficultĂ©s, de fatigue et de patience, on ne peut se dĂ©fendre d’un Ă©tonnement religieux, d’une sorte de stupĂ©faction, en songeant que tout ce faste ruineux Ă©tait condamnĂ© Ă  d’éternelles tĂ©nĂšbres ; ces immenses lĂ©gendes, Ă  n’ùtre jamais lues. Tout cela serait incomprĂ©hensible, si le systĂšme religiĂšux et psychologique des Égyptiens nous Ă©tait entiĂšrement inconnu. C’est bien le mĂȘme gĂ©nie qui a ordonnĂ© les pyramides et fait creuser ces vastes syringes ; c’est le mĂȘme systĂšme dans les galeries et les corridors, la mĂȘme distribution irrĂ©guliĂšre ascendante ou descendante, enfin le mĂȘme mystĂšre empreint partout. Dans les hypogĂ©es de BibĂ n-el-Molouk, il n’y a pas une seule paroi sans ornements, sans peintures ou lĂ©gendes, quand le pharaon a eu le loisir de terminer son tombeau. Dans les pyramides, les couloirs Ă©taient nus ; et toute la dĂ©coration paraĂźt avoir Ă©tĂ© sur le revĂȘtement, qui a disparu. L’un Ă©tait un livre fermĂ©, que l’avide curiositĂ© des modernes est venue exposer au jour ; l’autre, un livre toujours ouvert, dont le temps ou la barbarie a dĂ©truit les symboles et les caractĂšres. * L’on peut juger Ă  Paris de la beautĂ© et du fini prĂ©cieux de ces sculptures peintes, par un bas-relief exposĂ© dans les nouvelles salles du MusĂ©e Ă©gyptien du Louvre. Ce superbe spĂ©cimen a Ă©tĂ© enlevĂ© par Champollion sur un des pilastres du tombeau de SĂ©ti ou MĂ©nephtah 1", chef de la dix-neuviĂšme dynastie. .a»,- 111 » as;?;» * » ' ''Vs* - -SVÆÏStÇ la '' -3 siiiLii/;!^iiiiiiiSii^;; . sTT^-S i>'*ÎSP- Die Ruinen von Tschil-Minar Abh. der Berliner Akad.; 1812-13. 13“ MĂ»rier J., Second journey through Persia, etc. ; London, 1814, in-4“. 14° Maurice Th., Observations on the ruins of Babylon and Perse- polis; London, 1816-1818,2 vol. in-4“. 15“ Rich. Narrative of a journey to the site of Babylone in 1811; with Narrative of a the journey to Persepolis. 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A quatre milles de Tschilminar, et Ă  douze lieues environ de Schiraz, est un rocher de marbre blanchĂątre, taillĂ© Ă  pic, et qui s’élĂšve Ă  une hauteur de prĂšs de 900 pieds *. C’est sur la face de ce rocher que se trouvent les sculptures et les excavations appelĂ©es aujourd’hui Takhti-Roustam, ou le TrĂŽne de Roustam, Kabrestani Guiauran, ou le CimetiĂšre des GuĂšbres, et plus communĂ©ment Nakschi-Rouslam, oui Image de Roustam; les habitants du pays ont adoptĂ© ce dernier nom, parce qu’ils croient reconnaĂźtre dans les sculptures du rocher la reprĂ©sentation des combats singuliers et des hauts faits d'armes de Roustam, le plus grand hĂ©ros des temps fabuleux de la Perse. Les monuments de Nakschi-Roustam appartiennent Ă  deux Ă©poques bien distinctes ; les uns sont antĂ©rieurs Ă  l’expĂ©dition d’Alexandre, les autres ne datent que du temps des rois Sassanides. Les premiers se composent de quatre tombeaux taillĂ©s dans le roc, Ă  une hauteur d’environ GO pieds. Us sont tous ornĂ©s, Ă  l’extĂ©rieur, de sculptures en relief, exĂ©cutĂ©es dans le rocher mĂŽme. Un de ces tombeaux, dont la façade est couverte de caractĂšres cunĂ©iformes, a, suivant une conjecture de Ker Porter, servi de sĂ©pulture Ă  Darius, fils d’Hystaspe**. Nous savons, il est vrai, par les Persiques de CtĂ©sias, que le tombeau de Darius Ă©tait creusĂ© dans le roc et qu’on ne pouvait y arriver qu’en se faisant hisser avec des cordes *** ; mais ce trait de ressemblance ne suffit, pas pour constater l’identitĂ© du monument, et le voyageur anglais a nĂ©gligĂ© de transcrire les inscriptions, qui auraient donnĂ© le mot de cette Ă©nigme intĂ©ressante ; car on connaĂźt parfaitement aujourd’hui la valeur des caractĂšres cunĂ©iformes qui composent les noms des principaux monarques perses ****. Mais pourquoi ces tombeaux Ă©taient-ils creusĂ©s dans le roc et placĂ©s Ă  une si grande hauteur? Pourquoi Ă©taient-ils nĂ©cessairement destinĂ©s Ă  des rois? Il faut, pour rĂ©pondre Ă  ces questions, entrer dans quelques dĂ©tails sur les usages des sectateurs de Zoroastre touchant les morts. Autrefois les Mages faisaient dĂ©vorer les cadavres par des bĂȘtes fĂ©roces. Aujourd'hui les GuĂšbres, descendants des Mages, ont conservĂ© cette coutume, avec de lĂ©gĂšres modifications. En Perse, et surtout dans l’Inde oĂč ils habitent les villes de Bombay, Surate, Nauçari et plusieurs autres encore, ils portent les corps Ă  un Ă©difice toujours situĂ© loin des habitations et qu’ils appellent Dakhmeh. Le dakhmeh est une espĂšce de tour ronde dont la grandeur varie suivant le nombre de cadavres qu’on doit y exposer. Ceux qu’Anquetil vit Ă  Surate avaient 15 toises de diamĂštre. Sur la plate-forme ou terrasse qui se trouve vers le sommet de l’édifice sont disposĂ©es des cases de diffĂ©rentes grandeurs pour les hommes, les femmes et les enfants. Le sol de cette terrasse est en pente, et au milieu on pratique un trou, assez semblable Ă  un puits, et qui sert Ă  l’écoulement des eaux. C’est sur la terrasse que les GuĂšbres exposent leurs morts Ă  peine couverts d’un morceau de vieux linge qui est Ă  l’instant mis en piĂšces par les corbeaux, les vautours et autres oiseaux de proie qui se tiennent toujours en grand nombre aux environs des dakhmehs. RientĂŽt les chairs sont entiĂšrement dĂ©vorĂ©es, et il ne reste plus que des ossements qu’on jette dans le puits Ă  deux Ă©poques diffĂ©rentes de l’annĂ©e, lorsqu’on nettoie la terrasse du dakhmeh. Les rois de Perse, Ă  l’époque oĂč ils professaient le maglsme, faisaient exception Ă  la rĂšgle commune; leurs corps n’étaient point livrĂ©s aux bĂȘtes fĂ©roces ni aux oiseaux carnassiers ; mais il n’était permis ni de les enterrer, ni de les brĂ»ler, de peur de souiller la Terre ou le Feu que Zoroastre recommande de conserver purs. Telles sont sans doute les raisons pour lesquelles les tombeaux des anciens rois Ă©taient toujours taillĂ©s dans le roc ou * Par pied, nous entendons toujours le pied anglais qui fait onze pouces quatre lignes et demie du pied de roi. ** Ce prince monta sur le trĂŽne l’an 522 avant JĂ©sus-Christ. *** Voici ce qu’on lit dans l’extrait de CtĂ©sias qui nous a Ă©tĂ© conservĂ© par Photius Darius se fit faire un tombeau sur le “ mont Ă  deux cimes. Lorsqu’on l’eut achevĂ©, il lui prit envie de le voir, mais il en fut dissuadĂ© par les ChaldĂ©ens ainsi que par son pĂšre et sa mĂšre. Quant Ă  ceux-ci, ils voulurent contenter leur curiositĂ©; il leur en coĂ»ta la vie. Les prĂȘtres qui les guindaient “ au haut de la montagne ayant aperçu des serpents, furent si effrayĂ©s qu’ils lĂąchĂšrent les cordes. Le prince et la princesse se " tuĂšrent en tombant. Ce malheur causa beaucoup de chagrin Ă  Darius. Il fit couper la tĂȘte aux quarante personnes chargĂ©es de " guinder au haut de la montagne son pĂšre et sa mĂšre. » Voyez Larcher, Histoire d’HĂ©rodote, traduite du grec, tome VI, pages 225 et 226. **** Les dĂ©couvertes successives de plusieurs savants nous ont procurĂ© un alphabet cunĂ©iforme de trente-trois groupes qui expriment vingt-neuf valeurs. Douze de ces valeurs appartiennent Ă  M. Grotefend ; trois Ă  M. Saint-Martin ; deux trĂšs-importantes Ă  M. Rask; douze Ă  M. EugĂšne Burnouf. Pendant que M. Burnouf publiait Ă  Paris, en 1836, son MĂ©moire sur deux inscriptions cunĂ©iformes trouvĂ©es prĂšs d’Hamadan, M. Lassen imprimait Ă  Bonn un ouvrage dans lequel il consignait des rĂ©sultats qui, Ă  ce qu’on nous assure, diffĂšrent peu de ceux qu a obtenus le savant français. N’ayant pas sous les yeux le livre de M. Lassen, il nous est impossible d’indiquer plus exactement les dĂ©couvertes de cet habile professeur. — STYLE MÉDO-PERSE. — hĂ tis de pierre comme la tour carrĂ©e Ă  dix Ă©tages, dans laquelle fut dĂ©posĂ© le corps de Cyrus Ă  Pasargade. Si l’entrĂ©e de ces tombeaux, toujours fort Ă©troite et trĂšs-solidement fermĂ©e, Ă©tait Ă  une grande hauteur au-dessus du sol, c’était pour mettre les corps Ă  l’abri des profanations ; mais la cupiditĂ© a surmontĂ© tous les obstacles, et dĂ©jĂ  du temps d’Alexandre, le mausolĂ©e de Cyrus avait Ă©tĂ© ouvert et pillĂ©. Les quatre tombeaux ne diffĂšrent en rien l’un de l’autre, du moins Ă  l’extĂ©rieur. Celui qui fut visitĂ© par Ker Porter forme sur le rocher une retraite d’environ 14 pieds. Cette retraite, plus large au milieu, prĂ©sente l’aspect d’une croix grecque. La hauteur totale du monument est d’environ 100 pieds, et forme trois Ă©tages. Le premier, entiĂšrement lisse, Ă©tait destinĂ©, sans aucun doute, Ă  recevoir une inscription. Le second, oĂč se trouve l’entrĂ©e du tombeau, est ornĂ© de quatre colonnes voyez façade et plan fig. 1, distantes d’environ 7 pieds l’une de l'autre. Ces colonnes ont Ă  leur base des plinthes qui avancent de 1 pied 6 pouces au delĂ  du niveau de l’entrĂ©e du tombeau. Les fĂ»ts sont couronnĂ©s par des chapiteaux reprĂ©sentant deux tĂštes de taureau, armĂ©es chacune d’une corne. L’espace qui se trouve entre ces deux tĂštes de taureau est rempli par un autre chapiteau composĂ© de trois pierres carrĂ©es, placĂ©es l’une sur l’autre, la plus petite portant immĂ©diatement sur le dos des taureaux. Ce chapiteau soutient une architrave qui n’a aucun ornement, exceptĂ© une rangĂ©e de modillons sur le bord supĂ©rieur. L’entrĂ©e du tombeau est placĂ©e entre les deux colonnes du centre. Au-dessous d’une architrave recourbĂ©e en avant et ornĂ©e de petites cannelures, est un portail simulĂ©, parfaitement en rapport, pour les proportions, avec le reste du monument, et partagĂ© en quatre compartiments, dont le dernier se trouve dans un Ă©tat de dĂ©gradation dĂ» , suivant toute apparence, Ă  des moyens violents que l’on employa pour violer les tombeaux ; car la vĂ©ritable entrĂ©e se trouve placĂ©e tout au bas de ce portail simulĂ©, et forme un carrĂ© de 4 pieds 6 pouces de haut. La largeur de ce second Ă©tage est de 53 pieds. L’étage supĂ©rieur, qui se trouve au-dessus du tombeau, renferme toutes les sculptures du monument. On y voit d’abord deux rangĂ©es de quatorze figures, assez semblables Ă  des cariatides, et placĂ©es l’une au-dessus de l’autre. Ces figures ont les mains Ă©levĂ©es au-dessus de la tĂȘte et soutiennent deux belles corniches Ă  frise; elles portent toutes le mĂŽme vĂȘtement, qui est une courte tunique, assujettie par un ceinturon, d’oĂč pend, chez quelques-unes, un poignard qui porte sur la cuisse droite. Tous ces personnages ont la tĂȘte nue, et leur chevelure Ă©paisse ressemble assez Ă  une perruque. Aux deux cĂŽtĂ©s du monument est un pilastre d’une forme trĂšs- extraordinaire. La base ressemble Ă  une urne, au-dessus de laquelle se trouve une jambe et une patte de lion armĂ©e de griffes Ă©normes ; la troisiĂšme partie du pilastre est en forme de colonne avec des cannelures horizontales jusqu’au milieu de sa hauteur. Enfin, la quatriĂšme partie reprĂ©sente une tĂšte de taureau portant une corne au milieu du front et sans aucun ornement. Le dos de ces taureaux tient Ă  la partie la plus Ă©levĂ©e de la corniche. Plus haut que ces sculptures on voit un personnage sur un piĂ©destal quia trois degrĂ©s. Ce personnage est enveloppĂ© d’une robe large qui retombe jusque sur ses pieds; de sa main gauche il tient un arc d’une grosseur extraordinaire et difficile Ă  bander, symbole de la force et du courage; son bras droit est Ă  moitiĂ© Ă©tendu, et la main droite se trouve entiĂšrement ouverte. 11 porte des bracelets ; sa tĂȘte est nue ; ses cheveux Ă©pais sont arrangĂ©s avec soin et sa barbe retombe sur sa poitrine c’est l’image du roi mort. Devant cette figure s'Ă©lĂšve un autre piĂ©destal, qui a Ă©galement trois degrĂ©s, et sur lequel on remarque un autel oĂč brĂ»le le feu sacrĂ©. Au-dessus, et Ă  la droite du mĂȘme autel, se trouve un globe, que l’on prend gĂ©nĂ©ralement pour l’emblĂšme du soleil. Entre l’autel et le personnage que nous avons dĂ©crit, mais sur un plan plus Ă©levĂ©, est une figure qui flotte dans l’air. Cette figure porte une robe semblable Ă  celle du premier personnage. Ses cheveux et sa barbe sont arrangĂ©s de la mĂȘme maniĂšre , mais sa tĂšte est couverte d’une couronne ronde et cannelĂ©e. Au heu d’un arc, elle tient Ă  la main gauche un anneau grand et massif; sa main droite est Ă©levĂ©e et ouverte. Autour de son corps est une guirlande qui porte sur des espĂšces d’ailes, d’oĂč paraissent sortir deux bouts de cordon pendants. Cette figure reprĂ©sente ce que le Zendavesta appelle un fĂ©rouher. Suivant la religion de Zoroastre, tous les ĂȘtres raisonnables, hommes ou gĂ©nies, produits par Ormouzd, premier principe secondaire du bien, sont intimement liĂ©s pendant leur vie Ă  une substance immatĂ©rielle dĂ©signĂ©e sous le nom de fĂ©rouher, et dont les animaux sont privĂ©s. Le fĂ©rouher est distinguĂ© de l’intelligence et des autres facultĂ©s de l’àme. Anquetil le regardait comme le principe des sensations. Les fĂ©rouhers existaient longtemps avant la crĂ©ation des hommes. Ils s’unissent au corps au moment de la naissance et ne le quittent qu’a la mort. Ils combattent les mauvais gĂ©nies, crĂ©atures d’Alirimane, principe du mal. AprĂšs la mort, chacun des principes matĂ©riels du corps de l’homme va se rĂ©unir Ă  l’élĂ©ment dont il est sorti ; l’air se rĂ©unit Ă  l’air, la terre Ă  la terre, l’eau Ă  l’eau et le feu au feu mais fĂ me, l’intelligence et le jugement se rĂ©unissent alors au fĂ©rouher et ne forment avec lui qu’un seul et mĂȘme tout, qui est puni ou rĂ©compensĂ© suivant les actions qu il a faites pendant qu’il Ă©tait uni au corps. — TOMBEAU A NAKSCHI-ROUSTAM. — On ne saurait rĂ©voquer en doute que la figure dont il s’agit est un fĂ©rouher ; mais reprĂ©sente-1-elle le fĂ©rouher du roi ou celui d’Ormouzd lui-mĂȘme? c’est ce que Heeren n’a pas osĂ© dĂ©cider. La grande ressemblance qui existe entre les deux figures le fait pencher pour la premiĂšre opinion ; mais la tiare et l’anneau, symboles de la souverainetĂ©, ne pouvant plus appartenir au fĂ©rouher du roi mort, ce savant pense que le fĂ©rouher reprĂ©sentĂ© pourrait bien ĂštrĂ© celui d’Ormouzd. Les deux bouts de cordon qui pendent reprĂ©sentent le costi, ceinture que portent tous les sectateurs de Zoroastre *. Le monument que nous venons de dĂ©crire est placĂ© dans un renfoncement taillĂ© dans le roc. Les quatre surfaces extĂ©rieures, celles des cĂŽtĂ©s et celles qui se trouvent sur le front du monument, sont ornĂ©es chacune de trois figures placĂ©es l’une au-dessus de l’autre; celles de ces figures qui se voient Ă  la gauche de l’autel et du spectateur, et qui ont le visage tournĂ© vers le dos du personnage placĂ© sur le piĂ©destal, sont armĂ©es de lances, vĂȘtues de robes semblables Ă  celle de ce mĂȘme personnage, et portent sur leur chevelure des bonnets qui ont la forme de la couronne qu’on remarque sur la tĂšte du fĂ©rouher, exceptĂ© toutefois qu’ils n’ont pas de cannelures. A droite de l’autel et du spectateur se trouvent des figures vĂȘtues comme collĂ©s que nous venons de dĂ©crire ; ces personnages sont tournĂ©s du cĂŽtĂ© de l’autel et paraissent ĂȘtre des pleureurs ; ils tiennent la main gauche Ă©levĂ©e Ă  la hauteur du visage, et relĂšvent le pan de leur robe comme pour essuyer leurs larmes. Trois autres figures sont placĂ©es sur le cĂŽtĂ©, mais une seule des trois se trouve dans une attitude qui indique un pleureur. Iver Porter, s’étant fait hisser avec une corde, pĂ©nĂ©tra dans l’intĂ©rieur du tombeau. Il vit une piĂšce voĂ»tĂ©e et entiĂšrement noircie par la fumĂ©e des lampes ou du feu; cette piĂšce Ă©tait obscure et privĂ©e d’air. A son extrĂ©mitĂ© se trouvaient trois ouvertures ou niches en forme de voĂ»te **, lesquelles occupaient toute la longueur de la piĂšce. Chacune de ces ouvertures Ă©tait fermĂ©e par une pierre qui avait Ă©tĂ© brisĂ©e Ă  l’angle. Ker Porter approcha une lumiĂšre de l’endroit oĂč ces couvercles avaient Ă©tĂ© brisĂ©s, et il acquit la certitude que les excavations , destinĂ©es Ă  recevoir des corps, Ă©taient entiĂšrement vides. La profondeur de la cavitĂ© qui forme toute la tombe a 3 4 pieds de largeur ; sa hauteur est de 9. Chaque ouverture, disposĂ©e pour recevoir un corps, a aussi 9 pieds depuis le sommet de l’arc jusqu’au niveau du sol. La dimension de la niche est de 8 pieds 3 pouces de profondeur, sur 5 pieds de large et 4 pieds 4 pouces de hauteur. Le reste des 9 pieds est compris dans la bande qui porte les arcs. L’espace libre de cette piĂšce, depuis les ouvertures jusqu’à la porte, est d’environ 5 pieds. L’entrĂ©e du tombeau Ă©tait fermĂ©e autrefois par un ou plusieurs blocs de marbre ; on voit encore les trous oĂč Ă©taient placĂ©s les pivots destinĂ©s Ă  les soutenir. Nous allons donner maintenant une description sommaire des monuments de l’époque des Sassanides, afin que le lecteur puisse se former une idĂ©e exacte de l'ensemble des excavations et des sculptures de Nakschi- Roustam. Les monuments de l’époque des Sassanides se composent uniquement de bas-reliefs et sont placĂ©s Ă  une hauteur beaucoup moins considĂ©rable que les tombeaux; quelques-uns mĂȘme se trouvent Ă  moitiĂ© cachĂ©s par la terre et le sable amoncelĂ©s avec le temps au pied du roener. Ces monuments forment six Ă©normes tableaux en relief et taillĂ©s dans le roc. Le premier reprĂ©sente deux personnages dont l’un offre Ă  l’autre un anneau auquel sont attachĂ©es des bandelettes, et que les savants s’accordent Ă  reconnaĂźtre pour le diadĂšme royal, emblĂšme du pouvoir souverain. Ker Porter voit dans cette scĂšne Bahramgour *** admettant la reine, sa femme, Ă  partager avec lui l’autoritĂ© souveraine ; cette explication paraĂźt fort juste, et, quoi qu’en ait dit Hocck, il est certain que l’un des deux personnages est une femme ; le dessin de Ker Porter ne laisse aucun doute Ă  cet Ă©gard. Le second et le quatriĂšme bas-reliefs reprĂ©sentent deux guerriers Ă  cheval et combattant avec la lance ; Ker Porter reconnaĂźt encore dans ces deux tableaux Bahramgour luttant contre un roi du Turquestan, sur lequel il parvient Ă  remporter la victoire. Aucune raison plausible ne vient Ă  l’appui de cette conjecture qui est au moins fort douteuse. Le troisiĂšme bas-relief nous montre un roi perse Ă  cheval tenant la main gauche sur la garde de son Ă©pĂ©e, tandis qu’il saisit de la droite les deux mains jointes d’un personnage Ă  pied qui se tient debout devant lui; un autre personnage flĂ©chit le genou devant le roi. M. Morier a reconnu dans ce tableau une reprĂ©sentation du triomphe de Sapor sur l’empereur YalĂ©rien **** ; l’explication du spirituel auteur de Iladdji-Jlaba est * Les GuĂšbres portent le costi par-dessus leur chemise et ne le quittent ni jour ni nuit. Cette ceinture, faite pour 1 ordinaire de laine ou de poil de chameau, est composĂ©e de soixante et douze fils et doit faire deux fois au moins le tour du corps. A quinze ans, les jeunes gens sont tenus de prendre le costi; le jour oĂč ils le ceignent pour la premiĂšre fois est cĂ©lĂ©brĂ© par de grands festins. ** Voyez sur la planche, fig. 2 . *** Bahramgour succĂ©da Ă  son pere Yezdeguerd, surnommĂ© Alathim , c’est-Ă -dire, le MĂ©chant, l’an 421 de JĂ©sus-Christ. G*** L’an 200 de JĂ©sus-Christ. — STYLE MÉDO-PERSE. — mise aujourd’hui hors de doute. Le cinquiĂšme bas-relief se compose de deux personnages principaux, dont l’un offre Ă  l’autre l’anneau ornĂ© de bandelettes, dont nous ayons parlĂ© plus haut ; cette scĂšne reprĂ©sente peut-ĂȘtre Ardeschir , fils de Babec *, enlevant la couronne Ă  Ardavan, dernier roi des Parthes. Le sixiĂšme et dernier tableau, placĂ© au nord-ouest de ceux que nous venons de dĂ©crire, montre un roi placĂ© dans une espĂšce de chaire ou de tribune, et prononçant un discours. DiffĂ©rents personnages sont groupĂ©s autour du roi. * Ardeschir est aussi appelĂ© Artaxare et ArtaxerxĂšs. Il succĂ©da aux rois parthes l’an 226 de JĂ©sus-Christ. 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LemgoviĂŠ, Meyerus, 1712, in-4°, fig. 4° Voyage au Levant, c’est-Ă -dire, dans les principaux endroits de l’Asie Mineure, dans les lies de Chio, Rhodes et Chypre, etc., et dans l’Égypte, la Syrie et te Terre Sainte, par Corneille le Rruyn. Paris, Bauche, 1725,5 vol. in-4°, fig. 5° Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, par Niebuhr; trad. de l’allemand. Amsterdam, Baalde, 1776, 2 vol. in-4°, fig. 6° MĂ©moires sur diverses antiquitĂ©s de la Perse et sur les mĂ©dailles des rois de la dynastie des Sassanides, par A. J. Silvestre de Sacy. Paris, 1793, in-4°,fig. 7° Ajourney through Persia, Armenia and Asia Minor io Constantinople, in the years 1808 and 1809, by James Sforier; London, Longman, 1812, in-4°, fig. et cartes. 8° Voyage en Perse, en ArmĂ©nie, en Asie Mineure et Ă  Constantinople, fait en 1808 et 1809, par Jacques Morier; traduit de l’anglais par E*** EyriĂšs. Paris, Nepveu, 1813, 3 vol. in-8°, fig. 9° Hoeck veteris MediĂŠ et PersiĂŠ monumenta; GottingĂŠ, 1818, in-4“, fig- 10“ Travelsin varionscountriesof theEast ; moreparticularly Persia, by Sir William Ouseley; London, 1819, 1821, 1823, 3 vol. in-4°, fig. et cartes. 11° Alexander James Edw.. Travels from India to England; com- prehending a visit to the Burman empire, and a journey through Persia, Asia Minor, European Turkey, etc., in the years 1825 and 1826. London, Parbury, 1827, in-4“, fig. etcart. 12° Travels in Georgia, Persia, Armenia, ancient Babylonia, etc., during the years 1817, 1818, 1819 and 1820, by sir Robert Kir Porter. London, 1821 et 1822, 2 vol. in-4°, fig. et cartes. mrnm ; S ai .iiiiSi!' sii-j Bill ’l W' 1 '* JtKaipy' v iiĂŒiiiffeĂ© fpWfWW^^^M ta mu kfft 1 ! i i i i-n - i >!..i ,$!. 'fl» ;J mmmm .illt-' ,li , .'. l %. .imiliiWiiiĂź Vi' irmi ĂŒ i [ s’ [ .^ 7 ,. ‱ '»‹**{ ‱ ‱'*? '%rj*ÂŁ&\ 1 s VĂ  s 1 TEMPLE DE NEPTUNE, A PÆSTUM, La ville de PĂŠstum ou PƓstus, situĂ©e au fond du golfe de Lucanie, aujourd’hui de Salerne, Ă©tait grecque d’origine selon Strabon * et Scylax **, et se nommait d’abord Posidonia, dĂ©nomination tirĂ©e du nom grec de Neptune Iloi85jv. VellĂ©ius Paterculus *** la nomme Neptunia Colonia, parce que les Romains y envoyĂšrent une colonie. Virgile, dans les GĂ©orgiques ****, cĂ©lĂšbre son territoire autrefois fĂ©cond en belles roses; elles y croissaient deux fois dans l’annĂ©e. PĂŠstum reprit son nom de Posidonie dans les premiers siĂšcles chrĂ©tiens, lorsqu’elle devint Ă©piscopale. Au moyen Ăąge, cette ville s’éteignit peu Ă  peu, probablement Ă  cause de l’importance que prit la ville de Salerne. Aujourd’hui c’est un lieu dĂ©sert au milieu duquel s’élĂšvent trois grands Ă©difices grecs, assez bien conservĂ©s, les traces d’un amphithéùtre, des restes de l’enceinte fortifiĂ©e et d’autres constructions antiques peu Ă©tendues. Les ruines de la ville de PĂŠstum restĂšrent longtemps dans un oubli presque complet; c’est seulement au milieu du siĂšcle dernier qu’on commença cĂ les visiter et Ă  les dessiner; ce fut le cĂ©lĂšbre architecte J. G. Soufflot, membre de l’AcadĂ©mie royale d’architecture de Paris, qui en fit les premiers dessins complets et mesurĂ©s ; ils forment les planches de l’ouvrage de De la Gardette sur la ville de PĂŠstum. La beautĂ© des proportions de ces monuments a fait penser qu’ils devaient remonter Ă  l’époque de l’histoire de la Grande GrĂšce, qui offrit aux riches colonies arrivĂ©es d’Orient pour peupler ses rivages, le plus grand calme politique, repos nĂ©cessaire Ă  la culture des arts, et qui dura pendant prĂšs de deux siĂšcles. Cette pĂ©riode, que l’on considĂšre comme l age d’or de l’Italie mĂ©ridionale, se rapporte Ă  l’époque des rois de Rome et des premiers temps de la rĂ©publique. Cette Ăšre de prospĂ©ritĂ© avait Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e de la venue de Pythagore, dont les doctrines, formant d’innombrables disciples, avaient contribuĂ© au bonheur de ces peuples. Le temple qui est reproduit sur les planches qui accompagnent cette notice est celui qu’on pense avoir Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă  Neptune, dieu tutĂ©laire de la citĂ©, Ă  laquelle on avait donnĂ© son nom aussi est-il le plus important des trois Ă©difices que le temps et les hommes ont Ă©pargnĂ©s. Le plan du temple, tracĂ© sur la planche de dĂ©tails, fig. l r % a, comme la plupart de ceux des Grecs, la forme d’un parallĂ©logramme allongĂ© ; six colonnes s’élĂšvent sur les petits cĂŽtĂ©s du plan oĂč sont les façades antĂ©rieure et postĂ©rieure de l’édifice, ce qui le classe au nombre des hexastyles de Vitruve; il est, de plus, amphiprostyle, parce que les deux façades sont Ă©gales *****. Les faces latĂ©rales prĂ©sentent chacune quatorze colonnes de front, en comptant celles des angles ; il en rĂ©sulte qu’autour du monument les quatre galeries se composent ensemble de trente-six colonnes. Ces galeries ne sont pas d’égale largeur ; celle qui est situĂ©e derriĂšre les colonnes de la façade principale a 5 m 50 ; du cĂŽtĂ© opposĂ© vers le poslicum , on ne trouve que 4ℱ 80 de largeur ; sur l’étendue des murs latĂ©raux de la cella, trois mĂštres seulement forment cette dimension des galeries. L’étendue gĂ©nĂ©rale de l’édifice est de 60ℱ 70, sur 25 m 60, compris l’emmarchement, ce qui fait une superficie de 1553ℱ 90. Le temple proprement dit, ou cella, est divisĂ© en trois parties distinctes le pronaos, vestibule dirigĂ© vers la façade principale du monument et sĂ©parĂ© de la galerie publique par deux colonnes; le naos ou vaisseau central, formant le sanctuaire de la divinitĂ© ; enfin, le poslicum, vestibule postĂ©rieur, ornĂ© comme le pronaos de deux colonnes placĂ©es vers la galerie publique. Le pronaos est limitĂ© latĂ©ralement par le prolongement des murs du naos, aux extrĂ©mitĂ©s desquels des pilastres ou antes se retournent vers les deux colonnes qui forment la sĂ©paration avec la galerie antĂ©rieure du temple. Au fond, une large porte conduit au naos; deux petits escaliers, Ă©tablis entre deux murs peu Ă©pais, Ă©taient destinĂ©s, sans doute, Ă  monter aux galeries supĂ©rieures de la nef, laquelle, ainsi qu’on peut le voir par le plan et par les coupes, Ă©tait divisĂ©e, au rez-de-chaussĂ©e et au premier Ă©tage, par deux lignes de colonnes, formant autour de la statue de la divinitĂ©, placĂ©e dans l’axe du monument, une circulation haute et basse qui permettait de la voir de prĂšs sous tous les aspects. Le posticum, disposĂ© absolument comme le pronaos, offre seulement cette diffĂ©rence qu’il a moins de profondeur ; son sol s’élĂšve de mĂȘme sur les galeries publiques de la hauteur d’une marche; celui du naos est beaucoup plus haut. Voir les coupes. La façade du temple de Neptune prĂ©sente six colonnes de front, puisque l’édifice est hexastyle ; un soubasse- * Strabon, p. 251. — ** Voyage de Scylax autour du monde. —*** VellĂ©ius Paterculus, liv. I, c. 14. — **** Virg., GĂ©org., 1. IV. — ***** vitruve, 1. III, c. 1 . — STYLE GREC. ment les supporte; il se compose de trois marches superposĂ©es, dont l’ensemble offre une Ă©lĂ©vation de 1” 54 qui, divisĂ©e en trois, donne 0ℱ 51, 3, pour chaque marche, proportion beaucoup trop forte pour monter facilement, mais que les Grecs adoptaient habituellement soit pour ne pas faire porter leurs Ă©difices sur des pierres trop minces, et par cette raison trop fragiles, soit encore, et plus probablement, pour mettre plus d’harmonie dans l’ensemble de l’architecture. Ces fortes marches Ă©taient divisĂ©es en deux parties sur l’axe du monument pour en faciliter l’accĂšs. Les colonnes reposent sur la marche supĂ©rieure ; elles sont sans bases et d’un ordre dorique grec, dont les proportions vigoureuses, particuliĂšres aux monuments de Posidonia, sont si peu ordinaires, qu’on lui a donnĂ© le nom d 'ordre PĂŠstum. Le diamĂštre infĂ©rieur des colonnes est de 2 m 7 la hauteur totale a 8 m 70 ; le fĂ»t offre une diminution considĂ©rable, et se termine par de larges chapiteaux, dont l’abaque, ou tailloir uni et carrĂ©, repose sur une forte moulure en forme de coupe, sĂ©parĂ©e du fĂ»t cannelĂ© de la colonne par trois annelets et une Ă©chine arrondie voir les profils et la planche de dĂ©tails, fig. 2 et 9. Les entre-colonnements principaux ont 2 m 61; ceux qui occupent les quatre angles du temple sont plus Ă©troits de 0 m 31, diffĂ©rence qui tient Ă  la disposition des triglyphes placĂ©s dans les angles de la frise, et qui, par cette raison, changent la division des axes de colonnes. Cette particularitĂ© se retrouve dans tous les monuments grecs de l’ordre dorique, et devait contribuer Ă  donner plus de stabilitĂ© en rapprochant le point d’appui situĂ© Ă  l’angle, puis en diminuant les architraves qu’il soutient. Au-dessus de ces colonnes vigoureuses s’étend un entablement en harmonie parfaite avec elles ; il a 3ℱ 60 de hauteur, ce qui Ă©quivaut Ă  trois fois et demi le rayon infĂ©rieur de la colonne, proportion tout Ă  fait inusitĂ©e dans l’architecture. Cet entablement se compose de l’architrave, contenant dans sa hauteur l’appui et les gouttes des triglyphes ; les points verticaux sont distants de 4 m 50 l’un de l’autre ; les morceaux d’angles ont 5 m de longueur. La frise est divisĂ©e par des triglyphes ; les mĂ©topes n’offrent point de sculpture peut-ĂȘtre des ornements peints faisaient-ils le complĂ©ment de la dĂ©coration. Un Ă©norme larmier, surmontĂ© d’un listel, forme Ă  lui seul la corniche ; son plafond, taillĂ© en pente, contient des mutules au-dessus des triglyphes et des mĂ©topes. Le fronton qui domine cet Ă©difice est de proportions peu Ă©levĂ©es, comme les faisaient habituellement les Grecs ; il est composĂ© de grandes assises horizontales, n’offrant aucune trace de sculpture; les moulures qui l’encadrent sont les mĂȘmes que celles qui forment la corniche de la façade, toutefois le larmier est moins fort ; il est probable qu’une grande cimaise en terre cuite coloriĂ©e, analogue Ă  celle qui a Ă©tĂ© trouvĂ©e au temple de MĂ©ta- ponte, formait le couronnement de ce fronton, retenait les eaux pluviales du grand comble dans la direction quelles devaient suivre pour arriver aux gouttiĂšres en tĂštes de lion situĂ©es sur les chĂ©neaux. Voir la façade gĂ©omĂȘtrale. AprĂšs avoir franchi la façade, on arrive sous la galerie publique, dans sa partie la plus large ; puis on monte au pronaos par une marche sur laquelle reposent deux colonnes placĂ©es entre les antes formĂ©es par les extrĂ©mitĂ©s des murs latĂ©raux de lacella. Les colonnes sont semblables Ă  celles de la façade, et les proportions sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes * ; les antes ou pilastres qui y correspondent sont carrĂ©es, non diminuĂ©es par le haut ; des chapiteaux fort simples, dessinĂ©s Ă  la fig. 3 de la planche de dĂ©tails, auprĂšs du chapiteau de la colonne et Ă  leur hauteur relative, les surmontent ; c’est sur ces supports, de nature diffĂ©rente, que repose le couronnement extĂ©rieur du pronaos, et il s’étend sur toute la longueur des murs de la cella et sur le posticum ; son profil et son Ă©lĂ©vation, gravĂ©s Ă  la fig. 2 et Ă  la fig. 3, font voir que ses proportions sont basses, que l’architrave domine de beaucoup la frise , que les triglyphes sont trĂšs-rapprochĂ©s les uns des autres, ce qui donne aux mĂ©topes une forme allongĂ©e. Un large cavet, accompagnĂ© d’un filet simple d’abord, puis doublĂ© au-dessus, couronne l’entablement. Lorsqu’on a pĂ©nĂ©trĂ© dans le pronaos, dont les murs latĂ©raux sont presque entiĂšrement dĂ©truits, on avance jusqu a la porte d’entrĂ©e de la nef principale du temple voir la coupe longitudinale, planche de dĂ©tails, fig. 2, et la vue perspective lĂ , une surĂ©lĂ©vation considĂ©rable du sol doit faire admettre qu’un escalier stable ou postiche Ă©tait Ă©tabli pour faciliter l’entrĂ©e ; il n’en existe plus rien, et ce n’est pas sans effort qu’on arrive au sol du naos. On se trouve alors dans une espĂšce de prothyron ou avant-nef, dĂ©corĂ© originairement de quatre pilastres, dont un est encore debout le profil de son chapiteau est Ă  la fig. 5 ; deux petites portes s’ouvraient entre ces pilastres et conduisaient aux escaliers destinĂ©s Ă  desservir l’étage supĂ©rieur. On pĂ©nĂštre enfin dans le temple, divisĂ© en trois nefs parallĂšles, par deux rangĂ©es de sept colonnes chacune ; la nef centrale a 4ℱ 20 de largeur; les bas cĂŽtĂ©s en ont deux; le diamĂštre infĂ©rieur de l’ordre du bas est de l m 80; la * Voyez planche de dĂ©tails, fig. 2. — TEMPLE DE NEPTUNE A PÆSTUM. — colonne diminue dans le mĂȘme rapport que celle des portiques ; les proportions sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes, mais les dimensions beaucoup moindres. Le chapiteau, dont le dessin gĂ©omĂ©tral est tracĂ© Ă  la fig. 4, planche de dĂ©tails n° 2, est moins Ă©vasĂ© que les prĂ©cĂ©dents ; il prĂ©sente Ă  sa hase des annelets au nombre de trois, et dont le profil est Ă  la fig. 10. Une seule ligne d’architrave couronne cet ordre; on la voit dessinĂ©e Ă  la mĂȘme fig. 4. C'est sur cette assise que repose le second ordre dorique, ainsi que le premier, mais de beaucoup plus petit et plus court dans ses proportions voir les deux coupes et la vue perspective . Les chapiteaux de cet ordre prĂ©sentent absolument le mĂȘme caractĂšre que ceux qui sont placĂ©s au-dessous ; ils n’offrent de diffĂ©rence que dans les annelets, qui ne sont ici qu’au nombre de deux, comme on peut le voir Ă  la fig. G et au profil, fig. 11. A la partie infĂ©rieure du second ordre rĂ©gnaient des planchers qui permettaient de circuler dans les deux galeries du premier Ă©tage, soit pour assister Ă  certaines cĂ©rĂ©monies intĂ©rieures, soit pour tout autre .usage. Ces planchers paraissent avoir Ă©tĂ© construits avec de longues dalles de pierre, portant d’une part dans le mur de la cella et de l’autre sur l’architrave de l’ordre infĂ©rieur voir les figures 7 et 8 de la seconde planche de dĂ©tails. Ces planchers Ă©taient-ils en pierre dans toute leur Ă©tendue ; formaient-ils seulement avec cette matiĂšre une liaison solide vis-Ă -vis des colonnes du second ordre, pour porter dans les intervalles des panneaux en bois? C’est ce qu’il est assez difficile de dĂ©terminer. Quoi qu’il en soit, les escaliers placĂ©s en avant de ces galeries expliquent positivement qu’elles Ă©taient accessibles et disposĂ©es de maniĂšre Ă  rendre quelques services. Une balustrade d’appui devait ĂȘtre Ă©tablie entre les colonnes, pour Ă©viter les chutes dans la nef principale ; on ne remarque pas de trous de scellement dans les fĂ»ts des colonnes, ce qui doit faire admettre que les barres d’appui rĂ©gnaient sans interruption derriĂšre, Ă  l’intĂ©rieur des galeries, ainsi que les barreaux ou croisillons qui les reliaient au plancher pour former une balustrade de sĂ»retĂ©. Ces dĂ©tails intĂ©ressants de l’intĂ©rieur du temple ont Ă©tĂ© perdus, parce qu’ils devaient prĂ©senter de la fragilitĂ© et que des siĂšcles d’abandon, la destruction de la couverture, et sans doute l’exploitation du monument, comme offrant des pierres tdates taillĂ©es aux habitants du voisinage, causĂšrent promptement leur ruine et n’en laissĂšrent aucun souvenir. Une architrave, couronnĂ©e, comme celle du bas, de quelques moulures, surmonte le second ordre et devait porter le plafond, car sa partie supĂ©rieure est prĂ©cisĂ©ment au niveau d’un nombre considĂ©rable de trous de solives qu’on remarque dans toute l’étendue du temple, sur les parties intĂ©rieures des corniches du grand ordre extĂ©rieur; toutefois les auteurs qui ont Ă©crit sur ce monument, et particuliĂšrement Delagardette, le considĂšrent comme ayant Ă©tĂ© hypƓthre, sous le ciel, c’est-Ă -dire dĂ©couvert dans sa partie centrale. Comme rien ne le dĂ©montre, nous avons peine Ă  admettre cette hypothĂšse, quoique Yitruve, Ă  la fin du chapitre 1 er du livre III 8 , dise que ces temples ont cela de particulier, qu’à l’intĂ©rieur on y Ă©tablit deux ordres de colonnes superposĂ©es, formant un pĂ©ristyle. Ce n’est pas au bord de la mer et dans une contrĂ©e oĂč une saison de pluies abondantes est bien rĂ©glĂ©e par la nature, que les Grecs, si sages pour tout ce qui tenait Ă  la construction de leurs Ă©difices, auraient, Ă  notre avis, laissĂ© la partie la plus importante d’un grand temple exposĂ©e aux intempĂ©ries du ciel. On ne peut pas se refuser Ă  croire que les anciens avaient des monuments dont le sommet Ă©tait ouvert, puisque les auteurs en parlent, et que le PanthĂ©on de Rome en est lui-mĂȘme lapreuve, bien que Yitruve dise qu’il n’y en avait pas Ă  Rome ; mais ces ouvertures ne pouvaient ĂȘtre que restreintes, et de plus, des dispositions Ă©taient prises sur le sol de ces monuments pour faire Ă©couler les eaux pluviales qui auraient pu, en sĂ©journant, causer de grands dĂ©sordres dans la construction ; le pavĂ© du PanthĂ©on offrait originairement ces dispositions indispensables, qui furent supprimĂ©es plus tard; les temples grecs, et en gĂ©nĂ©ral ceux que d’autres peuples ont construits dans la forme de celui qui nous occupe ici, n'ayant pas offert encore sur leur pavĂ© les traces de moyens d’écoulement des eaux, nous admettons qu’ils Ă©taient fort rares et dĂ©diĂ©s seulement Ă  certaines divinitĂ©s. Vitruve, liv. I, chap. 2, dit qu’on ne fera point de toits aux temples de Jupiter foudroyant, ni Ă  ceux du Ciel, du Soleil ou de la Lune, parce que ces divinitĂ©s se font connaĂźtre en plein jour et par toute 1 Ă©tendue de l’univers. Pour celui-ci, comme pour beaucoup d’autres, on doit penser qu’une couverture en charpente venait appuyer ses solives de comble sur les murs de la cella, puis sur les architraves du petit ordre intĂ©rieur, pour y former un plafond qui s’étendait aussi sur la nef principale ; que ces solives formaient toutes, ou en trĂšs-grand nombre, les entraits des fermes, systĂšme qui fut gĂ©nĂ©ralement adoptĂ© au moyen Ăąge et peut-ĂȘtre par tradition. Les combles Ă©tablis suivant ce systĂšme offraient une soliditĂ© beaucoup plus grande que les nĂŽtres ; ils Ă©taient parfaitement admissibles dans l’antiquitĂ©, puisque le bois Ă©tait fort commun et qu’on n Ă©pargnait rien dans la construction des temples ; enfin, leur soliditĂ© extrĂȘme permettait de couvrir les Ă©difices avec des tuiles Ă©paisses, comme l’étaient celles des Grecs, ou mĂȘme au besoin avec des dalles de pierre ou de marbre, comme quelques fragments, trouvĂ©s en diverses localitĂ©s, l’ont dĂ©montrĂ©. Les Ă©difices chrĂ©tiens qui, depuis un grand nombre — STYLE GREC. — de siĂšcles, sont couverts de lourdes feuilles de plomb, dĂ©montrent qu’on peut confier toute espĂšce de matiĂšre pesante aux combles, dont les fermes sont aussi multipliĂ©es que les solives ou les chevrons. Du reste, la rĂ©gularitĂ© parfaite qui rĂšgne dans les trous pratiquĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du temple de Neptune , au sommet des faces latĂ©rales, ne permet pas d’admettre que des entraits plus forts nĂ©cessairement que d’autres, s’ils avaient Ă©tĂ© distribuĂ©s Ă  de grandes distances, comme nous le faisons aujourd’hui, aient Ă©tĂ© appuyĂ©s sur les murs extĂ©rieurs; en outre, les pentes des frontons et des corniches du grand ordre voir la coupe transversale, fig. 3, planche de dĂ©tails coĂŻncident trop parfaitement, et les trous de solives sont trop peu profonds pour admettre que tout autre systĂšme de couverture que celui que nous proposons ait jamais Ă©tĂ© appliquĂ© ici ; cette multiplicitĂ© de solives n’excluait pas de la nef une riche dĂ©coration de plafond ; au contraire, on sait que les Grecs enrichissaient une partie de leurs Ă©difices par un grand nombre de caissons de petites dimensions et ornĂ©s de peintures. Assez d’exemples existent encore dans le marbre ou la pierre, pour admettre ce systĂšme de dĂ©coration dans les plafonds en bois. La statue du dieu devait ĂȘtre placĂ©e dans la nef principale, au fond ou peut-ĂȘtre au milieu, comme on en a quelques exemples; il ne reste rien du piĂ©destal qui la portait, encore moins de la figure; celle que la façade fait voir ici est donc entiĂšrement supposĂ©e. DerriĂšre cette reprĂ©sentation de ladivinitĂ©, Ă©tait YopislhodĂŽme, partie postĂ©rieure du temple qu’on nommait aussi posticum, vestibule moins important que le pronaos, mais disposĂ© absolument de mĂȘme. Dans la plupart des temples, l’opisthodĂŽme Ă©tait le lieu oĂč l’on renfermait les vases sacrĂ©s et "Ustensiles des sacrifices, c’était le trĂ©sor Ă  AthĂšnes, on gardait dans celui du ParthĂ©non les deniers de la RĂ©publique; sa position au sommet de YAcropolis ou citadelle, dĂ©fendue de tous cĂŽtĂ©s par des rochers escarpĂ©s et des murailles, en faisait un lieu sĂ»r, protĂ©gĂ© encore par la prĂ©sence de Minerve. Depuis le milieu du siĂšcle dernier, Ă©poque Ă  laquelle les monuments de PĂŠstum furent dessinĂ©s et connus, leur caractĂšre particulier a fait Ă©mettre des opinions diverses Ă  leur Ă©gard ; quelques auteurs ont cru y voir des monuments Ă©levĂ©s par les Étrusques, qui, selon Vitruve, donnaient Ă  leur architecture des formes pesantes, BarycƓ, Barycephalai ; nous ne pensons pas qu’on puisse les attribuer Ă  d’autres qu’à des Grecs. Lorsque ces derniers envoyĂšrent leurs colonies en Italie, la population, devenue trop considĂ©rable, motivait ces Ă©migrations, et dĂ©jĂ  leurs arts Ă©taient parvenus Ă  un certain degrĂ© de perfection ; dĂ©jĂ  ils avaient fait usage de l’architecture dorique, et l’art des Étrusques n’était qu’un dĂ©rivĂ© de celui des Grecs, sauf les changements survenus aprĂšs la sĂ©paration des deux peuples. Pour qui a vu les monuments de la GrĂšce et de la Sicile, il ne peut y avoir un moment de doute Ă  l’égard de l’origine tout hellĂ©nique des monuments de PĂŠstum ; tous ces monuments prĂ©sentent trop d’analogie dans leur ensemble comme dans leurs moindres dĂ©tails, pour ne pas appartenir Ă  un mĂȘme peuple. Il est possible cependant que cette ville, qui de toutes celles de la Grande GrĂšce oĂč l’on retrouve des monuments, Ă©tait la plus septentrionale et consĂ©quemment la plus voisine des Étrusques, et qui, par son port sur la mer TyrrhĂ©nienne, devait avoir de frĂ©quente^ relations avec ce peuple navigateur se soit laissĂ© entraĂźner Ă  une certaine influence Ă©trangĂšre lorsqu’elle fit construire ses temples — BIBLIOGRAPHIE. — 1 ° Paoli. PƓst., quod Posidoniam etiam dixere, rudera, etc.; Roma, 1784, in-f° pl. 2° ne la Gardette. Les ruines de PĂŠstum, etc.; Paris, 1793, in-f° pl. 3° D’Agincourt. Histoire de l’art. Paris, 6 vol. in-f° pl. 4° Canina. Architettura Antica Partie Romaine ; 3 vol in-f“ pl. '**‱' X -'>*****. Ăż^ 1 O ĂŻ-l -iiS» ^Ăźr^ygF** * * ’ y r» J '‱V &*'&! w S; -m&p - ĂŒĂąCÊñsrsr i P g 5 g a, $ & ÂŁ ^ aj j mitfT -y ÏKË E7S ;- , i i^ilWnll .H i ‱-»!* - Em Éfw Bai* L\iĂźv. Msw Ă ^SESife ĂŻ5?s^^r »s>- ĂŻr^^vĂŻ^; Ă  Ćžsfis&a dĂ©diĂ©es sans doute ©soïç 2uvvcaoi'/ S,j // /./ Sici heu AnĂ enj et Moder. ÎEIPLBOF JĂź Tl J IPI TE Fi OlYMPUS AT S E IL, TL H U S Sicily. Tomplo de Jupiter Oh’mpieo on Selinonto. faci/ht/ ici 11 a. Par Jules Ja/llteiJ’durl. mm TEMPLE DE SÉGESTE Non loin du mont Barbara, oĂč sont les misĂ©rables restes de l'antique citĂ© de SĂ©geste, sur un mamelon isolĂ© qui se rattache Ă  cette montagne, entourĂ©e presque de tous cĂŽtĂ©s de ravins profonds comme des abĂźmes, s’élĂšve le pĂ©ristyle d’un temple dorique , surmontĂ© de son entablement et de ses deux frontons. Ce monument, si imposant par lui-mĂȘme, s’agrandit -.‱noore, aux yeux du voyageur qui s’en approche, de cette situation Ă©levĂ©e qu’il domine et de cet immense dĂ©sert qui l’environne. On ne rencontre, en y arrivant, aucune trace d’habitation humaine, Ă  plusieurs milles Ă  la ronde. La colline oĂč il pose ne se couvre d’aucune vĂ©gĂ©tation, si l’on excepte quelques faibles arbrisseaux qui croissent sur le sol mĂȘme du temple. Cette ruine auguste se montre donc dans toute sa majestĂ©, sans aucun voile qui la cache, sans aucun objet qui la dĂ©pare, avec une montagne pour piĂ©destal et avec le ciel pour cadre ; et rien ne trouble ici l’artiste ou l’antiquaire qui viennent Ă©tudier, dans un des beaux monuments de l’antiquitĂ© grecque, les grands principes de l’art ou les grands souvenirs de l’histoire. Tout homme qui s’est rendu aux ruines de SĂ©geste, sait quelle fut la destinĂ©e de cette ville cĂ©lĂšbre. Son origine se perdait dans l’ombre sacrĂ©e des traditions mythologiques, qui lui donnaient pour fondateur ÉnĂ©e, ou l’un des chefs troyens Ă©migrĂ©s Ă  sa suite. Sa puissance , qui s’accrut insensiblement au milieu des peuplades indigĂšnes par le seul ascendant de la civilisation grecque, la rendit bientĂŽt rivale de SĂ©linonte, qui Ă©tait sa voisine et qui devint son ennemie. De cette lutte entre deux rĂ©publiques qui 11 e pouvaient s’étendre qu’aux dĂ©pens l’une de l’autre, sans que l’une d’elles voulĂ»t rien cĂ©der Ă  l’autre, naquirent les malheurs de la Sicile entiĂšre. AprĂšs une bataille perdue contre SĂ©linonte, qui les laissait exposĂ©s Ă  tous les ressentiments du vainqueur, les SĂ©gestains appelĂšrent Ă  leur secours les AthĂ©niens, avides de prendre part aux discordes de la Sicile, pour s’en approprier les dĂ©pouilles. On sait quelle fut l’issue de cette expĂ©dition imprudente ; AthĂšnes y perdit, avec sa flotte et son armĂ©e, sa rĂ©putation et sa puissance. Mais ce coup ne fut pas moins terrible pour SĂ©geste, qui voyait le nombre de ses ennemis accru et leur haine redoublĂ©e , sans qu’il lui restĂąt plus aucun alliĂ©. Dans cette situation dĂ©sespĂ©rĂ©e, les SĂ©gestains eurent recours, pour sauver leur existence, Ă  l’un de ces moyens qui perdent toujours ceux qui les emploient, et qu’aucun danger ne justifie, parce qu’ils sont eux-mĂȘmes un extrĂȘme danger ils appelĂšrent les Carthaginois en Sicile, comme ils y avaient dĂ©jĂ  appelĂ© les AthĂ©niens. Mais, cette fois, ce n’étaient plus des Grecs, adversaires toujours gĂ©nĂ©reux, mĂȘme quand ils Ă©taient ennemis dĂ©clarĂ©s ; c’étaient des barbares qui, toujours vaincus sur le sol de la Sicile, avaient Ă  venger d’un seul coup de nombreuses dĂ©faites, et qui se montrĂšrent impitoyables. Le premier rĂ©sultat de cette intervention funeste de la barbarie africaine dans les luttes intestines de la Sicile, fut la ruine de SĂ©linonte. SĂ©geste, qui avait provoquĂ© ce grand dĂ©sastre, en fut Ă  son tour la victime. TraitĂ©e d’abord par les Carthaginois en ville conquise, et privĂ©e de sa libertĂ© ; puis, Ă  chaque effort qu’elle osa tenter pour s’affranchir d’un joug odieux, ressaisie par les barbares ou repoussĂ©e par les Grecs, SĂ©geste ne fit que dĂ©choir de plus en plus, jusqu’à l’époque oĂč la faveur des Romains , qu’elle s’était conciliĂ©e par la fable de son origine troyenne , lui procura une existence parĂ©e de quelque ombre de libertĂ© et de quelque souvenir de gloire, au sein de laquelle elle s’éteignit obscurĂ©ment, sans que nous sachions comment elle a fini, de mĂȘme que nous ignorons de quelle maniĂšre elle avait commencĂ©. Le seul tĂ©moignage imposant de l’existence de SĂ©geste, c’est donc cet unique temple qui en reste monument problĂ©matique, comme cette ville elle-mĂȘme ; car il s’élĂšve debout de toute sa hauteur, sur l’emplacement d’une citĂ© qui a disparu tout entiĂšre ; on se demande en le voyant si bien conservĂ©, comment il a pu Ă©chapper aux ravages de tant de guerres, aux dĂ©sastres de tant de siĂšcles ; et ce qui Ă©tonne plus que de le trouver presque intact, c’est de dĂ©couvrir qu’il n’avait point Ă©tĂ© achevĂ©. Examinons donc avec quelque dĂ©tail un monument si intĂ©ressant Ă  tant de titres. G est un temple hexastyle pĂ©riptĂšre *, c’est-Ă -dire, avec six colonnes de front, et un pĂ©ristyle de colonnes dans tout son pourtour, de cette forme qui fut essentiellement propre au gĂ©nie de l’architecture grecque; car c est celle que l’on retrouve dans le plus grand nombre de ses Ă©difices, sans que, dans un plan qui paraĂźt si simple et qui se rĂ©pĂšte si souvent, toujours avec les mĂȘmes Ă©lĂ©ments, on ne retrouve en mĂȘme temps des particularitĂ©s toujours diffĂ©rentes et un effet toujours nouveau. Un parallĂ©logramme long de 237,3 palmes , et large e 102,8, forme le plan de ce temple, dont les deux petits cĂŽtĂ©s, suivant un usage qui tenait Ă  des intentions religieuses, regardent l’orient et l’occident ; d’oĂč il suit que le temple, dirigĂ© comme il 1 Ă©tait, montrait sa façade Ă  ceux qui venaient de la ville. * Vovez la figure 1 de notre planche de dĂ©tails. — STYLE GREC. - L’édifice pose sur une base Ă©levĂ©e ou stylobate, divisĂ© en quatre gradins, dont l’infĂ©rieur est d’une hauteur moindre, et dont le supĂ©rieur, restĂ© incomplet de trois cĂŽtĂ©s, forme, sous chaque colonne qui s’y appuie, une espĂšce de dĂ© qui, dans l’état actuel, offre l’apparence d’un piĂ©destal. Trente-six colonnes, disposĂ©es de maniĂšre que six s’élĂšvent Ă  chaque façade, et quatorze, y compris celles des angles, sur chacune des deux ailes, composent le pĂ©ristyle. Le diamĂštre des colonnes est de palmes, 7, 3, 9; leur hauteur, y compris le chapiteau, rĂ©pond Ă  un peu moins de cinq diamĂštres. Les entre-colonnements, qui surpassent de quelque chose le diamĂštre des colonnes, sont larges de palmes, 9, 7 ; mais ils deviennent plus Ă©troits vers les angles; ce qui Ă©tait, dans les habitudes de l’art grec, une pratique motivĂ©e Ă  la fois par la nĂ©cessitĂ© de donner plus de soliditĂ© Ă  la construction, et par le besoin d’arriver, au moyen d’une largeur inĂ©gale des mĂ©topes, Ă  une juste distribution des triglyphes de la frise, qui devaient toujours rĂ©pondre Ă  l’axe des colonnes et au milieu des entre-colonnements. On remarquera la forme du chapiteau, qui, dans la dimension et dans la courbe du quart-de-rond , offre quelque chose de plus ferme et de plus sĂ©vĂšre, sur le monument original, tel que notre planche le reprĂ©sente, qu’il n’en a dans le dessin de M. llittorff. Les trois filets qui remplissent ici tout l’espace du gorgerin, sont sĂ©parĂ©s du l'Ăčt de la colonne par deux membres lisses qui forment comme autant de degrĂ©s en retraite au-dessus de la colonne, et qui devaient certainement recevoir, dans l’achĂšvement de cette colonne, une forme diffĂ©rente, mais qui ne sauraient, Ă  notre avis, autoriser l’espĂšce de restauration que M. Hittorff a cru pouvoir proposer de cette partie du monument de SĂ©geste. Voyez la fig. 3 de notre planche de dĂ©tails. L’entablement, composĂ© d’une architrave, ornĂ©e, dans la partie supĂ©rieure, d’une rangĂ©e de gouttes sous chaque triglyphe et d’un listel dans toute sa largeur, est surmontĂ© de la frise, formĂ©e, comme Ă  l’ordinaire, de triglyphes alternant avec des mĂ©topes lisses. Le tout est couronnĂ© d’une corniche, ornĂ©e de modifions, avec des moulures d’une simplicitĂ© grave, qui projettent sur toute cette ordonnance un caractĂšre mĂąle et ferme. Un fronton trĂšs-surbaissĂ© ajoute encore Ă  l’effet imposant de cette masse, dont tous les membres expriment une idĂ©e de force et offrent une image de puissance en sorte que, pour toute personne qui possĂšde l’intelligence de l’art, et qui se trouve en prĂ©sence de ce beau temple dorique, il y a lĂ  toute une rĂ©vĂ©lation de ce que peut accomplir le gĂ©nie, pour assurer aux monuments d’une religion la durĂ©e qui devait manquera cette religion elle-mĂȘme, et pour rĂ©aliser, en quelque sorte, l’éternitĂ© dans le temple, Ă  dĂ©faut de la divinitĂ©. Une particularitĂ© trĂšs-remarquable du temple de SĂ©geste, bien qu’elle ne soit pas tout Ă  fait sans exemple dans les monuments de la belle architecture grecque, c’est que les colonnes, au lieu d’ĂȘtre cannelĂ©es, comme c'est le propre de l’ordre dorique, offrent une espĂšce d’enveloppe ou de revĂȘtement * qui excĂšde de deux onces ** leur diamĂštre. Cette particularitĂ© est rendue plus sensible encore par la circonstance, qu’aux deux extrĂ©mitĂ©s du fĂ»t il existe un listel exĂ©cutĂ© avec beaucoup de soin, qui donne d’une maniĂšre trĂšs-prĂ©cise le diamĂštre vrai des colonnes, et qui prouve que cette enveloppe, laissĂ©e d’ailleurs Ă  un Ă©tat grossier et offrant l’apparence d’une gaine, n’est autre chose que l’excĂ©dant de matiĂšre qui devait ĂȘtre abattu lors de l’exĂ©cution des cannelures. Or, il rĂ©sulte de cette observation que le temple de SĂ©geste n’avait point Ă©tĂ© terminĂ© ; et l'on peut encore eu infĂ©rer, comme notion gĂ©nĂ©rale, que le travail des cannelures se faisait sur les colonnes en place, sans doute afin que ce travail, rĂ©glĂ© dans ses moindres dĂ©tails d’aprĂšs l’ordonnance entiĂšre de l’édifice, rĂ©pondit mieux Ă  toutes les conditions de l’effet qu’il devait produire. Nous insistons sur cette observation, parce qu’il s’est trouvĂ©, et qu’il peut se trouver encore des Ă©crivains qui voient, dans l’enveloppe en pierre des colonnes du temple de SĂ©geste, une analogie avec les colonnes Ă©gyptiennes, et un trait d’une haute antiquitĂ© ***; deux illusions que la moindre connaissance de l’art grec aurait pu suffire Ă  prĂ©venir. Tl existe d’ailleurs au temple de SĂ©geste d’autres indices de l’état inachevĂ© dans lequel le surprit le malheur des temps ; ce sont ces petits bossages, rĂ©servĂ©s pour la commoditĂ© de la construction, qui se voient encore en si grand nombre dans beaucoup de parties de l’édifice, particuliĂšrement aux gradins du soubassement et sur le tympan des frontons. Il est bien Ă©vident que ces bossages, d’une forme irrĂ©guliĂšre et d’un travail nĂ©gligĂ©, n’ont jamais pu ĂȘtre destinĂ©s Ă  servir d’ornements, comme l’avait cru l’architecte anglais Wilkins, qui les a employĂ©s a cet effet dans sa restauration du temple de SĂ©geste ****. ConsĂ©quemment, il est certain qu’ils auraient disparu dans l’achĂšvement du temple , si les circonstances eussent permis qu’on y mĂźt la derniĂšre main. Cet Ă©tat d’imperfection , maintenant bien dĂ©montrĂ©, dans lequel est restĂ© le temple de SĂ©geste, sert Ă  rendre * Voyez sur notre planche de dĂ©tails la figure 2 . ** Mesure sicilienne, comme le palme citĂ© plus haut. *** Voyez le texte joint aux planches qui reprĂ©sentent le temple de SĂ©geste, dans le Voyage pittoresque de la Sicile, t. h **** The Antiquilies of Magna CrƓcia, n° v, pi. 3. — TEMPLE DE SÉGESTE. — compte d'une autre particularitĂ©, qui, mal interprĂ©tĂ©e, pourrait donner lieu aussi Ă  une erreur grave; c’est celle des dĂ©s ou socles * sur lesquels posent les colonnes du pĂ©ristyle, et qui semblent faire ici l’office d’une base au-dessous de ces colonnes. Si l’on admettait cette supposition, en partant de l’idĂ©e que le temple de SĂ©geste, tel qu’il apparaĂźt aujourd’hui, est rĂ©ellement complet, du moins dans cette partie de son ordonnance, il en rĂ©sulterait que l’architecture dorique des Grecs aurait admis, dans certains cas, des colonnes avec une base en forme de simple dĂ© ou de socle, comme on le voit ici. Mais il suffit d’un peu de rĂ©flexion pour se convaincre de la faussetĂ© de cette supposition. Le gradin supĂ©rieur sur lequel devait poser immĂ©diatement le fĂ»t des colonnes, n’ayant point Ă©tĂ© terminĂ©, si ce n’est d’un seul cĂŽtĂ©, de celui du nord, les pierres qui se trouvent sous les colonnes, sont restĂ©es isolĂ©es des trois autres cĂŽtĂ©s ; c’est ce qui leur a donnĂ© l’apparence de dĂ©s ou de socles ; mais c’est ce qui est loin de suffire pour constituer une base ; et cette circonstance , due uniquement Ă  l’état imparfait de la construction, ne prĂ©juge absolument rien contre l’usage constant de l’architecture dorique, de n’admettre jamais de bases pour les colonnes. C’est ce qu’avait depuis longtemps observĂ© M. QuatremĂšrc de Quincy **, avec cette intelligence profonde qu’il possĂšde de l’architecture antique , et c’est l’opinion Ă  laquelle s’est ralliĂ© en dernier lieu M. le duc de Scrradifalco ***. Le temple de SĂ©geste, s’il eĂ»t Ă©tĂ© terminĂ© , eĂ»t donc ressemblĂ© Ă  tout ce que nous connaissons de temples doriques, dans cette partie de son ordonnance, comme sous le rapport des cannelures. Les colonnes du pĂ©ristyle eussent posĂ© immĂ©diatement sur le gradin supĂ©rieur du soubassement ; et la circonstance d’une base , qui est Ă©trangĂšre Ă  l’ordre dorique grec, n’eĂ»t point altĂ©rĂ© , comme cela rĂ©sulte de l’état actuel, le caractĂšre simple , grave et mĂąle de cette ordonnance. 11 est inutile d’ajouter qu’un temple, laissĂ© par le malheur des circonstances dans l’état oĂč nous le voyons aujourd’hui, n’avait pas reçu sa toiture ; et c’est ce qui rĂ©sulte aussi de ce qu’on n’y dĂ©couvre aucune trace des cavitĂ©s qui auraient dĂ» ĂȘtre pratiquĂ©es pour recevoir les poutres et les solives du toit. Il en est de mĂȘme de la cella, dont le mur, qui devait former de quatre cĂŽtĂ©s l’enceinte du temple proprement dit, n’a laissĂ© nulle part de vestiges sur le sol ; car les pierres Ă©parses en quelques endroits, qu’on avait cru pouvoir regarder comme des arrachements du mur de cette cella, sont bien certainement, par la place mĂȘme qu’elles occupent sur leplan „ * „ *, etd’aprĂšsle listel dont elles sont ornĂ©es, des matĂ©riaux Ă©trangers Ă  cette partie de l’édifice. Encore privĂ© de sa couverture et de sa cella, rĂ©duit Ă  son pĂ©ristyle, avec ses colonnes encore engagĂ©es dans leur gaine de pierre , tel Ă©tait donc le temple de SĂ©geste, quand s’éleva , par le fait des SĂ©gestains eux-mĂȘmes , la guerre qui devait couvrir de ruines le sol de la Sicile entiĂšre ; et, par une singuliĂšre fatalitĂ© , tel il est restĂ© Ă  travers tant de siĂšcles , sans avoir rien perdu des Ă©lĂ©ments de sa construction incomplĂšte, comme s’il eĂ»t Ă©tĂ© destinĂ© Ă  servir, Ă  la place oĂč fut SĂ©geste , d’éternel monument Ă  la fois de sa grandeur et de sa faute. Et il semble qu’en effet le temps , qui a tout dĂ©truit autour de lui, ne l’ait respectĂ© que pour rendre sensible Ă  tous les yeux cette grande leçon qui sort pour ainsi dire de chacune de ses pierres, qu’un peuple ne doit jamais abuser de sa fortune. On s’est souvent demandĂ©, en considĂ©rant ce temple, si imposant encore dans son imperfection mĂȘme, Ă  quelle divinitĂ© il Ă©tait dĂ©diĂ©. M. QuatremĂšrc de Quincy rapporte l’opinion qui l’attribuait Ă  CirĂ©s , sans paraĂźtre y ajouter beaucoup de crĂ©ance. M. de Serradifalco combat celle qui voudrait y voir un temple de Diane , par des raisons qui nous semblent loin d’ĂȘtre toutes de la mĂȘme valeur. L’existence du culte de Diane Ă  SĂ©geste est Ă©tablie d’une maniĂšre pĂ©remptoire par le tĂ©moignage de CicĂ©ron ** „„ * ; et le fait d’une statue de cette divinitĂ© implique celui d’un temple oĂč Diane Ă©tait adorĂ©e et son simulacre Ă©rigĂ©. Mais ce devait ĂȘtre dans la ville mĂȘme qu Ă©tait situĂ© ce temple de Diane ; et le nĂŽtre , qui se trouve en dehors de la ville, et mĂȘme Ă  une assez grande distance de son enceinte extĂ©rieure, ne peut avoir eu cette destination. On pourrait, avec plus de raison peut- ĂȘtre , l’attribuer Ă  Venus, qui devait ĂȘtre , comme la mĂšre d’ÉnĂ©e , le fondateur prĂ©sumĂ© de SĂ©geste, honorĂ©e dans cette ville d’un culte particulier ; mais ce n’est encore lĂ  qu’une conjecture dĂ©pourvue de toute espĂšce de preuves. Quel est donc le dieu qui devait ĂȘtre et qui n’a pu devenir l’hĂŽte de ce temple inachevĂ©? C’est encore lĂ  un des mystĂšres qui s’attachent Ă  son existence, et qui ajoutent, Ă  l’intĂ©rĂȘt d’art et d’histoire qu’il inspire , celui d’un problĂšme Ă  rĂ©soudre. * v °yez le plan, ligure 1 re . '*? ^dictionnaire d’Architecture , 2 e Ă©dition, au mot SĂ©geste, t. II, f *1 AntichitĂ  di Segesta, p. 113. “ Voyez Ă  ce sujet les observations de M. le duc de Serradifalco, AntichitĂ  di Segesta, p. 114, avec la planche Ă  l’appui, tav - lv > le'fera A, qui rectifient ce qu’il y avait d’inexact Ă  cet Ă©gard dans le travail de MM. Hittorff et Zanth, Architecture de la 5!-c f^' r ' hvraison, planche ni. Qj c ^ ron j n j' err , v g 5 — STYLE GREC. — Nous ajouterons un dernier mot pour rectifier, au sujet de l’antique SĂ©geste, une lĂ©gĂšre inexactitude commise par M. le duc de Serradifalco, l’antiquaire habile et l’écrivain savant Ă  qui nous devons l’ouvrage le plus complet sur les monuments de la Sicile. Cet Ă©crivain semble croire que ce nom de SĂ©geste fut employĂ© surtout Ă  l’époque romaine, au lieu de celui d ’Êgeste, qui avait Ă©tĂ© le nom grec de la ville. Ce serait lĂ  une erreur qui serait rĂ©futĂ©e par la suite entiĂšre des monnaies frappĂ©es Ă  l’époque la plus florissante de cette citĂ© grecque, et portant toutes l’épigraphe des SĂšgestains, tandis que la lĂ©gende des Êgestains n’apparaĂźt que sur des mĂ©dailles en bronze d’une fabrique romaine. Mais ce fait numismatique est si connu et certainement si familier Ă  l’illustre auteur des AntiquitĂ©s de la Sicile , que nous devons plutĂŽt admettre ici une faute de rĂ©daction de sa part, si ce n'est pas une faute d’intelligence de la nĂŽtre. BIBLIOGB AFHIE. On pourra consulter avec fruit, pour avoir une connaissance plus dĂ©taillĂ©e du temple de SĂ©geste, les ouvrages suivants f 1 0 QuatremĂšrede Quincy , Dietionnaired’Architecture, V Ă©dition, t. U, au mot SĂ©gesfe. 2" Wilkins, The Antiquitiesof Magna GrƓcia, Cambridge 1807,1 vol. in-folio, fig. c. V. 3° HittorffetZanth, Architecture antique de la Sicile, l re livraison, dont il n’a paru encore que les planches relatives au temple Ăšt au théùtre de SĂ©geste. 4° Le premier volume des AntichitĂ  dĂ©lia Sicilia, de M. le duc de Serradifalco Palerme, 1834, in-folio, fig., consacrĂ© tout entier aux monuments de SĂ©geste, et qui nous a servi de base pour notre travail. Nous indiquerons aussi le Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile, de Saint-Non, tome IV, pl. 65, 66, 67, 68, pages 161-168, oĂč l’on ne lira pas sans intĂ©rĂȘt les dĂ©tails qui concernent l’état actuel du temple de SĂ©geste, et quelques observations qui doivent appartenir Ă  M. Denon ; bien que ces dĂ©tails et ces observations n’aient plus aujourd’hui pour nous le degrĂ© d’exactitude et d’importance qu’on a droit d’exiger dans des travaux de ce genre. wm mm ,1 j t»rm ! %i Temple de Seoeslo. / JĂŻaĂŻiaj- IJLJUUÜ ‱] O MIS! ^iclierel del. Lemaitre y' W////.W*/, ÏU-Ă©isf/c, Gnmdnss und BĂ©tails. MffilPÏÆ M SÉMSW. DĂ©tails . Toiuplo ! _ _ 4\ a'’ ^ i *VMÂŁ mmm mm =WL »- wĂč&h& fjb% -^* rZf-J ..^1 -mKaK ÉHISÊ ‱*»*3s “ of iumçn. cÂŁÂŁ?&g ÜS-8S agg ĂąrĂȘ. ÜKES? KSĂąttd "Htotaiis Fia. 2. 10 MĂštr es .* w_i toVĂšlnv. HwĂŻWWĂźt^ ErJiƓlle /?PLW t h Fig. 3. iTwtaL de! BurĂż gculps in rEMPILE BIË THÉSÉE A ATHKHES, Details Fi l. DĂ©tails PI.. 1. THMFTL1K 0F THIESIÉUS AT ATIHUE lĂŻ S . Tcmplo M//rsi?i?J "UBU et Modernes ParticolaritĂ  Pl .l Par Jules /srt'Lhtilvyul TEMPLE DE MINERVE OU PARTHÉNON A ATHÈNES. La grande Ă©poque de l’art chez les Grecs fut la pĂ©riode qui s’étend de la 80- Ă  la 11 I e olympiade, de l’an 460 Ă  l’an 336 avant JĂ©sus-Christ, et qui comprend le siĂšcle de PĂ©riclĂšsct d’Alexandre; c’est Ă  elle qu’appartiennent les plus admirables chefs-d’Ɠuvre qui soient parvenus jusqu'Ă  nous. DĂ©jĂ  depuis longtemps les Ă©vĂ©nements politiques avaient prĂ©parĂ© cet Ă©lan sublime. La guerre des Perses, en agitant toute la GrĂšce, avait donnĂ© aux esprits un mouvement, une activitĂ© qui furent une des principales causes de cet immense dĂ©veloppement. AthĂšnes avait Ă©tĂ© le principal théùtre de cette lutte; aussi ces causes y exercĂšrent-elles une plus grande influence. Le succĂšs, en enflammant la nation, en la pĂ©nĂ©trant de sa grandeur, eu lui inspirant un noble orgueil, exalta encore ses facultĂ©s intellectuelles, et de lĂ  cet Ă©tonnant essor qui se fit surtout sentir dans l’Aftique, et dont HĂ©rodote * fixe le commencement Ă  la 4 e annĂ©e de la 67° olympiade. AthĂšnes eut le bonheur de produire Cimon et PĂ©riclĂšs Ă  lepoque oĂč sa gloire, sa puissance, ses revenus Ă©taient montĂ©s au plus haut degrĂ©. Un abus de pouvoir et de confiance, qu’aux yeux de l’artiste et de l’archĂ©ologue seulement peuvent justifier les chefs-d’Ɠuvre qui en furent le produit, facilita encore l’exĂ©cution de tant de monuments qui vinrent, comme par enchantement, faire de l’AthĂšnes antique la plus merveilleuse ville du monde, et l’école Ă©ternelle des architectes et des sculpteurs de tous les pays et de tous les temps. Les peuples affranchis de la domination des Perses avaient formĂ© une ligue pour soutenir la guerre contre le grand roi; les chefs attiques furent chargĂ©s de fixer le contingent de chacun des peuples; et, sur la proposition d’Aristide, ce contingent, ,p, et Plutus, dieu des richesses, reprĂ©sentĂ© avec des ailes , et, par une exception particuliĂšre Ă  ce dieu, jouissant de la vue *. Il n’est plus permis aujourd'hui de douter de l’emploi que firent les Grecs de la peinture dans la dĂ©coration de leur architecture ; les travaux des Hittorff, des Baoul-Bochette, des Letronne, des BrĂŽnsted ; les recherches rĂ©centes sur les temples doriques de la GrĂšce et de la Sicile ne laissent plus aucune incertitude ; elles ont confirmĂ© d’une maniĂšre positive l’assertion de Yitruve ** au sujet de la cire bleue, cera cƓrulea, qu’il indique comme Ă©tant la couleur d’usage pour les triglyphes ; les mĂ©topes paraissent avoir Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralement rouges. Nous savons, par des tĂ©moignages antiques, que tous les sculpteurs cĂ©lĂšbres avaient sous leurs ordres un peintre habile chargĂ© de peindre leurs Ɠuvres ; plusieurs noms de ces artistes sont parvenus jusqu’à nous. Il n y avait pas dans toute la GrĂšce , dit M. BrĂŽnsted, un seul temple construit avec soin qui ne fĂ»t plus ou moins colorĂ©, c’est-Ă -dire, peint de maniĂšre Ă  contribuer Ă  l’effet et au riche aspect du monument par la couleur harmonieuse des parties symĂ©triques, et surtout des parties supĂ©rieures de la construction. L’application Ă©tait de trois espĂšces 1° la couleur Ă©tait employĂ©e comme couche et sans aucun effet d’illusion pour soutenir l’architecture proprement dite, c’est-Ă -dire, pour relever la teinte insignifiante et monotone de la pierre ; 2° la couleur servait pour produire de l’illusion dans certaines parties de la construction, c’est-Ă -dire, pour 1 effet des ombres et des jours, des reliefs et des enfoncements sur un plan uni, en un mot, pour faire de vĂ©ri- Aristoph. Schol.; Plut. Etymolorjus ; Thucydide, L. II ; Philostrate, EĂźxov .,42 ; DĂ©mosthĂšne, Schol. orat. 3, in Timocrat. ** L. IV ch. 2, § 2. — LE PARTHÉNON A ATHÈNES. — tables tableaux, et, par consĂ©quent, pour remplacer la sculpture; 3° enfin, on employait la couleur comme achĂšvement des parties proprement plastiques. Dans ce cas, l’application des couleurs, entiĂšrement subordonnĂ©e aux lois de la sculpture polychrome, n’appartenait Ă  l’architecture qu’autant que ces ouvrages y tenaient comme dĂ©coration essentielle. » Nous joignons Ă  cette notice un superbe exemple de l’architecture polychrĂŽme du ParthĂ©non c’est une vue perspective de l’entablement et des chapiteaux, restaurĂ©s avec le plus grand soin par M. Travers, d’aprĂšs les traces qu’il a retrouvĂ©es silr le monument mĂȘme. Passons maintenant Ă  l’examen des admirables travaux dont Phidias avait enrichi le ParthĂ©non. Cinq grands ouvrages de sculpture avaient fait de ce monument la merveille des merveilles ; c’étaient les deux frontons , les mĂ©topes, la frise de la cella, et la statue de Minerve. Selon Pausanias, le fronton , dsToç, de la façade, reprĂ©sentait la naissance de Minerve, et le fronton postĂ©rieur la dispute de Minerve et de Neptune. Or, ceux qui avaient vu le fronton occidental intact, sinon dans ses dĂ©tails, au moins dans toutes ses masses, avant l’explosion de 1687, sans s’arrĂȘter Ă  l’examen approfondi des sculptures, s’étaient accordĂ©s Ă  y reconnaitre la naissance de Minerve , ou plutĂŽt sa prĂ©sentation par Jupiter aux dieux de l’Olympe. Ollier de Nointel, ambassadeur de France en 1674, partagea la mĂȘme opinion , et les esquisses qu’il fit faire des figures dĂ©jĂ  mutilĂ©es de ce fronton, servirent encore Ă  accrĂ©diter une erreur qu’elles eussent dĂ» dĂ©truire *. Stuart, le premier, reconnut l’erreur, et avança que le fronton occidental Ă©tait le fronton postĂ©rieur et reprĂ©sentait la dispute de Neptune et de Minerve , tandis que c’était le fronton oriental qui offrait la naissance de cette dĂ©esse. M. QuatremĂšre de Quincy adopta cette opinion, et en a fait le texte d’une savante dissertation en rĂ©ponse Ă  l’avis contraire Ă©mis par M. BarbiĂ© du Bocage, dans son atlas d’Ana- charsis. M. Bronsted s’est rangĂ© du cĂŽtĂ© de M. QuatremĂšre. Le fronton oriental se composait environ de vingt- quatre figures, dĂ©tachĂ©es et entiĂšres , et plus ou moins colossales, dont quatre chevaux. De ces groupes, dont il restait encore, lorsque Carrey exĂ©cuta ses dessins, environ douze figures entiĂšres, il n’existe plus que douze ou treize fragments au musĂ©e britannique. Le fronton occidental, qui reprĂ©sentait la dispute de Minerve et de Neptune , Ă©tait formĂ©, selon toute apparence , du mĂȘme nombre de figures et de chevaux. Carrey avait dessinĂ© sur place vingt-deux figures ; il ne reste plus que cinq fragments conservĂ©s au musĂ©e britannique. Deux figures placĂ©es dans un angle, et dans lesquelles il Ă©tait facile de reconnaĂźtre Adrien et Sabine sa femme , avaient paru Ă  Spon, Ă  Wheler, Ă  Leroy, une preuve suffisante pour avancer que les frontons avaient Ă©tĂ© refaits sous cet empereur. Cette assertion est dĂ©mentie par le style des sculptures mĂȘmes, et il est bien plus probable que , par une flatterie dont on a plus d’un exemple, ces tĂȘtes avaient Ă©tĂ© substituĂ©es Ă  d’autres du temps des Romains ; si d’ailleurs nous nous en rapportons Ă  Plutarque, Ă  l’époque oĂč vivait cet historien, les monuments Ă©levĂ©s par PĂ©riclĂšs n’avaient pas encore besoin de restauration. La seconde suite de sculptures du ParthĂ©non Ă©tait composĂ©e des mĂ©topes qui dĂ©coraient la frise extĂ©rieure. Ces mĂ©topes ont une hauteur de l m ,335 sur une largeur de l m ,270; celles qui sont voisines des angles sont un peu plus Ă©troites. Cet excĂšs de la hauteur sur la largeur fait voir que l’architecte avait en vue de les faire paraĂźtre carrĂ©es, malgrĂ© la saillie de la bande de l’architrave. Les figures avaient plus de relief que celles de la frise intĂ©rieure du portique, parce qu'elles Ă©taient destinĂ©es Ă  ĂȘtre vues de plus loin. Les mĂ©topes Ă©taient au nombre de quatre-vingt-douze ; un assez grand nombre avaient Ă©chappĂ© aux ravages du temps et des hommes , quand, par malheur, lord Elgin, qui Ă©tait ambassadeur Ă  Constantinople , obtint, en 1801, du gouvernement turc, un firman qui l’autorisa Ă  Ă©lever un Ă©chafaudage autour de l’ancien temple des idoles , pour mouler en plĂątre les ornements et les figures, et, de plus, Ă  enlever les pierres oĂč se trouvaient des inscriptions ainsi que les statues conservĂ©es. On assure qu’il en coĂ»ta 74,000 liv. sterl. 1,850,000 fr. Ă  lord Elgin pour s’approprier les belles parties du monument qu’il fut possible de transporter Ă  Londres. Du reste , cette spĂ©culation barbare ne fut guĂšre profitable Ă  son auteur, car, en 1816, la collection entiĂšre ne lui fut achetĂ©e, pour le musĂ©e britannique, que 35,000 liv. sterl. 875,000 fr. ; et un des plus illustres compatriotes de lord Elgin, lord Byron, voyant son nom gravĂ© sur le ParthĂ©non, Ă©crivit au-dessous Quodnon fecerunt Gothi, Scotus fecit. Il est vrai que lord Elgin s’est acquis ainsi une cĂ©lĂ©britĂ© que lui eĂ»t enviĂ©e Érostrate. Ce n’est pas ainsi qu'en avait agi l’ambassadeur de France, M. Choiseul-Gouffier, qui avait fait mouler C Ces dessins Ă  la mine de plomb et Ă  la sanguine, par J. Carrey, ne rendent nullement le caractĂšre des sculptures grecques ; mais ils sont prĂ©cieux cependant, parce que seuls ils nous ont conservĂ© celles des compositions du ParthĂ©non qui aujourd’hui sont dĂ©truites. Ce recueil existe au cabinet des estampes de la BibliothĂšque royale n° 616, oĂč il est connu Ă  tort sous le nom de dessins de Nointel. Il porte le titre plus extraordinaire encore de Sculptures du temple de Minerve Ă  AthĂšnes, bĂąti par Adrien. — STYLE GREC. — divers plĂątres qui sont au musĂ©e du Louvre, et ne rapporta qu’une seule mĂ©tope dĂ©tachĂ©e depuis longtemps et dont l’acquisition lui fut facilitĂ©e par notre consul Ă  AthĂšnes, M. Fauvel. C’est cette mĂ©tope qui, en 1818, aprĂšs la mort de M. de Choiseul, fut acquise par le musĂ©e pour la somme de 25,000 fr. Aujourd’hui, quatorze mĂ©topes sont encore en place ; quelques fragments ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans les dĂ©- blayements exĂ©cutĂ©s au ParthĂ©non, sous la direction de M. Pittakis ; seize mĂ©topes ont Ă©tĂ© enlevĂ©es, dont quinze sont Ă  Londres et une Ă  Paris ; les autres ont Ă©tĂ© dĂ©truites par le temps ou par l’explosion de 1687 , et il n’en reste d’autres traces que les dessins de Carrey. Les mĂ©topes de Londres et de Paris, provenant toutes du cĂŽtĂ© mĂ©ridional qui Ă©tait le mieux conservĂ©, reprĂ©sentent des Ă©pisodes du combat des Centaures et desLapithes; mais d’autres sujets se trouvent dans celles qui sont restĂ©es ou qui ont disparu. Les mĂ©topes du ParthĂ©non ont Ă©tĂ© publiĂ©es maintes fois, et entre autres par Stuart, Legrand et Bronsted. Celles que nous donnons, lig. 7, 8 et 9 , sont toutes trois au musĂ©e britannique. Le morceau de sculpture le plus considĂ©rable est ce qui reste encore de la frise qui Ă©tait placĂ©e sous le soffite ou plafond du pĂ©riptĂšre, Ă  13ℱ environ du sol. Cette frise a l m 425 de hauteur sur une longueur qui Ă©tait de 1 59"’81. M. Bronsted Ă©value Ă  trois cent vingt le nombre des figures qu’elle devait contenir , et dont les groupes variĂ©s reprĂ©sentaient la procession de la grande fĂȘte quinquennale des PanathĂ©nĂ©es. Ces sculptures ont trĂšs- peu de relief, ce qui Ă©tait admirablement calculĂ© pour permettre de les voir d’en bas , et sans se reculer, ainsi que l’exigeait leur position sous un portique assez Ă©troit. Stuart et Bevett dessinĂšrent une partie considĂ©rable de ce qui existait encore de leur temps 1751-1753. Un fragment contenant sept figures fut acquis par M. de Choiseul, et se voit au musĂ©e du Louvre. Lord Elgin, Ă  son tour, dĂ©tacha une grande suite d’environ 77 m de long , et la transporta Ă  Londres. Dans cette frise , les harnais des chevaux Ă©taient en mĂ©tal, et on reconnaĂźt encore facilement les trous qui reçurent les crampons qui servaient Ă  les attacher. Cette frise a Ă©tĂ© publiĂ©e plusieurs fois, en tout ou en partie, par les mĂȘmes auteurs que j’ai dĂ©jĂ  citĂ©s pour les mĂ©topes ; nous en donnons trois fragments sous les n os 10, 11 et 12. On croit que le premier reprĂ©sente les Dioscures prĂ©sentĂ©s Ă  Jupiter. Enfin, nous devons encore mentionner le chef-d’Ɠuvre de Phidias, la fameuse statue de Minerve, placĂ©e dans le sanctuaire, et que malheureusement nous ne connaissons que par la description que nous en ont laissĂ©e les auteurs grecs et latins. Cette statue qui, au dire de Pline, avait 26 coudĂ©es 11 m , 70 de haut, peut-ĂȘtre en y comprenant le piĂ©destal, Ă©tait d’or et d’ivoire, et les ornements, faits de la premiĂšre de ces matiĂšres, montaient au poids de 44 talents d’or 3,000,000 fr.. Cette statue fut placĂ©e dans le temple la premiĂšre annĂ©e de la 87 e olympiade 430 av. J. C. . AprĂšs que l’or eut Ă©tĂ© pillĂ© par le tyran LacliarĂšs, qui enleva le manteau d’or et le remplaça par un manteau d’étoffe, disant qu’il tiendrait plus chaud Ă  la dĂ©esse, elle paraĂźt avoir Ă©tĂ© dĂ©finitivement dĂ©truite par les Goths conduits par Alaric. Tel Ă©tait ce temple qui a passĂ©, Ă  juste titre, pour le chef-d’Ɠuvre de l’architecture chez les anciens comme chez les modernes. 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J. Buriow , The Elgin marbles , London, 1817, in-8". 14" F.. Q. Visconti, MĂ©moire sur des ouvrages de sculpture du ParthĂ©non; Paris, 1818, ir-8". 15° QuatremĂšre de Quincy , Lettres Ă©crites de Londres Ă  Rome, Ă  Ca- nova, sur les marbres d'Elgin; Rome, 1818, in'8“. 16° Dodwell, A Classical and topographical tour through Greece ; London, 1819, in-4°. 17° Wilkins, On the Sculptures of the ParthĂ©non. Travels in various countries of the East, published by Walpole ; London, 1820, in-4°. 1 8 Robinson, AntiquitĂ©s grecques , trad. de l’anglais, 2 vol. in-8"; Paris , 1822. 19° J. C. Reuvens , Disputatio de simulacris tympanorum Parthe- nonis. Classical jotirnal ; London, 1823. 20° BarbiĂ© du Bocage, Atlas pour le Voyage du jeune Anacharsis.—Note sur les deux frontons du ParthĂ©non. 21° P. O. Bronsted , Voyages et recherches dans la GrĂšce , petit in-P ; Paris, 1826. 22° O. Muller, De PhidiĂŠ vitĂą et operibus commentationes trĂšs; GƓttingue, 1827, in-4°. 23° J. 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T $ ÈKÊ pi » W„ĂȘ mmm 3!d653ta$MSS^p^ttfHK^C>*ĂŒĂ‡ÂŁ5SS3BE3i B' ~\ >y ; .ĂŻ.' 'ij ".4; -'to SMS -, -viV’* ‱SNjĂźftV Sg 15^?-' THÉÂTRE, A IASSUS Les monuments antiques de l’Asie Mineure, surtout ceux qui existent dans la partie occidentale et prĂšs des cĂŽtes de la mer ÉgĂ©e, prĂ©sentent dans leurs dispositions et dans leur style architectural la plus grande analogie avec ceux de la GrĂšce europĂ©enne ; cette similitude n’a rien d’étonnant, si l’on considĂšre que ces deux contrĂ©es Ă©taient habitĂ©es par un mĂȘme peuple, ayant partout des mƓurs semblables, des besoins du mĂȘme genre. Les théùtres, plus encore peut-ĂȘtre que les autres Ă©difices, justifient ce que nous avançons; nos lecteurs pourront s’en convaincre par la description succincte que nous allons leur donner de celui qui existe encore au milieu des ruines d’Iassus. D’abord colonie d’Argiens, puis ensuite de ftlilĂ©siens, Iassus, qui se nomme Ă  prĂ©sent Ayas ou Assin-Kalesi, Ă©tait situĂ©e dans un Ăźlot sĂ©parĂ© de la cĂŽte de Carie par un bras de mer si Ă©troit et si peu profond, qu’aujour- d’hui il se trouve comblĂ© par des attĂ©rissements et converti en marĂ©cage cette ville, qui n’eut jamais une bien grande importance, est maintenant presque inhabitĂ©e; elle Ă©tait assise sur les flancs d’une montagne en forme de cĂŽne, au sommet de laquelle Ă©tait l’acropole, qui occupait ainsi le point central et culminant ; c’est Ă  cent et quelques mĂštres seulement des murs de cette forteresse, et sur le versant oriental de la montagne, que se trouve le théùtre, qui est l’édifice le plus ancien et le mieux conservĂ© de la ville antique. Une inscription en grands caractĂšres, gravĂ©e sur un bandeau lisse rĂ©gnant sur l’un des murs de rampe de la partie demi-circulaire, et Ă  la hauteur du quatriĂšme gradin, nous apprend qu’il fut construit aux frais d’un certain Zopatros, fils d’ÉpictĂšte, qui fut chorĂ©ge, agonothĂšte et stĂ©plianophore, et qui dĂ©dia Ă  Bacchus et au peuple cet Ă©difice avec ses gradins et sa scĂšne ; une autre inscription trĂšs-longue, et disposĂ©e en cinq tableaux, se trouve sur un pilastre dans le voisinage de l’orchestre ; mais la petitesse de ses lettres et leur Ă©tat fruste ne permettent pas de la bien lire. Le théùtre d’Iassus affecte la forme commune Ă  tous ceux des anciens, c’est-Ă -dire qu’il offre un plan demi-circulaire d’un cĂŽtĂ© et rectangulaire de l’autre , et, comme dans ceux qui appartiennent Ă  l’antiquitĂ© grecque, les murs ou rampes sur lesquels s’appuie la prĂ©cinction sont obliques par rapport Ă  l’axe gĂ©nĂ©ral de maniĂšre Ă  ce que le demi-cercle qui les circonscrit extĂ©rieurement outre-passe son diamĂštre. Une porte unique donne entrĂ©e Ă  un escalier qui conduit au sommet de l’édifice, c’est-Ă -dire sur une espĂšce de galerie dĂ©couverte ou Diazoma de prĂšs de 4 m ,00 de large, qui, semblable Ă  une ceinture, couronne et circonscrit la masse des gradins; ceux-ci, qui, pour la plupart, sont encore en place, sont au nombre de vingt, et disposĂ©s en un seul Ă©tage. Quatre escaliers desservent cette prĂ©cinction, et, comme dans tous les autres théùtres antiques, ils rayonnent vers le centre et sont composĂ©s de marches taillĂ©es aux dĂ©pens des siĂšges, de maniĂšre Ă  occuper deux Ă  deux la hauteur de chacun. Ces gradins, qui ont en largeur environ le double de leur hauteur, sont en marbre blanc, comme le reste de l’édifice; leur face antĂ©rieure est profilĂ©e de moulures galbĂ©es de telle sorte que les spectateurs puissent, comme au théùtre de Taormine en Sicile, y placer leurs pieds et les tenir un peu en arriĂšre, ce qui offrait plus d’un genre de commoditĂ© chacun Ă©tait donc dĂ©corĂ© d’une grande moulure en talon reposant sur un petit cavet avec filet; ces deux derniĂšres se poursuivant sur la face des marches, les faisaient participer de deux en deux Ă  cette recherche dĂ©corative, dont il reste peu d’exemples. Une autre particularitĂ© plus remarquable, c’est que le point oĂč chaque assise de gradins s’appuyait sur les escaliers, Ă©tait ornĂ© d’une griffe de lion qui complĂ©tait ainsi la dĂ©coration de la prĂ©cinction. Un appui en marbre tout uni, mais couronnĂ© de moulures, sĂ©parait les spectateurs de l’orchestre, qui se trouvait Ă  environ 0'",70 plus bas que le sol infĂ©rieur de la prĂ©cinction. Les murs de la scĂšne et de ses dĂ©pendances existent encore en grande partie, mais dans un Ă©tat de ruine tel, qu’ils s’élĂšvent peu au-dessus du sol; construits en petits matĂ©riaux liĂ©s avec du mortier, ils paraissent de beaucoup moins anciens que le reste de l’édifice; on remarque, dans celte partie du monument, les trois portes et les dispositions principales qu’exigeait la mise en scĂšne des Ɠuvres dramatiques de l’antiquitĂ© grecque. Le théùtre d’Iassus, comme on le voit par ce que nous venons d’en dire, est peu compliquĂ© dans ses distributions; en effet, on n’y trouve aucun des portiques et des vestibules qui Ă©taient ordinairement annexĂ©s aux Ă©difices de ce genre, et derriĂšre la scĂšne il n’existe que les constructions strictement nĂ©cessaires. L’exiguitĂ© de ce théùtre sera encore plus frappante pour nos lecteurs, si nous leur donnons la mesure de ses dimensions principales ainsi la partie circulaire a en totalitĂ© 18 m ,00 seulement de rayon, et l’orchestre 5 m ,25; la hauteur de l’étage de gradins est de 4 m ,00; les constructions de la scĂšne occupent un espace de 11“,70 de long sur 4 m ,40 de large. Tout l’édifice est bĂąti en marbre; les murs sont en blocs de grande dimension posĂ©s Ă  sec sans aucun- — STYLE GREC. mortier, et taillĂ©s extĂ©rieurement en bossages Ă  arĂȘtes arrondies; nĂ©anmoins cet appareil, qui est d’un beau caractĂšre et qui respire la soliditĂ©, ne se fait pas remarquer par la symĂ©trie de ses assises, qui sont toutes de hauteurs diffĂ©rentes, ni par celle de ses blocs, dont la longueur varie de 0 m ,80 Ă  3 m ,25 ; l’intĂ©rieur des murs est rempli par une maçonnerie en blocage. La petite porte qui donne entrĂ©e au théùtre comme on peut le voir par la figure que nous en donnons est carrĂ©e, de 1 m ,70 de large sur 2 m ,45 de haut; au-dessus du linteau qui forme sa partie supĂ©rieure, on a mĂ©nagĂ©, pour donner du jour dans l’escalier, une baie dont les pierres posĂ©es en encorbellement sont taillĂ©es de maniĂšre Ă  lui donner la forme d’un triangle Ă  peu prĂšs Ă©quilatĂ©ral, espĂšce d’arcade rudimentaire dont on trouve des exemples dans des constructions grecques qui remontent quelquefois Ă  une assez haute antiquitĂ©. Ce monument, dans lequel rien ne semble indiquer l’existence d’un velarium, paraĂźt peu postĂ©rieur aux premiers théùtres construits d’une maniĂšre stable et en matĂ©riaux durables; capable de contenir tout au plus deux mille six cents spectateurs assis, il ne pouvait guĂšre suffire qu’aux besoins peu complexes de son Ă©poque et Ă  ceux d’une ville coloniale. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Canina. Archilettura antica. Partie grecque, 2 vol. in-8° et pl. I 2° cli. Texier. Description \' . S* 1 **? .'' ; ^ -SfcS&v S&SS . K ^ HORLOGE ET TOUR DES VENTS, A ATHÈNES. On manque de documents positifs sur la date de la construction de cet Ă©difice; et, n’était la mention qui s'en trouve chez quelques auteurs de l’antiquitĂ©, on ignorerait encore le nom de l’artiste qui semble en avoir Ă©tĂ© l’auteur. Toutefois, Ă  en juger, soit par le style de l’architecture, soit par le cafactĂšre de la sculpture, on peut, sans trop s’écarter de la vĂ©ritĂ©, rapporter cette Ă©rection aune Ă©poque voisine des derniers temps de l’art grec. Suivant les tĂ©moignages de Varron et de Yitruve, ce monument aurait Ă©tĂ© construit par un nommĂ© An- dronic Cyrrhestes, dont on ne connaĂźt pas exactement la profession spĂ©ciale; car, le texte des ouvrages de ces deux auteurs ne dit point s’il Ă©tait plutĂŽt architecte que mathĂ©maticien ou astronome, et c’est lĂ  une lacune regrettable. Mais, quoiqu’il en soit, ces noms sont dĂ©sormais attachĂ©s Ă  ce monument. Reste Ă  savoir maintenant quel devait ĂȘtre cet Ă©difice, et Ă  connaĂźtre aussi l’usage pour lequel il fut Ă©rigĂ©. Selon toute probabilitĂ©, c’était un monument d’utilitĂ© publique, qui avait, Ă  ce qu’il paraĂźt, une destination multiple ; il rĂ©pondait, par sa nature, Ă  diffĂ©rents besoins de la vie grecque Ă  AthĂšnes. Cette opinion rĂ©sulte surtout de ses dispositions particuliĂšres, ainsi que de son emplacement, qui se trouvait situĂ© non loin de 1 Agora, ce centre du mouvement et des affaires de la ville. Tout porte donc Ă  penser, d’aprĂšs l’examen sĂ©rieux qu’en ont fait successivement plusieurs antiquaires, qu’il fut, dĂšs son origine, destinĂ© Ă  un double usage et qu’il avait une double intention; enfin, qu’il Ă©tait, Ă  la fois, et une horloge publique servant Ă  indiquer les heures, et un monument propre Ă  faire connaĂźtre la direction des vents. Or, on comprend toute l’importance que devait avoir, pour les AthĂ©niens, une construction de cette nature; car, Ă  part son incontestable utilitĂ© sous le rapport de la connaissance du temps, il offrait encore ce prĂ©cieux avantage de leur signaler, Ă  chaque instant, la prĂ©sence des vents plus ou moins favorables Ă  la navigation. C’était donc, parmi le nombre assez restreint des monuments d’utilitĂ© publique Ă©rigĂ©s dans la ville d’AthĂšnes, un des plus indispensables aux besoins de la vie civile. IndĂ©pendamment de ces deux mĂ©rites particuliers et divers, l’Ɠuvre d’Andronic Cyrrhestes prĂ©sente aussi cet autre intĂ©rĂȘt, qu’elle retrace, sous le rapport monumental, une des plus anciennes pages de la gno- monique des Grecs, et qu’elle nous initie, par sa conservation, aux procĂ©dĂ©s de leurs connaissances sur la mesure du temps. Les auteurs anciens rapportent qu’il y avait, Ă  cette Ă©poque, deux systĂšmes ou moyens chronomĂ©triques, basĂ©s sur deux principes complĂštement diffĂ©rents. L’un de ces systĂšmes, qui Ă©tait Ă©tabli sur l’intervention solaire, portait le nom de Gnomon; il consistait en un style ou pointe fixe dont l’astre lumineux projetait l’ombre indicatrice sur un plan quelconque, divisĂ© prĂ©alablement d’une maniĂšre mathĂ©matique et selon sa position. L’autre systĂšme avait Ă©tĂ© inventĂ© pour fonctionner, soit le jour ou la nuit, en l’absence du soleil; il reposait sur l’écoulement calculĂ© de l’eau, d’une capacitĂ© dans une autre, et constituait, suivant les dispositions particuliĂšres, autant de genres à’hydraules et de clepsydres, destinĂ©es au mĂȘme usage. Ces deux modes composaient donc, alors, tout un systĂšme de chronomĂ©trie diurne et nocturne, et leur emploi simultanĂ© offrait cet avantage, qu’en cas d’absence du soleil on n’avait aucune privation Ă  craindre. Tels Ă©taient les deux principaux systĂšmes Ă  l’aide desquels les anciens arrivaient Ă  une connaissance, plus ou moins exacte , de la mesure du temps. Toutefois, il faut ajouter qu’on employait encore, indĂ©pendamment de ceux-ci, qui s’appliquaient plus spĂ©cialement aux monuments publics, d’autres moyens particuliĂšrement rĂ©servĂ©s pour les usages privĂ©s ou domestiques, moyens qui, par leur nature, comme formes ou dispositions, revĂȘtaient des proportions plus modestes et consĂ©quemment plus usuelles. Ainsi Ă©taient les petites horloges de jour et de nuit dont on se servait dans l’intĂ©rieur des habitations. Quant au second emploi de l’édifice d’Andronic, sa destination mĂ©tĂ©orologique, celui-lĂ  soulĂšve de nouvelles questions. Mais, il nous paraĂźt inopportun d’entrer ici dans des considĂ©rations anĂ©mologiques, ainsi que de traiter aussi du plus ou du moins de lumiĂšres des anciens sur le nombre des vents, leurs noms, leurs effets, etc. Nous nous bornons donc Ă  faire sentir l’utilitĂ© que devait avoir , pour un peuple navigateur , un monument spĂ©cial et susceptible de leur indiquer Ă  chaque instant les diverses variations des vents ; cette seconde destination n’était pas moins importante que la premiĂšre. Ces emplois divers reconnus et son utilitĂ© pratique signalĂ©e, on doit avouer qu’Andronic Cyrrhestes sut assez bien allier, dans cette Ɠuvre, certaines conditions essentielles avec les formes que le gĂ©nie de l’art grec donnait gĂ©nĂ©ralement Ă  tout ce qu’il crĂ©ait. Or, envisagĂ©e ou considĂ©rĂ©e Ă  ce point de vue, cette construction paraĂźt, quant Ă  sa nature, offrir, sous le rapport du plan et du dessin, des dispositions assez convenables. Comme tous les monuments de l’antiquitĂ©, celui-ci fonctionna probablement tout autant de temps qu il put — STYLE GREC. — servir ; et, peut-ĂȘtre mĂȘme, l’employa-t-on j usqu’à l’époque de l’invention des horloges Ă  rouages et a mĂ©canisme, puis, il est Ă  croire qu’on l’abandonna, et que, dĂšs lors, commencĂšrent pour lui et l’oubli et les vicissitudes. Or, dĂšs ce moment, mĂ©prisĂ© ou mĂ©connu, il subit, sans doute, pendant de longs siĂšcles, soit l’action du temps ou les mutilations des hommes ; mais, durant cette longue pĂ©riode, le terrain, en s’accumulant autour de lui, finit, peu Ă  peu, par en enfouir la partie infĂ©rieure, et il ne fallut rien moins que la soliditĂ© de sa construction pour avoir pu le prĂ©server d’une ruine complĂšte. A l’époque oĂč La GuilletiĂšre, Spon, Pococke, Le Roy et Stuart se rendirent Ă  AthĂšnes pour en Ă©tudier les antiquitĂ©s, ils le trouvĂšrent enseveli sous un terrain qui s’était Ă©levĂ© jusqu’à la hauteur de quatre Ă  cinq mĂštres. Les portiques Ă©taient obstruĂ©s , et les portes cachĂ©es par l’amas de terres et de dĂ©combres qui, dans cet endroit et dans les environs, a si considĂ©rablement exhaussĂ© la surface du sol ; il avait mĂȘme perdu plusieurs parties importantes de sa construction, et les moulures Ă©taient tellement dĂ©gradĂ©es jusqu’à une certaine hauteur, que ce ne fut que trĂšs-difficilement qu’on parvint Ă  en dĂ©terminer la forme primitive *. Il ne restait donc plus que le corps de l’édifice ; le temps avait mutilĂ© le reste. Stuart etRevett rapportent que le cĂŽtĂ© extĂ©rieur de l’édifice qui parut mĂ©riter surtout leur attention, fut celui qui regarde le nord-ouest; car on y apercevait encore quelques faibles traces de la seconde porte du monument. Puis, continuant leur exploration, ils dĂ©couvrirent non-seulement le chambranle de la porte, mais encore deux colonnes cannelĂ©es presque entiĂšres, qui, restĂ©es debout sur les marches devant la porte, se trouvaient ainsi dans leur situation primitive. Cette fouille, ajoutent-ils, leur procura en mĂȘme temps de nombreux fragments de l’entablement et du fronton que ces colonnes avaient supportĂ©s; et, par lĂ , ils se trouvĂšrent en possession de tous les matĂ©riaux nĂ©cessaires pour rendre Ă  l’édifice sa forme premiĂšre. Quant Ă  l’intĂ©rieur, les mĂȘmes antiquaires disent que tout l'espace compris entre le pavĂ© et le haut de la corniche infĂ©rieure Ă©tait rempli de terres et de dĂ©combres, parmi lesquels se trouvaient des ossements humains, d’oĂč ils infĂšrent que ce monument fut peut-ĂȘtre appropriĂ©, Ă  une certaine date, par les chrĂ©tiens, en une espĂšce de monument funĂ©raire, soit un lieu de sĂ©pulture, ou un ossuaire. DĂšs cette Ă©poque, la construction Ă©tait dĂ©jĂ  enclavĂ©e dans un Ăźlot de maisons qui, en s’élevant autour d’elle, ne permettait plus de la voir sur tous les cĂŽtĂ©s; en effet, Stuart et Revett, ayant voulu en Ă©tudier les sculptures, furent obligĂ©s, pour les examiner complĂštement, de solliciter la permission d’abattre un mur qui venait s’y adosser. Mais, depuis lors, la science, en appelant sur cet Ă©difice l’attention de l’Europe savante , lui a fait une destinĂ©e meilleure , et l’on n’a plus Ă  craindre pour lui dĂ©sormais les mutilations d’aucun genre. Les abords en ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©s ; et le monument, ainsi isolĂ© de toutes parts, peut, fort aisĂ©ment de nos jours , ĂȘtre examinĂ© et Ă©tudiĂ© par le voyageur ou l'antiquaire. Le plan de cet Ă©difice dĂ©crit une figure particuliĂšre qui tient spĂ©cialement au but pour lequel il fut Ă©rigĂ©. Cette figure est celle d’un octogone , dont trois de ses faces sont occupĂ©es par des constructions disposĂ©es en saillie deux portiques ou issues, et une capacitĂ© circulaire qui avait son utilitĂ© pratique. Le tout avait Ă©tĂ© construit en marbre blanc et avec des blocs tels, que quelques assises en prĂ©sentent plusieurs de dimensions assez considĂ©rables. ConsidĂ©rĂ©e Ă  l’extĂ©rieur, la forme de cette construction, entiĂšrement dans le goĂ»t grec, procĂ©dait, en gĂ©nĂ©ral, de la ligne droite, soit horizontale ou verticale. C’était, comme nous l’avons dit, une espĂšce de tour, accompagnĂ©e d’appendices et dĂ©corĂ©e de sculptures ou d’accessoires en rapport avec sa destination. La partie infĂ©rieure, dont les parois sont lisses, offrait originairement deux portiques; et ceux-ci n’avaient, probablement, d’autre destination, dans un tel monument d’utilitĂ© publique, que de servir, afin d’éviter les encombrements, l’un Ă  l'entrĂ©e et l’autre Ă  la sortie des visiteurs qui se rendaient Ă  la clepsydre pour y connaĂźtre l’heure. Lorsqu’on examine attentivement les diffĂ©rentes parties qui composent ces portiques, plusieurs particularitĂ©s frappent surtout l’observateur ce sont l’absence de bases aux colonnes, l’étrangetĂ© de la disposition des cannelures et la forme du chapiteau, qui Ă©tablissent ici un ordre tout particulier. En ce qui concerne le chapiteau, Stuart dit que, quoiqu’il le trouvĂąt parmi les ruines du monument, il est peut-ĂȘtre possible qu’il n’y ait jamais appartenu ; et que, s’il l’a compris dans sa restauration, c’est Ă  cause de l’analogie qu’il prĂ©sente avec une autre partie de la mĂȘme construction. * Spon et AVheler, qui voyageaient en GrĂšce vers l'an 1676, rapportent qu’ils ont vu, Ă  Rome, dans la bibliothĂšque Barberini, un ancien desfin de ce monument, et qu’ils le trouvĂšrent dans un manuscrit du milieu du XV e siĂšcle. Ce manuscrit, ainsi que la collection des dessins qu’il renferme, paraissent d’autant plus importants qu’ils ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s avant la conquĂȘte ottomane, et qu on peut y voir un certain nombre de monuments grecs qui n’existent plus aujourd’hui. — HORLOGE ET TOUR DES VENTS, À ATHÈNES. — Ce fut Ă  la rĂ©gion supĂ©rieure qu’Andronic disposa les diffĂ©rentes choses qui constituent Ă  la fois et le but et l’utilitĂ© de cet Ă©difice. Des cadrans solaires, dont les divisions avaient Ă©tĂ© gravĂ©es en creux dans le marbre, furent Ă©tablis sur chaque face, suivant leur position, afin qu’ils pussent, Ă  l’aide de l’ombre projetĂ©e par les styles, indiquer non-seulement les diverses heures du jour, mais encore les diffĂ©rentes hauteurs du soleil pendant l’annĂ©e, et, trĂšs- vraisemblablement aussi, les solstices et les Ă©quinoxes. Les styles seuls ont disparu. Au-dessus de ces cadrans, et en maniĂšre de frise, on sculpta, sur les huit faces de l’octogone , les figures des vents que reconnaissait alors la science des Grecs. Chacune de ces figures fut mise Ă  l’opposite du cĂŽtĂ© oĂč ils soufflent, et leur reprĂ©sentation fit allusion , par la physionomie et les attributs , aux effets produits par chacun d’eux. Ainsi, on donna Ă  CĂŠcias KAIKIA2, vent froid du nord-est, qui amĂšne la neige et la grĂȘle, la forme d’un vieillard, couvert d’amples vĂȘtements et portant Ă  la main une espĂšce de vase rempli de petits grĂȘlons ; Ă  ZĂ©phyre ZEYP02, au contraire, vent doux de l’ouest, la figure d'un jeune homme, Ă  peine vĂȘtu et retenant, dans une draperie, les plus belles fleurs de l’étĂ©. Au reste, il ne peut y avoir , Ă  cet Ă©gard, aucune incertitude ; car, indĂ©pendamment des attributs spĂ©ciaux qui leur ont Ă©tĂ© donnĂ©s pour les caractĂ©riser, on a encore gravĂ©, Ă  cĂŽtĂ© de chacun d’eux, leur nom particulier. Jusqu’ici la destination de l’édifice ne semble laisser aucun doute ; et les cadrans solaires et les figures des vents l’indiquent assez. Mais , pour que la seconde destination pĂ»t ĂȘtre utile , il Ă©tait indispensable que le monument fĂ»t pourvu d’un indicateur, et cet indicateur manquait depuis bien longtemps. Or, on fut assez heureux pour en trouver la notion dans un des chapitres du texte de Vitruve *, notion qui vint heureusement complĂ©ter les renseignements dĂ©jĂ  si prĂ©cieux que nous ont fournis les ruines de l’édifice Sur la tour, dit cet auteur, Andronic posa un triton d’airain qui tenait dans sa main une baguette la machine Ă©tait ajustĂ©e de sorte que le triton, en tournant, se tenait toujours opposĂ© au vent qui soufflait, et l’indiquait avec sa ba- guette. » S’appuyant alors avec certitude sur ce texte positif, Stuart en a essayĂ© une restauration, que nous offrons Ă  nos lecteurs, afin de donner une idĂ©e de l’effet que cette partie devait produire dans son Ă©tat primitif. La construction du toit paraĂźt encore digne de remarque, et sa forme est assez Ă©lĂ©gante. Elle prĂ©sente, en Ă©lĂ©vation, la figure d’un cĂŽne prismatique, se divisant en vingt-quatre cĂŽtĂ©s ou plans, qui comprennent autant de dalles aboutissant, au sommet, Ă  une pierre circulaire, oĂč venait s’encastrer le fragment fig. 4 dont l’ornementation offre une si grande analogie avec les chapiteaux qu’on attribue aux portiques. Des tĂȘtes de lion, perforĂ©es Ă  l'intĂ©rieur, ont Ă©tĂ© disposĂ©es sur la corniche, afin de servir de gouttiĂšre, en cas de pluie, pour l'Ă©coulement des eaux. On vient de montrer que le monument de Cyrrhestes servit, Ă  son origine, et d’indicateur des vents et d horloge solaire; nous allons maintenant lui voir remplir une autre destination, destination suscitĂ©e par la prĂ©voyance et les besoins lorsque le soleil ne paraissait pas. Il est Ă©vident que si l’on eĂ»t Ă©tĂ© restreint, pour connaĂźtre les divisions du jour ou les heures, aux seuls cadrans solaires, c’est-Ă -dire Ă  l’action de ses rayons, on se serait trouvĂ© souvent, soit durant la nuit, ou mĂȘme en cas de pluie, dans un certain embarras ; ce qui aurait produit, surtout pendant la journĂ©e, bien des perturbations dans les affaires ou dans maintes opĂ©rations. Or, pour prĂ©venir cet inconvĂ©nient, on imagina des horloges Ă  eau ou clepsydres, qui fonctionnaient continuellement et le jour et la nuit. Mais, laissons encore , sur cette nouvelle destination, parler Stuart, qui fit lĂ  des recherches et des observations fort importantes. Il remarqua dans l’intĂ©rieur, sur l’ancien pavĂ©, des cavitĂ©s et des canaux qui lui parurent tracĂ©s avec une grande rĂ©gularitĂ©; il observa encore que le trou circulaire qui est au centre correspondait avec un passage souterrain dont il ne sut d’abord dĂ©terminer l’emploi ; mais, aprĂšs une Ă©tude plus approfondie , il pensa que ce pouvaient bien ĂȘtre les restes d’une horloge Ă  eau, d une de ces clepsydres dont le but Ă©tait de donner l'heure en tout temps, soit de jour ou de nuit. Le canal principal suivait une ligne droite, de la face sud de l’octogone au centre du pavĂ©, oĂč se trouve un trou rond qui communique Ă  un passage souterrain. Or, le lecteur doit se rappeler cette partie de l’édifice dont nous avons dĂ©jĂ  parlĂ©, partie qui est construite en saillie sur la mĂȘme face sud, et dont le plan forme Ă  peu prĂšs les trois quarts du cercle. Elle pourrait fort bien avoir Ă©tĂ© le castellum, ou rĂ©servoir, qui fournissait continuellement la quantitĂ© d’eau nĂ©cessaire pour alimenter la clepsydre 2. Le trou pratiquĂ© au milieu du pavĂ©, et qui * I, chap. 6. ’* Durant la domination romaine, elle paraĂźt avoir Ă©lĂ© alimentĂ©e par un petit aqueduc dont on voit encore trois arcades en ruine. — STYLE GREC. — communiquait Ă  un canal souterrain, aurait alors servi naturellement Ă  l’e'coulement de l’eau qui avait fait mouvoir la machine. Au reste, dit en terminant le cĂ©lĂšbre explorateur des monuments d’AthĂšnes, quel qu’ail Ă©tĂ© l’usage des canaux qui sillonnent ce pavĂ©, il est certain que ce sont les restes * d’une construction autrefois plus considĂ©rable. La rĂ©gularitĂ© avec laquelle ils ont Ă©tĂ© creusĂ©s indique assez positivement qu’une grande exactitude dans l’exĂ©cution Ă©tait regardĂ©e comme nĂ©cessaire pour produire l’effet, quel qu’il fĂ»t, auquel ils Ă©taient destinĂ©s. AprĂšs ce que nous venons de dire de ce monument, et qui est entiĂšrement basĂ© sur l’examen des ruines, aprĂšs la notion de sa destination probable, il nous semble Ă  peu prĂšs Ă©vident qu’un Ă©difice, dĂ©corĂ© avec tant de soins, et placĂ© prĂšs du marchĂ© public , dans un des endroits les plus frĂ©quentĂ©s d’AthĂšnes, dut en effet servir aux divers besoins que nous avons fait connaĂźtre, et par consĂ©quent rĂ©gler un certain nombre de choses qui se rapportaient Ă  la vie civile. * 11 a voulu dire le plan. — BIBLIOGRAPHIE. — 1 " varro. De re Rustica. T Vitruvii Libri decem de Architecturd, etc. 3° Spon et Wheler. Voyage de Dalmatie, de GrĂšce et du Levant; Lyon, 1G77, 3 vol. in-12, pl. 4° Pococke. A description of the East and some other countries ; London, 1743, 3 vol. in-fol., pl. 5° Le Roy. Les Ruines des plus beaux monuments de la GrĂšce, etc. ; Paris, 1758-1770, in-fol, pl. 6° Stuart et Rewett. The Antiquities of Athens, etc.; London, 1702- 1790-1794, 3 vol. in-fol., pl. 7° Legrand. Monuments de la GrĂšce; Paris, 18 , in-fol., pl. 8° Leake. Topography of Athens. 9” Pittakis. L’ancienne AthĂšnes; 1835, in-8°. 10° De Prokesch. 1 1» Dumoncel Th.. Coup d’Ɠil sur les antiquitĂ©s d’AthĂšnes. Annales archĂ©ologiques , Tome il. h K m ^ M ; U & t S sa S3 S .V-'-r/, 1 MURS ET PORTE DE MESSÈ3VE Les murailles qui entouraient la capitale de la MessĂ©nie furent fondĂ©es par Epaminondas vers la fin du IV e siĂšcle avant notre Ăšre, lorsque, aprĂšs la bataille de Leuctres 371 av. J. G., il entrait dans la politique des ThĂ©bains de rĂ©tablir dans leur patrie les peuples du PĂ©loponĂšse occidental, pour balancer, autant que possible, la puissance de Sparte, un instant humiliĂ©e. Ces murailles constituent une vaste enceinte sinueuse enfermant les pentes sud-ouest du mont Ithome et une partie de la vallĂ©e qui se trouve Ă  ses pieds ; toutes ruinĂ©es qu’elles sont parle temps et par la vĂ©gĂ©tation des lauriers et des lentisques, elles offrent un aspect imposant par leur belle construction et par leur immense circuit ; partout oĂč elles ne sont plus debout, elles sont visiblement indiquĂ©es par de gros blocs de pierre qui percent le sol, ou par une ondulation sensible du terrain, de sorte qu’il est facile d’en saisir le plan tout entier. Plusieurs des portes qui donnaient entrĂ©e Ă  la ville existent encore, mais plus ou moins bien conservĂ©es, et en 1729, au dire de l’abbĂ© Fourmont, trente-huit de ces tours Ă©taient encoredebout. L’acropole, dĂ©fendue par une double enceinte, Ă©tait Ă©tablie sur le premier sommet de l’Ithome, qui, depuis longtemps dĂ©jĂ , couvert de temples consacrĂ©s aux grandes divinitĂ©s, servait de refuge et de point stratĂ©gique en temps de guerre. Ces antiques remparts Ă©taient composĂ©s d’un mur trĂšs-Ă©pais, de 3 m 44 de haut, et couronnĂ© de crĂ©neaux ; plus Ă©levĂ©es que lui d’environ 5 m 00, les tours qui le flanquaient Ă©taient gĂ©nĂ©ralement de forme carrĂ©e, quelques- unes cependant Ă©taient rondes, mais Ă  l’extĂ©rieur seulement; la plupart n’avaient qu’un Ă©tage dont le sol rĂ©gnait avec la plate-forme du rempart, sur laquelle on accĂ©dait par des portes mĂ©nagĂ©es dans leurs flancs ; au-dessus de cet Ă©tage Ă©tait une plate-forme en charpente dont on voit encore les scellements, et qui permettait de garnir de combattants le sommet des tours et de dominer les courtines . Par suite de la forte inclinaison de ce plancher, les crĂ©neaux des faces latĂ©rales Ă©taient Ă©chelonnĂ©s en gradins. Des escaliers en rampe droite adossĂ©s au mur d’enceinte desservaient le rempart et les tours ; au moyen de portes pratiquĂ©es dans les flancs de ces derniĂšres, la communication la plus facile avait Ă©tĂ© mĂ©nagĂ©e sur tout le circuit de l’enceinte, qu’on pouvait ainsi parcourir d’un bout Ă  l’autre. Presque toutes les portes et poternes prĂ©sentaient une ouverture unique, couronnĂ©e de pierres en encorbellement, taillĂ©es de maniĂšre Ă  donner Ă  la partie supĂ©rieure de la baie une forme triangulaire, premier sentiment de l’arcade qui, chez les Grecs, resta toujours Ă  cet Ă©tat rudimentaire. De toutes les entrĂ©es de la ville de MessĂšne, la plus importante, et la plus apparente encore aujourd’hui, est celle dite de MĂ©galopolis, dont nous donnons une vue restaurĂ©e. ComposĂ©e de deux portes ouvertes l’une devant l’autre et sĂ©parĂ©es par une cour circulaire de 19 m 70 de diamĂštre, elle Ă©tait flanquĂ©e en dehors de deux tours, reliĂ©es entre elles par une courtine crĂ©nelĂ©e et de mĂȘmes dimensions que celles que l’on voit Ă©chelonnĂ©es sur le reste de l’enceinte. A l’entrĂ©e de la cour circulaire se trouvait, Ă  droite et Ă  gauche, une petite niche carrĂ©e qui devait contenir une statue d’HermĂšs ; sur la corniche de l’une d’elles, une inscription relate une restauration faite par un certain Quintus Plotius Euphemion ; il ne peut y ĂȘtre question que de la statue, monument meuble qui avait pu ĂȘtre brisĂ© par quelque Ă©vĂ©nement politique, car les prĂ©noms du restaurateur indiquent l’époque de la domination romaine, et les niches, comme tout le reste de la construction, ont conservĂ© intact leur style primitif. La porte intĂ©rieure, de forme parfaitement carrĂ©e, aussi large que haute, est couronnĂ©e par un linteau droit, Ă©norme pierre de 5 m 73 de long sur 1 ra 16 de large et sur 1 m 12 de haut, portĂ©e sur deux montants de mĂȘme largeur qui formaient les tableaux de la baie ; sur celle des faces de cette porte qui regardait l’intĂ©rieur de la ville, on voit encore, Ă  une faible hauteur au-dessus du sol, quatre consoles saillantes qui devaient supporter les piĂšces de bois au moyen desquelles on complĂ©tait la fermeture du passage. Sous cette porte passait une voie pavĂ©e de pierres oblongues, qui Ă©tait l’une des principales artĂšres de la ville, et qui au dehors conduisait Ă  MĂ©galopolis. Le mur peu Ă©levĂ© entourant la cour circulaire Ă©tablissait une communication entre les tours qui dĂ©fendaient la porte extĂ©rieure, et permettait, dans le cas oĂč l’ennemi aurait forcĂ© cette premiĂšre entrĂ©e, de le prendre en flanc, et mĂȘme Ă  revers, lorsqu’il aurait approchĂ© de la seconde. Les remparts de MessĂšne sont entiĂšrement construits en grandes pierres posĂ©es Ă  sec, Ă  joints trĂšs-fins et parfaitement dressĂ©s ; leur parement, qui affecte frĂ©quemment la forme trapĂ©zoĂŻdale des anciens appareils grecs, est ravalĂ© en bossages rustiquĂ©s, qui lui donnent un aspect des plus imposants ; l’intĂ©rieur de la cour seul est Ă  parement lisse. Des tenons saillants que l’on remarque en certains endroits sur la face extĂ©rieure des pierres, ont portĂ© quelques auteurs Ă  penser que la construction de ces remparts n’avait pas Ă©tĂ© terminĂ©e, ou tout au moins que leur ravalement Ă©tait restĂ© inachevĂ© ; Ă  notre avis, cet indice n’en serait pas une preuve suffisante , car il n’est pas reconnu, que nous sachions , que les tailleurs de pierre du IV e siĂšcle avant — STYLE GREC. notre Ăšre aient eu, comme ceux d’aujourd’hui, l’habitude de rĂ©server sur leurs parements de ces tenons ou tĂ©moins. Pausanias dit avec raison que les murailles de MessĂšne Ă©taient les plus belles qu’il eĂ»t vues; on peut juger d’ailleurs, par leur Ă©tendue et par les qualitĂ©s dĂ©fensives que nous y avons signalĂ©es, quelle importance Épaminondas attachait Ă  la conservation de cette ville ; leur intĂ©rĂȘt pour nous est extrĂȘme en ce qu elles nous donnent une idĂ©e complĂšte du systĂšme de fortification en usage au temps du grand gĂ©nĂ©ral thĂ©bain , et nous font voir l’état d’avancement oĂč Ă©tait dĂ©jĂ  arrivĂ©, chez les Grecs, l’art des Yauban et des Coehorn. Nous ne saurions trop faire ressortir les heureuses dispositions de l’entrĂ©e principale, puisque le mĂȘme systĂšme de dĂ©fense est encore employĂ© de nos jours, comme on peut le voir par les exemples que prĂ©sentent les forts nouvellement construits autour de Paris. On peut ĂȘtre surpris que des murailles Ă©levĂ©es Ă  la fin du IV e siĂšcle avant notre Ăšre conservent encore tant de caractĂšres d’archaĂŻsme dans la forme de leurs baies et dans leur appareil; si nous ne connaissions la date positive et incontestable de leur construction, nous serions tentĂ©s de leur assigner une plus haute antiquitĂ©. — BIBLIOGRAPHIE. — i° Blouct A.. ExpĂ©dition scientifique de MorĂ©e. 3 vol. gr. in-fol. Paris, 1831-1839. 2° Canina. Architettura antica, partie grecque. 2 vol. in-8°, et pl. Koma, 1834-1837. 3° Q. de Qnincy. Dict. d’Architecture. 3 vol. in-4°, Paris 1788 Ă  1826. .M- . ir'rlifc. - 1 ilj— lĂŒĂŒSi-J_ J__ .‱mL. Jiisi Ăź . J j. j f . L. - i !&* 1 S mm w- n jsdiirj *>*! ir ’ a; ,l’iua Sll’ ; iR.^iulPfi iiMIMIlIffilĂ S HIHSIÏS "mmssm. msoÊt mmmm ijiiir’inin ISHMIBaiSÉII! ifflwsri »»!» ‱CJlIlIffiM isaiiii 3SilĂŻ 'K' 1 J- KiWi!»^ intuinsunittiHuiiflii b.'.* ! Éh J ii'' 1 ' ^ ii ilr ' ^fJI -mi J i J m 1 if ^ I f -i*UL Bit I'" . jl»%Uj II? 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Parmi les monuments qu’érigĂšrent les Lyciens, les tombeaux ne sont pas les moins intĂ©ressants ; frĂ©quemment excavĂ©s dans le sein des montagnes et des rochers, Ă  la maniĂšre des peuples asiatiques, ils constituent souvent des nĂ©cropoles considĂ©rables. AuprĂšs de Telmissus, l’une des plus anciennes villes de la Lycie, dont les ruines gisent au bord de la mer, au bas de la moderne Makri, existent encore un assez grand nombre de ces tombeaux, parmi lesquels il s’en trouve trois principaux, qui, vĂ©ritables monuments d’architecture, se font remarquer tout d’abord; l’analogie la plus grande existant entre eux, il suffira, pour les faire connaĂźtre Ă  nos lecteurs, de leur donner la description de celui qui, sous tous les rapports, nous paraĂźt le plus important. L’histoire ne nous apprend rien quant Ă  lage de ce monument, mais ses chapiteaux ioniques et le profil de quelques-unes de ses moulures ne permettent pas de le croire d’une bien haute antiquitĂ© ; une certaine analogie qui existe entre les bases de ses colonnes et celles du temple de Junon Ă  Samos, peut encore fournir quelques indices Ă  cet Ă©gard. L’inscription dĂ©dicatoire, AMYNTOT EPMAIIIOÏ, ne nous en apprend pas davantage; il en est de mĂȘme de plusieurs autres inscriptions eu menus caractĂšres, qui, pour la plupart, paraissent appartenir au Bas-Empire. Cette sĂ©pulture, respectĂ©e par les siĂšcles, n’a pas dĂ» l’ĂȘtre par les hommes, qui en auront enlevĂ© et les corps et les objets dĂ©posĂ©s Ă  cĂŽtĂ© d’eux ; Ă  aucune Ă©poque, sans doute, les visiteurs n’ont manquĂ©, surtout si l’on en juge par le nombre de ceux des temps contemporains; car les tombeaux sont couverts de plusieurs centaines de noms de voyageurs français, anglais ou autres. Ce monument, situĂ© dans les montagnes Ă  l’orient de la ville antique, est entiĂšrement Ă©vidĂ© dans la masse calcaire, dont la disposition en falaises Ă  pic se prĂȘtait singuliĂšrement Ă  un travail de ce genre ; il se compose de deux parties bien distinctes un porche avancĂ© et une chambre sĂ©pulcrale. Il est tout entier mĂ©nagĂ© au fond d’une excavation principale de prĂšs de 4 m ,50 de profondeur, qui, Ă©pousant Ă  peu prĂšs le contour de son architecture, l’isole du reste de la masse et le prĂ©serve des intempĂ©ries. Quatre marches taillĂ©es dans le roc donnent accĂšs Ă  ce portique, composĂ© de deux antes trĂšs-larges et de deux colonnes isolĂ©es ; sa largeur est de 8ℱ, 10, et sa profondeur, Ă  partir du mur extĂ©rieur des colonnes, est de 2",40. La chambre sĂ©pulcrale, qu’une mince paroi de 0 m ,26 d’épaisseur sĂ©pare de ce porebe, est de forme carrĂ©e ou plutĂŽt cubique, ayant 2 m ,60 de largeur, 2 m ,75 de profondeur, et 2 ra , 15 de hauteur; tout autour, ou, pour mieux dire, sur trois de ses cĂŽtĂ©s, rĂšgne une banquette de 1 "“,03 de large sur 0 m ,89 de haut, sur laquelle on dĂ©posait vraisemblablement les corps et les vases ou objets qui les accompagnaient. La partie la plus intĂ©ressante pour nous, et la seule oĂč l’architecture joue un rĂŽle, c’est la partie avancĂ©e, d’ordre ionique, avec entablement surmontĂ© d’un fronton; la hauteur totale de cette façade, prise du sol du porche, est de 8 m ,60. Les antes sont dĂ©corĂ©es de pilastres de l m ,15 de large, avec bases et chapiteaux dont les profils sont d’une grande simplicitĂ© ; la partie supĂ©rieure du fĂ»t de ces pilastres est dĂ©corĂ©e de trois petits disques ou patĂšres disposĂ©s sur une mĂȘme ligne horizontale ; c est au-dessous de ces disques, et sur l’ante de gauche, que se trouve l’inscription dĂ©dicatoire que nous avons rapportĂ©e plus haut. Les colonnes, isolĂ©es, ont 6 m ,00 de hauteur totale. Leurs bases, dont la forme gĂ©nĂ©rale est celle d’un cĂŽne tronquĂ©, sont composĂ©es de deux tores avec filets, sĂ©parĂ©s par une scotie trĂšs-peu arquĂ©e, et reposant sur une petite plinthe; le fĂ»t, de 4 m ,63 de haut, est lisse et n’est pas renflĂ©, mais simplement diminuĂ©; de O m ,73 de diamĂštre Ă  la base, il n’a plus que 0 m ,55 au-dessous du chapiteau ce dernier, dont la hauteur totale, compris le tailloir, est de 0 m ,66, est ornĂ© de grandes volutes Ă  faces droites et parallĂšles, Ă  spire simple, mais profondĂ©ment refouillĂ©e en forme de gorge ; plus bas, trois tores d’inĂ©gales dimensions complĂštent son ornementation. L’entablement offre, dans ses proportions et mĂȘme dans sa composition, une licence sur les motifs de laquelle nous reviendrons bientĂŽt. En effet, au premier coup d’Ɠil, on s’aperçoit que la corniche est de beaucoup le membre le plus important ; elle parait Ă  elle seule constituer tout l’entablement, car la frise est totalement supprimĂ©e, et l’architrave elle- mĂȘme , composĂ©e de deux tables en saillie l’une sur l’autre, semble plutĂŽt faire partie des moulures de la corniche que constituer un membre Ă  part. Cette derniĂšre, composĂ©e de moulures hautes et d’un galbe peu saillant, est dĂ©corĂ©e de modifions de forme cubique; la partie supĂ©rieure de son larmier, qui est comme double, appartient aux lignes rampantes du fronton, avec la doucine et le filet qui couronnent tout l’entablement. Le fronton, Ă©tabli suivant l’inclinaison ordinaire de ceux d’architecture grecque, est surmontĂ© d’an- tĂ©fixes de forme singuliĂšre, qui, de mĂȘme que lui, sont dĂ©pourvues de sculpture ; au reste nous ferons remar- — STYLE GREC. — quer en passant que cette absence d’ornements sculptĂ©s existe sur les modillons comme sur toutes les moulures ; peut-ĂȘtre la peinture venait-elle y supplĂ©er nĂ©anmoins il n’en reste plus aucune trace. Au fond du porche on voit une grande porte feinte parfaitement reprĂ©sentĂ©e, avec ses panneaux et ses ferrures. Elle est ornĂ©e d’un chambranle uni, et surmontĂ©e d’une corniche composĂ©e d’une suite de tores galbĂ©s en forme de coupe ; cette derniĂšre s’appuie latĂ©ralement sur deux consoles lisses, profdĂ©es en talon; les panneaux, au nombre de quatre, sont en forme de carrĂ© long, tous Ă©gaux , et dĂ©terminĂ©s par une simple table renfoncĂ©e, bordĂ©e de tĂȘtes de clous ; c’est celui du bas et Ă  droite qui seul constitue l’ouverture par laquelle on peut s’introduire dans la chambre sĂ©pulcrale; une dalle qui glissait dans des rainures faites exprĂšs servait Ă  clore cette entrĂ©e. Le mĂ©rite du monument dont nous venons d’esquisser la description peut ĂȘtre envisagĂ© de deux maniĂšres -. d’abord comme exĂ©cution matĂ©rielle, et ensuite sous le rapport de l’art. Au premier point de vue, il a incontestablement droit Ă  nos Ă©loges, puisqu’il est plutĂŽt de la sculpture encore que de l’architecture. Originaires des peuples asiatiques, les Lyciens conservĂšrent l’usage de ces tombeaux creusĂ©s dans le flanc des montagnes; Ă  quelques-unes de ces excavations auxquelles se prĂȘtait la disposition naturelle des rochers du pays, ils appliquĂšrent une architecture grecque, qui, plus ou moins soumise Ă  l’influence d’un art indigĂšne, Ă©tait empreinte d’un goĂ»t moins pur, si l’on prend pour terme de comparaison celle de la GrĂšce europĂ©enne remarquons cependant qu’on apporta presque toujours dans les tombeaux une certaine licence architecturale, que la nĂ©cessitĂ© d’empreindre ces monuments d’un caractĂšre qui leur fĂ»t propre, et qui peignit leur destination, lit tourner Ă  son profit, en crĂ©ant une vĂ©ritable architecture funĂ©raire. L’aspect gĂ©nĂ©ral de notre tombeau, abstraction faite du charme qu’il peut emprunter Ă  sa situation Ă©levĂ©e, est simple et grandiose; il est sĂ©vĂšre sans ĂȘtre lourd. Il nous paraĂźt Ă©vident qu’on a cherchĂ© Ă  lui donner cette apparence en simplifiant son entablement et en laissant lisses tous les dĂ©tails de son architecture; sa simplicitĂ© a pu aussi, indĂ©pendamment de son caractĂšre sĂ©pulcral, ĂȘtre inspirĂ©e par le travail mĂȘme d’une architecture monolithe. Une certaine logique existe dans sa composition ; les antes, qui sont les soutiens principaux de l’entablement, ont une force apparente proportionnĂ©e Ă  la charge qu’elles paraissent supporter. Limitation en pierre des ouvrages de charpente et de menuiserie paraĂźt avoir Ă©tĂ© en grande faveur chez les Lyciens, comme le prouvent les nombreux sarcophages qui environnent Telmissus; aussi le soin le plus grand a-t-il Ă©tĂ© apportĂ© dans l’exĂ©cution de la porte feinte, et principalement en ce qui concerne les tĂštes de clous. Eu rĂ©sumĂ©, le grand tombeau de Telmissus peut ĂȘtre mis au nombre des Ɠuvres de mĂ©rite que nous aient laissĂ© les anciens ; dans les conditions oĂč il se trouve, il doit avant tout satisfaire Ă  l’apparence or, il n’est personne qui, en voyant ce monument, n’y reconnaisse de suite un tombeau. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° R. Chaudler. Travels in Asia Minor. In-4°, Oxford, 1775. 2° Pococke. 3° Choiseul-Gouflier. Voyage pittoresque de la GrĂšce. Vol. in-fol. Paris, 1788 Ă  1824. 4* Q. de Quincy. Dictionnaire d’architecture. 3 vol. in-4°. Paris, 1788 k 1825, art. Telmissus. 5° Canina. Architetlura antica Partie grecque, 2 vol. in-8% et pi. Roma, 6° Ch. xexier. Description de l’Asie Mineure. 3 vol. in-fol. et pl. Paris, 1833-37. il 11 ! te ?>* -J Wm. GOG F / //r m iiĂŒ^te jetw-'ÉCiriM tes B!;aia ram- 0 0© Plan, et Coupe, & MĂštre.' 8 MĂ©trĂ©s v $>-‱*- -Amoudru del d’apres M Ch Tnifr B’iry i;f > ujp t Klein Asien * - 'demc* r TMÜ&IiLML A lP^lLmSS„^o Asie Mineure TOMI& AT TEMHTSSUJS. Asia Mmor Sepujcro cil Telmuso. '.4fia Menorj VS , -l*v r? Asia Minore. iv%ÂŁj4 Ăź'fe? mm gj Wl ‱ ’ Ăź- Vil W'ÊSË -wm H ^ “f wÂŁS r^si S WW Po\ - o WÏM ĂźMMl WfĂŻ% 3feĂą PPi iis! S jwg-affij f-> ggSjffctĂź ! i Âgggg mm ;jç,-^ T r. ' **".* ' '$&ÂŁ »'» '‱ ‱SI;'..-’ .J ' ' ^‱.i.^' ' V -' ‱' ^ ilF^'T t y u i ‱i^SSSsiĂ ĂŒiÜiĂąi^i* ^sd^a ’mgm 4k- " ...sazti Ă©gggg^ O VA1AD5 Bury sculp 1 J A LĂ©veil del d'apres M Alt. Lenoir À SASTT3E1L ^ Iralie . *»r TOMBS AT CASTEIL. D’ASS. Ăźlalj. Castel de Ai Italj a. '‱/ .4, Par Juie,/y , /YYr Fy/y/y , Y’Y’/rt Italy. Italia Scpulcros ’M ^ . V -j> 4' ‱ , . \.' t * * - - V 9'; IS1A ViSiSB! Omu ; 0 ??!gZ &MĂč I^S ^6ĂŻ,ĂżY Si j»u 1 o r» s so Iht jnics los en l'iifla V. * ‱r ’ty*. V Hs V- k 'y,. P\*> i>. x '.g> ,>,\ VS»’' aifa 1 Ă© s TEMPLE DE L’HOIVNEUR ET DE LA VERTU Un temple consacrĂ© Ă  l’honneur et Ă  la vertu Ă©tait situĂ©, selon Tite-Live *, vers la porte Capena, ad portant Capenam , aujourd hui porte Saint-SĂ©bastien. Ce monument fut restaurĂ© par Vespasien; Pline nomme ** les deux artistes que l’empereur chargea de peindre l’intĂ©rieur. Nous reproduisons avec cette notice les dessins du petit temple, que 1 opinion la plus gĂ©nĂ©rale considĂšre comme celui qu’a dĂ©signĂ© Tite-Live. Quelques antiquaires ont pensĂ© qu’il avait Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  Bacchus, parce qu’un bel autel en marbre blanc, placĂ© depuis longtemps sous le porche, est ornĂ© d un serpent et d’une inscription qui fait connaĂźtre qu’un certain Apro- nius, prĂȘtre du dieu, en fit la consĂ©cration ; mais cet autel est un meuble qui a pu ĂȘtre apportĂ© lĂ , et paraĂźt d’un autre siĂšcle que le monument. Enfin, d’autres auteurs ont, sans raison valable, pensĂ© que ce temple Ă©tait consacrĂ© aux Muses. En sortant de Rome par la porte Saint-SĂ©bastien, et suivant la voie Appia jusqu'au cirque de Maxence, longtemps attribuĂ© Ă  Caracalla, on trouve, vers le sud-est, une colline nommĂ©e la Caffarella, qui domine la fontaine dite de la nymphe ÉgĂ©rie, et prĂ©sente Ă  son sommet le petit temple de l’Honneur et de la Vertu, converti en Ă©glise sous le vocable de saint Urbain , pape. La date ancienne de cette consĂ©cration a sauvĂ© ce temple antique, prĂ©cieux Ă  beaucoup d’égards. Le plan est fort simple, comme celui de tous les Ă©difices de ce genre un portique de quatre colonnes prĂ©cĂšde la cella, dont les proportions sont Ă  peu prĂšs celles d’un carrĂ©; une crypte creusĂ©e par les chrĂ©tiens a son entrĂ©e Ă  perf de distance du fond du temple; un escalier Ă  double rĂ©volution conduit, au-dessous du pavĂ© antique, dans un rĂ©duit qui contient un autel. Autour de la cella rĂšgne une enceinte, trĂšs-rapprochĂ©e des murs du temple, construite avec des matĂ©riaux analogues, et contemporaine probablement c’était le pĂ©ribole, renfermant ce que Vitruve nomme ambulatio , promenoir, autour de la cella. Ce mur d’enceinte prĂ©sente sur sa face mĂ©ridionale une partie plus Ă©paisse, dans laquelle est pratiquĂ©e une baie de fenĂȘtre, puis des arrachements qui font penser que le tout se reliait Ă  des constructions plus Ă©tendues. Le pronaos est Ă©tabli sur un perron de sept marches, portant quatre belles colonnes corinthiennes, cannelĂ©es, en marbre cipolin ; l’architrave de marbre blanc se couronne de quelques moulures en terre cuite, au-dessus desquelles une large frise, construite en briques, comme tout le reste de l’édifice, s’élĂšve dans un rapport inaccoutumĂ© jusqu’au couronnement supĂ©rieur du temple. On ne peut expliquer cette disposition Ă©trange de la façade, que par le dĂ©sir qu’a eu l’architecte de donner Ă  l’ensemble des proportions plus Ă©levĂ©es que celles qu’il aurait prĂ©sentĂ©es s’il eĂ»t Ă©tudiĂ© l’entablement dans les formes ordinaires ; et il y a Ă©tĂ© conduit par la disposition des voĂ»tes du pronaos et de la cella. Quoi qu’il en soit, cette frise est trĂšs-disgracieuse, et ne s’harmonise pas avec les colonnes, qu’elle Ă©crase. Il est probable que des enduits, qui n’existent plus aujourd’hui, contenaient une ornementation dont l’arrangement dissimulait cette discordance. La corniche surmonte l’édifice dans son pourtour et supporte les deux frontons de faee, qu’elle encadre; toutes les moulures, fabriquĂ©es en terre cuite, ainsi que les modillons, prĂ©sentent la confusion assez ordinaire Ă  ce genre de profils de nombreuses lignes de denticules s’y mĂȘlent Ă  des oves, sans effet bien indiquĂ©. Un oculus occupe le centre du tympan , et des tuiles ou antĂ©fixes dĂ©corent les angles. Les entre-colonnements du portique sont aujourd’hui bouchĂ©s par des murs de remplissage; une porte moderne donne entrĂ©e au pronaos, qui est surmontĂ© d’une voĂ»te Ă©levĂ©e; l’ancienne porte du temple, conservĂ©e dans le mur antĂ©rieur de la cella, est encadrĂ©e d’un chambranle que couronnent une corniche et un large linteau saillant, portĂ© par deux consoles. Au-dessus de cet ensemble de la porte est un grand cadre entourĂ© d’une grecque ou mĂ©andre en terre cuite. Une peinture, ou peut-ĂȘtre une mosaĂŻque, dĂ©corait sans doute cette partie du pronaos. Deux baies de fenĂȘtre et un oculus, percĂ©s dans la partie supĂ©rieure de ce mur, permettent Ă  lair et Ă  la lumiĂšre de pĂ©nĂ©trer du vestibule dans la cella, et rĂ©ciproquement. L’autel en marbre blanc dĂ©diĂ© Ă  Bacchus, et dĂ©jĂ  mentionnĂ© plus haut, est placĂ© Ă  droite en entrant ; il sert de support Ă  un bĂ©nitier, ce qui explique sa prĂ©sence ici trouvĂ© sans doute dans le voisinage, on le jugea, par ses dimensions, convenable pour porter la cuve de l’eau bĂ©nite. L intĂ©rieur de la nef, dont le plan est Ă  peu prĂšs carrĂ©, comme nous l’avons dĂ©jĂ  dit, se divise, quant Ă  ce qui regarde la dĂ©coration de ses murailles, en plusieurs parties distinctes. Un soubassement uni est surmontĂ© d un entablement construit d’une maniĂšre ingĂ©nieuse, par une suite de plates-bandes en briques appuyĂ©es, de distance en distance, sur des sommiers en pierre, incrustĂ©s profondĂ©ment dans la muraille, et taillĂ©s de maniĂšre Ă  assurer la durĂ©e de tout ce couronnement. 1 Tite-Live, liv. IX. —** Pline, liv. XXXV, cap. x. V STYLE GRÉCO-ROMAIN. La seconde zone de dĂ©coration est Ă©tablie au-dessus de celle-ci ; elle est divisĂ©e en cinq compartiments sur les faces latĂ©rales de la cella, et en trois, sur celles du fond et du devant. Ces divisions sont Ă©tablies , d’abord par des pilastres corinthiens supportant un entablement dont les parties principales sont construites, comme le couronnement de la zone infĂ©rieure, avec des plates-bandes en briques, soutenues par des sommiers en pierre distribuĂ©s rĂ©guliĂšrement au-dessus des pilastres, puis au milieu de l’intervalle qui les sĂ©pare. Les entre-pilastres forment autant de cadres renfoncĂ©s, couronnĂ©s de linteaux saillants et encadrĂ©s de moulures. C’est dans ces parties, Ă©videmment disposĂ©es pour recevoir de la peinture, que furent sans doute exĂ©cutĂ©s les tableaux que Yespasien confia au talent des deux artistes que nomme Pline ; on y voit encore des traces d’enduit probablement. prĂ©parĂ© Ă  cet effet. M. Eaoul-Bochette, dans son ouvrage sur la peinture des anciens, a citĂ© ce monument, et la distribution qu’il prĂ©sente pour recevoir des sujets historiques. C’est aussi aux mĂȘmes places que des artistes du moyen Ăąge furent appelĂ©s Ă  reprĂ©senter les principales actions de la vie du pape saint Urbain I er , et les dĂ©tails de son martyre, qui eut lieu Ă  Eome, au milieu du III e siĂšcle. Le tableau du centre, au fond de la nef, reprĂ©sente un Christ de dimension colossale ; il est assis, et tient toute la hauteur du panneau ; saint Pierre et saint Paul, figurĂ©s dans des proportions beaucoup moindres, sont Ă  ses cĂŽtĂ©s ; deux anges s’élĂšvent dans la rĂ©gion supĂ©rieure du tableau. Tous les sujets relatifs Ă  l’histoire d’Urbain I er dĂ©corent les autres entre-pilastres, qui ont Ă©tĂ© divisĂ©s en deux parties, pour multiplier la surface et diminuer les dimensions des personnages. Dans la partie infĂ©rieure de la nef, les artistes du moyen Ăąge ont peint les apĂŽtres dans de grandes proportions ; ces figures, qui, s’enlevant sur un fond vert sombre, donnent une grande gravitĂ© au soubassement , sont malheureusement en partie dĂ©truites. Des frises, dans le style du XII e siĂšcle, sont peintes au- dessous des deux rangs de corniches, et accompagnent les sujets. Un autel en bois et un prie-dieu forment le mobilier de ce temple. Un acrotĂšre surmente la seconde division de ce dĂ©cor intĂ©rieur, et supporte la voĂ»te en berceau qui couvre la cella. Cette voĂ»te est la partie la plus riche du monument, et plus que partout ailleurs on y retrouve le bon goĂ»t qui prĂ©sidait, dans l’antiquitĂ©, Ă  la dĂ©coration des Ă©difices. Toute la surface courbe est divisĂ©e en caissons octogones, dont les moulures d’encadrement sont finement profilĂ©es avec du stuc ; les restes d’un petit bas-relief Ă©galement en stuc , qui se voient encore dans l’intĂ©rieur d’un de ces caissons, indiquent que la voĂ»te entiĂšre Ă©tait ainsi dĂ©corĂ©e de sujets variĂ©s et en grand nombre. Entre les caissons octogones on en voit de plus petits en forme de losanges. Aux deux retombĂ©es de la voĂ»te, et sur l’emplacement qu’occuperait une partie du rang infĂ©rieur des caissons, tant sur une face latĂ©rale que sur l’autre, l’architecte a fait sculpter de longs bas-reliefs encadrĂ©s par des moulures. LĂ  se dĂ©veloppent, sur une grande Ă©tendue, des trophĂ©es d’armes composĂ©s de cuirasses, de boucliers, de casques, d’enseignes et d’épĂ©es; le tout est exĂ©cutĂ© avec beaucoup d’art, et indique consĂ©quemment une belle Ă©poque de la sculpture. L’observateur qui, Ă  l’aspect peu ordinaire de la façade extĂ©rieure, a pu croire un instant que ce monument appartient Ă  une pĂ©riode de dĂ©cadence, est ramenĂ© vers une autre apprĂ©ciation de l’édifice, lorsqu’il voit ces sculptures de la voĂ»te. Nous devons dire cependant que l’appareil de construction qui constitue le mur d’enceinte dont ce temple est environnĂ© est absolument le mĂȘme que celui du cirque de Maxence, construit dans le voisinage doit-on infĂ©rer de lĂ  que ce temple est d’une Ă©poque postĂ©rieure Ă  celle qui est gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e, ou que l’enceinte a Ă©tĂ© ajoutĂ©e pour relier l’édifice antique Ă  un ensemble plus vaste, et dont peut-ĂȘtre le cirque lui-mĂȘme faisait partie ? Cette question est difficile Ă  rĂ©soudre, et nous n’osons nous prononcer Ă  cet Ă©gard. — BIBLIOGRAPHIE. — 1" Piranesi. Raccolta de’ tempii antiehi. Rome, 1780, 1” partie. 1 4° Nibby. Rome et ses environs. 3° Oagincourt. Histoire de l’art par les monuments. Pl. XX. 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C’est en effet Ă  NĂźmes qu’en 122 il apprit la mort de cette princesse, comme l’attestent Xiphilin et Spartien. M. de Crazannes attribue la Maison CarrĂ©e au rĂšgne d’Auguste, et croit qu’elle fut dĂ©diĂ©e Ă  ses petits-fils CaĂŻus et Lucius CĂ©sar. Cette conjecture repose principalement sur l’inscription du fronton, que M. SĂ©guier a cru pouvoir rĂ©tablir ainsi d’aprĂšs les traces des dous qui en soutenaient les lettres de bronze PRINCIPIBUS IVVENTVTIS. Mais on sait combien peu de foi on doit ajouter Ă  ce procĂ©dĂ© de restauration , quelque ingĂ©nieux qu’il soit, car les mĂȘmes lettres n’étaient pas toujours fixĂ©es par des clous placĂ©s aux mĂȘmes endroits. La premiĂšre opinion nous paraĂźt justifiĂ©e par le style du monument aussi noble, mais plus riche que celui du PanthĂ©on; et en effet elle est la plus gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e. Ce temple, dont la longueur est de 36 mĂštres sur une largeur de i8, est du nombre de ceux que Vitruve appelle pseudo-pĂšriptĂšres. L’entrĂ©e est tournĂ©e au nord. On monte par dix degrĂ©s placĂ©s entre deux stylobates au portique antĂ©rieur que les Grecs nommaient itpĂŽvaoc, et les Latins profanum **. Ce portique est composĂ© de trois colonnes en profondeur, la quatriĂšme Ă©tant engagĂ©e dans l’angle de la cella. Le temple est liexastyle, c’est-Ă -dire qu’il prĂ©sente six colonnes de front, soutenant un fronton de la proportion la plus pure, mais oĂč, par une bizarrerie inexplicable, les modillons de la corniche ne sont pas en nombre Ă©gal dans les deux rampants ; il y a un modillon de plus dans la partie gauche. Cette irrĂ©gularitĂ©, qui d’ailleurs est peu choquante, ne se reproduit pas Ă  la face postĂ©rieure du monument. Ces modillons, ornĂ©s de feuilles de chĂȘne, prĂ©sentent une autre singularitĂ© qui ne se retrouve que dans l’arc d’Orange; ils sont placĂ©s au rebours de leur position habituelle, et la partie qui devrait ĂȘtre appliquĂ©e Ă  la muraille se trouve au contraire en dehors. Les colonnes sont d’ordre corinthien, et de la plus belle proportion ; elles portent chacune vingt-quatre cannelures; leur diamĂštre est de 0 ra ,66, et la largeur des entre-colonnements est de deux diamĂštres. Les chapiteaux, taillĂ©s en feuilles d’olivier, sont des chefs-d’Ɠuvre d’exĂ©cution et de dĂ©licatesse. Les bases sont composĂ©es de plusieurs moulures un peu inusitĂ©es, et on pourrait presque les regarder comme composites ; du reste elles sont travaillĂ©es avec une telle perfection, qu’elles semblent sortir de la main du tourneur. Outre les trois colonnes du portique, chaque face latĂ©rale en prĂ©sente huit autres engagĂ©es Ă  moitiĂ© dans le mur de la cella. Les moulures des bases de ces colonnes se prolongent en retraite sur la muraille, et ceignent le temple de la maniĂšre la plus heureuse. La frise, dont la cymaise est ornĂ©e de tĂȘtes de lion, est de la plus rare magnificence ; des rinceaux d’un fini prĂ©cieux la parcourent dans toute sa longueur. Sur la face postĂ©rieure , cette belle frise, n’étant point interrompue par une inscription, s’accorde Ă©lĂ©gamment avec le fronton. Sous le portique se trouve la porte, haute de 7 m , 14, large de 3 m ,24, et dont l’architrave trĂšs-saillante est supportĂ©e par deux belles consoles. Aux cĂŽtĂ©s de cette architrave sont deux pierres en saillie dont il est bien difficile de se rendre compte ; elles paraissent avoir portĂ© une tablette ; mais quelle pouvait ĂȘtre la destination de cette tablette? Ces pierres, assez semblables Ă  celles qui soutenaient les poutres du velarium dans les amphithéùtres, Ă©tant percĂ©es chacune Ă  leur extrĂ©mitĂ© d’un trou carrĂ©, large de 0 m ,28 en tous sens, Palladio suppose qu elles peuvent avoir servi Ă  soutenir une seconde porte qui s’îtait et se remettait Ă  volontĂ©. On pourrait croire aussi qu’elles avaient pour destination l’établissement de quelque dais ou autre ornement dans certaines * Duchesne. AntiquitĂ©z de la France. 1647 . ** Profanum est quod, antefanum conjunctum fano. Varro, De lingua latina, L, vi, 54. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. -* cĂ©rĂ©monies. Laquelle de ces conjectures est vĂ©ritable? L’une d’elles mĂȘme est-elle vĂ©ritable? C'est ce que rien ne permet d'affirmer, car aucun fait ne vient donner le mot de cette Ă©nigme sans exemple. La plate-forme de l’édifice Ă©tait Ă©levĂ©e de 3 m ,57 au-dessus du sol. Le nombre des degrĂ©s du perron Ă©tait alors de quinze. Cette plate-forme repose sur un soubassement qui est sous le temple un massif plein, mais qui est vide et voĂ»tĂ© sous le portique. Dans le massif on a reconnu un puits de 2 mĂštres de diamĂštre et de 9 de profondeur, contenant encore 2 m ,66 d’eau. La salle voĂ»tĂ©e sous le portique est formĂ©e de blocage, et les murs sont parementĂ©s de gros carreaux de pierres de taille. Ce souterrain Ă©tait Ă©clairĂ© par de petites ouvertures carrĂ©es, taillĂ©es en abat-jour ; il avait son entrĂ©e du cĂŽtĂ© de l’orient. Quant au temple lui-mĂȘme, il paraĂźt n’avoir jamais Ă©tĂ© voĂ»tĂ© ; il dut ĂȘtre couvert en charpente, et Ă©clairĂ© par des fenĂȘtres percĂ©es dans le toit. Les petites fenĂȘtres carrĂ©es, que l’on voyait encore il y a quelques annĂ©es en plusieurs endroits des murs, avaient Ă©tĂ© percĂ©es dans des temps plus modernes ; elles ont Ă©tĂ© fermĂ©es lors des restaurations de 1823. On a employĂ© dans la construction de la Maison CarrĂ©e diffĂ©rentes sortes de pierres. Celles des gros murs, soigneusement Ă©quarries, formant parpaing, et Ă©paisses d’environ 0 m ,70, ont Ă©tĂ© tirĂ©es de la carriĂšre de Sernhac, village Ă©loignĂ© de 16 kil. de NĂźmes, du cĂŽtĂ© du Gardon. Les pierres des bases des colonnes sont les mĂȘmes que celles employĂ©es dans la construction des ArĂšnes. Deux carriĂšres diffĂ©rentes les ont fournies l’une situĂ©e Ă  RoquemaliĂšre, Ă  1 kil. de la ville, l’autre Ă  prĂšs de 8 kil., sur le chemin de la Calmette, et portant le nom de Barrutel. Enfin, les colonnes et les pierres de l’entablement proviennent d’une quatriĂšme carriĂšre, celle de Lens, Ă  12 kil. de NĂźmes, prĂšs du village de Fons-outre-Gardon. Des fouilles, exĂ©cutĂ©es de 1821 Ă  1832, ont fait connaĂźtre que la Maison CarrĂ©e Ă©tait situĂ©e au milieu d’une place entourĂ©e de portiques ; les bases de plusieurs colonnes ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es Ă  leur place, ainsi qu’une partie du pavĂ© antique. Au-dessous du niveau de ce pavĂ© on a dĂ©couvert un reste de mosaĂŻque, qui doit par consĂ©quent remonter Ă  une Ă©poque antĂ©rieure, et que l’on ne s’est pas donnĂ© la peine de dĂ©truire ni d’enlever lors de la construction de la Maison CarrĂ©e. Quelques antiquaires ont cru que ces portiques Ă©taient ceux d’un forum; il est certain que bien plutĂŽt l’édifice que nous voyons aujourd’hui Ă©tait un sanctuaire, s’élevant au centre d’un pĂšribole ou enceinte sacrĂ©e, comme nous en avons plusieurs exemples intacts Ă  PompeĂŻ, dans les temples d’Isis, de YĂ©nus, de Bacchus, etc. Il est probable que le pĂšribole de NĂźmes fut dĂ©truit en 345 par les chrĂ©tiens, lorsqu’ils transformĂšrent le temple en Ă©glise. Longtemps abandonnĂ©e aux injures du temps et des hommes, la Maison CarrĂ©e a Ă©tĂ© en 1824 transformĂ©e en un musĂ©e, oĂč l’on a rĂ©uni une belle collection de tableaux, parmi lesquels le cĂ©lĂšbre Cromwell de PaulDela- roche, et une foule de fragments de sculpture ou d’architecture antique trouvĂ©s Ă  NĂźmes. Cette heureuse pensĂ©e est due Ă  M. de Yilliers du Terrage, alors prĂ©fet du dĂ©partement du Gard. Un fait digne de remarque est que presque tous les monuments du musĂ©e de NĂźmes sont en pierre, ainsi que les Ă©difices qui subsistent encore, et les fragments d’architecture que l’on a retrouvĂ©s, tandis que dans les musĂ©es de Yienne et d’Arles presque tout est marbre. Doit-on en conclure, contrairement au rapport des historiens, qu’Arles et Vienne Ă©taient des villes plus riches et plus importantes que NĂźmes? — BIBLIOGRAPHIE. — l° Duchesne. AntiquitĂ©?, de la France. 1647. 2° Montfaucon. AntiquitĂ© expliquĂ©e, I, Il ; 1729, in-fol. 3” Maffei. Antiquitates GalliƓ. Ep. XXV. VĂ©rone, 1734, in-4". 4° MĂ©zeray. AbrĂ©gĂ© chronologique de l’histoire de France. 1740. 5° Clerisseau. AntiquitĂ©s de NĂźmes. Paris, 1778, in-fol. 6° Miilin. Voyage dans les dĂ©partements du midi de la France. 1807- 1811, in-8°. 7° Alex, de Laborde. Monuments de France. 2 vol. in-fol., 1816-1838. 8° Grangend et Durand. Monuments de NĂźmes. 1819, in-fol. 9° DeCaumont. Cours d’antiquitĂ©s monumentales. 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'. . ... .- ' 1 1 q. 1 1 r-n "_a!y Tcmplo de Vcsla en Tivoli. / ftaĂč' Afoa&r'/uv . Kzsz/zĂŻC c// zsz '7u/s S H © 3 i y-fĂźiw i i s anrjgtf^niti y T i i T frn p ft i r p ĂŻ $ u m i f* II i WÏ i T» S m Fia. S Echelle? du, ruut. Échelle, des. ttq S cl, 6 3 ĂŻ MĂ©trĂ©s '3 MĂštres Bury cuip J A. Leveil. del Ï 2 MÏ 1 Ï IDE TESTA, A TUT DLL I Details TSIMnPILE ©F TESTA AT TÏÏV 0 ILI Details Tcfuplo d.. De AquĂŠductibus. 3" Gronovius Jac.. Commentaire sur le II' livre de Pomponius MĂȘla. 4° Cliandler ltieli.. Voyages dans l'Asie Mineure et en GrĂšce. 5° QuatremĂšre de Quincy. Dictionnaire d’Arcliitccture.. 6° Piranesi. Antichila cl’Albano e di Castel-Gandol/o, infol., pl. T Vasi. Delta magnificence di Roma antica e moderna ; Roma 1747-61, in-lol. oblong, pl. 8° Stieglitz. ArchĂ©ologie der Baukunst. 9° ISibby. Guide de Rome et de ses environs. 10° Canina. Archilettura antica, Partie romaine. iiif' jASSÊS^ÈgüÊùtShi SÎKts* g 5 p? ,.;_v . 2 - -T'- i'ifssi; ÉS;$S BpĂŻ' B^g». w ‱"~'.iÂŁ k *ÂŁ&/*{ SS 53 W SI PisHSft ppm SM s;' wm fSfi ^lÂŁg fcgSÎ EiĂŒ - * * liai ^Ăą sssĂŠgSSfe»^ wmmgm mm mm mmm mm* mn Zfijjl mm auĂ Mm !S 5 Sa '/ mmm mm mmm 'ffeM mm SlÉ h JdcAeMs du Plon. /"‱cheile dt Ăčt Coupe rrxm^im u>x ternttw» 7S//S&P' {'fYf’YYSY' . J ' x tYY/YYf' Yf '&€Z?Y/S, /'YsYY/s ,. ^YMFMCEUM ©F TS&EEU, IiAR iROMffi. /y ^ italien _ , -tal^ Ninfoa de iĂąjÇ^u^aiÉ piĂŒi' i jT IĂźĂŒ^Li y%ĂżĂŒĂ Ă©ÂŁsgĂż g§ J A Levcii di JL A IL B AM M^f ISIIPISIISIL YĂźffilPIHiÆFM AT AL>, AN" Italy. Nmfeo on Albano. ItaUa. Italien 'njfi-tZ- 'W 1^' V 'r*ur .. ' iiiijM»» ‱*' .i ' ‱ ' , " i niV. 'P-W „,, -n fl. . .. -'AMW-V ; steV? mmm*- v- A us mĂ«, s ..% W-VĂźV' lĆž^V' ,V ; Jfe *, A. NM*! .!‱ ! Stf .f ’ \ Ç*/v’ ?»xĂŒ - .-‱; . fW msum ‱^.y*' ^ ' .^ * K ^ *'*;*!* ; HSET ÜUViTiilĂŒVirtf'Ăź'ft’lflI VH'V'lIflll!^ ^P'HVK jmi!ĂŒM' f ''» l ' a ,J ili!iBI' ! ĂŻ_fl ! J- A Leveil del ‱ . Bury Bculp' - 'i>iir^['iM , ;ipnjd5j[H'.i' t Bkmp mm ÂŁcAdU d* la CoupĂ©. C Jfct ËcAĂ©&a vzzzzzzy zzz . Details . ZZZZZ'. STTHIPÎEßÊiffi Jk DĂ©tails. IYMPIHÆUM AT AJLBAN 3 I 3. a KMWi’.i TwrwvmmimmwTO { I * T? IBBlIÜOiai] piBBBD 0 O» l^p □□□□□□□□□ a a 8 1 IBM i O B1 Q aQ ÂŁcAalla pour la riaa. h >H ‱ A Bertv dsl Burv seulp* ‱FAlLAIIS ^©©^IS’-J'im'Ăźf,, A smℱ Dalmalio DiOtUT^iUl’S PALACW» AT f. '" j y s Itsafe g$*sÂŁ*r i&' f t T 3 I “ — a iÇfc i »... .»—‹—». I .... ‱mm&MĂ©mfÀ ' . ,‱‱. ~ ‱‱'.> ytisraƓSS H IfgSSB *>~dĂź3ÂŁttt ptĂąt-, „* ĂŒanMĂŒ FORUM DE POMPÉI Dans toutes les villes de l’antiquitĂ©, un emplacement plus ou moins vaste, situĂ© ordinairement sur le point le plus central, Ă©tait destinĂ© Ă  rĂ©unir tous les citoyens lorsqu’il s’agissait de traiter les affaires publiques ; cet emplacement, nommĂ© uyopĂą chez les Grecs, et forum, chez les Bomains, servait en mĂȘme temps aux cĂ©rĂ©monies populaires, aux jeux, aux courses, et aussi de marchĂ© ; il Ă©tait entourĂ© de vastes portiques et des Ă©difices religieux et civils les plus importants; dans son enceinte, des monuments, des statues, des peintures et des inscriptions retraçaient les actions des citoyens illustres ou les faits glorieux pour la citĂ©, afin que le peuple, habituĂ© Ă  se rendre dans ce lieu pour y traiter les affaires, eĂ»t constamment sous les yeux des monuments qui fussent pour lui des motifs d’émulation et d’amour pour la patrie. Plus tard, lorsque les jeux se tinrent dans des amphithéùtres, le forum ne fut plus affectĂ© qu’aux affaires civiles; les marchĂ©s furent Ă©tablis dans des fora secondaires, nommĂ©s boarium, piscarium, olitorium , etc., suivant leur destination. La ville grĂ©co-romaine de PompĂ©i, si riche en monuments et en Ă©tablissements de tous genres, possĂ©dait un forum qui est, sans contredit, le plus complet que nous connaissions, sinon le plus intĂ©ressant. SituĂ© dans la partie septentrionale de la ville, non loin de la mer, ce forum a dĂ» exister longtemps avant l’établissement de l’empire romain. A plusieurs reprises il a Ă©tĂ© agrandi et restaurĂ©; car, indĂ©pendamment des diffĂ©rences de style que l’on remarque dans sa construction, le dĂ©faut d’alignement de la plupart des Ă©difices qui l’environnent prouve assez qu’ils existaient dĂ©jĂ  lors de ces agrandissements ; plusieurs voies coupĂ©es et interceptĂ©es viennent encore appuyer cette assertion. C’est au rĂšgne d'Auguste que nous croyons devoir rapporter la plus considĂ©rable et la plus rĂ©cente de ces extensions; d’aprĂšs des indices certains, on a aussi reconnu qu’au moment mĂȘme de l’éruption on y faisait des rĂ©parations importantes. Le forum de PompĂ©i occupe un vaste espace rectangulaire de forme allongĂ©e, s’étendant de l’est Ă  l’ouest, sur une longueur d’environ 153 mĂštres; sa largeur, compris les portiques, est de 45 mĂštres. Ces portiques, qui Ă©taient surmontĂ©s d’un premier Ă©tage, rĂ©gnent sur trois de ses cĂŽtĂ©s seulement; le quatriĂšme, celui de l’orient, oĂč sont les entrĂ©es principales, est fermĂ© par un temple et des arcs de triomphe les autres monuments sont rangĂ©s avec plus ou moins de symĂ©trie tout autour de son enceinte extĂ©rieure. Ces arcs de triomphe, au nombre de deux, car nous ne pouvons mettre au mĂȘme rang la porte A, qui n’est qu’une simple arcade ouverte dans la muraille, se trouvent, l’un Ă  droite N, sur l’alignement extĂ©rieur du forum, l’autre Ă  gauche O en arriĂšre du premier, et appuyĂ© au pĂ©ristyle du temple. Ils sont construits en briques et percĂ©s d’une seule arcade; tous deux Ă©taient revĂȘtus en marbre et surmontĂ©s d’inscriptions; celui du midi Ă©tait dĂ©corĂ© de niches et de colonnes adossĂ©es; celui du nord, de simples pilastres cannelĂ©s. La surface dĂ©couverte du forum, pavĂ©e en dalles rĂ©guliĂšres, verse ses eaux dans des caniveaux couverts rĂ©gnant tout autour devant les portiques, et pratiquĂ©s sous le premier seuil ou degrĂ©, dans lequel ils ont Ă©tĂ© Ă©vidĂ©s. Un grand nombre de piĂ©destaux, plus ou moins bien conservĂ©s, existent dans cette enceinte ; ils sont encore en grande partie revĂȘtus de marbre et couverts d’inscriptions ; seize de ces monuments, d’égales dimensions R, ont dĂ» porter des statues ; d’autres, plus grands S, devaient ĂȘtre surmontĂ©s de sujets Ă©questres ; quant Ă  celui en forme de petit arc triomphal P qui se trouve au fond et sur l’axe gĂ©nĂ©ral, sa profondeur est assez considĂ©rable pour qu’on puisse supposer qu’il Ă©tait couronnĂ© d’un quadrige. Le forum, ainsi que les riches et nombreux Ă©difices qui l’accompagnent, a beaucoup souffert de l’éruption qui les a engloutis ; bien peu de murs ont conservĂ© leur hauteur primitive ; de tant de colonnes, quelques-unes seulement sont restĂ©es debout, le plus grand nombre ne sont indiquĂ©es que parleurs tambours infĂ©rieurs, par leurs bases, ou mĂȘme par de simples traces. Celles du premier ordre des portiques sont doriques , sans bases, cannelĂ©es au tiers de leur hauteur, et surmontĂ©es d’un entablement Ă  triglyphes dans les parties les plus anciennes, et Ă  frise lisse dans celles dues aux artistes romains. L’ordre supĂ©rieur est composĂ© de colonnes ioniques, largement espacĂ©es pour gĂȘner le moins possible la vue des spectateurs placĂ©s au premier Ă©tage, auquel on arrivait par quatre petits escaliers trĂšs-roides, situĂ©s aux angles de la place. Il est Ă  remarquer que ces escaliers prennent leur emmarchement au dehors, sans avoir de communication directe avec le rez-de- chaussĂ©e. Ce premier Ă©tage Ă©tait-il exclusivement rĂ©servĂ© aux femmes? Cela ne serait pas sans exemple, surtout si l’on considĂšre que PompĂ©i Ă©tait une ville grecque bien plus que romaine. Les Ă©difices disposĂ©s autour du forum, au nombre de douze, sont, les uns religieux, les autres civils. Parmi les premiers, nous placerons d’abord le temple hexastyle M, occupant le cĂŽtĂ© oriental de cette vaste place; on le considĂšre gĂ©nĂ©ralement comme dĂ©diĂ© Ă  Jupiter; quelques auteurs, et nous sommes de leur avis, croient y — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — voir en mĂȘme temps un Ɠrarium ou trĂ©sor public. Au reste, un monument d’une analogie frappante, flanquĂ© aussi d'arcs de triomphe, se trouve sur la face nord-ouest du forum d’Auguste Ă  Rome. Un petit temple pĂ©riptĂšrc, situĂ© au milieu d’une enceinte sacrĂ©e ou pĂ©ribole, marquĂ© B sur le plan, Ă©tait destinĂ© au culte de VĂ©nus. Les dĂ©tails en sont charmants, les peintures intĂ©ressantes, et prĂ©sentent tous les caractĂšres d’une Ɠuvre due Ă  l’école grecque d’Italie. Tels sont les Ă©difices religieux les autres ont un caractĂšre purement civil. En C se prĂ©sente d’abord un emplacement couvert, espĂšce de hangar destinĂ© Ă  l’emmagasinement des grains; tout auprĂšs, dans une niche carrĂ©e D, on voit encore les mesures officielles destinĂ©es Ă  servir de contrĂŽle au mesurage des denrĂ©es d’approvisionnement. Elles sont pratiquĂ©es dans une longue table de tuf, et se vidaient Ă  l’aide de trappes en bronze placĂ©es en dessous ; une inscription, gravĂ©e sur le devant de cette table, fait connaĂźtre le nom des magistrats qui furent chargĂ©s d’établir ces mesures-Ă©talons. Entre ces greniers et les mesures, un passage conduit Ă  quelques caveaux E, qu’on suppose avoir servi de prison. Au nord du forum, et Ă  l’ouest du temple de VĂ©nus, s’étend la basilique F, vaste Ă©difice dĂč Ă  l’école grecque, isolĂ© par des voies, et tenant au forum par un porche ; l’intĂ©rieur, richement dĂ©corĂ©, est divisĂ© par deux lignes de colonnes corinthiennes cannelĂ©es. Sur la face occidentale sont trois salles G, dans lesquelles il est impossible de ne pas reconnaĂźtre autant de tribunaux. Au midi de la place se trouvent plusieurs Ă©difices sur la destination desquels on n’est pas d’accord. D’abord se prĂ©sente une salle carrĂ©e H d’une grande simplicitĂ©, dans laquelle on a cru reconnaĂźtre une Ă©cole ; Ă  la suite vient une construction I, dont on ignore complĂštement la destination, et qu’on appelle l 'Ă©difice d'Eu- machia, du nom de sa fondatrice, dont la statue en marbre blanc se voit dans une niche carrĂ©e, au fond de sa seconde enceinte. Nous serions disposĂ© Ă  y voir la curia de la ville municipe de PompĂ©i, Ă  laquelle quelques auteurs destinent la grande salle K, qui en est sĂ©parĂ©e par un petit monument religieux T. La construction L, considĂ©rĂ©e d’abord comme un panthĂ©on, passe pour ĂȘtre un hospitium, Ă  cause de la disposition de son plan, analogue Ă  celui du monument de Pouzzoles, dit Temple de SĂ©rapis. Sur le devant de cet hospitium, et sur la voie situĂ©e Ă  droite, se trouvent de nombreuses boutiques destinĂ©es aux changeurs, aux banquiers, et principalement aux marchands de parfumerie et d’objets de toilette ; on sait que c’était l’usage des gens Ă  la mode de venir au forum pour se faire admirer et y donner le ton. Les divers styles employĂ©s dans les portiques de cette vaste construction sont extrĂȘmement intĂ©ressants Ă  Ă©tudier en ce qu’ils nous font voir la transition du grĂ©co-italique au romain pur ; les parties les plus anciennes, d’ordre dorique, sont traitĂ©es avec un goĂ»t digne des plus beaux monuments de la GrĂšce; leurs formes plus sveltes, plus Ă©lĂ©gantes, ajoutent Ă  leur charme et Ă  leur mĂ©rite; les profils se font surtout remarquer par la dĂ©licatesse extrĂȘmedes moulures. Les parties romaines sont composĂ©es de lignes plussimples, et consĂ©quemment moins gracieuses; l’absence des triglyphes dans la frise leur donne aussi plus d’austĂ©ritĂ©. Le style transitoire, participant de l’un et de l’autre, est peut-ĂȘtre prĂ©fĂ©rable, parce qu’il semble rĂ©unir les avantages de chacun. L’ordre supĂ©rieur des portiques appartient Ă  cette Ă©poque de transition dont nous venons de parler ; il se recommande aussi par le bon goĂ»t de ses dĂ©tails ; son chapiteau, ionique, est d’une composition digne d’ĂȘtre imitĂ©e. Les arcs de triomphe, par leur dĂ©coration simple et maigre, portent le caractĂšre des premiers monuments de ce genre. Les Ă©difices adjacents au forum rentrent aussi dans ces trois styles les uns, tels que le temple de VĂ©nus et la basilique, sont grecs; d’autres, comme le temple de Jupiter, sont de style transitoire; les tribunaux et les Ă©difices situĂ©s au midi sont d’une Ă©poque plus ou moins avancĂ©e, mais romaine cependant. En somme, le forum de PompĂ©i offre l’exemple d’une belle place publique, bien disposĂ©e d’aprĂšs les usages antiques; les Ă©difices qui l’entourent sont tous d’une utilitĂ© et d’une richesse qui rĂ©pondent Ă  l’importance de leur situation, et prĂ©sentent de trĂšs-beaux spĂ©cimens d’architecture grĂ©co-romaine. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Mazois. Ruines de PompĂ©i. 2 v. iu-fol. en 4 part., Paris, 1824 Ă  1838. 2° Real Museo Borbonico. In-4°, Naples, 1824 et suiv. 3° C. Bonnucci. PompĂ©i descritta. 1827. 4° De Jorio. Plan de PompĂ©i et remarques sur ses Ă©difices. 5° W. Gell. Pompeiana. 2 vol. gr. in-8°, Londres, 1832. 6° H. Roux. Vues des ruines de PompĂ©i d’aprĂšs Gell et Gandy. Gr. in- 4° et atlas, Paris, 1S27. 7° Canina. Architettura antica, partie romaine. 2 vol. in-8 0 et pl. Roma, 1834 Ă  184.. 8° Tardieu et Coussin. Traduction de Vitruve. In-4°, Paris, 1837. i/ l;/Ăź - 3 J g- rj-ÊT 1. j-pspj ïÊËfm fmmm ' ,.Jn* .J-. W&Ăż JÆtMĂȘ^ÈtmĂ  . v ‱. Ï W &t2Wi m ’nun ^ \ matĂ© r\ ~- TlĂŒ% Burv sculp de Menndol dfl iFm©aĂź ion, ipaĂŻĂźFna. Italie. Italia. italien 4/7 i /It^UzaJ Foro de Pompei /i fjr JuLĂčf f'xulhd . ruictur et Moderms ‱‱A 2 Les parties comprises entre. tes lignes ponctuĂ©es oĂč teintĂ©es plus noires sontpoucĂŒĂ©e-s. Basilique- de/ .Fana. Lf Ă»n Vsui V.. s^t GRAND THÉÂTRE DE POMPEI Le grand théùtre ou théùtre tragique de PompĂ©i, reconnu en 1764, mais dĂ©blayĂ© entiĂšrement trente ans plus tard seulement, est un des premiers Ă©difices qui se prĂ©sentent aux voyageurs en entrant dans les ruines de PompĂ©i par le forum appelĂ© vulgairement Quartier des soldats, lequel Ă©tait adossĂ© aux constructions de la scĂšne, ainsi qu'on peut le reconnaĂźtre dans la vue d’ensemble qui accompagne cette notice. Au cĂŽtĂ© occidental de ce théùtre se trouve un autre forum qui lui servait de portique, et au milieu duquel s’élevait un temple, seul Ă©difice purement grec qui existe dans la partie dĂ©couverte de la ville. Le grand théùtre de PompĂ©i, suivant l’usage gĂ©nĂ©ralement adoptĂ© par les Grecs et les Romains, Ă©tait adossĂ© Ă  une Ă©lĂ©vation qui, en Ă©conomisant les frais de substruction, a permis de placer l’entrĂ©e principale Ă  la hauteur de la seconde prƓcinction , point d’oĂč est prise notre vue. Deux autres entrĂ©es par des corridors voĂ»tĂ©s se trouvaient aux cĂŽtĂ©s de la scĂšne, et venant aboutir dans l’orchestre en CC, donnaient accĂšs aux gradins infĂ©rieurs, au nombre de cinq, rĂ©servĂ©s aux personnages privilĂ©giĂ©s. Chacun de ces corridors ou rom itoires avait un embranchement Ă©galement voĂ»tĂ©, qui, passant sous les gradins, conduisait par six degrĂ©s Ă  la hauteur de la premiĂšre prƓcinction. Enfin , un escalier placĂ© Ă  la droite des gradins, au point M, permettait d’arriver directement Ă  la troisiĂšme prƓcinction, oĂč Ă©taient relĂ©guĂ©es la populace et les femmes. Cette derniĂšre partie du théùtre a Ă©tĂ© restaurĂ©e depuis sa dĂ©couverte; on a rĂ©tabli jusqu’à l’une des poutres qui soutenaient le velarium, et plusieurs des corbeaux et modillons qui les portaient. Cet Ă©difice, par sa position dans le site le plus Ă©levĂ© de la ville, Ă©tait demeurĂ© en partie accessible aprĂšs la catastrophe de 79 ; aussi, sans doute dĂšs le temps des Romains, a-t-il Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ© de la plupart de ses gradins et de ses marbres. La scĂšne, beaucoup plus basse, et par consĂ©quent entiĂšrement recouverte par les cendres et les lapilli, a Ă©tĂ© mieux prĂ©servĂ©e des injures du temps et des hommes, et nous est parvenue plus intacte. Notre plan est partagĂ© transversalement en deux parties ; la moitiĂ© supĂ©rieure indique seulement l’emplacement occupĂ© sur le sol par les constructions ; l’autre partie prĂ©sente l’édifice avec ses distributions et ses gradins. On remarquera d’abord la disposition tout exceptionnelle de la partie du monument rĂ©servĂ©e au public, de Vamphithéùtre comme nous l’appelons Ă  tort, du xoĂźXov ou de la cavea, comme eussent dit les Grecs et les Romains. Au lieu d’ĂȘtre un hĂ©micycle parfaft , ainsi que le veut Yitruve, et que nous le prĂ©sentent tous les théùtres antiques connus, celui-ci est en forme de fer Ă  cheval ; son diamĂštre est de 68 m , et il pouvait contenir cinq mille spectateurs. Les gradins de marbre de Paros Ă©taient au nombre de vingt-neuf, partagĂ©s en trois Ă©tages par deux prƓcinctions, divisĂ©s eux-mĂȘmes par cinq escaliers, itinera ou scalƓ, dont chaque gradin formait deux degrĂ©s, en cinq cunei ou coins LLL, et en deux parties qui ne peuvent mĂ©riter ce nom, Ă©tant de forme rectangulaire. Ces deux parties, qui se trouvent aux cĂŽtĂ©s de la scĂšne et sur les reins des voĂ»tes des deux vomitoires, complĂ©taient les ailes du fer Ă  cheval, et se terminaient dans leur partie infĂ©rieure par deux tribunes rĂ©servĂ©es ou podium , dans l’une desquelles on a trouvĂ© les dĂ©bris d’une chaise curule. Le premier ordre, ou ima cavea , Ă©tait, ainsi que je l’ai dit, composĂ© de cinq gradins ; le deuxiĂšme en avait 'Ăčngt, et le troisiĂšme quatre seulement. Au quatriĂšme gradin de l 'ima cavea sont trois piĂ©destaux, qui portaient des statues de magistrats municipaux. Un peu plus haut, sur le marbre mĂȘme d’un gradin, ou lit 1 inscription suivante Marco Holconio Marci filio Rufo, duumviro juri dicundo quinquiens iterum duumviro quinquennali, tri- huno militum a populo , Flamini Augusti, Patrono coloniƓ , dĂ©crĂ©ta decurionum A Marcus Holconius Rufus, fils de Marcus, cinq fois duumvir chargĂ© de la justice, et de nouveau duumvir quinquennal, tribun des soldats nommĂ© par le peuple, flamine d’Auguste , patron de la colonie, par dĂ©cret des dĂ©curions. Des traces encore visibles sur la pierre qui porte cette inscription font penser que les PompĂ©iens y avaient Ă©rigĂ© un bisellium, ou une statue en l’honneur de cet Holconius, auquel la ville devait plusieurs de ses principaux monuments, ainsi que l’atteste une autre inscription Ă©galement placĂ©e dans le théùtre, portant que les deux Marcus Holconius, Rufus et Celer, ont Ă©rigĂ© Ă  leurs frais une crypte, un tribunal et un théùtre pour l ornement de la colonie. La crypte ou rĂ©servoir, ainsi que le tribunal, appelĂ© vulgairement aujourd’hui 1 École, existent, en effet, Ă  cĂŽtĂ© du théùtre. Dans la partie supĂ©rieure de l’édifice, en dehors de l'hĂ©micycle, on peut voir sur notre plan une espĂšce de tour carrĂ©e au dehors et ronde en dedans c’était un rĂ©servoir qui fournissait l’eau Ă  l’arrosement du théùtre. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — Au centre de l’orchestre, c’est-Ă -dire, de la partie A , comprise entre les gradins infĂ©rieurs et l’avant-scĂšne, s’élevait un piĂ©destal B, que quelques auteurs ont cru avoir Ă©tĂ© destinĂ© Ă  porter une statue, qui Ă©videmment aurait coupĂ© le point de vue de la maniĂšre la plus dĂ©sagrĂ©able pour les spectateurs. Nous devons plutĂŽt y reconnaĂźtre la thymĂšle, petit autel sur lequel on sacrifiait Ă  Bacchus au commencement du spectacle. Cet autel, il est vrai, n’existe point ordinairement dans les théùtres romains ; mais gardons-nous d’oublier que PompĂ©i Ă©tait une colonie grecque, une ville de la Grande GrĂšce, qui dut conserver plus d’un souvenir, plus d’un usage de la mĂšre patrie. Le mur d’avant-scĂšne, ou proscenium , s’étend entre CC et DD; il portait le plancher en bois DD, ou pulpilum , formant l’avant-scĂšne sur laquelle se tenaient les acteurs, et qui serait chez nous la partie comprise entre le rideau et la rampe. Le plancher, Ă©tant dĂ©truit, permet de voir aujourd’hui Ă  dĂ©couvert le dessous du pulpilum , ou Vhyposcenium , lieu oĂč se plaçaient les instruments propres Ă  imiter le tonnerre, dans lequel rentrait le rideau d’avant-scĂšne, et sur lequel enfin Ă©taient mĂ©nagĂ©es les trappes pour les apparitions. Le mur d’avanl-scĂšne prĂ©sente une niche semi-circulaire, et six carrĂ©es, que l’on peut supposer avec quelque vraisemblance avoir Ă©tĂ© destinĂ©es Ă  contenir les musiciens , quand ils n’étaient pas placĂ©s aux cĂŽtĂ©s de l’avant scĂšne, sur le pulpilum mĂȘme. Enfin, au fond s’élĂšve ce que les anciens appelaient proprement la scĂšne, mais qui correspond Ă  notre toile de fond, dont elle ne diffĂšre qu’en ce qu’elle Ă©tait une construction solide, richement dĂ©corĂ©e de colonnes, de marbres et de statues, mais restant constamment la mĂȘme pour toutes les piĂšces que l’on reprĂ©sentait, sauf quelques dĂ©corations mobiles qu’on y ajouta plus tard, et qu’on appelait sccna versilis ou trigones mobiles, et qui tenaient lieu de nos coulisses. La scĂšne de PompĂ©i, large de 24 m , avait Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ©e de tous ses marbres, et tout porte Ă  croire que l'Ă©difice, endommagĂ© par le tremblement de terre de 64, Ă©tait en pleine rĂ©paration Ă  l’époque de la catastrophe de 79. La scĂšne prĂ©sente les trois portes ordinaires EEE; celle du milieu, s’ouvrant au fond d’un hĂ©micycle, Ă©tait Yaula regia, la porte royale elle Ă©tait censĂ©e conduire au palais du principal personnage chez lequel le drame se passait, et c’est par lĂ , en effet, qu’entrait ce personnage appelĂ© protagonisla. Les deux autres portes, plus petites et rectangulaires, portaient le nom d hospitales, parce qu’elles servaient aux hĂŽtes ou Ă©trangers. Cette construction de la scĂšne faisait retour sur les cĂŽtĂ©s pour circonscrire l’espace rĂ©servĂ© Ă  l’action, et sur ces ailes, appelĂ©es versuroe, Ă©taient ouvertes deux autres portes, dont l’une Ă©tait supposĂ©e conduire au port, et l’autre Ă  la campagne. Ces portes, qui Ă©taient presque invisibles aux spectateurs qui n’étaient point assis aux extrĂ©mitĂ©s de l’hĂ©micycle, Ă©taient plus grandes que les autres, et servaient Ă  l'introduction des chars et autres objets de grande dimension qui Ă©taient employĂ©s dans les reprĂ©sentations théùtrales. DerriĂšre la scĂšne est le poslscenium II, lieu divisĂ© en petites loges oĂč se prĂ©paraient les acteurs. Enfin , derriĂšre le poslscenium s’étend une cour qui pouvait rĂ©pondre Ă  notre foyer des acteurs, et dans laquelle ou descendait par un plan inclinĂ© F. Dans la partie de l’édifice qui communique au forum triangulaire, on a trouvĂ© quelques fragments de statues de marbre, une grande quantitĂ© de bois carbonisĂ©, des morceaux de draperie appartenant Ă  des statues de bronze, une Ă©norme quantitĂ© de tuiles et des inscriptions presque toutes frustes. — BIBLIOGRAPHIE. — 1“ Hamilton et deMurr. Descrizione delle nuove scoperte in Pompeja. 1770, in-4". 2- Ev. Hamilton. Account of the discoveries at Pompey. Lond. 1777, in-4°. 3° W. Gell et Gandy. Pompejana, or observations on the topography, Ă©difices andornaments of PompeĂŻ. 1817-1830, in-8». 4» —Vues des ruines de PompĂ©i; traduit et complĂ©tĂ©. Paris, 1827, in-4“. 5° Mazois. Les ruines de PompĂ©i. 4 v. in-f", terminĂ©s par Gau et BarrĂ©. Paris, 1824-1838. 6° Cockburns et Donaldson. Pompey illustrated with picturesqvr views ; 9 v. in-f". Lond. 1827. 7» Bonnucci, PompeĂŻa descritta. Kap. 1828, in-8°. 8° zalinneu. Entdeckle wandgemaelde in Pompey. MĂŒnch, 1828, in-8°. 9° R. Rochette. Choix d’édifices inĂ©dits. Paris, 1828-30, in-f 0 . 10° W. Clarke. PompĂ©i . Lond. 1833, in-8" 11° Ernest Breton. Monuments de tous les peuples. 2 v. in-8". Paris, 1847. 12" Ernest Breton. PompĂ©ia. I v. grand in-8 , pl. Paris, 1848. mm .Jp srwjEB ’iriMiÂinFiii 0  ^©MripiĂąiL Italie THE V, tsm mm hZfM > Ăź Ær?;»i AMPHITHÉÂTRE FLAVIEN A ROME Une mĂ©daille frappĂ©e sous le rĂšgne de Yespasien, et qui est reproduite dans une de nos planches de DĂ©tails, fig. 2 , indique d’une maniĂšre certaine que ce fut cet empereur qui fit commencer, l'an 72 de notre Ăšre, la construction de l’amphithéùtre Flavien, le plus vaste monument de ce genre qu’on ait jamais Ă©levĂ© dans l’antiquitĂ©. Le lieu qui fut choisi pour Ă©tablir cet immense Ă©difice Ă©tait un terrain bas, situĂ© entre les monts Palatin, CƓlius et Esquilin, Ă  l’Orient de la Telia et du quartier des CarĂšnes. Il fut achevĂ© en peu d’annĂ©es, et tout le luxe de l’architecture et de la statuaire contribua Ă  sa dĂ©coration. Titus, qui le termina^, lui donna le nom d’amphithéùtre Flavien , pour rappeler aux Romains qu’ils le devaient Ă  l’empereur Yespasien , son pĂšre, issu de l’ancienne famille Flavia. Ce monument, cĂ©lĂšbre dans l’histoire de Rome par les fĂȘtes qu’y donnĂšrent les empereurs, et dans le Ras-Empire par les sanglantes exĂ©cutions des chrĂ©tiens, est encore de nos jours un des plus beaux ornements de la ville papale ; les restes imposants nommĂ©s ruines du ColisĂ©e, en italien Colosseo , doivent cette dĂ©nomination soit aux dimensions de l’édifice, soit au colosse de NĂ©ron, qui s’élevait dans le voisinage. Le plan du monument prĂ©sente la forme qui fut gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e pour les amphithéùtres il est elliptique ; le grand axe AR a 200 mĂštres de longueur, le petit CD, 167 ; quatre-vingts arcades, distribuĂ©es rĂ©guliĂšrement sur la circonfĂ©rence, conduisent Ă  deux galeries parallĂšles, situĂ©es Ă  rez-de-chaussĂ©e, vers la partie externe du monument ; arrivĂ© dans la seconde, le public se dirigeait, par vingt-quatre corridors, dans deux autres galeries concentriques, comme les premiĂšres, situĂ©es au milieu des constructions, et destinĂ©es Ă  conduire aux places les plus distinguĂ©es de l’amphithéùtre celles du podium, rĂ©servĂ©es aux sĂ©nateurs, aux vestales, aux ambassadeurs , etc., et celles des chevaliers, situĂ©es derriĂšre. Ces deux prĂ©cinctions , ou divisions de gradins, que l’inscription des frĂšres arvali dĂ©signe par le mot mƓniano , Ă©taient desservies, la premiĂšre par douze escaliers pratiquĂ©s dans l’épaisseur du gros mur infĂ©rieur le plus rapprochĂ© du podium; la seconde, par seize autres contenus entre des murs se dirigeant de la troisiĂšme galerie vers le centre de l’édifice, et par le corridor F, situĂ© au niveau du premier Ă©tage. Le peuple montait directement et de fond Ă  la troisiĂšme prĂ©cinction, par les nombreux escaliers qui dĂ©bouchaient dans les galeries voisines de la circonfĂ©rence; enfin les affranchis, les serviteurs et les courtisanes Ă©taient, suivant un dĂ©cret d’Auguste, relĂ©guĂ©s aux degrĂ©s supĂ©rieurs, Ă  la summa cavea. Ils y parvenaient par des escaliers secondaires, appuyĂ©s sur les voĂ»tes de la galerie du second Ă©tage. Voir la coupe gĂ©nĂ©rale de l’édifice et le plan Ă  la lettre G. Dans les axes du monument, le plan Ă©tait disposĂ© de maniĂšre Ă  Ă©tablir des arrivĂ©es plus vastes que partout ailleurs, pour donner un accĂšs facile aux tribunes d honneur ; celle de l’empereur, situĂ©e au point E sur le petit diamĂštre, Ă©tait annoncĂ©e sur la façade par deux colonnes en saillie portant un fronton. Deux autres tribunes, placĂ©es sur le grand axe, contenaient des chars de victoire , le munerarius SuĂ©tone, Ă©diteur qui donnait les jeux, et les magistrats qui y prĂ©sidaient. Toutes ces constructions, dont nous venons de dĂ©crire le plan, formaient un massif de 60 mĂštres d’épaisseur, enveloppant dans son circuit l’arĂšne, destinĂ©e aux jeux et aux combats ; sa forme Ă©tait ovale, ovi speciem coneludens Cassiodore. EnveloppĂ© par le mur infĂ©rieur ou podium, cet espace tirait son nom du sable arena que des esclaves Ă©thiopiens y rĂ©pandaient avant le spectacle. Sous l’arĂšne Ă©taient de nombreuses constructions voĂ»tĂ©es voir le plan, fig. 1, destinĂ©es Ă  rĂ©unir les gladiateurs avant le combat, Ă  renfermer les animaux et les malheureux condamnĂ©s au supplice des bĂȘtes. Les voĂ»tes servaient aussi au jeu des machines théùtrales nommĂ©es pegmata par Martial. Selon Stace et Trebellius Pollion, on donnait aussi le nom de cavea Ă  l’ensemble de ces voĂ»tes souterraines. La dĂ©coration extĂ©rieure se composait de quatre Ă©tages, couronnĂ©s chacun d’un entablement complet faisant le tour del’édifice; les trois premiers ordres offraient des colonnes engagĂ©es, doriques, ioniques et corinthiennes, entre lesquelles s’ouvraient deux cent quarante arcades, dont quatre-vingts pour chaque Ă©tage. La partie supĂ©rieure du monument formant attique Ă©tait percĂ©e de quarante baies carrĂ©es disposĂ©es symĂ©triquement ; des pilastres corinthiens portant des piĂ©destaux, comme les ordres du premier et du second Ă©tage, dĂ©coraient cette muraille Ă©levĂ©e. Entre les pilastres de l’attique rĂ©gnait, aux deux tiers de la hauteur de l’ordre, une suite de deux cents quarante consoles, destinĂ©es Ă  porter un pareil nombre dĂ© poteaux en bronze, qui, traversant la corniche supĂ©rieure, s’élevaient au-dessus des constructions pour mai ntenir les cĂąbles d’un immense velarium tendu sur la totalitĂ© du monument, dans le but de mettre les spectateurs Ă  l’abri du soleil pendant la durĂ©e des spectacles. Afin que le bon ordre pĂ»t s’établir dĂšs l’arrivĂ©e du public dans un aussi vaste Ă©difice, les arcades du rez-de-chaussĂ©e * L’an de Rome 834, et de l’ùre vulgaire 84. Cuspiniani, Comm. in Aurel. Cassiod. consul. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — Ă©taient numĂ©rotĂ©es au-dessus des archivoltes, en chiffres d’une assez grande dimension, pour qu’on pĂ»t les voir facilement de loin. Ces numĂ©ros extĂ©rieurs devaient avoir une certaine corrĂ©lation avec un numĂ©rotage intĂ©rieur. La mĂ©daille de Yespasien, dĂ©jĂ  mentionnĂ©e au commencement de cette notice, fait voir que des quadriges et des statues dĂ©coraient le vide de toutes les ouvertures du premier et du second Ă©tage. Ces sculptures Ă©taient posĂ©es sur des piĂ©destaux Ă©tablis en saillie devant l’appui ou garde-fou qui, dans le vide des arcades, protĂ©geait des chutes au dehors ceux qui, circulant dans les galeries supĂ©rieures, s’approchaient de la façade. Les arcades infĂ©rieures, donnant entrĂ©e Ă  l’édifice, Ă©taient closes, dans l’intervalle de deux reprĂ©sentations, par des barriĂšres en bois, qui, le jour, empĂȘchaient les curieux d’errer dans le monument, et la nuit, les gens sans asile de s’y rĂ©fugier. On voit encore les traces de ces clĂŽtures, ou plutĂŽt des moyens employĂ©s pour les maintenir en place d’une maniĂšre solide ce sont des trous carrĂ©s, pratiquĂ©s deux Ă  deux sur chaque face des piliers qui correspond Ă  l’épaisseur du mur extĂ©rieur; Ă©tablis tous Ă  la mĂȘme hauteur, ces trous sont sĂ©parĂ©s par un intervalle qui indique l’épaisseur qu’avait la barriĂšre de bois ; des traverses placĂ©es dans les trous, l’une devant, l’autre derriĂšre la barriĂšre, et assujetties par un boulon mobile avec serrure, fixaient solidement la clĂŽture, qu’on pouvait enlever Ă  volontĂ© trĂšs-rapidement. Les voĂ»tes rampantes pratiquĂ©es sous les grands escaliers devaient servir Ă  renfermer ces barriĂšres pendant les reprĂ©sentations. Une planche de dĂ©tails, jointe Ă  cette notice, fait connaĂźtre, sur des dimensions suffisamment grandes, le style des quatre ordres d’architecture qui dĂ©coraient le monument Ă  l’extĂ©rieur. La figure l re donne en gĂ©o- mĂ©tral les parties principales de l’ordre dorique ; labase, qui est d’une forme particuliĂšre, repose sur trois marches ; le chapiteau et l’entablement, simples et graves dans leurs profils, s’harmonient d’une maniĂšre convenable avec la destination de l’édifice ; la frise est nue et dĂ©pourvue de triglyphes. A la figure 2 est la coupe du couronnement complet. L’imposte et l’archivolte des arcades infĂ©rieures sont tracĂ©es Ă  la figure 3. L’ordre ionique dont est dĂ©corĂ© le premier Ă©tage fig. 4 et 5 est Ă©tudiĂ© avec la mĂȘme simplicitĂ© que celui qui le supporte; les denticules et autres dĂ©tails dĂ©licats ont Ă©tĂ© supprimĂ©s ; la frise est sans ornement; le chapiteau lui-mĂȘme a Ă©tĂ© trĂšs-adroitement simplifiĂ© par la suppression des filets qui encadrent ordinairement les volutes; la base est de forme attique, et repose sur un piĂ©destal. La figure 6 est le dĂ©tail de l’imposte et de l’archivolte qui dĂ©corent les arcs de cet Ă©tage. Le troisiĂšme ordre fig. 7 et 8 est un corinthien, qui n’a de ce style que les proportions gĂ©nĂ©rales; la base est la plus simple de toutes celles qui dĂ©corent le monument, les feuilles du chapiteau , les tigettes, les fleurons, n’ont Ă©tĂ© que massĂ©s, et sont dĂ©pourvus des fines dĂ©coupures qui en font ordinairement toute la richesse. Des modillons cubiques et sans sculpture couronnent convenablement ces trois Ă©tages sĂ©vĂšres, en se mĂȘlant aux moulures de l’entablement. La figure 9 reproduit l’imposte et l’archivolte de ce troisiĂšme ordre. Le quatriĂšme dĂ©tail fig. 10 est l’ordre de pilastres qui dĂ©core l’attique il est corinthien; le chapiteau massĂ© et sans sculpture a cela de particulier que, pour Ă©viter la maigreur Ă  une aussi grande Ă©lĂ©vation , l’architecte a fait reproduire en pan coupĂ© le second rang de feuilles et les volutes, au lieu de les profilera angle droit, comme le fĂ»t du pilastre et les feuilles infĂ©rieures du chapiteau. La frise comporte une sĂ©rie deconsolessurinontĂ©esd’unprofild’architrave, pour Ă©viter une trop grande saillie; lespoteauxen bronze qui portaientle velarium, traversant tout ce couronnement,l’interrompaientĂ des distances Ă©gales pour venir reposer surles consoles figurĂ©es en coupe et en Ă©lĂ©vation sur la planche des ordres, figure 12. L’intĂ©rieur de l’amphithéùtre avait l’aspect d’un vaste entonnoir, en raison de la pente gĂ©nĂ©rale Ă©tablie pour qu’on pĂ»t voir de toutes les places. On nommait cavea l’ensemble de cette disposition en creux. La summa cavea Ă©tait la partie supĂ©rieure qu'occupaient les esclaves. Chaque banc destinĂ© Ă  faire asseoir le public formait un gradus , gradin ; il Ă©tait divisĂ© dans toute son Ă©tendue par des lignes gravĂ©es, Ă©galement espacĂ©es et limitant les places ou subsellĂźa *. Les lettres initiales, et quelquefois les noms entiers des personnages ou des corporations propriĂ©taires de ces places , y Ă©taient gravĂ©s profondĂ©ment ; le fragment de gradin fig. 9 placĂ© auprĂšs du plan, indique un nom VERO. Les places sans noms ou marques quelconques Ă©taient libres, et pour le public sans qualitĂ©s ou fonctions. Les gradins Ă©taient rĂ©unis en plusieurs rangs, afin de placer, sans les confondre, les diverses classes de la sociĂ©tĂ©; chacune de ces divisions se nommait mamianum **, circuit, prĂ©- cinction ; elles Ă©taient sĂ©parĂ©es les unes des autres par des murs plus ou moins Ă©levĂ©s, ou des gradins trop hauts pour ĂȘtre franchis; ces sĂ©parations formant en quelque sorte des ceintures qui se distinguaient des gradins par leur Ă©lĂ©vation, avaient reçu le nom de baltei. Dans l’amphithéùtre Flavien, le mur qui sĂ©parait la troisiĂšme prĂ©cinction de la quatriĂšme, Ă©tait fort Ă©levĂ© ; les portes et les niches qu’on y avait pratiquĂ©es Ă©taient * Vitruve, Lib. III, p. 65.—** Inscription des arvali.. — AMPHITHEATRE FLAVIEN A ROME. — dĂ©corĂ©es de colonnes, de frontons et de statues. Des dĂ©tails de ces petits ordres sont reproduits sur une de nos planches, aux figures 4, 5 et 6, auprĂšs du plan. Chaque prĂ©cinction Ă©tait coupĂ©e dans tout son circuit par des escaliers Ă©troits, dont ordinairement deux marches Ă©taient taillĂ©es dans la hauteur d’un gradin, comme on le voit au bas de la figure 3, placĂ©e sur la coupe gĂ©nĂ©rale de l’édifice. Ces escaliers s’établissaient dans la hauteur de la prĂ©cinction , devant les portes d’entrĂ©e pratiquĂ©es dans les murs de sĂ©paration ou baltei; ils n’occupaient que la moitiĂ© infĂ©rieure de la rĂ©union de gradins, lorsqu’on arrivait aux places par des issues que Macrobe nomme vomĂŒaria , vomitoires, et qui Ă©taient pratiquĂ©es aux dĂ©pens des gradins eux-mĂȘmes, comme on en voit un exemple trĂšs-ornĂ© et provenant du ColisĂ©e, qui a Ă©tĂ© reproduit Ă  la figure 3, au-dessous de la coupe gĂ©nĂ©rale. Les portions du circuit comprises entre deux escaliers Ă©taient nommĂ©es cunei *, et avaient en effet la forme d’un coin. Ces cunei Ă©taient numĂ©rotĂ©s par un chiffre , afin qu’on pĂ»t se diriger vers la portion du circuit oĂč l’on devait prendre place ; il est probable aussi que chaque rang de gradins avait un numĂ©ro voir le fragment de gradin n° 8 , auprĂšs du plan. Les bancs Ă©taient taillĂ©s de maniĂšre Ă  se soutenir mutuellement et Ă  ne pouvoir glisser les uns sur les autres, comme on le voit aux figures 8 et 9, auprĂšs du plan. Dans les amphithéùtres dont on a retrouvĂ© un grand nombre de gradins, on remarque de grandes diffĂ©rences dans leurs hauteurs, ce qui fait prĂ©sumer qu’ils Ă©taient ainsi disposĂ©s pour les spectateurs qui apportaient des coussins „ *et des tabourets de pieds; on le permettait aux femmes et aux sĂ©nateurs. Tous ces bancs avaient une largeur uniforme et plus que suffisante pour s’asseoir, afin qu’en circulant on ne pĂ»t gĂȘner les personnes assises ; devant chaque mur de prĂ©cinction ou de ceinture Ă©tait une large voie, parce que c’était lĂ  qu’arrivait la foule par les issues, avant de se distribuer Ă  toutes les places. La summa cavea Ă©tait dĂ©corĂ©e d’une loge ou galerie Ă  colonnes, faisant le tour intĂ©rieur de l’édifice ; le chapiteau composite et la base fig. 3, auprĂšs du plan proviennent de sa dĂ©coration. Sous cette loge Ă©tait une suite de gradins en bois, comme on l’apprend par l’inscription des arvali, qui fut trouvĂ©e dans la campagne de Rome, et qui indique les places qu’occupaient ces prĂȘtres, in lignĂ©s tabulis, summo mƓniano. Les cĂąbles du velarium , partant des poteaux en bronze placĂ©s au sommet de la façade, passaient par-dessus cette galerie et se dirigeaient vers le centre du monument. Selon Victor, le ColisĂ©e contenait 87,000 spectateurs assis. Quelques auteurs ajoutent Ă  ce nombre 20,000 personnes, qui, arrivant trop tard pour trouver place sur les gradins, pouvaient se tenir debout auprĂšs des murs de prĂ©cinction, dans les corridors de dĂ©gagement et sur toute l’étendue des petits escaliers qui sĂ©paraient les cunei. Le chiffre s’élĂšverait ainsi Ă  107,000. Pour maintenir l’ordre dans un nombre aussi considĂ©rable de spectateurs, pour empĂȘcher en outre que les divisions de l’édifice rĂ©servĂ©es aux divers ordres de l’État par les lois Roscia et Julia , fussent envahies par la foule, les magistrats plaçaient des gardes qu’on nommait locarii , et qui veillaient Ă  ce que chacun se plaçùt selon son rang et sans tumulte ; ils devaient se tenir debout auprĂšs des vomitoires et des portes d’entrĂ©e, et formaient, ainsi que les 20,000 spectateurs non assis, ce qu’ApulĂ©e nomme les excuneati, c’est-Ă -dire ceux qui Ă©taient en dehors des cunei. Le rang infĂ©rieur de celte foule immense avait devant lui un appui, portĂ© par le mur du podium, dont l’élĂ©vation, selon Carli „„ *, Ă©tait de 5 mĂštres. Quelques accidents ayant eu lieu dans les rangs infĂ©rieurs par l’agilitĂ© d’animaux fĂ©roces qui avaient franchi le podium, des grilles furent placĂ©es au-dessus pour en augmenter l’élĂ©vation, sans nuire Ă  la vue de l’arĂšne ; on y ajouta des rouleaux en bois, tournant sur des axes de fer, pour empĂȘcher les animaux de monter. DerriĂšre le mur du podium Ă©tait un corridor, Ă©largi de distance en distance par des niches profondes. Les auteurs qui ont Ă©crit sur le ColisĂ©e ont pensĂ© qu’on y enfermait les animaux „„„„ . Ce corridor est trop Ă©troit, trop obscur, pour admettre qu’il avait cette destination ; il ne semble avoir Ă©tĂ© mĂ©nagĂ© que pour le service , les animaux Ă©tant amenĂ©s dans des cages de fer au moment des spectacles, ou renfermĂ©s dans des constructions Ă©tablies sous l’arĂšne, comme nous l’avons indiquĂ© dans le plan , et comme on peut le voir dans la coupe gĂ©nĂ©rale de l’édifice. Avant de commencer les fĂȘtes de l’amphithéùtre, on entrait dans l’arĂšne, et, avec une certaine pompe religieuse, on faisait des sacrifices Ă  Jupiter, auquel Ă©taient consacrĂ©s les jeux. Lipse „„„„„ pense que l’autel Ă©tait placĂ© au centre du monument, et qu’il y Ă©tait Ă©tabli d’une maniĂšre stable; Maffei croit, au contraire, qu’il pouvait ĂȘtre enlevĂ©, afin qu’il ne pĂ»t nuire aux spectacles. Les dimensions de ces autels Ă©taient trop minimes ’ Inscription des arvali.— ** Pulvinar , pulvinus. Ovide, de Arte amandi , LI, v. 159. — *** Aut. ital ., T. II, p. 1 8i —**** Carii, Aut. ital., T. II, p. 205.—*’*** De Amphit., cap. XIII. — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — pour gĂȘner dans un aussi grand espace. Il est donc probable que le petit autel figurĂ© au n° 7 auprĂšs du plan Ă©tait consacrĂ© Ă  Jupiter et dressĂ© dans l’arĂšne. La mĂ©daille de Vespasien, reproduite Ă  la figure 2, auprĂšs d j plan de l’amphithéùtre, fait voir au sommet de l’édifice et dans toute sa circonfĂ©rence des tiges verticales surmontĂ©es d’un cercle ; de plus, dans la partie qui reprĂ©sente l’intĂ©rieur du monument, le graveur a figurĂ© des courbes renversĂ©es comme des draperies. Ces diverses indications sont celles du velarium , qui couvrait l’édifice pendant les reprĂ©sentations théùtrales, pour mettre les spectateurs Ă  l’abri du soleil. Les Romains devaient son introduction dans les théùtres Ă  Quintus Catulus, qui l’avait imitĂ© de Capoue, l’an de Rome 684. Des poteaux en bronze, de 10 mĂštres de longueur environ, traversaient la corniche supĂ©rieure du monument par des trous pratiquĂ©s entre les modillons de cette corniche ; leur extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure allait se fixer dans des entailles faites ad hoc dans les consoles isolĂ©es qui rĂ©gnaient sur une mĂȘme ligne aux deux tiers de l’ordre de pilastres dont l’attique Ă©tait dĂ©corĂ©. Voir l’élĂ©vation restaurĂ©e et la coupe placĂ©e auprĂšs. Les cercles qui sont figurĂ©s sur la mĂ©daille au sommet des poteaux, rappellent probablement les boucliers citĂ©s par un auteur ancien, comme dĂ©corant le sommet de l’amphithéùtre Flavien ; ils avaient peut-ĂȘtre pour but de masquer les poulies qui servaient au tirage des cĂąbles du velarium. Les poteaux , bien qu’établis en mĂ©tal, auraient Ă©tĂ© trop faibles pour soutenir le poids du vĂ©lum, s’ils n’avaient Ă©tĂ© contre-butĂ©s Ă  l’intĂ©rieur de l’édifice, sur l’épaisseur du mur de l’attique, par des contre-fiches ,; des piĂšces horizontales et des poteaux intĂ©rieurs placĂ©s sur la terrasse de couverture de la loge ou galerie supĂ©rieure voir la coupe placĂ©e auprĂšs de la façade restaurĂ©e complĂ©taient le systĂšme. Les poteaux, ainsi disposĂ©s avec soliditĂ©, pouvaient soutenir le poids immense des,cĂąbles, qui, partant de la circonfĂ©rence, allaient porter au- dessus de l’arĂšne la partie fixe du velarium. Les courbes renversĂ©es en forme de draperie qui se remarquent sur la mĂ©daille de Yespasien, indiquent d’une maniĂšre certaine que des rideaux mobiles et d’une largeur peu considĂ©rable pouvaient ĂȘtre tendus sur les cĂąbles au moyen d’anneaux, de cordes et de poulies, et couvrir ainsi tout le circuit formĂ© par les gradins, en se dĂ©veloppant depuis la circonfĂ©rence du monument jusqu’à celle du voile fixe tendu au-dessus de l’arĂšne. Voir au-dessous de la coupe gĂ©nĂ©rale le dĂ©tail du velarium . Ces rideaux, lorsqu’ils Ă©taient repliĂ©s auprĂšs des poteaux, devaient former une espĂšce de draperie autour du monument ; c’est ce que le graveur a figurĂ© sur la mĂ©daille. L’ensemble du velarium devant flĂ©chir vers le centre par le poids considĂ©rable des toiles et des cĂąbles, il Ă©tait maintenu dans cette position lĂ©gĂšrement courbe par des cordages qui, partant de la circonfĂ©rence de la partie fixe et centrale, allaient s’attacher au mur du podium. Ce systĂšme gĂ©nĂ©ral de construction du velarium,, beaucoup plus simple que ceux qui ont Ă©tĂ© proposĂ©s par Carli, Stancovich et autres auteurs qui ont traitĂ© des amphithéùtres, a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© produit dans la description de l’amphithéùtre de NĂźmes, Ă  laquelle nous renvoyons pour plus de dĂ©tails. Le ColisĂ©e est trop ruinĂ© depuis longtemps pour qu’on ait pu Ă©tudier d’une maniĂšre certaine la maniĂšre dont les eaux pluviales Ă©taient dirigĂ©es pour Ă©viter leur sĂ©jour sur les gradins, dans les corridors situĂ©s au pied des murs de prĂ©cinction, sur le sol de l’arĂšne et dans toutes les parties de cet immense Ă©difice , oĂč elles auraient causĂ© de grands ravages si elles n’avaient Ă©tĂ© sagement dĂ©tournĂ©es dans des aqueducs. Trop de soin et de luxe avaient prĂ©sidĂ© Ă  sa construction, pour qu’on ne puisse avoir la certitude que l’architecte avait fait une Ă©tude toute particuliĂšre de ces dĂ©tails essentiels Ă  la conservation du monument. L’amphithéùtre de NĂźmes, si complet dans tous ses dĂ©tails , peut supplĂ©er pour ce qui manque au ColisĂ©e ; on peut juger par lui que, si, dans les colonies, l’intelligence de l’architecte savait tout prĂ©voir, celui qui fut chargĂ© par les empereurs Vespasien et Titus d’enrichir la capitale du plus beau et du plus vaste monument quelle ait jamais vu s'Ă©lever dans ses murs, sut se rendre digne de sa mission, en mettant tous ses soins Ă  en assurer la conservation, en harmonisant les dĂ©tails avec la conception gĂ©nĂ©rale. — BIBLIOGRAPHIE. — 1" Sue/onii Tranquilli C. opus de vilis XIl CƓsantm, etc, — in Vespasian cap. A'. 2° Cassiodori Aurel. opera var., L. IV. 3° SerlioSeb., Architettura, L. III; Venezia, 1551, in-4°. 4° Cuspiniani Comment, in Aur. ; BasileƓ, 1553. 5° Lipsii Justi, de amphithealris, AntuerpiƓ, 1621 , in-P, pl. fi» Montfaucon, l'AntiquitĂ© expliquĂ©e, t. 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Jhih\> * » ‱ ‱ ♩ /////'////// s=3 W 5 W ' Ăź ^ fcS-rtiĂźi iit^'fC-i ^mjfi»$itĂŻ' * m. vl s .* O Ci; t J ' p3 '*' - rH ^ J g a cb OS b f=i * pj fO — Î 3 s 5 s .irs mm- ssaai IR !.i , 1 in. HHiĂŻij !]^B &‱*& ij ÂŁv’ mm vit,... fl !‱ I S â–șy m ? tĂȘzs* tĂč r$2ÂŁ iĂźdOTÎE, - Italie td’S 'ĂŒa-toca/dr /e/ '/tfoe//.. CAXACALLA’S CI*.CBS,ĂÂ»EAK. ROM ~&rcs',tc homca/Zs / ĂŻwi/ .Xm-. Italien Italy . Italia Circo de Caracala cerca de lioma . lLdia rLC * X 7 U' et Modernes Par Pulcd iraPh THERMES D’ANTONIN CARACALLA Les thermes ne datent guĂšre que de l’époque impĂ©riale; les premiers sont attribuĂ©s Ă  Agrippa ; les successeurs d’Auguste multipliĂšrent tellement ces -vastes Ă©tablissements, que, sous Constantin, Rome n’en comptait pas moins de quinze principaux. Comme on y dĂ©ployait toute la magnificence architecturale et dĂ©corative qu’il Ă©tait possible de donner aux Ă©difices, les thermes peuvent en quelque sorte reflĂ©ter l’état de la civilisation du peuple romain Ă  l’époque oĂč chacun d’eux fut construit; aussi les voyons-nous, selon le plus ou moins d’harmonie de leur plan, dans le goĂ»t plus ou moins pur de leur dĂ©coration, suivre une marche corrĂ©lative Ă  celle de la civilisation et de la dĂ©cadence. Les thermes d’Antonin Caracalla furent construits par cet empereur, et achevĂ©s en 217, la quatriĂšme annĂ©e de son rĂšgne, sauf les portiques de l’enceinte, qui y furent ajoutĂ©s par HĂ©liogabale et Alexandre SĂ©vĂšre. SituĂ©s entre les murs de Rome et la voie Triomphale, ils occupent une immense superficie de 124,140 mĂštres carrĂ©s. Depuis l’époque oĂč ils furent abandonnĂ©s jusqu’à nos jours, ils eurent Ă  subir des dĂ©vastations incessantes ; et, comme ceux des riches Ă©difices antiques que le christianisme n’a pas protĂ©gĂ©s en se les appropriant, ils eurent moins Ă  souffrir des ravages du temps que de la main des hommes , qui, les convertissant en carriĂšres, les dĂ©pouillĂšrent de tous les matĂ©riaux prĂ©cieux qui entraient dans leur construction, enlevant non-seulement les statues et les cuves, mais encore les revĂȘtements et mĂȘme les colonnes privant ainsi les voĂ»tes de leurs soutiens, ils en occasionnĂšrent la chute. Aujourd’hui cet Ă©difice, construit de maniĂšre Ă  braver les siĂšcles, ne prĂ©sente plus qu’une masse de murs en blocage et en briques, dont de nombreux arcs en dĂ©charge et quelques restes d’enduits et de stucs rompent seuls la monotonie. Tous les dĂ©combres des parties supĂ©rieures recouvrirent le sol d’une couche Ă©paisse de 4 Ă  5 mĂštres environ , et conservĂšrent intactes jusqu’à nous les riches mosaĂŻques qui constituaient le pavement de ses salles; elles ne revirent le jour qu’en 1824 et 1825, lors des fouilles exĂ©cutĂ©es par le comte YĂ©lo d’abord, et continuĂ©es par l’AcadĂ©mie de France. Ces fouilles firent aussi connaĂźtre quelques parties basses des revĂȘtements qui avaient Ă©chappĂ© Ă  la rapacitĂ© des dĂ©vastateurs, et amenĂšrent la dĂ©couverte, au milieu des dĂ©combres, d’une foule de dĂ©tails d’architecture et de fragments de sculpture, tels que bases et chapiteaux, barriĂšres en marbre, grands fragments de colonnes, d’entablements, etc. DĂ©jĂ , Ă  plusieurs Ă©poques, on avait exhumĂ© de ces ruines de nombreuses sculptures qui attestaient la splendeur de l’édifice. Les thermes de Caracalla, comme la plupart de leurs analogues, se composaient d’une enceinte et d’un bĂ  timeut principal. L’enceinte prĂ©sente d’abord, du cĂŽtĂ© de la face principale et sur une partie des deux latĂ©rales, deux Ă©tages composĂ©s chacun de cinquante-six petites salles a, destinĂ©es Ă  servir de bains particuliers ; on pense gĂ©nĂ©ralement qu’elles Ă©taient rĂ©servĂ©es aux femmes ; elles Ă©taient prĂ©cĂ©dĂ©es d’une antichambre et d’un portique; plusieurs escaliers b, rĂ©servĂ©s de distance en distance, donnaient accĂšs au premier Ă©tage et au sol principal des thermes. Des acadĂ©mies c, des salles de confĂ©rences d, Ă©taient Ă©tablies dans les endroits les plus Ă©loignĂ©s du bruit ; des palestres e, des portiques y Ă©taient rattachĂ©s ; un vaste xyste g, des gymnases et des promenades plantĂ©es d’arbres h, isolaient le bĂątiment principal. Le cĂŽtĂ© nord-est de l’enceinte Ă©tait en majeure partie occupĂ© par un immense rĂ©servoir f Ă  deux Ă©tages, subdivisĂ©s chacun en trente-deux compartiments, et alimentĂ© par les eaux de l’aqueduc Antonin. A la premiĂšre inspection du plan du bĂątiment principal, on voit qu’il prĂ©sente dans sa distribution trois masses distinctes, sĂ©parĂ©es par deux pĂ©ristyles dĂ©couverts A ; dans celle du milieu, de beaucoup la plus considĂ©rable, se trouvent les trois salles les plus importantes sous le rapport de l’étendue, de la destination et de la magnificence. Huit portes, suivies chacune d’un vestibule, donnent accĂšs dans l’intĂ©rieur de l’édifice, quatre sur la face principale, et deux sur chacune des faces latĂ©rales. A cĂŽtĂ© de ceux marquĂ©s B se trouvaient plusieurs petites piĂšces la plus grande, celle du milieu, marquĂ©e C sur notre plan, Ă©tait l'apodyterium, lieu oĂč l’on quittait ses vĂȘtements, que des esclaves gardaient dans ceux marquĂ©s D ; la piĂšce E ou elƓolhesium renfermait les parfums , celle F nommĂ©e conislcrium servait de dĂ©pĂŽt Ă  la fine poussiĂšre dont se couvraient les lutteurs. Ces vestibules, au fond desquels Ă©tait une salle G rĂ©servĂ©e pour la conversation, Ă©taient mĂ©nagĂ©s Ă  droite et Ă  gauche du frigidarium H, grand espace dĂ©couvert, presque entiĂšrement occupĂ© par une immense piscine, autour de laquelle on voit des niches destinĂ©es Ă  servir de lieu de repos pour les nageurs ; elle Ă©tait dĂ©corĂ©e de huit colonnes adossĂ©es de grande dimension, formĂ©es de granit ; et quatre autres en albĂątre oriental fermaient ses extrĂ©mitĂ©s sur les vestibules ; une large ouverture donnait entrĂ©e dans la grande salle centrale I, Ă©tablie au milieu de l’édifice et sur ses deux axes. Cette derniĂšre, dont nous donnons une vue dans son Ă©tat actuel, servait de xyste couvert ; le bain tiĂšde s’y prenait dans de vastes cuves Ă©tablies dans quatre grandes niches fermĂ©es; huit Ă©normes colonnes adossĂ©es en granit, et d’ordre composite, soutenaient trois immenses — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — voĂ»tes d’arĂȘte; son intĂ©rieur Ă©tait de la derniĂšre magnificence, les stucs et les marbres les plus prĂ©cieux y Ă©taient rĂ©pandus Ă  profusion sur les voĂ»tes, sur les murs et sur le sol. À chacune des extrĂ©mitĂ©s de cette salle, et sĂ©parĂ©es par quatre colonnes, il s’en trouvait deux autres J K , oĂč se tenaient les spectateurs des exercices. Un autre tepidarium L servait de prĂ©paration au bain chaud, qui se prenait dans le caldarium M, vaste salle circulaire de prĂšs de 35 mĂštres de diamĂštre, percĂ©e de huit grandes ouvertures fermĂ©es par deux colonnes qui formaient des espĂšces de niches, dans chacune desquelles Ă©tait une cuve de matiĂšre prĂ©cieuse; Spartien l’appelle cella solearis, parce que sa saillie en dehors de l’alignement gĂ©nĂ©ral lui procurait l’avantage d’ĂȘtre Ă©chauffĂ©e par les rayons du soleil ; de son temps elle Ă©tait Ă  juste titre renommĂ©e, et considĂ©rĂ©e comme un chef- d’Ɠuvre sa voĂ»te surtout, qui devait avoir la forme d’une coupole, Ă©tait le sujet principal qui provoquait l’admiration. AprĂšs avoir pris le bain chaud, on revenait par gradation au bain froid, en passant dans des tepidaria N Ă©tablis Ă  droite et Ă  gauche, puis dans une cella frigidaria O ; un autre petit tepidarium. P servait de prĂ©paration aux chaleurs brĂ»lantes du sudatorium Q. Les deux vestibules R qui sĂ©paraient des bibliothĂšques S conduisaient, ainsi que les entrĂ©es latĂ©rales, dans les pĂ©ristyles, autour desquels se trouvaient un exĂšdre T pour les confĂ©rences philosophiques, une salle dĂ©couverte U pour les exercices du corps, un frigidarium V dĂ©couvert aussi, et des ephebea W, lieux destinĂ©s Ă  l'Ă©ducation des jeunes gens. Certains espaces marquĂ©s X Ă©taient rĂ©servĂ©s pour des cours de service ; dans celles qui Ă©taient les plus Ă©loignĂ©es de la salle circulaire et auprĂšs des sudatoria , se trouvaient un rĂ©servoir et le propnigeum de vastes hypocaustes qui, circulant sous le sol, Ă©chauffaient les sudatoria, les tepidaria et le caldarium; le pavement de ces salles Ă©tait, en consĂ©quence, supportĂ© et isolĂ© par de nombreux piliers en briques. Les thermes de Caracalia, comme tous les Ă©difices d’une immense Ă©tendue, sont construits avec tous petits matĂ©riaux; les murs, trĂšs-Ă©pais, sont en emplecton revĂȘtu de briques dont la forme triangulaire assurait la parfaite liaison du parement avec le corps du mur ; et, pour lui donner encore plus de soliditĂ©, on avait Ă©tabli avec de grandes briques carrĂ©es un certain nombre d’assises prenant toute l’épaisseur de la construction. Des enduits Ă©pais avaient Ă©tĂ© Ă©tendus sur toute la surface apparente des murs. Les voĂ»tes, construites en blocage de pierre ponce, afin d obtenir le plus de lĂ©gĂšretĂ© possible, Ă©taient doublĂ©es intĂ©rieurement d’un ou deux rangs de grandes briques posĂ©es Ă  plat ; le dessus, formant terrasse, Ă©tait recouvert d’une couche de ciment extrĂȘmement dur de 0 m ,30 d’épaisseur, dans lequel Ă©taient incrustĂ©es des mosaĂŻques. La dĂ©coration de ces constructions Ă©tait d’une grande richesse ; Ă  l’extĂ©rieur, sur la façade d’entrĂ©e et sur les faces latĂ©rales, elle consistait en enduits de stucs peints ; sur celle regardant le xyste, ces peintures Ă©taient remplacĂ©es par de riches mosaĂŻques en pĂąte de verre, dont il reste encore des vestiges. Les salles de l’enceinte Ă©taient pavĂ©es en marbre blanc, et celles du bĂątiment principal en marbres de diverses couleurs ou en mosaĂŻques ces derniĂšres se trouvaient en gĂ©nĂ©ral dans les piĂšces sous lesquelles passait l’hypocauste. Les murs Ă©taient revĂȘtus de compartiments en marbre jusqu’à la naissance des voĂ»tes, dont la surface entiĂšre Ă©tait dĂ©corĂ©e de stucs. Les matiĂšres les plus prĂ©cieuses et les plus variĂ©es concouraient Ă  cette dĂ©coration intĂ©rieure parmi les principales nous citerons les marbres blanc, vert africain, gris africain, jaune antique, porta-santa, paonazetto; les porphyres rouge et vert, l’albĂątre oriental, etc. Les colonnes, toutes monolithes, Ă©taient en granit rouge ou gris, en porphyre, en marbre jaune antique, ou en albĂątre oriental. La parfaite rĂ©gularitĂ©, l’harmonie et l’excellence de la distribution du plan des thermes de Caracalia, en font un Ă©difice qui se recommande Ă  l’étude des architectes modernes, qui y trouveront plus d’un modĂšle Ă  suivre. Appartenant encore aux beaux temps de l’art romain, ce monument fut Ă©rigĂ© Ă  une Ă©poque oĂč cependant il tendait dĂ©jĂ  vers la dĂ©cadence; sa construction en petits matĂ©riaux, la profusion de la dĂ©coration rĂ©pandue sur presque toutes les moulures, la richesse et la variĂ©tĂ© extrĂȘme des marbres, la complication des pavements, les façades extĂ©rieures enrichies de stucs et de mosaĂŻques, et non pas de membres d’architecture, en sont autant d’indices certains; l'ordre composite des chapiteaux, quoique issu d’une idĂ©e heureuse et ingĂ©nieuse, sans ĂȘtre prĂ©cisĂ©ment une Ɠuvre de dĂ©cadence, fut une des causes qui la prĂ©parĂšrent et l’introduisirent dans cette partie delĂ  sculpture d’ornement, en donnant l’essor Ă  une licence qui n’eut bientĂŽt plus de bornes. En somme, ces thermes mĂ©ritent d’ĂȘtre Ă©tudiĂ©s non-seulement sous le point de vue archĂ©ologique, mais encore sous celui de l’architecture, Ă  qui ils offrent plus d’un modĂšle d’un goĂ»t pur et Ă©clairĂ©. — BIBLIOGRAPHIE. — 1* Montfaucon. L’AntiquitĂ© expliquĂ©e. 5 vol. pet. in-fol., Paris, 1719. 2° CamĂ©ron. Description des bains des Romains, iu-fol., Londres, 1772. 3° Palladio. Les Thermes des Romains. In-fol., Vicence, 1785. i° Q. de Quincy. Dict. d’Arcliitecture, art. Bains et Thermes. 5° A. Blouet. Restauration des thermes d’Anlouin Caracalia Ă  Rome. In-fol., Paris, 1828. 6° Canina. Architettura antica, partie romaine. Roma, 1834 Ă  184.. WÊMS. J II II il i +++++.++ . .. 0 T* +++++++ 1 wmm L QaS^^^aS [m 4 5BSi2d2J Ka& Burv sculp* a apres Blouet Ammidru del tmiĂȘ mw'tËñ iD^Enrsmrf CAMAC&ĂŻLiL&. a ,& aioao! ; \ . ,J ' ; ËT'ZS^ ! i 4 a^ i i .t^i h- Ăźri^W! 11 ’ÉMtgĂ» mĂź?È$k MjtP SĂŒ* ^Ç6r*v ^ RitV frWiĂą&"Kft '^‱rvi^ rA 'j mm r ĂŻiiiiTiai'iijgj jSSKSSM^rJ 1^ Vvi/.vt i 1 &*=***&! Ifo-fftlAJP-J J- A.. Levejl. Ăąel. Burv et Ribault ac , ^ AIBKC 101E ,/&. 'ty/////unjp/wunsju^ l ^$ / 7 m > Details SJÏIFTmiE SET^M A ÎFiUtfïïÆ . Details ARClffl DIP SE1PTIM1IÜS SEVIE3RUJ S, ifĂȘ©MIfi ^rco de Seplimo ^Severo en Roma.. tDrtalUs Partit aine nie , ^ A nacns. u Modernes Par' JiUes GaiikataĂŻut MURS DE POMPEI ET DE FALERIE De tous les monuments d’une ville, les plus anciens, et quelquefois les mieux conservĂ©s, sont ordinairement ses murailles premiĂšres constructions monumentales, dont le besoin se soit fait sentir, la soliditĂ© qu’on leur donnait, le soin qu’on prenait de les tenir en bon Ă©tat par des rĂ©parations continuelles, leur ont fait, pour la plupart, traverser un grand nombre de siĂšcles. Parmi celles de l’Italie, les murailles de PompĂ©i et de FalĂ©rie, dont nous allons parler, ne sont ni les moins bien conservĂ©es, ni les moins intĂ©ressantes. PompĂ©i, cette ville dont l’ensevelissement subit nous fait voir aujourd’hui les mƓurs antiques, prises en quelque sorte en flagrant dĂ©lit, prĂ©sente, par ce fait mĂȘme, une enceinte des plus complĂštes et des mieux conservĂ©es; les fouilles exĂ©cutĂ©es sous l’influence française pendant les annĂ©es 1812 et 1813, l’ont entiĂšrement dĂ©gagĂ©e des cendres qui la recouvraient. Comme on le verra plus loin, sa construction premiĂšre remonte au temps des Osques, ou au moins Ă  celui des premiers colons grecs qui ne tardĂšrent pas Ă  les rebĂątir dans un style presque aussi archaĂŻque, en conservant toutefois, en majeure partie, la base des murs primitifs peut-ĂȘtre mĂȘme ne firent-ils que continuer l’Ɠuvre commencĂ©e par les Osques. A l’époque de la guerre sociale, on augmenta ces fortifications ; mais cette ville, forcĂ©e de se soumettre aux volontĂ©s de Sylla, fut dĂ©mantelĂ©e par ses ordres, et reçut une colonie romaine. Plus tard, lorsque Ă©clata la guerre civile occasionnĂ©e par la rivalitĂ© de CĂ©sar et de PompĂ©e, son enceinte dĂ©labrĂ©e fut remise en Ă©tat de dĂ©fense et munie de tours; elle ne dut ĂȘtre abandonnĂ©e dĂ©finitivement que sous Auguste, lorsque la pacification complĂšte du monde d’alors l’eut rendue inutile. Cette enceinte, aujourd’hui plus ou moins ruinĂ©e et mĂȘme dĂ©molie presque totalement du cĂŽtĂ© du port, oĂč les Romains avaient Ă©levĂ© de grandes et belles maisons sur son emplacement, formait autour de PompĂ©i une ceinture de forme ovale ne prĂ©sentant pas d’angles bien prononcĂ©s, conformĂ©ment aux principes indiquĂ©s par Vitruve. Elle se compose d’un terre-plein terrassĂ© compris entre deux murs; celui donnant sur la campagne, de 8 m ,12 de haut, est lĂ©gĂšrement Ă©levĂ© en talus sur une base de quatre ou cinq assises Ă©tablies par retraites successives. Le mur intĂ©rieur surpassait le premier d’une hauteur d’environ 2m,60 dans les parties de l’enceinte regardant le nord et l’ouest, faisant ainsi agger au-dessus du rempart; il Ă©tait renforcĂ© du cĂŽtĂ© de la ville par de nombreux contre-forts; l’épaisseur de ce rempart, compris les deux revĂȘtements, Ă©tait de 4ℱ,55. Six portes, placĂ©es en retraite du rempart pour en rendre l’approche plus difficile, donnent encore entrĂ©e Ă  la ville de PompĂ©i les unes prĂ©sentent une simple arcade, d’autres sont accompagnĂ©es de petites portes Ă  l’usage des piĂ©tons ; elles sont tout aussi dĂ©labrĂ©es que le rempart cependant toutes, ou Ă  peu prĂšs, conservent encore leurs voĂ»tes; leur dĂ©coration, Ă  en juger par ce qui en reste, devait ĂȘtre extrĂȘmement simple, et consister presque uniquement en un appareil feint, tracĂ© dans l’enduit qui les recouvrait. Sur la partie de l’enceinte qui existe aujourd’hui, c’est-Ă -dire, sur les trois quarts environ de son dĂ©veloppement primitif, on voit douze tours de forme carrĂ©e de 8 m ,00 de large sur 9 m ,75 de profondeur, offrant une saillie de 2 m ,25 en avant du mur. Elles renfermaient trois Ă©tages superposĂ©s dans le premier, Ă©tabli au niveau de la campagne, s’ouvrait une poterne; l’étage intermĂ©diaire Ă©tait percĂ© de meurtriĂšres pour la dĂ©fense le troisiĂšme enfin, de plain-pied avec le rempart, donnait accĂšs sur les courtines, et Ă©tait recouvert d’une voĂ»te terminĂ©e par une plate-forme d’oĂč l’on dominait l’escalier qui desservait ces divers Ă©tages ; cet escalier, large et en rampe douce, Ă©tait Ă©tabli dans la partie postĂ©rieure de la tour. Tous les murs des tours et des courtines Ă©taient couronnĂ©s de crĂ©neaux ; derriĂšre ceux de l 'agger, qui semblent au premier abord n’ĂȘtre qu'une fortification fictive destinĂ©e Ă  rendre l’aspect gĂ©nĂ©ral plus formidable, Ă©tait Ă©tabli un plancher volant, posĂ© sur les contre-forts intĂ©rieurs. Les merlons des crĂ©neaux de la courtine la plus basse se retournent intĂ©rieurement, comme on peut le voir Ă  la figure que nous en donnons, de maniĂšre Ă  prĂ©server le flanc gauche du combattant. Les murs de PompĂ©i sont bĂątis en blocs de grand appareil, posĂ©s Ă  cru sans aucun mortier; ceux de la base, formant retraites, sont en travertin ; les assises Ă©tablies au-dessus, ainsi que tout le mur intĂ©rieur, sont en peperino; les moellons des rĂ©parations exĂ©cutĂ©es pour fermer les brĂšches, et ceux des tours, sont en tuf. La base du mur extĂ©rieur, construction d’une haute antiquitĂ© qu’on retrouve dans la majeure partie de cette enceinte, est composĂ©e de pierres frĂ©quemment taillĂ©es en crossettes ; c’est-Ă -dire que leurs lits infĂ©rieurs ou supĂ©rieurs, et quelquefois tous les deux ensemble, Ă©tablis sur deux plans diffĂ©rents, mais parallĂšles, venaient s’encastrer dans des entailles de forme inverse, faites dans les pierres contre lesquelles elles venaient s’appliquer. Cette disposition ne se retrouve guĂšre que dans les plus anciens appareils grecs, dans ceux qui succĂ©dĂšrent immĂ©diatement au dernier mode de construction pĂ©lasgique toutes ces raisons nous font considĂ©rer cette partie infĂ©rieure du rempart comme datant des premiers temps de PompĂ©i et appartenant aux Osques. Nous en trouvons encore une preuve plus convaincante dans les marques et les signes que prĂ©sentent un grand — style grĂ©co-romain. — nombre de pierres. L’usage de ces marques, gravĂ©es par les ouvriers pour distinguer l’ouvrage de chacun, prĂ©caution si usitĂ©e au moyen Ăąge, remonte, comme on le voit, Ă  la plus haute antiquitĂ©; ellĂ«s se rencontrent en beaucoup d’endroits, et particuliĂšrement dans les environs de la porte dite aujourd’hui du Sarno, oĂč se trouve mĂȘme une inscription entiĂšre; elles sont gĂ©nĂ©ralement formĂ©es de lettres osques, ou appartenant au plus ancien alphabet grec. Quant Ă  l’appareil de la partie la plus considĂ©rable de ce mur extĂ©rieur, celle lĂ©gĂšrement Ă©tablie en talus, son analogie frappante avec celui des murs de Rome, bĂątis par Servius Tullius, nous le fait rapporter Ă  la mĂȘme Ă©poque ; purement grec, il porte encore certains caractĂšres d’archaĂŻsme qui justifient, selon nous, la date que nous lui assignons 576 Ă  532 av. J. C.. ComposĂ© de mĂȘme de blocs de dimensions diverses, et posĂ©s aussi Ă  sec, Ă  joints bien fins, et taillĂ©s avec une prĂ©cision remarquable, il offre dans la plupart de ses joints montants une obliquitĂ© caractĂ©ristique qui donne au parement de chaque pierre la forme d’un trapĂšze, et non pas celle d’un parallĂ©logramme. Quant Ă  l’appareil de l'agger Ă©levĂ©, selon nous, au temps de Sylla, il offre la mĂȘme disposition que ceux des constructions romaines de la fin de la rĂ©publique tenant encore quelque peu de celui des Grecs, qui avait Ă©tĂ© son point de dĂ©part, il est taillĂ© en paral- lĂ©lipipĂšdes rĂ©guliers d’assez grandes dimensions et posĂ©s aussi Ă  sec, comme ce fut toujours l’habitude des constructeurs de l’antiquitĂ© pour des matĂ©riaux de ce genre. Les rĂ©parations des brĂšches et la construction des tours, leurs contemporaines, sont faites en petits matĂ©riaux pour les premiĂšres, on a fait usage d’un opus incertum noyĂ© dans un bain de mortier ; pour les tours, on a employĂ© un petit appareil taillĂ© plus ou moins rĂ©guliĂšrement, cimentĂ© en mortier, et auquel se trouvent mĂȘlĂ©es quelques briques; tout, dans ces derniĂšres constructions, indique une grande prĂ©cipitation. Nous n’entrerons ici dans aucune dissertation au sujet de ces divers modes de construction, qui appuient suffisamment ce que nous avons dit dans nos prĂ©liminaires historiques; ce serait sortir du cadre dans lequel nous devons nous renfermer. Cette enceinte, qui, avec l’artillerie, les moyens et l’expĂ©rience que nous possĂ©dons aujourd’hui, suffirait Ă  peine pour mettre une ville Ă  l’abri d’un coup de main, devait, au temps de la rĂ©publique romaine, ĂȘtre suffisamment forte pour rĂ©sister Ă  un siĂšge en rĂšgle. Une autre enceinte antique, celle de FalĂ©rie, quoique un peu moins ancienne que la plus grande partie de celle de PompĂ©i, puisqu’elle paraĂźt dater du temps des premiers consuls romains, offre aussi un grand intĂ©rĂȘt. Cette muraille, Ă©levĂ©e d’un seul jet sans rĂ©parations postĂ©rieures importantes, est arrivĂ©e jusqu’à nous aussi solide qu’au temps des Étrusques, ses fondateurs ; elle n’a souffert d’autres dĂ©gradations que celles que les hommes y ont faites en en extrayant des pierres pour des constructions privĂ©es. Elle est construite en grands blocs posĂ©s Ă  sec, et taillĂ©s en parallĂ©lipipĂšdes rectangles ; un grand nombre d’entre eux, comme ceux que les Grecs nommaient SiĂą-covot, Ă©taient posĂ©s en boutisses, et prenaient toute l’épaisseur du mur. Une porte d'un style remarquable, ouverte dans la face orientale de la ville, prĂ©sente une ouverture Ă  plein cintre, ornĂ©e d’une archivolte d’un profil simple, composĂ© d’un talon surmontĂ© d’un cavet, et reposant sur une imposte formĂ©e d’une grande moulure en talon; cette imposte ne se poursuit pas au delĂ  de la retombĂ©e de l’archivolte, et est profilĂ©e Ă  ses deux extrĂ©mitĂ©s. La porte est appareillĂ©e en voussoirs extradossĂ©s, taillĂ©s rĂ©guliĂšrement et avec une grande prĂ©cision; l’archivolte est formĂ©e de pierres sĂ©parĂ©es, indĂ©pendantes de la construction du mur, et Ă©pousant la forme cintrĂ©e de l’extrados de l’arc; ses moulures sont coupĂ©es au-dessus de la clef de l’arcade par une tĂšte saillante sculptĂ©e en ronde-bosse, semblable, comme disposition et comme caractĂšre, Ă  celles que l'on voit sur d’autres portes Ă©trusques Ă  Tarquinies et Ă  Yolterra. A droite et Ă  gauche de la porte de FalĂ©rie, se trouve une tour carrĂ©e destinĂ©e Ă  en dĂ©fendre l’approche. Dans l’épaisseur du tableau de cette porte, on voit une feuillure carrĂ©e, qui a dĂ» recevoir une fermeture en façon de herse. Dans la partie mĂ©ridionale de l’enceinte de FalĂ©rie, se trouve une autre porte qui n’est qu’une simple ouverture Ă  plein ciutre pratiquĂ©e dans la muraille. Le bel aspect et la soliditĂ© apparente de ces murs, soliditĂ© prouvĂ©e d’ailleurs par leur Ă©tat actuel, sont des conditions dans lesquelles il serait Ă  dĂ©sirer qu’on se fĂ»t toujours renfermĂ© ; la porte surtout est remarquable par la puretĂ© de son style, qui prouve en mĂȘme temps et le talent des artistes Ă©trusques, et la liaison intime de leurs arts avec ceux des Grecs primitifs, avec lesquels ils marchĂšrent de pair pendant longtemps. — BIBLIOGRAPHIE. — 1° Q. de Quincy. Dict. d’Architecture- 3 vol. in-4°, Paris, 1788 Ă  1825. 2° Mazois. Ruines de PompĂ©i. 2 v. en 4 part., gr. in-fol., Paris , 1824 Ă  1838. 3° W. Gell. Pompeiana. 2 vol. gr. in-8°, Loudres, 1832. 4° Canina. Ârchilettura antica , partie grecque. 2 vol. in-8° et p!., Roma, 1834-37. 5° Canina. Architettura antica, partie romaine. 2 vol. in-8° et pl., 1837 Ă  184.. k. $ -Ăź ‱f* $S— >& Afil Ăżii>!44’ JELIBM WW iĂŒĂąlSiaBĂąaaĂŒi jo MĂštres. 1111 111111 Echelle- du, Plan,. J M l - Echelle, de- lElĂ©vation . L D AprĂšs Edmond Prestat Eury scalps. nsi-n-'/f/tm Jfia'/rl/t. Italien . f . Modernes. IPƒIRTE lËT HOJlPiS ItfƒÏTCEIIiyTlE IDIÊ ĂŻ'AILÏÏIfaiË Italie ©ATS Aßß 3 WAILILÏÏ €>W IP AI* IË Ht I ÂŁ Ilaly. Puerta v unira 11 a de reeinto de Faleria ./'/talĂŻ* ! vs'-ĂŻTt? f' e/r fer?7 a i Ce monument prĂ©cieux, et d’un trĂšs-beau style quant Ă  la sculpture, fait connaĂźtre les traits de Caius Çestius, et son costume est probablement celui des - Ă©pulons; il se compose d’une ample toge qu’il soutient de la main gauche ; dessous est une tunique plus longue que celle qu’on portait ordinairement; elle descend jusqu’à terre, et les manches couvriraient une grande partie des bras, si elles n’étaient retroussĂ©es Ă  la hauteur du coude. Lorsque l’empereur AurĂ©lien Ă©loigna les murailles de Rome pour comprendre dans l’enceinte le mons Tes- taceus, aujourd’hui Testaccio , les portes Trigemina, Minucia , Navalis et Lavernalis devinrent inutiles, et on construisit celle d’Ostie, porta Ostiensis, nommĂ©e depuis porte Saint-Paul; elle fut Ă©tablie auprĂšs de la pyramide de Caius Cestius, et le mur d’enceinte s’appuya sur ce monument. — BIBLIOGRAPHIE. — 1” Bartoli. Sepolcri antigui. Rome, 1699, in-P, pl. 2° Montfaucon. L’antiquitĂ© expliquĂ©, t. V. FunĂ©railles des Grecs et des Romains, Paris, 1719. a 0 vasi. ItinĂ©raire de Rome. 178c, Rome, i»-l2. 4° Nibby. ItinĂ©raire de Rome d’aprĂšs l’état actuel des monuments. Rome, 1824. 5” Canina. Architettura antica partie romaine, 3 vol. in-f", pl. l. .. . Cf f-f 8 §§ ^üÎÆBa^sWB lpf „,‱ ĂŻflgÉÏÆ* f^Vj if 1 ' ĂŻ>'ĂŻ> ĂźWjV /ĂŻf'v'Æÿ çg^sfii U ’ 1 \ ;lSp?, Ù'^VV' em >v 'mMĂŻ'ĂŻ&yĂŻj JA H mm ÿ„-S^t 3 &ÜÊ& jĂżJS emms mmmm r B V I I I I 1 ! 1 ! mimm J W w /'/// >’ rZ'prf^ WtSSS 2 feĂ© 'te' SÉpiat ?tÉP WMĂ  f'44%\ assss^ Hlg Fiq-i. J- A. Leveil del. /’'///. ĂŽ H-f- Pchellr pour le P/an . I i l t f T I I I I I jr . j i J t J jo JBftreo I^che/le- po^ir la lou^r- J 7 */;/. Ăč\ BurĂż rulp. 'tf v*' cƓj&ĂŻ/- -/t&Pr&ĂŒc Details. T© 3 a 3 B 3 S^.UĂŻ . x^ fPs&rrz.. BU SAĂŻus^casTrrirBi, DĂ©tails. A TMB OF CAttUS-CE&TÏÏUS, AT BOMEo TiBISlio 4rrrrr- Ă©Ca/st', flparĂčtaincnle. ’ninnen/.r Anr/vu- erjfoe/rr. SĂ©pulcre ! ' rM*-V iSitOtu; il-f*' ^ - j &‱ ĂŻj ĂŻ u- mmmm Ă«f Js 4 l-S* IP ?ÂŁ - ? fc ĂŒvi .1 i > 'i- limĂżf&i aĂ«pa \\'ĂŒ " j- »W w&ym 'içSjjsçefigjfa hifiS x /tĂąsE^. wHaNÊ^s mm irnmm ‱ 'Unv. \*mt ' f%Êsm ' n». -j;. '-. ' ' tms-m il TOMBEAU DE CÉCILIA MÉTELLA, PRES DE ROME. La via Appia, la plus magnifique de toutes celles que construisirent les Romains, fut commencĂ©e par Appius Claudius, censeur; Jules CĂ©sar la rĂ©para ; Auguste, Vespasien, Domitien et Nerva l’étendirent, dessĂ©chĂšrent les marais Pontins; Trajan la continua jusqu’à BĂ©nĂ©vent et Brindes. Cette route cĂ©lĂšbre offrait sur ses deux revers les tombeaux des familles romaines et des personnages les plus illustres; on en suit encore les ruines jusqu’à Albano. C’est au milieu de ces restes de la magnificence de Rome que s’élĂšve le tombeau de CĂ©cilia MĂ©tella, le plus beau et le mieux conservĂ© de tous ces monuments funĂšbres. Comme on l’apprend par une inscription en marbre placĂ©e dans la partie supĂ©rieure du mausolĂ©e, MĂ©tella Ă©tait fille de Q. CĂ©cilius MĂ©tellus, surnommĂ© Creticus Ă  l’occasion de ses victoires dans l’üle de CrĂšte, qu’il soumit Ă  la puissance romaine; elle avait Ă©pousĂ© Crassus le triumvir. Les constructions se composent d’abord d’un soubassement carrĂ© , Ă©tabli pour obvier aux inĂ©galitĂ©s du terrain et faire une base solide Ă  la partie principale du monument, qui est de forme circulaire. Le diamĂštre est de 28 mĂštres G4 centimĂštres, l’épaisseur des murs est de 10 mĂštres; une chambre occupe le centre elle est ronde, et ses parois se rapprochant Ă  mesure qu’elles s’élĂšvent, donnent Ă  penser que la piĂšce, lorsqu’elle Ă©tait complĂšte, avait la forme d’un cĂŽne, dont le sommet s’élevait au-dessus du monument, Ă  l’instar des tombeaux Ă©trusques, des nouraghes de la Sardaigne, et du monument funĂšbre qui se voit encore Ă  Albano, et qu’on nomme vulgairement le tombeau des Uoraces. Sous le pontificat de Paul III, on trouva dans cette chambre circulaire la belle urne sĂ©pulcrale de CĂ©cilia MĂ©tella , dessinĂ©e Ă  la fig. 3 ; elle est en marbre et de forme ovale. Une base richement ornĂ©e porte la tombe, qui est cannelĂ©e; deux tĂȘtes de chevaux dĂ©corent la face principale. Un couvercle enrichi de mĂ©andres, de consoles et de rinceaux couvre ce cercueil voir la coupe lig. 4, qui fut transportĂ©, Ă  l’époque de sa dĂ©couverte , dans la cour du palais FarnĂšse, oĂč il est encore aujourd’hui. A l’extĂ©rieur, le monument prĂ©sente une masse imposante, construite en morceaux de travertin d’une grosseur prodigieuse; toute la partie circulaire est divisĂ©e en assises rĂ©glĂ©es, dont les joints sont profondĂ©ment tracĂ©s. Au-dessus, Ă  la hauteur de 12 mĂštres, rĂšgne une belle frise en marbre, dont un dĂ©tail est gravĂ© sur la planche 2 , fig. l re . Cette frise comporte une suite de tĂštes de bƓufs dessĂ©chĂ©es ou bucrĂąnes, reliĂ©es deux Ă  deux par d’amples guirlandes de fleurs et de fruits attachĂ©es par des bandelettes; de belles rosaces trĂšs-saillantes se dĂ©veloppent au-dessus des guirlandes cette frise a fait donner au tombeau le nom vulgaire de Capo-di-Bove , tĂȘte de bƓuf. Sur la partie du monument qui est dirigĂ©e vers la via Appia, et au-dessus de l’inscription de CĂ©cilia MĂ©tella, la frise s’élargit aux dĂ©pens de la derniĂšre assise horizontale, pour laisser place Ă  des trophĂ©es militaires, qui se composent chacun d’un casque placĂ© au-dessus d’un paludamentum ou chlamyde militaire, et de deux grands boucliers richement dĂ©corĂ©s. L’un de ces boucliers a la forme d’un losange tronquĂ© par les extrĂ©mitĂ©s ; l’autre est ovale. Au pied des trophĂ©es sont assis des prisonniers de guerre presque nus et enchaĂźnĂ©s. Ces insignes militaires furent sans doute placĂ©s ici pour rappeler les exploits du pĂšre et de l’époux de CĂ©cilia MĂ©tella. Entre ces marques de triomphe Ă©tait sculptĂ©e une femme assise, de grande dimension, et qui est aujourd’hui presque entiĂšrement dĂ©truite. Une corniche, d’un dessin sĂ©vĂšre, surmonte la frise du tombeau dans toute sa circonfĂ©rence [pi. 2, fig. l re ; elle porte une assise qui forme acrotĂšre, et devait servir d’appui au sommet de la construction, lorsque, selon toutes les apparences, le monument Ă©tait surmontĂ© d’une plantation de cyprĂšs, comme il y en avait, daprĂšs le rĂ©cit de Strabon, sur le mausolĂ©e d’Auguste. En effet, la grande Ă©paisseur des murailles du tombeau de CĂ©cilia MĂ©tella doit faire admettre qu’elles portaient des plantations , au centre desquelles s Ă©levait le cĂŽne qui couvrait la chambre sĂ©pulcrale. A la fin de la rĂ©publique, lorsque ce monument fut construit, le marbre commençait Ă  peine Ă  s introduire dans les constructions, Ă©tablies jusque-lĂ  uniquement en pierre ou en briques. Ici toute la frise, le bas-relief qui contient les trophĂ©es, l’inscription et l’urne de CĂ©cilia MĂ©tella sont en marbre blanc, et font prĂ©voir le luxe qui devait bientĂŽt s’introduire Ă  Rome , non-seulement dans les monuments publics, mais aussi dans les constructions commĂ©moratives que les particuliers Ă©levaient Ă  leur gloire ou Ă  leur vanitĂ©. Ce tombeau est donc — STYLE GRÉCO-ROMAIN. — un de ceux, fort rares aujourd’hui, qui indiquent cette transition de la simplicitĂ© rĂ©publicaine Ă  la magnificence sans bornes de la pĂ©riode impĂ©riale. Au commencement du quatorziĂšme siĂšcle, le pape Boniface VIII, de la famille GaĂ«tani, Ă  l’ocoasion des guerres civiles qui dĂ©solaient alors la pĂ©ninsule italique, fit construire , en travers de la voie Appia, une forteresse ou petit chĂąteau militaire qui le rendait maĂźtre des communications par cette route, puisqu’il fallait traverser le chĂąteau pour entrer Ă  Rome de ce cĂŽtĂ© une chapelle dans le style ogival s’éleva dans l’enceinte du fort; elle existe encore, ainsi que des habitations sur les portes desquelles on voit les armes de la famille GaĂ«tani. Les murs crĂ©nelĂ©s du chĂąteau formaient un circuit assez Ă©tendu que Ton peut suivre, et ils venaient se relier au tombeau de CĂ©cilia MĂ©tella. La solide construction de cette sĂ©pulture la fit convertir en tour principale ou donjon du chĂąteau fort ; c’est alors que furent ajoutĂ©s le mur de briques qui en augmente la hauteur, ainsi que les crĂ©neaux nombreux qui font le tour du couronnement moderne ; l’aspect militaire qui se lie au caractĂšre funĂ©raire du monument antique ne contribue pas peu Ă  la physionomie pittoresque que prend l’édifice, de quelque cĂŽtĂ© qu’on l’examine. De plus, il fut Ă©levĂ© sur une colline que traverse la route, de sorte que la vue s’étend sur Rome et sur la campagne environnante, dans une des parties oĂč elle offre l'aspect le plus variĂ© par les mouvements du terrain et par les nombreuses constructions antiques ou modernes qui y sont rĂ©pandues. — BIBLIOGRAPHIE. — 1 “ Barloli. Sepolcri antiqui. Rome, 1699, in-P, pl. 2° Montfaucon. L’antiquitĂ© expliquĂ©e, t. V. FunĂ©railles des Grecs et des Romains. Paris, 1719. 3” Vasi. ItinĂ©raire instructif de Rome, 1786. 2 vol. in-I2. 4° Nibby. itinĂ©raire de Rome d’apres l’état actuel des monuments Rome, 1824. 5° Canina. Architetlura antica partie romaine, 3 vol. in P, pl. KsbSI'j r- $ÂŁ0fbi'Ă© wrnm wjMmm yjg^.r-H^, Ăź^ĂŻfeÉ ĂȘM&j WM MmW 'ÂŁĂźD ; Ăź'ĂŻiSÂŁĂź innni iiiipi ÉspĂąifl '“SÈF i*. H B -51a TĂźi I mmSmSImÊk tVAwĂŻKPiSfsLjĂźi 'mjsp&n jH_J,c Mfipia!'?! 7 - ÂŁ j -K ‱‱.*ÂŁ, $ i h^km mm mmi &&B sa^sM a*,- **‱. S ^ fi w .. . ., &v a 3 % , 't^ , n PPPMMP15 Ig & ^wvgfr* > v 0 ^^, v " c* » ‱ **‱**» ^ 'a*' C ' ^. ^.5*^ ^ yjÂŁ& r'* ĂŻ?i ‱ém&M 5 ’*"V?.'Ç T,* s *»j>*'ĂŻvĂź SKS 4 ?f» ,, iiĂŻX 8 *$$%$& *ℱ** 4 &*tĂč&i&///U 2 - Partitamcnte r. 7 , /'as- s/rt/r i f"///// ss/js///// TABLE DE CLASSEMENT MÉTHODIQUE FORMANT LE PREMIER VOLUME DES MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES. TEMPS ANCIENS. MONUMENTS PRIMITIFS VULGAIREMENT NOMMÉS CELTIQUES, GERMAINS, SCANDINAVES, ETC. FRANCE, ANGLETERRE, ETC. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES, FUNÉRAIRES, etc.— Notice par M. E. Breton , memb. de la Soc. des Antiq. de France. Dessins de M. Ernest Bketon. PremiĂšre planche. — Figure 1. Menhir de Grabusson. 2. Menhir transformĂ© en croix, Ă  Carnac. 3. Menhir de la montagne de Justice, Ă  Carnac. 4. Demi-dolmen, Ă Kerdaniel. 5. Trilithe, Ă  Saint-Nazaire. 6. Dolmen de Trie. DeuxiĂšme planche. — Figure 7. Dolmen de Dollon. 8. Dolmen Ă  Loc-Manaker. 9. Dolmen de Kerland. TroisiĂšme planche. —Figure 10. Grotte aux FĂ©es, prĂšs Saumur. 11. Plan de ce monument. 12. Vue perspective de l’intĂ©rieur. QuatriĂšme planche—Figure 13. Grotte aux FĂ©es, prĂšs de Tours. 14. Plan gĂ©omĂ©tral. 15. Grotte prĂšs d’EssĂ©. 16. Plan. 17. Monument dit les Pierres-Plates , Ă  Loc-Mariaker. 18. Plan du monument Ă©tat ancien. 19. Plan du monument Ă©tat actuel. CinquiĂšme planche .— Figure 20. Double dolmen, Ă  Anglesey. 21. Demi-allĂ©e couverte. 22. Pierre dite Autel, Ă  ClĂ©der. 23. Pierre-Fiche, de Duneau. 24. Pierre branlante, Ă  Perros-Guyrech. 25. Pierre branlante, en Angleterre. SixiĂšme planche. — Figure 26 . Tumulus de Silbnry. e 27. Tombelles de Tirlemont. 28. Tumulus de Bartlow. 29. Tumulus de Pornic. 30. Plan de ce tumulus. 31. Plan du tumulus de Fontenay-le-Mar- mion. 32. Plan du tumulus de Bougon. 1 f TABLE DE CLASSEMENT MÉTHODIQUE CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES, FUNÉRAIRES, etc. Dessins de M. Ernest Breton. 33. Plan d’un tumulus, Ă  Jersey. 34. Plan d’un tumulus, Ă  Wellow. 35. Plan du tumulus, Ă  New-Grange. 36. Coupe du tumulus de New-Grange. SeptiĂšme planche. —Figure 37. Coupe d’un tumulus, aux Iles Orcades. 38. Coupe du galgal de Gavrennez. 39. Plan du galgal de Gavrennez. 40. DĂ©tail du galgal de Gavrennez. 41. DĂ©tail du galgal de Gavrennez. 43. Carneillou. 43. Tombeau, Ă  HĂ©rouval. 44. Cromlech, Ă  Stennis. 45. Plan du cromlech de Stennis. 46. Plan du cromlech de Fiddess-Hill. 47. Sanctuaire, Ă  Landaoudec en Crozon. HuitiĂšme planche. — Figure 48. Stone-Henge cĂŽtĂ© sud-est. 49. Stone-Henge cĂŽtĂ© nord-ouest. 50. Plan Ă©tat actuel. 51. Plan restaurĂ©. NeuviĂšme planche _Figure 52. Monument restaurĂ© d’Abury. 53. Plan gĂ©nĂ©ral, restaurĂ©. . 54. Plan du monument en 1722. 55. Plan dans l’état actuel. DixiĂšme planche. —Figure 56. Vue gĂ©nĂ©rale de Carnac. 57. Carnac pierres de Kervarieau. MONUMENTS PHÉNICIENS ET PÉLASGIQUES. GRECE, ETC. Dessins de M. LĂ©on Galciierel. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Temples dans l’üle de Gozzo. — Notice par M. A. Lenoib, archit. du gouvern., etc. PremiĂšre planche. — Figure 2. Coupe longitudinale du grand temple. 3. Coupe transversale du grand temple. 4. Autre coupe transversale du mĂȘme temple. 5. Coupe longitudinale du petit temple. 6. Construction extĂ©rieure du monument. DeuxiĂšme planche. —Figure 1. Plan gĂ©nĂ©ral des deux temples. 1 bis. MĂ©daille de l'tle de Chypre. 2. Autre mĂ©daille de Chypre. 3. CĂŽne symbolique. 4. Pierre gravĂ©e. 5- 6-7. DĂ©tails de sculpture, indiquant l’état de l’art. 8. Fragment trouvĂ© dans le grand temple. 9. Plan du monument de Gozzo, parHouel. 10. Plan d’un autre monument Ă  Malte. 11. Plan d’un monument Ă  Malte. 12-13. Fragment du grand temple. 14. DĂ©tail. CONSTRUCTIONS CIVILES TrĂ©sorerie d’AtrĂ©e, Ă  MycĂšnes. — Notice de M. Ernest Breton. PremiĂšre planche. — Vue perspective de l’extĂ©rieur. Figure 1. Restauration de la figure 2. 2. Fragment de base. 3. Autre fragment. 4-5-6 et 7. DĂ©tails de sculpture. 8. Clous de bronze. DeuxiĂšme planche. — IntĂ©rieur. TroisiĂšme planche. — Figure 1. Plan gĂ©nĂ©ral du monument. 2. Coupe longitudinale. 3. Coupe transversale. 4-5. DĂ©tails de la construction. 6- 7. Jambage de la porte. Monument prĂšs Missolonghi. —Notice par M. Jules Gailhabaud. Planche unique. Dessins de MM. Dodwell et RavoisiĂ©. Dessin de M. Dodwell. - Vue gĂ©nĂ©rale du monument. Aspect des issues. CONSTRUCTIONS MILITAIRES Acropole de Tirynthe. — Notice par M. Ernest Bbeton, Planche unique. Dessin de MM. Dodwell et ISlouet. Vue gĂ©nĂ©rale de la plaine oĂč est situĂ©e l’Acr oj>ole. Plan de l’Acropole. Exemples de la construction des murs. 3 DÈS MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES. CONSTRUCTIONS MILITAIRES Acropole de MycĂšnes. —Notice par M. Ernest Breton. Dessin de MM. Dodwell et Bloiiet. Planche unique. — Vue gĂ©nĂ©rale de l’Acropole. Plan des ruines. Divers spĂ©cimens de construction pĂ©lasgique. Porte des Lions, Ă  MycĂšnes. —Notice par M. Ernest Breton. Dessin de M. A. Planche unique. — Vue gĂ©nĂ©rale de la porte et des murs. Figure 1. Plan de l’édifice. 2. Coupe longitudinale. 3. Bas-reliei situĂ© au-dessus de la porte. 4. Pierre gravĂ©e. 5-6. MĂ©dailles sassanides. MONUMENTS INDIENS OU TROGLODYTIQUES. INDE. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Le KĂȘlùça, Ă  Ellora. — Notice par M. Langlois, membre de l’Institut. Dessins . de M. Jules Bouchet. PremiĂšre planche. Vue perspective du KĂ©làça. DeuxiĂšme planche. Plan gĂ©nĂ©ral dn monument. Temple de YisouacarmĂą, Ă  Ellora. —Notice par M. Langlois, de l’Institut. Dessins de MM. R. Elliot et LanglĂšs. PremiĂšre planche. —Vue perspective de l’intĂ©rieur du monument. DeuxiĂšme planche.— Figure 1. Plan du Dlier-Wara. 2. Plan du temple d’Indra. 3. Plan du temple de VisouacarmĂą. MONUMENTS ÉGYPTIENS. ÉGYPTE, ÉTHIOPIE. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Temple de PhrĂ©, Ă  Abou-Sembil. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. PremiĂšre planche. —Vue extĂ©rieure du monument. Dessins DeuxiĂšme planche —Vue intĂ©rieure, de TroisiĂšme planche. —Plan du temple. M E. Prisse —Coupe longitudinale. —Niclie du sanctuaire. Temple d’Athor, Ă  Abou-Sembil. — Notice par M. Jomard, membre de l’Institut. Dessins de M. Hector Horeau. PremiĂšre planche _Vue perspective du monument. DeuxiĂšme planche. —Figure l. Plan. 2. Coupe longitudinale. 3. Niclie du sanctuaire. Temple Ă  GirchĂ©. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins PremiĂšre planche. —Vue de l’intĂ©rieur du monument, de DeuxiĂšmeplanche.— Plan. M. E. Prisse. Coupe longitudinale. Temple de Khons , Ă  ThĂšbes. — Notice par M. E. Prisse d’Avennes. PremiĂšre planche. —Vue prise dans l’intĂ©rieur. Dessins DeuxiĂšmeplanche —Plan. de Coupe longitudinale. M. E. Prisse. TroisiĂšme planche _Figure 1. Colonne du premier portique. 2-3. Colonne du deuxiĂšme portique. Temple d’AroĂ«ris, Ă  Edfou. —Notice par M. Hector Horeau, architecte. Dessins de M. Hector Horeau. PremiĂšre planche.— Vue gĂ©nĂ©rale du monument. DeuxiĂšmeplanche —Figure 1. Plan de l’édifice. 2. Coupe longitudinale. 3. Corniche du pronaos. 4 Plan du mammisi. 5. ElĂ©vation du mammisi. 6 DĂ©tail du mammisi. 7. Chapiteaux et corniche du portique. TroisiĂšme planche _ElĂ©vation de la façade du pronaos. ÉlĂ©vation des pylOues. 4 TABLE DE CLASSEMENT MÉTHODIQUE CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Sphinx, Lions et BĂ©liers. — Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins le M. F.. Puisse. Planche unique. — Figure 1. AmounĂŽph III Amenopheium , Ă  ThĂšbes. 2. BĂ©lier de l’avenue du temple de Klions, Ă  ThĂšbes. 3. HiĂ©racosphinx du grand temple d’Abou- Sembil. 4. Androspbinx bas-relief. 5. La reine Batianti hypogĂ©e de TbĂšbes. 6. Criospbinx du grand palais de Karnac. 7. AmounĂŽph III hypogĂ©e, Ă  ThĂšbes. CONSTRUCTIONS CIVILES Palais de Menephthah, Ă  ThĂšbes. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins de M. E. Prisse. Planche unique. — Figure 1. Plan de l’édifice. 2. Coupe longitudinale. 3. ElĂ©vation de la façade. 4. Chapiteau. Maisons Ă©gyptiennes. —Notice par M. E. Prisse d’Avennes. Dessins le M. E. Prisse. Planche unique. — Figure 1. Maison avec auvents hypogĂ©e de TbĂšbes. 2. Mais, avec terrasse couv. ThĂšbes. 3. Maison avec crĂ©neaux hypogĂ©e deThĂšbes. 4. Maison avec une tour hypogĂ©e de ThĂšbes. 5. Plan de maison Ă  Tell-Amarna l’ancienne Psinaula. 6 .Id. 7 . ld. 8 .Kl. CONSTRUCTIONS FUNÉRAIRES Pyram. deGizeh, deDaschour, d’Abonçii, etc.—Notice par Prisse d’Avennes. Dessins de MM. Caiixaud , Ho wa itn Wvse, etc. PremiĂšre planche. — Vue gĂ©nĂ©rale des pyramides, dans la plainede Gizeh. Plan de la plaine de Gizeh et position des pyramides DeuxiĂšme planche.— Figure I. Plan de la grande pyramide. 2. Coupe de la grande pyramide. 3. Coupe de la chambre royale. 4. Coupe de la galerie ascendante. 5. Pyramide d’Abouçir. 6. Pyramide tronquĂ©e, Ă  Daschour. 7. Plan de la pyramide prĂ©cĂ©dente. 8. Petite pyramide Ă  degrĂ©s, Ă  Gizeh. 9. Plan de cette pyramide. 10. Plan d’une pyramide Ă  Assour. 11. Coupe de celte pyramide. 12. ElĂ©vation antĂ©rieure de la pyramide. 13. ÉlĂ©vation latĂ©rale de cette pyramide. Tombeaux hypogĂ©ens, Ă  ThĂšbes et Ă  BĂ©ni-Hassen. — Notice par M. E. Prisse. Dessins de M. A. Leveu, Planche unique. — Figure 1. Plan du tombeau de RamsĂšs-Meiamoun 2. Plan du tombeau d’AmounĂŽpb-Memnon. 3. Pla' du tombeau de Menephthah I". 4. Coupe du tombeau de Menephthah I". 5. Plan du tombeau de RamsĂšs V. 6. Plan du tombeau de RamsĂšs VI. 7. Plan du tombeau de Menephthah-Siphtah 8. Vue de l’entrĂ©e du tombeau de RamsĂšs v t. 9. EntrĂ©e du tombeau d’AmĂ©nemhĂ©, Ă  BĂ©ni- Hassen. 10. Plan de ce tombeau. 11. Coupe longitudinale. 12 . coupe transversale. 13. Pilier octogonal-colonne cannelĂ©e. 14. Autre tombeau Ă  BĂ©ni-Hassen. 15. Colonne de ce tombeau. MONUMENTS MÉDO-PERSES. PERSE. CONSTRUCTIONS CIVILES Palais, Ă  PersĂ©polis. —Notice par M. Jules Gailhabaud. Dessins de MM. Ker Porter et Ch. Texier. PremiĂšre planche. — Vue perspective de ruines. Plan gĂ©nĂ©ral de tons les Ă©difices Figure symbolique de l’homme-taureau. Figure de taureau. DeuxiĂšme planche —Chapiteaux et bases des divers ordres de colonnes. CONSTRUCTIONS FUNÉRAIRES Tombeau, Ă  Nakschi-Roustam.—Not. par M. L. Dubeux, conserv. Ă  la Biblioth. nat. Dessins de M. Ker Porter. Planche unique. — Vue perspective d’un tombeau. Figure l. Niches dans l'intĂ©rieur. 2. Plan du tombeau. DES MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES. 5 '40 MONUMENTS GRECS. ASIE MINEURE, GRÈCE, GRANDE-GRECE, SICILE. THÉORIE DE L’ART GREC Ordres divers d’Architecture. — Dorique, ionique, corinthien, etc. CONSTRUCTIONS RELIGIEUSES Temple de Neptune, Ă  l’estum. — Notice par M. A. , architecte. PremiĂšre planche. — Vue perspective ie l'intĂ©rieur. DeuxiĂšme planche. — ElĂ©vation de la façade restaurĂ©e. TroisiĂšme planche. — Figure 1. Plan du temple. — 2. Coupe longitudinale. — 3. Coupe transversale. Dessins QuatriĂšme planche — Figure l. Ordre de la galerie ou pĂ©ristyle. l e — 2 Ordre du pronaos. — 3. Profil des antes. M. E — 4 premier ordre de l’intĂ©rieur. — 5. Pilastre de l’intĂ©rieur. — 6. DeuxiĂšme ordre de l’intĂ©rieur — 7. Coupe de la galerie supĂ©rieure. — 8. Plan de la disposition de cette galerie. — 9-10-11. Profds des chapiteaux. Temple, dit de Jupiter Olympien, Ă  SĂ©linunte. —Notice par M. E. Breton. Dessins de M. L. Cou KTÉi'Éc. Planche unique. — Vue gĂ©nĂ©rale des ruines. Figure I. Plan du temple. — 2. Chapiteau de l’ordre extĂ©rieur. — 3. Entablement. — 4. Larmier. — 5. Partie supĂ©rieure de l’ante. — 6. Plan de l’ante. — 7. Bec-de-chouette dans l’intĂ©r. du portique. — 8-9. Colonnes extĂ©rieures et intĂ©rieures. — 10. Chapiteau de l’ordre intĂ©rieur. — 11-12. Fragments supposĂ©s de l’entablement Temple Ă  SĂ©geste. — Notice par M. Raoul-Rochette, membre de l’Institut. Dessins de M. LĂ©on Galciieree. PremiĂšre planche. — Vue gĂ©nĂ©rale de l’édifice. DeuxiĂšme planche. — Figure 1. Plan du temple. — 2. ÉlĂ©vation de l’ordre. — 3 4. Chapiteau restaurĂ©. Temple de ThĂ©sĂ©e , Ă  AthĂšnes. — Notice par M. Ernest Bbeton. PremiĂšre planche. Dpssins DeuxiĂšme planche. de M. E- Pu ESTAT. — Vue perspective du temple. Figure 1. Plan du monument. — 2. ElĂ©vation de la façade. — 3. Partie supĂ©rieure de l’édifice. — 4. Profil du chapiteau. — 5-6. DĂ©tail de peinture monumentale. Temple de Minerve, dit le ParthĂ©non , Ă  AthĂšnes. — Notice par M. E. Bbeton. Dessins de M. Albert Lenoii;. PremiĂšre planche. —Vue pittoresque du monument. DeuxiĂšme planche. — Figure 1. Plan du temple. — 2. ÉlĂ©vation de l’ordre. — 3-4-S-6. Chapiteaux et leurs profils. — 7-8-9. MĂ©topes. — 10-11-12. Fragments de la frise. Temples de Minerve Poliade, etc., Ă  AthĂšnes. — Notice par M. J. Gailhabaud. Dessins de MM. Stvaut et Bexvett. PremiĂšre planche. — ÉlĂ©vation gĂ©omĂ©trale des temples. DeuxiĂšme planche. — Figure I. Plan gĂ©nĂ©ral. — 2. Chapiteau et base. — 3. Autre chapiteau. — 4. Aille et plafond du PandrosĂ©ium. — 5. FenĂȘtre et profil de son chambranle. CONSTRUCTIONS CIVILES Théùtre Ă  Iassus. — Notice par M. ThĂ©odore Vacquer , architecte. Dessins de M. C- Texier. Planche unique. — Plan du théùtre. Coupe de l’édifice. DĂ©tails des gradins. ÉlĂ©vation et coupe d’une porte. orv VfiK BE2SS! .^.aeĂ  w EIW 9VÀ'-'tw ~3P3fcÂŁ.- ĂŠsĂŒ h»» KSW k’r- MW* ScWS W». .* *Wi,, a»? È*-.°k t Aiw U ‱ a o* 1 nnr r*mF mwm **.**. v A 4’t NP?» ĂŻ^f ti w-* tb* ., T^É! ‱' Æ *‱ sr- -* . a,**- , .*> ‱‱rtfp ‱ ÂŁ-‱ . **-*w
JeuLe Tour Du Monde en 80 jours. Letourdumondeen80jours est un jeu flash qu’on peut classer dans la catĂ©gorie des jeux de rĂ©flexion. Ce jeu est disponible et Ă  dĂ©couvrir sans plus tarder sur notre portail gratuit de jeux flash en ligne. Les
Londres, 1872. Comme tous les jours, Phileas Fogg, un riche gentleman anglais, se rend au Reform Club. Lors d’une vive discussion avec d’autres membres du club, PhilĂ©as Fogg soutient qu’il est possible d’accomplir le tour du monde en 80 jours. En effet, un article dans journal affirme qu’avec l’ouverture d’une nouvelle section de chemin de fer en Inde, cela devient possible selon l’itinĂ©raire suivant Londres – Suez en chemin de fer et paquebot 7 jours Suez – Bombay en paquebot 13 jours Bombay – Calcutta en chemin de fer 3 jours Calcutta – Hong Kong en paquebot 13 jours Hong Kong – Yokohama en paquebot 6 jours Yokohama – San Francisco en paquebot 22 jours San Francisco – New York en chemin de fer 7 jours New York – Londres en paquebot et chemin de fer 9 jours Soit au total 80 jours. SĂ»r de lui, il parie la moitiĂ© de sa fortune qu’il rĂ©ussira cet exploit ! AussitĂŽt dit, il prĂ©pare son voyage, accompagnĂ© de Passe-Partout, son nouveau majordome. Mais l’un des membres du club engage le vil Transfert pour faire Ă©chouer ce voyage. Le pari et le dĂ©part de Fogg font la une des journaux. La police se demande toutefois si Phileas Fogg n’est pas le fameux voleur qui vient de dĂ©valiser la Banque d’Angleterre et qui chercherait ainsi Ă  s’échapper. L’inspecteur Fix et son assistant Bully partent Ă  sa recherche, et ne cesseront de le poursuivre dans tous les pays traversĂ©s. Le grand voyage commence, parsemĂ© d’embĂ»ches, d’aventures exotiques et de rencontres inoubliables. Au cours de ce voyage, Phileas Fogg et Passe-Partout vont employer tous les moyens de transport possibles paquebots, trains, voitures, yachts, bĂątiments de commerce, traĂźneaux, Ă©lĂ©phant
 PhilĂ©as rĂ©ussira-t-il son pari ? RĂ©alisĂ© par Fumio Kurokawa Princesse Sarah, Rody le petit Cid, Le Livre de la Jungle
 et adaptĂ© du fameux roman de Jules Verne, Le Tour du Monde en 80 Jours » met en scĂšne des animaux anthropomorphes avec un habile mĂ©lange d’aventures et d’humour. GĂ©nĂ©rique composĂ© par Guido et Maurizio de Angelis, Ă©crit et interprĂ©tĂ© par Michel Barouille Je suis Phileas Fog et en 80 jours Je dois faire le tour du monde Aventurier, gentleman, joueur, Un tel pari ne me fait pas du tout peur J’suis Passe-partout, j’fais un peu tout Moi j’suis Tico, partout j’les suis Je suis Romy, princesse hindoue Et Fogg est l’homme de ma vie Je suis Phileas Fogg et en 80 jours Un tel pari ne me fait pas du tout peur 80 jours Ă  courir, pas plus pour rĂ©ussir Le tour complet de la planĂšte, Personne ne l’a jamais fait Mais on fera tout pour ĂȘtre les premiers 80 jours Ă  courir, pas plus pour rĂ©ussir Le tour complet de la planĂšte, PlanĂšte, quel pari de fou mais on y arrivera Oh, quel pari de fou mais on y arrivera Je suis Phileas Fogg et en 80 jours Je dois faire le tour du monde Aventurier, gentleman, joueur, Un tel pari ne me fait pas du tout peur Tu le perdras grĂące Ă  moi Ne l’oublie pas, Fix te rattrapera Et moi Transfert, j’suis payĂ© trĂšs cher Pour faire de ta vie un enfer Je suis Phileas Fogg et en 80 jours Un tel pari ne me fait pas du tout peur 80 jours Ă  courir, pas plus pour rĂ©ussir Le tour complet de la planĂšte, Personne ne l’a jamais fait Mais on fera tout pour ĂȘtre les premiers 80 jours Ă  courir, pas plus pour rĂ©ussir Le tour complet de la planĂšte, PlanĂšte, quel pari de fou mais on y arrivera Oh, quel pari de fou mais on y arrivera x4
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Le Tour du monde en 80 jours News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Spectateurs 2,2 316 notes dont 31 critiques noter de voirRĂ©diger ma critique Synopsis Passepartout, un ouistiti naĂŻf mais plein d’entrain, rĂȘve de partir Ă  l’aventure depuis toujours. L’occasion se prĂ©sente sous la forme de Phileas Frog, un explorateur vanneur et arnaqueur, et d’un pari Ă  plusieurs millions Ă©tablir le nouveau record du tour du monde en 80 jours. De dĂ©serts brĂ»lants en jungles mystĂ©rieuses, de princesses intrĂ©pides en criquets adorateurs de volcan, Passepartout va dĂ©couvrir Ă  quel point le monde est vaste, merveilleux et dingo. Regarder ce film Acheter ou louer sur CANAL VOD Filmo Location dĂšs 4,99 € HD UniversCinĂ© Location dĂšs 4,99 € VIVA Location dĂšs 2,99 € HD PremiereMax Location dĂšs 2,99 € HD Voir toutes les offres VODService proposĂ© par Le Tour du monde en 80 jours Blu-ray Voir toutes les offres DVD BLU-RAY Bande-annonce 137 DerniĂšres news 6 news sur ce film Critiques Presse Le Parisien CNews La Voix du Nord Femme Actuelle La Croix Le Journal du Dimanche TĂ©lĂ© Loisirs TĂ©lĂ©rama Voici PremiĂšre Chaque magazine ou journal ayant son propre systĂšme de notation, toutes les notes attribuĂ©es sont remises au barĂȘme de AlloCinĂ©, de 1 Ă  5 Ă©toiles. Retrouvez plus d'infos sur notre page Revue de presse pour en savoir plus. 10 articles de presse Critiques Spectateurs Il est toujours dĂ©licat de juger un long-mĂ©trage lorsque l'on n'est pas du tout le spectateur ciblĂ© sur le papier. En effet, ce dessin animĂ© pourra plaire au 6-10 ans, mais au-delĂ , c'est l'ennui qui risque de dominer. L'idĂ©e de base est plutĂŽt amusante un ouistiti naĂŻf rĂȘvant d'aventure va partir pour un tour du monde avec une grenouille un peu trop sĂ»re d'elle, l'idĂ©e pour ce duo improbable est de boucler cette circonvolution ... Lire plus Pour faire simple, il est super, les personnages sont attachant, il est trĂšs bien rythmĂ©, aucune scĂšnes ne sert Ă  rien,, deux petits dĂ©fauts, l'animation de l'eau est un peu particuliĂšre, et je n'ai vraiment pas aimĂ© la policiĂšre "Le tour du monde en 80 jours", dessin-animĂ© franco-belge de Samuel Tourneux, dont c'est le premier long mĂ©trage, sorti en 2021. Une adaptation trĂšs libre du roman de Jules Verne qui plaira aux plus petits mais ennuyeux pour le reste de la famille. TrĂšs librement adaptĂ© du roman de Jules Verne, ce petit film d'animation est naĂŻf et maladroit mais Ă©galement plein d'Ă©nergie et de gags visuels. TrĂšs bien pour les plus jeunes. 31 Critiques Spectateurs Photos 26 Photos Secrets de tournage PremiĂšre fois Le Tour du monde en 80 jours est le premier long-mĂ©trage de Samuel Tourneux, qui a fait ses armes chez BUF Compagnie oĂč il a travaillĂ© pendant quatre ans sur les effets spĂ©ciaux de plusieurs films et spots publicitaires. En 2008, son court-mĂ©trage MĂȘme les pigeons vont au paradis est nommĂ© aux Oscars. Il a Ă©galement signĂ© trois courts-mĂ©trages Minions, associĂ©s au film Moi, moche et mĂ©chant. Adaptation Le film est une adaptation du cĂ©lĂšbre roman de Jules Verne, Le Tour du monde en 80 jours. Dans ce dernier, le hĂ©ros, Phileas Fogg, est un gentleman anglais, accompagnĂ© de son serviteur, Jean Passepartout. Samuel Tourneux a dĂ©cidĂ© d’effacer ce rapport de soumission entre les deux personnages j’avais envie que nos hĂ©ros soient des copains, avec des rapports d’égal Ă  Ă©gal. Nous avons beaucoup retravaillĂ© la structure de l’histoire Lire plus La mise en scĂšne Samuel Tourneux dĂ©taille le processus de mise en scĂšne J’ai d’abord réécrit moi-mĂȘme des scĂšnes que je prĂ©dĂ©coupais, et que j’expliquais oralement aux storyboardeurs. Ensuite, ils les dessinaient, et je les corrigeais avant de les donner Ă  Benjamin Massoubre notre monteur, qui crĂ©ait l’animatique Ă  partir de cela. La transposition de tous les Ă©lĂ©ments narratifs du script en images a nĂ©cessitĂ© un travail trĂšs important et trĂšs m Lire plus 6 Secrets de tournage Infos techniques NationalitĂ©s Belgique, France Distributeur StudioCanal RĂ©compense 1 nomination AnnĂ©e de production 2021 Date de sortie DVD - Date de sortie Blu-ray 08/12/2021 Date de sortie VOD 01/12/2021 Type de film Long-mĂ©trage Secrets de tournage 6 anecdotes Box Office France 256 546 entrĂ©es Budget - Langues Anglais Format production - Couleur Couleur Format audio - Format de projection - N° de Visa - Si vous aimez ce film, vous pourriez aimer ... Commentaires

Tourdu monde en 80 danses. Réalisé par Charles Picq et Anne Bedou. Divers . Ce film n'a pas été vu par Télérama. Fiche technique. Tour du monde en 80 danses. Réalisé par Charles Picq Anne

Jamaisseul au monde - tour du monde à vélo - Film Complet VF En Ligne HD 720p LeTour du monde en 80 jours S01E04 FRENCH. Londres, 1872. Phileas Fogg, gentleman anglais, prend ce pari insensé: faire le tour du monde en quatre-vingts jours. Il s'alloue les services de Jean Passepartout, un serveur français débrouillard. Ensemble, ils embarquent pour un voyage semé d'embûches, suivis de prÚs par une jeune journaliste. e5WLbK. 74 119 344 79 93 84 40 313 211

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